26 avr. 2024

Rodrigo Sorogoyen


 Espagne, 1981

8 Dates
Réalisé par Rodrigo Sorogoyen et Peris Romano
Avec Fernando Tejero, José Luis García Perez, Bélen López, Cecilia Freire, Raúl Arévalo, Javier Rey
Comédie, Romance
1h35
2008
Espagne
À travers huit rendez-vous différents sont explorés les moments qui composent la relation d'un couple : les premier et deuxième rendez-vous, la présentation à la famille et aux amis, les changements, la routine, la rupture et les retrouvailles.

Stockholm
Réalisé par Rodrigo Sorogoyen
Avec Javier Pereira, Aura Garrido
Drame sentimental
1h32
2013
Espagne
Un garçon drague une fille dans une boîte. Alors qu'elle se refuse dans un premier temps, il ne renonce pas et parvient à lui faire changer d'avis. Après avoir couché ensemble, elle se rend compte qu'il est bien différent de ce qu'elle se figurait.
Ancien étudiant de l'ECAM (Escuela de Cinematografía y del Audiovisual de Madrid), Rodrigo Sorogoyen est venu présenter son premier film, Stockholm, au public marseillais dans le cadre du Festival CineHorizontes. Il reçoit en France un accueil chaleureux pour son histoire d'une rencontre entre un garçon et une fille lors d'une soirée madrilène. Lui se dit éperdument amoureux au premier regard ; elle ne le croit pas mais se laisse doucement charmer par l'inconnu. Au matin, rien n'est plus pareil. Prisonnière de ses démons, elle doit faire face à la trahison. Le film, tourné en seulement douze jours par une équipe bénévole, peint le portrait d'une génération. Il touche parfaitement du doigt un mal-être face à la différence entre les sexes. Découpé en deux parties construites en parallèle, la nuit et le jour, Stockholm dévoile le stratagème des hommes et la naïveté des femmes dans la rencontre amoureuse, en reprenant jusