Metteuse en scène américaine, 1951
The
Loveless
Réalisé par Kathryn Bigelow et Monty Montgomery
Avec Willem Dafoe, Marin Kanter
États-Unis
Genre : drame
Durée : 1h25
Année : 1987
En route vers Daytona Beach, un gang de motards blousons noirs fait escale dans un drive-in perdu au milieu de nulle part.
Premier film de Kathryn Bigelow, co-réalisé avec Monty Montgomery (qui officiera plus tard en tant que producteur sur les films de David Lynch), The loveless renvoie 40 ans après sa sortie des plus confidentielles l'image d'une œuvre imparfaite, d'un premier essai au rythme bancal, mais qui esquisse, au détour de quelques fulgurances certaines des figures de style appelées à devenir récurrente chez la cinéaste. Portrait d'un groupe de motards dans l'Amérique des années 50, dont l'arrivée dans un bled paumé déchaîne les passions des autochtones, The loveless fait partie de ces films dont le rythme s'apparente à un lent crescendo vers un climax que l'on devine paroxystique. Problème, le film fonde son procédé sur un étirement de l'attente quelque peu artificiel, d'autant plus que ses carences en termes de caractérisation, ainsi que la minceur de son propos éprouve quelques difficultés à justifier son procédé narratif. D'où un découpage séquentiel aléatoire, dont les vertus parfois réelles en termes sensitif (l'ennui des personnages, tous en quête de l'étincelle susceptible de bouleverser la situation) s'accompagne d'une certaine lassitude à mesure que le film dévoile son manque de substance. De fait, le long-métrage s'adresse avant tout aux aficionados de sa réalisatrice, qui s'amuseront à déceler les germes de ce qui est appelé à devenir l'une des œuvres les plus atypiques de cette fin de siècle. L'introduction très iconique du personnage de Willem Dafoe (dont le magnétisme rejaillit d'emblée à l'écran) révèle déjà le sens du cadre de la dame, tandis que la scène finale préfigure à de nombreux égards le carnage dans le bar d'Aux frontières de l'aube. Mais surtout, c'est au travers de quelques instants de montage qui viennent sporadiquement dynamiser l'ensemble, qu'apparaît sous forme embryonnaire la maîtrise de Bigelow du langage cinématographique, et sa propension unique à orchestrer des séquences de tension pure au travers de petits gestes anodins reliant les trajectoires de personnages appelés à se croiser dans une issue inévitablement tragique. Au final, tout comme ses personnages qui semblent attendre l'épiphanie susceptible de transcender leur morne quotidien, The loveless constitue le coup de semonce d'une cinéaste qui se cherche, consciente du chemin à emprunter, mais pas forcément de la direction adéquate pour l'arpenter. Comme la suite nous le confirmera, ce n'était qu'une question de temps.
Réalisé par Kathryn Bigelow et Monty Montgomery
Avec Willem Dafoe, Marin Kanter
États-Unis
Genre : drame
Durée : 1h25
Année : 1987
En route vers Daytona Beach, un gang de motards blousons noirs fait escale dans un drive-in perdu au milieu de nulle part.
Premier film de Kathryn Bigelow, co-réalisé avec Monty Montgomery (qui officiera plus tard en tant que producteur sur les films de David Lynch), The loveless renvoie 40 ans après sa sortie des plus confidentielles l'image d'une œuvre imparfaite, d'un premier essai au rythme bancal, mais qui esquisse, au détour de quelques fulgurances certaines des figures de style appelées à devenir récurrente chez la cinéaste. Portrait d'un groupe de motards dans l'Amérique des années 50, dont l'arrivée dans un bled paumé déchaîne les passions des autochtones, The loveless fait partie de ces films dont le rythme s'apparente à un lent crescendo vers un climax que l'on devine paroxystique. Problème, le film fonde son procédé sur un étirement de l'attente quelque peu artificiel, d'autant plus que ses carences en termes de caractérisation, ainsi que la minceur de son propos éprouve quelques difficultés à justifier son procédé narratif. D'où un découpage séquentiel aléatoire, dont les vertus parfois réelles en termes sensitif (l'ennui des personnages, tous en quête de l'étincelle susceptible de bouleverser la situation) s'accompagne d'une certaine lassitude à mesure que le film dévoile son manque de substance. De fait, le long-métrage s'adresse avant tout aux aficionados de sa réalisatrice, qui s'amuseront à déceler les germes de ce qui est appelé à devenir l'une des œuvres les plus atypiques de cette fin de siècle. L'introduction très iconique du personnage de Willem Dafoe (dont le magnétisme rejaillit d'emblée à l'écran) révèle déjà le sens du cadre de la dame, tandis que la scène finale préfigure à de nombreux égards le carnage dans le bar d'Aux frontières de l'aube. Mais surtout, c'est au travers de quelques instants de montage qui viennent sporadiquement dynamiser l'ensemble, qu'apparaît sous forme embryonnaire la maîtrise de Bigelow du langage cinématographique, et sa propension unique à orchestrer des séquences de tension pure au travers de petits gestes anodins reliant les trajectoires de personnages appelés à se croiser dans une issue inévitablement tragique. Au final, tout comme ses personnages qui semblent attendre l'épiphanie susceptible de transcender leur morne quotidien, The loveless constitue le coup de semonce d'une cinéaste qui se cherche, consciente du chemin à emprunter, mais pas forcément de la direction adéquate pour l'arpenter. Comme la suite nous le confirmera, ce n'était qu'une question de temps.
Aux
frontières de l'aube
Réalisé par Kathryn Bigelow
Avec Adrian Pasdar, Jenny Wright, Lance Henriksen
États-Unis
Genre : fantastique
Durée : 1h34
Année : 1987
Une petite localité du Middle West. En allant rejoindre des copains qui l'attendent dans un bar, Caleb rencontre une étrange jeune fille, Mae. Celle-ci veut bien se promener en sa compagnie, mais refuse ses avances. Juste avant l'aube, elle presse Caleb de la ramener. Il veut un baiser en échange. Mae accepte et le mord dans le cou avant de s'enfuir. Brusquement sans force, Caleb titube sur la route lorsqu'il est embarqué dans un étrange véhicule, totalement clos, dans lequel ont pris place Mae et ses mystérieux compagnons. Ne vivant que la nuit, ces vampires se nourrissent de sang frais. Caleb, désormais à leur image, doit apprendre à tuer pour survivre...
Avec ce film violemment nocturne, Kathryn Bigelow réussit l’union impie et captivante de deux genres a priori peu compatibles : le western et le film de vampires. Même John Carpenter, qui s’y essaiera bien plus tard (Vampires, en 1998), n’est pas parvenu à mêler ainsi les imageries, le gothique et l’organique, la poussière, le sang et la poudre.
Réalisé par Kathryn Bigelow
Avec Adrian Pasdar, Jenny Wright, Lance Henriksen
États-Unis
Genre : fantastique
Durée : 1h34
Année : 1987
Une petite localité du Middle West. En allant rejoindre des copains qui l'attendent dans un bar, Caleb rencontre une étrange jeune fille, Mae. Celle-ci veut bien se promener en sa compagnie, mais refuse ses avances. Juste avant l'aube, elle presse Caleb de la ramener. Il veut un baiser en échange. Mae accepte et le mord dans le cou avant de s'enfuir. Brusquement sans force, Caleb titube sur la route lorsqu'il est embarqué dans un étrange véhicule, totalement clos, dans lequel ont pris place Mae et ses mystérieux compagnons. Ne vivant que la nuit, ces vampires se nourrissent de sang frais. Caleb, désormais à leur image, doit apprendre à tuer pour survivre...
Avec ce film violemment nocturne, Kathryn Bigelow réussit l’union impie et captivante de deux genres a priori peu compatibles : le western et le film de vampires. Même John Carpenter, qui s’y essaiera bien plus tard (Vampires, en 1998), n’est pas parvenu à mêler ainsi les imageries, le gothique et l’organique, la poussière, le sang et la poudre.
Réalisé
par Kathryn Bigelow
Avec Jamie Lee Curtis, Ron Silver
États-Unis
Genre : Thriller
Durée : 1h40
Année : 1990
Jeune recrue de la police, Megan Turner abat un voyou en plein flagrant délit de hold-up. Ne pouvant prouver qu’elle était en état de légitime défense, la jeune femme se voit suspendue de ses fonctions. Désemparée, elle se laisse séduire par un agent de change, dont elle vient de faire la connaissance. Quelques temps plus tard une série de crimes est commis : le tueur utilise des balles sur lesquelles il a gravé le nom de Megan !
A une époque où il était encore très difficile d’être une femme réalisatrice à Hollywood, Kathryn Bigelow est parvenue à s’imposer grâce à son talent visuel imparable et sa force de caractère. Elle a mis tout le monde d’accord avec son deuxième long-métrage, l’étrange film de vampires Aux frontières de l’aube (1987) qui n’a pas rencontré le succès, mais a scotché bon nombre de cinéphiles. Elle reçoit notamment le soutien d’Oliver Stone qui compte produire son prochain long-métrage. Elle retrouve pour l’occasion le scénariste Eric Red avec qui elle a collaboré sur son précédent long, mais est également connu pour avoir signé le script du cultissime Hitcher (Harmon, 1986). Ce dernier imagine de transposer l’intrigue de son classique dans un univers plus urbain. Il s’agit donc à nouveau d’une traque entre deux personnages, dont l’un est une jeune recrue de la police et l’autre un serial killer complètement obsédé par les armes. Toutefois, sur ce canevas somme toute assez classique, Kathryn Bigelow a ajouté quelques notations plus personnelles liées notamment à son statut de femme réalisatrice. Ainsi, le portrait initial du personnage incarné par Jamie Lee Curtis peut se voir comme un reflet de la situation de la réalisatrice à Hollywood. Comme cette femme flic qui doit évoluer dans un univers majoritairement masculin, Kathryn Bigelow a également dû faire ses preuves et bousculer l’establishment pour s’imposer. Sa place, elle la doit bien uniquement à son talent, et non à quelque quota imposé par la bien-pensance. Elle met donc en scène un personnage de femme forte qui doit lutter contre les préjugés de genre, aussi bien dans son entourage professionnel que personnel. On adore notamment toutes les séquences où elle doit se justifier vis-à-vis de ses proches qui la regardent comme un être étrange et dérangé. Au passage, Kathryn Bigelow oppose cette jeune femme farouchement indépendante à sa mère – excellente Louise Fletcher – qui appartient à une génération d’épouses soumises et parfois maltraitées dans le secret de la chambre à coucher par des maris tout-puissants. Ces notations, bien entendu importantes et fort appréciables, ne sont pourtant jamais brandies comme un étendard par une réalisatrice qui serait une militante avant d’être une artiste. Bien au contraire, Kathryn Bigelow s’emploie à respecter l’intégrité psychologique de ses personnages. Elle se livre également à un petit commentaire sur l’évolution de l’Amérique reaganienne uniquement intéressée par l’argent facile et la compétition entre les winners et les losers. Ainsi, le personnage de serial killer incarné par Ron Silver n’est autre qu’un trader dont la vie consiste à écraser les autres. Il n’opère qu’un léger basculement de paradigme en éliminant physiquement des êtres qu’il juge insignifiant. Là encore, pas d’insistance sur ces éléments de la part d’une réalisatrice qui a surtout à cœur d’embrasser le genre du thriller avec une grande efficacité. En réalité, elle anticipe avec Blue Steel une thématique qui sera encore développée dans son Point Break (1991), à savoir celle de l’attraction-répulsion qui peut exister entre un flic et un truand. Sans théoriser quoi que ce soit, Bigelow pose la question de la fine distance qui sépare un membre des forces de l’ordre et celui qui enfreint la loi. Dans Blue Steel, elle fait ainsi de Ron Silver une sorte de double maléfique (ou doppelgänger) de Jamie Lee Curtis. Elle réfléchit également en creux à la fascination du peuple américain pour les armes à feu. Toutefois, ce qui marque le plus durant le visionnage de Blue Steel (1990) vient de l’extrême modernité de sa réalisation. Grâce à des mouvements de caméra gracieux, mais également dotés d’une puissance d’évocation extraordinaire, Blue Steel se distingue du tout-venant de l’époque et tutoie le cinéma d’un Michael Mann en matière de brio formel. A l’aide d’éclairages bleutés et d’une musique inquiétante de Brad Fiedel, Kathryn Bigelow signe un film glacial qui impose une atmosphère urbaine pesante et tendue comme un garrot. Zébré d’éclairs de violence bruts, le résultat est tout bonnement enthousiasmant, si l’on fait abstraction de certaines facilités d’écritures. On peut en tout cas y admirer le jeu parfaitement maîtrisé de la grande Jamie Lee Curtis, opposée ici à un Ron Silver totalement démoniaque, comme possédé par une force surnaturelle. Sorti dans l’indifférence générale aux Etats-Unis où le film n’a glané que 8,2 millions de dollars malgré des critiques positives, Blue Steel n’a guère mieux marché sur le territoire français. Ils ne furent que 129 494 curieux à faire le déplacement en salles dans l’Hexagone, alors que sévissait la terrible crise du cinéma. Il est donc temps de rendre hommage au talent visionnaire de Kathryn Bigelow qui, par-delà son statut de femme, est avant tout une grande artiste, encore trop ignorée de la communauté des cinéphiles.
Avec Jamie Lee Curtis, Ron Silver
États-Unis
Genre : Thriller
Durée : 1h40
Année : 1990
Jeune recrue de la police, Megan Turner abat un voyou en plein flagrant délit de hold-up. Ne pouvant prouver qu’elle était en état de légitime défense, la jeune femme se voit suspendue de ses fonctions. Désemparée, elle se laisse séduire par un agent de change, dont elle vient de faire la connaissance. Quelques temps plus tard une série de crimes est commis : le tueur utilise des balles sur lesquelles il a gravé le nom de Megan !
A une époque où il était encore très difficile d’être une femme réalisatrice à Hollywood, Kathryn Bigelow est parvenue à s’imposer grâce à son talent visuel imparable et sa force de caractère. Elle a mis tout le monde d’accord avec son deuxième long-métrage, l’étrange film de vampires Aux frontières de l’aube (1987) qui n’a pas rencontré le succès, mais a scotché bon nombre de cinéphiles. Elle reçoit notamment le soutien d’Oliver Stone qui compte produire son prochain long-métrage. Elle retrouve pour l’occasion le scénariste Eric Red avec qui elle a collaboré sur son précédent long, mais est également connu pour avoir signé le script du cultissime Hitcher (Harmon, 1986). Ce dernier imagine de transposer l’intrigue de son classique dans un univers plus urbain. Il s’agit donc à nouveau d’une traque entre deux personnages, dont l’un est une jeune recrue de la police et l’autre un serial killer complètement obsédé par les armes. Toutefois, sur ce canevas somme toute assez classique, Kathryn Bigelow a ajouté quelques notations plus personnelles liées notamment à son statut de femme réalisatrice. Ainsi, le portrait initial du personnage incarné par Jamie Lee Curtis peut se voir comme un reflet de la situation de la réalisatrice à Hollywood. Comme cette femme flic qui doit évoluer dans un univers majoritairement masculin, Kathryn Bigelow a également dû faire ses preuves et bousculer l’establishment pour s’imposer. Sa place, elle la doit bien uniquement à son talent, et non à quelque quota imposé par la bien-pensance. Elle met donc en scène un personnage de femme forte qui doit lutter contre les préjugés de genre, aussi bien dans son entourage professionnel que personnel. On adore notamment toutes les séquences où elle doit se justifier vis-à-vis de ses proches qui la regardent comme un être étrange et dérangé. Au passage, Kathryn Bigelow oppose cette jeune femme farouchement indépendante à sa mère – excellente Louise Fletcher – qui appartient à une génération d’épouses soumises et parfois maltraitées dans le secret de la chambre à coucher par des maris tout-puissants. Ces notations, bien entendu importantes et fort appréciables, ne sont pourtant jamais brandies comme un étendard par une réalisatrice qui serait une militante avant d’être une artiste. Bien au contraire, Kathryn Bigelow s’emploie à respecter l’intégrité psychologique de ses personnages. Elle se livre également à un petit commentaire sur l’évolution de l’Amérique reaganienne uniquement intéressée par l’argent facile et la compétition entre les winners et les losers. Ainsi, le personnage de serial killer incarné par Ron Silver n’est autre qu’un trader dont la vie consiste à écraser les autres. Il n’opère qu’un léger basculement de paradigme en éliminant physiquement des êtres qu’il juge insignifiant. Là encore, pas d’insistance sur ces éléments de la part d’une réalisatrice qui a surtout à cœur d’embrasser le genre du thriller avec une grande efficacité. En réalité, elle anticipe avec Blue Steel une thématique qui sera encore développée dans son Point Break (1991), à savoir celle de l’attraction-répulsion qui peut exister entre un flic et un truand. Sans théoriser quoi que ce soit, Bigelow pose la question de la fine distance qui sépare un membre des forces de l’ordre et celui qui enfreint la loi. Dans Blue Steel, elle fait ainsi de Ron Silver une sorte de double maléfique (ou doppelgänger) de Jamie Lee Curtis. Elle réfléchit également en creux à la fascination du peuple américain pour les armes à feu. Toutefois, ce qui marque le plus durant le visionnage de Blue Steel (1990) vient de l’extrême modernité de sa réalisation. Grâce à des mouvements de caméra gracieux, mais également dotés d’une puissance d’évocation extraordinaire, Blue Steel se distingue du tout-venant de l’époque et tutoie le cinéma d’un Michael Mann en matière de brio formel. A l’aide d’éclairages bleutés et d’une musique inquiétante de Brad Fiedel, Kathryn Bigelow signe un film glacial qui impose une atmosphère urbaine pesante et tendue comme un garrot. Zébré d’éclairs de violence bruts, le résultat est tout bonnement enthousiasmant, si l’on fait abstraction de certaines facilités d’écritures. On peut en tout cas y admirer le jeu parfaitement maîtrisé de la grande Jamie Lee Curtis, opposée ici à un Ron Silver totalement démoniaque, comme possédé par une force surnaturelle. Sorti dans l’indifférence générale aux Etats-Unis où le film n’a glané que 8,2 millions de dollars malgré des critiques positives, Blue Steel n’a guère mieux marché sur le territoire français. Ils ne furent que 129 494 curieux à faire le déplacement en salles dans l’Hexagone, alors que sévissait la terrible crise du cinéma. Il est donc temps de rendre hommage au talent visionnaire de Kathryn Bigelow qui, par-delà son statut de femme, est avant tout une grande artiste, encore trop ignorée de la communauté des cinéphiles.
Point
Break
Réalisé par Kathryn Bigelow
Avec Patrick Swayze, Keanu Reeves, Lori Petty, Gary Busey
États-Unis
Genre : action
Durée : 2h02
Année : 1991
Un jeune agent du FBI infiltre un groupe de surfeurs soupçonnés de commettre des cambriolages à Los Angeles.
Un polar dopé à l'adrénaline, qui met à l'honneur des personnages en quête absolue de sensations fortes. Comme les deux faces d'une même pièce, Kathryn Bigelow filme l'attraction réciproque de héros opposés à l'extrême, animés par une pulsion de vie identique. Un cocktail d'action mémorable (le saut en parachute, la course-poursuite), qui a propulsé Keanu Reeves au rang de star et offert une performance iconique à Patrick Swayze.
Réalisé par Kathryn Bigelow
Avec Patrick Swayze, Keanu Reeves, Lori Petty, Gary Busey
États-Unis
Genre : action
Durée : 2h02
Année : 1991
Un jeune agent du FBI infiltre un groupe de surfeurs soupçonnés de commettre des cambriolages à Los Angeles.
Un polar dopé à l'adrénaline, qui met à l'honneur des personnages en quête absolue de sensations fortes. Comme les deux faces d'une même pièce, Kathryn Bigelow filme l'attraction réciproque de héros opposés à l'extrême, animés par une pulsion de vie identique. Un cocktail d'action mémorable (le saut en parachute, la course-poursuite), qui a propulsé Keanu Reeves au rang de star et offert une performance iconique à Patrick Swayze.
Réalisé
par Kathryn Bigelow
Avec Ralph Fiennes, Angela Bassett, Juliette Lewis, Vincent D'Onofrio, Tom Sizemore
États-Unis
Genre : action, science-fiction
Durée : 2h25
Année : 1995
Los Angeles 1999. Lenny Nero, flic déchu, mi-dandy, mi-gangster, s'est reconverti dans le trafic de vidéos très perfectionnées qui permettent de revivre n'importe quelle situation par procuration. Un jour, il découvre une vidéo révélant l'identité des meurtriers d'un leader noir.
En 1995, Kathryn Bigelow est loin de son Oscar historique pour la réalisation de Démineurs en 2010. Elle s’est néanmoins imposée avec le film de vampire Aux frontières de l’aube, le thriller Blue Steel avec Jamie Lee Curtis et Point Break, succès phénoménal en 1991. Impossible de ne pas mentionner son mariage avec James Cameron, de 1989 à 1991 car l’idée de Strange Days vient de lui. Il imagine cette histoire à la fin des années 80, entre les succès d’Aliens, le retour et Abyss. Dans une longue interview avec Artforum, Bigelow expliquait : « Jim Cameron travaillait sur cette idée depuis neuf ou dix ans. Il me l’a présentée il y a quatre ans, et j’ai trouvé que c’était formidable. Ces deux personnages au seuil du nouveau millénaire, avec un homme qui pousse une femme qui l’aime à l’aider pour sauver la femme que lui aime, c’est une superbe matrice émotionnelle. Et puis, au cours de nos échanges, on a développé l’aspect politique, cette société particulière. Le côté brutal et sombre était ce à quoi j’aspirais ; ironiquement, Jim tendait plus vers le côté romantique, alors que moi j’avais vers le plus noir. Jim a écrit un traitement à partir de nos discussions, et Jay Cocks en a tiré un scénario ». Satisfait, James Cameron repassera uniquement sur quelques dialogues. L’affaire Rodney King donne une dimension toute particulière au scénario, qui prenait forme que tout ça a eu lieu sous les yeux de l’équipe : la passage à tabac de l’Afro-Américain, frappé par des policiers de Los Angeles filmés à leur insu, a déclenché des émeutes sans précédent lorsqu’ils ont été acquittés en 1992. Le personnage de Jeriko One est clairement inspiré par lui. Kathryn Bigelow a participé au nettoyage du centre ville après les événements, et sera profondément marquée par cette vision quasi-apocalyptique. Interviewée en 1995 par The Christian Science Minitor, Bigelow était claire : « Je pense qu’il est grand temps que les studios fassent des films qui disent quelque chose. Je sais que c’est perturbant, provocateur, mais ça parle de quelque chose au moins. Et ça, c’est un pas vers l’avant. » Le procès d’O.J. Simpson, qui débute en 1995, est un nouvel écho dans la réalité. Andy Garcia a d’abord été évoqué pour le premier rôle, avec Bono, le leader de U2, pour incarner Philo. Bigelow décidera finalement de caster Ralph Fiennes après l’avoir vu dans La Liste de Schindler, presque contre l’avis de Cameron qui imaginait un acteur plus décalé. Il sera en revanche le premier à suggérer Angela Bassett. Strange Days sera tourné quasi intégralement de nuit à Los Angeles (77 jours sur les 88 jours du tournage). Omniprésent en coulisses, Cameron participera au montage sans être crédité, notamment sur les scènes d’action. Échec dramatique : 42 millions de budget et moins de 10 millions engrangés en salles. Sorti en février 1996 en France, Strange Days n’a attiré que 160 000 spectateurs. Kathryn Bigelow mettra quelques années à s’en remettre. Signe précurseur peut-être : Kathryn Bigelow a été la première femme à recevoir le trophée de la meilleure réalisatrice aux Saturn Awards, pour Strange Days.
Avec Ralph Fiennes, Angela Bassett, Juliette Lewis, Vincent D'Onofrio, Tom Sizemore
États-Unis
Genre : action, science-fiction
Durée : 2h25
Année : 1995
Los Angeles 1999. Lenny Nero, flic déchu, mi-dandy, mi-gangster, s'est reconverti dans le trafic de vidéos très perfectionnées qui permettent de revivre n'importe quelle situation par procuration. Un jour, il découvre une vidéo révélant l'identité des meurtriers d'un leader noir.
En 1995, Kathryn Bigelow est loin de son Oscar historique pour la réalisation de Démineurs en 2010. Elle s’est néanmoins imposée avec le film de vampire Aux frontières de l’aube, le thriller Blue Steel avec Jamie Lee Curtis et Point Break, succès phénoménal en 1991. Impossible de ne pas mentionner son mariage avec James Cameron, de 1989 à 1991 car l’idée de Strange Days vient de lui. Il imagine cette histoire à la fin des années 80, entre les succès d’Aliens, le retour et Abyss. Dans une longue interview avec Artforum, Bigelow expliquait : « Jim Cameron travaillait sur cette idée depuis neuf ou dix ans. Il me l’a présentée il y a quatre ans, et j’ai trouvé que c’était formidable. Ces deux personnages au seuil du nouveau millénaire, avec un homme qui pousse une femme qui l’aime à l’aider pour sauver la femme que lui aime, c’est une superbe matrice émotionnelle. Et puis, au cours de nos échanges, on a développé l’aspect politique, cette société particulière. Le côté brutal et sombre était ce à quoi j’aspirais ; ironiquement, Jim tendait plus vers le côté romantique, alors que moi j’avais vers le plus noir. Jim a écrit un traitement à partir de nos discussions, et Jay Cocks en a tiré un scénario ». Satisfait, James Cameron repassera uniquement sur quelques dialogues. L’affaire Rodney King donne une dimension toute particulière au scénario, qui prenait forme que tout ça a eu lieu sous les yeux de l’équipe : la passage à tabac de l’Afro-Américain, frappé par des policiers de Los Angeles filmés à leur insu, a déclenché des émeutes sans précédent lorsqu’ils ont été acquittés en 1992. Le personnage de Jeriko One est clairement inspiré par lui. Kathryn Bigelow a participé au nettoyage du centre ville après les événements, et sera profondément marquée par cette vision quasi-apocalyptique. Interviewée en 1995 par The Christian Science Minitor, Bigelow était claire : « Je pense qu’il est grand temps que les studios fassent des films qui disent quelque chose. Je sais que c’est perturbant, provocateur, mais ça parle de quelque chose au moins. Et ça, c’est un pas vers l’avant. » Le procès d’O.J. Simpson, qui débute en 1995, est un nouvel écho dans la réalité. Andy Garcia a d’abord été évoqué pour le premier rôle, avec Bono, le leader de U2, pour incarner Philo. Bigelow décidera finalement de caster Ralph Fiennes après l’avoir vu dans La Liste de Schindler, presque contre l’avis de Cameron qui imaginait un acteur plus décalé. Il sera en revanche le premier à suggérer Angela Bassett. Strange Days sera tourné quasi intégralement de nuit à Los Angeles (77 jours sur les 88 jours du tournage). Omniprésent en coulisses, Cameron participera au montage sans être crédité, notamment sur les scènes d’action. Échec dramatique : 42 millions de budget et moins de 10 millions engrangés en salles. Sorti en février 1996 en France, Strange Days n’a attiré que 160 000 spectateurs. Kathryn Bigelow mettra quelques années à s’en remettre. Signe précurseur peut-être : Kathryn Bigelow a été la première femme à recevoir le trophée de la meilleure réalisatrice aux Saturn Awards, pour Strange Days.
Le
Poids de l'eau
Réalisé par Kathryn Bigelow
Avec Anders W. Berthelsen, Catherine McCormack, Sarah Polley, Sean Penn
États-Unis, France, Canada
Genre : drame, Thriller
Durée : 1h55
Année : 2000
A bord d'un voilier, la photographe Jean Janes débarque sur la petite île de Smuttynose, située au large des côtes du New Hampshire, pour enquêter sur un double meurtre vieux d'un siècle. En se plongeant dans les détails de l'affaire, Jean revit la tragédie qui a eu lieu par une nuit de 1873 : comment deux jeunes immigrées norvégiennes, Anethe et Karen, furent assassinées à coups de hache, tandis qu'une troisième, Maren Hontvedt, trouva refuge dans une grotte. Au fil de ses recherches, Jean découvre des analogies entre sa propre vie et celle de la seule rescapée du carnage. Elle y trouve un écho à ses propres doutes, à ses propres interrogations sur l'avenir de son couple. Parallèlement, la suspicion d'une liaison éventuelle entre son mari Thomas, un célèbre poète, et la compagne de son frère Rich, la séduisante Adaline, se transforme lentement en jalousie et méfiance.
Deux histoires s'enchevêtrent, et c'est un énorme manque de fluidité qui plombe en partie ce Poids de l'eau. De par un montage parallèle des plus lourds, Bigelow associe les émotions et sentiments refoulés de deux héroïnes entre deux époques: une photographe (Catherine McCormack) de nos jours, et une nouvelle arrivante (Sarah Polley) sur le sol américain, au 19e siècle. Passant très mécaniquement d'une époque à une autre, le film témoigne en outre d'un déséquilibre d'intérêt certain. La partie située dans le passé (contant l'histoire du double meurtre) parvient à captiver, bénéficie d'une photo soignée, est portée par la performance habitée de Sarah Polley et possède une réelle ampleur dramatique. En revanche, celle située de nos jours est d'un inintérêt total, handicapée par des personnages creux, quelques scènes ridicules (Liz Hurley à demi-nue se frottant avec un glaçon) et un travail visuel en comparaison largement moins remarquable. Un demi repas donc qui laisse quelques regrets, il eût été préférable de rester sur l'île...
Réalisé par Kathryn Bigelow
Avec Anders W. Berthelsen, Catherine McCormack, Sarah Polley, Sean Penn
États-Unis, France, Canada
Genre : drame, Thriller
Durée : 1h55
Année : 2000
A bord d'un voilier, la photographe Jean Janes débarque sur la petite île de Smuttynose, située au large des côtes du New Hampshire, pour enquêter sur un double meurtre vieux d'un siècle. En se plongeant dans les détails de l'affaire, Jean revit la tragédie qui a eu lieu par une nuit de 1873 : comment deux jeunes immigrées norvégiennes, Anethe et Karen, furent assassinées à coups de hache, tandis qu'une troisième, Maren Hontvedt, trouva refuge dans une grotte. Au fil de ses recherches, Jean découvre des analogies entre sa propre vie et celle de la seule rescapée du carnage. Elle y trouve un écho à ses propres doutes, à ses propres interrogations sur l'avenir de son couple. Parallèlement, la suspicion d'une liaison éventuelle entre son mari Thomas, un célèbre poète, et la compagne de son frère Rich, la séduisante Adaline, se transforme lentement en jalousie et méfiance.
Deux histoires s'enchevêtrent, et c'est un énorme manque de fluidité qui plombe en partie ce Poids de l'eau. De par un montage parallèle des plus lourds, Bigelow associe les émotions et sentiments refoulés de deux héroïnes entre deux époques: une photographe (Catherine McCormack) de nos jours, et une nouvelle arrivante (Sarah Polley) sur le sol américain, au 19e siècle. Passant très mécaniquement d'une époque à une autre, le film témoigne en outre d'un déséquilibre d'intérêt certain. La partie située dans le passé (contant l'histoire du double meurtre) parvient à captiver, bénéficie d'une photo soignée, est portée par la performance habitée de Sarah Polley et possède une réelle ampleur dramatique. En revanche, celle située de nos jours est d'un inintérêt total, handicapée par des personnages creux, quelques scènes ridicules (Liz Hurley à demi-nue se frottant avec un glaçon) et un travail visuel en comparaison largement moins remarquable. Un demi repas donc qui laisse quelques regrets, il eût été préférable de rester sur l'île...
Le Piège des profondeurs (K-19: The
Widowmaker)
Réalisé par Kathryn Bigelow
Avec Harrison Ford, Liam Neeson
États-Unis
Genre : Action, Drame
Durée : 2h18
Année : 2002
En juin 1961, en pleine Guerre froide, dans les eaux de l'Atlantique nord, Alexei Vostrikov, le capitaine du premier sous-marin nucléaire de l'arsenal soviétique, le K-19, découvre que le système de refroidissement du réacteur principal est défaillant. A son bord, des ogives et un moteur à propulsion atomique menacent d'exploser si la température au cœur du réacteur ne baisse pas rapidement. Coupés du monde extérieur et du reste de la flotte russe à cause d'une panne d'antenne, le capitaine Vostrikov et son second Mikhail Polenin doivent surmonter leurs différends pour faire face à la crise et éviter un accident nucléaire. Par ailleurs, si une telle explosion se produisait, les Etats-Unis pourraient croire à une première attaque soviétique et déclencher une guerre totale.
En adaptant au cinéma une histoire vraie restée cachée pendant 28 ans, Kathryn Bigelow s’est en quelque sorte lancée dans son Titanic à elle. Sous-marins de diverses tailles, 150 acteurs-hommes d’équipage sous ses ordres, sans compter l’équipe technique, conseillers russes, fouillage d’archives, effets spéciaux, elle a tout supervisé. Devant un tel déploiement de moyens, on est donc un peu déçus au vu du résultat. Car si le film est de qualité, il est assez inégal. En effet, Bigelow joue plus sur les personnages que sur l’action, mais sur plus de deux heures, le film devient difficile à remplir. Harrison Ford et Liam Neeson offrent, comme à leur habitude, une interprétation irréprochable : Ford est convaincant en commandant expert et intransigeant, tout en intériorité, et Neeson tout autant en second proche de l’équipage. Cependant leur forte présence et leur charisme écrasent vite leurs personnages. Et les situations n’aident pas toujours à y croire non plus, le film a beau être long, certains bouleversements sont un peu trop rapides et difficilement crédibles. On voudrait s’attacher à eux, à tout l’équipage, embarqués sur un sous-marin nucléaire en pleine guerre froide, un sous-marin qui a déjà entraîné la mort d’une dizaine d’hommes avant même de quitter le port, et qui porte parfaitement son surnom : "the widowmaker" – "le faiseur de veuves" (oubliez l’inepte titre français!), mais on n'y arrive que difficilement. Seuls les deux gros moments d'action nous plongent enfin au cœur de l'intrigue, nous font nous intéresser à eux. Mais si Bigelow arrive à nous accrocher, elle ne maintient pas la tension et la lenteur du film reprend le dessus. Ainsi, nous alternons moments captivants et ennui sur 2h20, et la longueur se fait vraiment sentir sur la fin.
C'est d'autant plus dommage que les effets spéciaux sont soignés, voire invisibles, la réalisation également, la caméra caressant le sous-marin dans des tons bleutés qui ne sont pas sans rappeler, encore une fois, James Cameron et son influence toujours présente sur son ex-femme.
Démineurs
Réalisé par Kathryn Bigelow
Avec Jeremy Renner, Anthony Mackie
États-Unis
Genre : Action, Drame
Durée : 2h04
Année : 2009
Bagdad. Le lieutenant James est à la tête de la meilleure unité de déminage de l'US Army. Leur mission : désamorcer des bombes dans des quartiers civils ou des théâtres de guerre, au péril de leur vie, alors que la situation locale est encore... explosive.
Montage nerveux, caméra à l'épaule, grain 16 mm, Démineurs s'immisce, avec une rigueur quasi-documentaire, dans le quotidien de désamorceurs de bombes en Irak. Sous le casque d'un soldat confronté à la mort (Jeremy Renner, formidable), l'addiction au danger devient le moyen ultime de se sentir vivant au milieu de la désolation et des ruines. Sans fioritures, Kathryn Bigelow – première cinéaste à recevoir l'Oscar de la meilleure réalisation – saisit fiévreusement ce shoot d'adrénaline, cette dépendance à la peur, dans un film de guerre unique en son genre, viscéral et sauvage. Démineurs décrochera neuf nominations aux Oscars, et six statuettes, dont celles de meilleur film et de meilleure réalisatrice.
Réalisé par Kathryn Bigelow
Avec Harrison Ford, Liam Neeson
États-Unis
Genre : Action, Drame
Durée : 2h18
Année : 2002
En juin 1961, en pleine Guerre froide, dans les eaux de l'Atlantique nord, Alexei Vostrikov, le capitaine du premier sous-marin nucléaire de l'arsenal soviétique, le K-19, découvre que le système de refroidissement du réacteur principal est défaillant. A son bord, des ogives et un moteur à propulsion atomique menacent d'exploser si la température au cœur du réacteur ne baisse pas rapidement. Coupés du monde extérieur et du reste de la flotte russe à cause d'une panne d'antenne, le capitaine Vostrikov et son second Mikhail Polenin doivent surmonter leurs différends pour faire face à la crise et éviter un accident nucléaire. Par ailleurs, si une telle explosion se produisait, les Etats-Unis pourraient croire à une première attaque soviétique et déclencher une guerre totale.
En adaptant au cinéma une histoire vraie restée cachée pendant 28 ans, Kathryn Bigelow s’est en quelque sorte lancée dans son Titanic à elle. Sous-marins de diverses tailles, 150 acteurs-hommes d’équipage sous ses ordres, sans compter l’équipe technique, conseillers russes, fouillage d’archives, effets spéciaux, elle a tout supervisé. Devant un tel déploiement de moyens, on est donc un peu déçus au vu du résultat. Car si le film est de qualité, il est assez inégal. En effet, Bigelow joue plus sur les personnages que sur l’action, mais sur plus de deux heures, le film devient difficile à remplir. Harrison Ford et Liam Neeson offrent, comme à leur habitude, une interprétation irréprochable : Ford est convaincant en commandant expert et intransigeant, tout en intériorité, et Neeson tout autant en second proche de l’équipage. Cependant leur forte présence et leur charisme écrasent vite leurs personnages. Et les situations n’aident pas toujours à y croire non plus, le film a beau être long, certains bouleversements sont un peu trop rapides et difficilement crédibles. On voudrait s’attacher à eux, à tout l’équipage, embarqués sur un sous-marin nucléaire en pleine guerre froide, un sous-marin qui a déjà entraîné la mort d’une dizaine d’hommes avant même de quitter le port, et qui porte parfaitement son surnom : "the widowmaker" – "le faiseur de veuves" (oubliez l’inepte titre français!), mais on n'y arrive que difficilement. Seuls les deux gros moments d'action nous plongent enfin au cœur de l'intrigue, nous font nous intéresser à eux. Mais si Bigelow arrive à nous accrocher, elle ne maintient pas la tension et la lenteur du film reprend le dessus. Ainsi, nous alternons moments captivants et ennui sur 2h20, et la longueur se fait vraiment sentir sur la fin.
C'est d'autant plus dommage que les effets spéciaux sont soignés, voire invisibles, la réalisation également, la caméra caressant le sous-marin dans des tons bleutés qui ne sont pas sans rappeler, encore une fois, James Cameron et son influence toujours présente sur son ex-femme.
Démineurs
Réalisé par Kathryn Bigelow
Avec Jeremy Renner, Anthony Mackie
États-Unis
Genre : Action, Drame
Durée : 2h04
Année : 2009
Bagdad. Le lieutenant James est à la tête de la meilleure unité de déminage de l'US Army. Leur mission : désamorcer des bombes dans des quartiers civils ou des théâtres de guerre, au péril de leur vie, alors que la situation locale est encore... explosive.
Montage nerveux, caméra à l'épaule, grain 16 mm, Démineurs s'immisce, avec une rigueur quasi-documentaire, dans le quotidien de désamorceurs de bombes en Irak. Sous le casque d'un soldat confronté à la mort (Jeremy Renner, formidable), l'addiction au danger devient le moyen ultime de se sentir vivant au milieu de la désolation et des ruines. Sans fioritures, Kathryn Bigelow – première cinéaste à recevoir l'Oscar de la meilleure réalisation – saisit fiévreusement ce shoot d'adrénaline, cette dépendance à la peur, dans un film de guerre unique en son genre, viscéral et sauvage. Démineurs décrochera neuf nominations aux Oscars, et six statuettes, dont celles de meilleur film et de meilleure réalisatrice.
Réalisé
par Kathryn Bigelow
Avec Jessica Chastain, Jason Clarke, Joel Edgerton
États-Unis
Genre : Action, Thriller
Durée : 2h29
Année : 2012
Après les attentats du 11 septembre, une poignée d'hommes et de femmes du renseignement américain mettent tout en oeuvre pour débusquer Oussama Ben Laden. En 2003, Maya, fraîchement recrutée par la CIA, est dépêchée au Pakistan, où elle collabore avec des agents qui n'hésitent pas à recourir à la torture...
Avec Zero Dark Thirty, Kathryn Bigelow, adepte du film d’action musclé, aborde pour la première fois et de façon explicite un sujet politique. Pour ce faire, elle s’appuie sur l’énorme travail fourni par le scénariste et journaliste Mark Boal, qui a réuni un nombre important d’informations solides sur le sujet. Il en découle un « film-dossier » très documenté et très factuel, y compris dans le choix de confronter, de manière frontale, les méthodes employées par les services secrets américains pour retrouver Ben Laden. Non seulement Bigelow n’hésite pas à montrer la torture utilisée sur les prisonniers à l’époque pour obtenir des informations, mais elle en fait un des enjeux du film, à travers ce personnage féminin (Jessica Chastain, parfaite dans le rôle) qui peu à peu fait sien le vieil adage : « la fin justifie les moyens ». Inévitablement, malgré son immense succès au box-office, Zero Dark Thirty suscita de nombreuses polémiques. Confus, trop long et surtout trop complaisant à l’égard des méthodes de la CIA, sans compter ce personnage solitaire qui s’affranchit des règles de sa hiérarchie (et qui rappelle le controversé inspecteur Harry). Des accusations loin d’être sans fondement, mais auxquelles Bigelow, fidèle à la grande tradition du film d’action américain, répond par la puissance des images et l’efficacité de la mise en scène. Elle s’inscrit ainsi dans la lignée de grands réalisateurs tels Don Siegel ou Sam Peckinpah, qui n’ont cessé, à travers leurs films, de questionner la violence de leur pays. Avec Zéro dark thirty, la cinéaste démontre une nouvelle fois son incroyable maîtrise formelle, mélange de réalisme immersif et de virtuosité technique, par laquelle elle s’emploie à plonger le spectateur dans le cœur de l’action. Caméra à l’épaule, lumière naturelle, séquences en temps réel, mais également montage nerveux, découpage millimétré, cadrages soignés : le dispositif est conçu pour retracer le plus fidèlement possible l’interminable traque, tout en maintenant la tension et le suspense propres au thriller. Jusqu’à la séquence finale d’anthologie, 45 minutes de pure mise en scène qui prouvent, s’il en était besoin, que Kathryn Bigelow est incontestablement un des maîtres du cinéma d’action hollywoodien.
Avec Jessica Chastain, Jason Clarke, Joel Edgerton
États-Unis
Genre : Action, Thriller
Durée : 2h29
Année : 2012
Après les attentats du 11 septembre, une poignée d'hommes et de femmes du renseignement américain mettent tout en oeuvre pour débusquer Oussama Ben Laden. En 2003, Maya, fraîchement recrutée par la CIA, est dépêchée au Pakistan, où elle collabore avec des agents qui n'hésitent pas à recourir à la torture...
Avec Zero Dark Thirty, Kathryn Bigelow, adepte du film d’action musclé, aborde pour la première fois et de façon explicite un sujet politique. Pour ce faire, elle s’appuie sur l’énorme travail fourni par le scénariste et journaliste Mark Boal, qui a réuni un nombre important d’informations solides sur le sujet. Il en découle un « film-dossier » très documenté et très factuel, y compris dans le choix de confronter, de manière frontale, les méthodes employées par les services secrets américains pour retrouver Ben Laden. Non seulement Bigelow n’hésite pas à montrer la torture utilisée sur les prisonniers à l’époque pour obtenir des informations, mais elle en fait un des enjeux du film, à travers ce personnage féminin (Jessica Chastain, parfaite dans le rôle) qui peu à peu fait sien le vieil adage : « la fin justifie les moyens ». Inévitablement, malgré son immense succès au box-office, Zero Dark Thirty suscita de nombreuses polémiques. Confus, trop long et surtout trop complaisant à l’égard des méthodes de la CIA, sans compter ce personnage solitaire qui s’affranchit des règles de sa hiérarchie (et qui rappelle le controversé inspecteur Harry). Des accusations loin d’être sans fondement, mais auxquelles Bigelow, fidèle à la grande tradition du film d’action américain, répond par la puissance des images et l’efficacité de la mise en scène. Elle s’inscrit ainsi dans la lignée de grands réalisateurs tels Don Siegel ou Sam Peckinpah, qui n’ont cessé, à travers leurs films, de questionner la violence de leur pays. Avec Zéro dark thirty, la cinéaste démontre une nouvelle fois son incroyable maîtrise formelle, mélange de réalisme immersif et de virtuosité technique, par laquelle elle s’emploie à plonger le spectateur dans le cœur de l’action. Caméra à l’épaule, lumière naturelle, séquences en temps réel, mais également montage nerveux, découpage millimétré, cadrages soignés : le dispositif est conçu pour retracer le plus fidèlement possible l’interminable traque, tout en maintenant la tension et le suspense propres au thriller. Jusqu’à la séquence finale d’anthologie, 45 minutes de pure mise en scène qui prouvent, s’il en était besoin, que Kathryn Bigelow est incontestablement un des maîtres du cinéma d’action hollywoodien.
Detroit
Réalisé par Kathryn Bigelow
Avec John Boyega, Will Poulter
États-Unis
Genre : drame, Thriller
Durée : 2h14
Année : 2017
Été 1967. Les États-Unis connaissent une vague d’émeutes sans précédent. La guerre du Vietnam, vécue comme une intervention néocoloniale, et la ségrégation raciale nourrissent la contestation. À Detroit, alors que le climat est insurrectionnel depuis deux jours, des coups de feu sont entendus en pleine nuit à proximité d’une base de la Garde nationale. Les forces de l’ordre encerclent l’Algiers Motel d’où semblent provenir les détonations. Bafouant toute procédure, les policiers soumettent une poignée de clients de l’hôtel à un interrogatoire sadique pour extorquer leurs aveux. Le bilan sera très lourd : trois hommes, non armés, seront abattus à bout portant, et plusieurs autres blessés…
Cinq ans après Zero Dark Thirty, succès public et critique, la seule réalisatrice oscarisée de l’histoire, Kathryn Bigelow, revient avec un film au sujet brûlant. C’est dire à quel point son Detroit, plongée au cœur des émeutes de l’été 1967, était attendu. Sur 2h25, le film retrace ces jours de chaos, et s’intéresse particulièrement à la nuit du 25 au 26 juillet, au cours de laquelle trois jeunes Afro-Américains furent torturés et tués par des policiers blancs, tandis que neuf autres clients de l’Algiers Motel – sept hommes noirs et deux femmes blanches – étaient battus et humiliés par ces mêmes officiers de police. Bigelow, aidée de son fidèle scénariste Mark Boal, restitue cette histoire oubliée en trois temps. Elle s’immerge d’abord dans les rues de Detroit pour relater, de manière quasi-journalistique, les émeutes de l’été 1967. Vient ensuite, pendant plus de quarante minutes, la reconstitution des événements de l’Algiers Motel, interminable séquence de torture physique et psychologique, avant que le film ne se referme sur le procès des trois policiers blancs inculpés pour les meurtres de Fred Temple, Aubrey Pollard et Carl Cooper. Detroit apparaît d’abord comme l’aboutissement du talent de réalisatrice de Kathryn Bigelow. La mise en scène, mélange de caméra à l’épaule et de plans très resserrés sur les personnages, est magistrale. Elle permet à Bigelow de filmer au plus près les émotions sur les visages de ses (excellents) acteurs, et d’enfermer son spectateur dans la violence qu’elle dépeint. Dans les scènes d’émeutes, le peu de plans larges donne l’impression que tout s’embrase et explose en hors-champ. À l’intérieur de l’Algiers Motel, l’absence d’horizon indique qu’il n’y aucune échappatoire possible à la violence raciste. Detroit se vit donc en apnée, le sang glacé, le cœur au bord des lèvres.
Réalisé par Kathryn Bigelow
Avec John Boyega, Will Poulter
États-Unis
Genre : drame, Thriller
Durée : 2h14
Année : 2017
Été 1967. Les États-Unis connaissent une vague d’émeutes sans précédent. La guerre du Vietnam, vécue comme une intervention néocoloniale, et la ségrégation raciale nourrissent la contestation. À Detroit, alors que le climat est insurrectionnel depuis deux jours, des coups de feu sont entendus en pleine nuit à proximité d’une base de la Garde nationale. Les forces de l’ordre encerclent l’Algiers Motel d’où semblent provenir les détonations. Bafouant toute procédure, les policiers soumettent une poignée de clients de l’hôtel à un interrogatoire sadique pour extorquer leurs aveux. Le bilan sera très lourd : trois hommes, non armés, seront abattus à bout portant, et plusieurs autres blessés…
Cinq ans après Zero Dark Thirty, succès public et critique, la seule réalisatrice oscarisée de l’histoire, Kathryn Bigelow, revient avec un film au sujet brûlant. C’est dire à quel point son Detroit, plongée au cœur des émeutes de l’été 1967, était attendu. Sur 2h25, le film retrace ces jours de chaos, et s’intéresse particulièrement à la nuit du 25 au 26 juillet, au cours de laquelle trois jeunes Afro-Américains furent torturés et tués par des policiers blancs, tandis que neuf autres clients de l’Algiers Motel – sept hommes noirs et deux femmes blanches – étaient battus et humiliés par ces mêmes officiers de police. Bigelow, aidée de son fidèle scénariste Mark Boal, restitue cette histoire oubliée en trois temps. Elle s’immerge d’abord dans les rues de Detroit pour relater, de manière quasi-journalistique, les émeutes de l’été 1967. Vient ensuite, pendant plus de quarante minutes, la reconstitution des événements de l’Algiers Motel, interminable séquence de torture physique et psychologique, avant que le film ne se referme sur le procès des trois policiers blancs inculpés pour les meurtres de Fred Temple, Aubrey Pollard et Carl Cooper. Detroit apparaît d’abord comme l’aboutissement du talent de réalisatrice de Kathryn Bigelow. La mise en scène, mélange de caméra à l’épaule et de plans très resserrés sur les personnages, est magistrale. Elle permet à Bigelow de filmer au plus près les émotions sur les visages de ses (excellents) acteurs, et d’enfermer son spectateur dans la violence qu’elle dépeint. Dans les scènes d’émeutes, le peu de plans larges donne l’impression que tout s’embrase et explose en hors-champ. À l’intérieur de l’Algiers Motel, l’absence d’horizon indique qu’il n’y aucune échappatoire possible à la violence raciste. Detroit se vit donc en apnée, le sang glacé, le cœur au bord des lèvres.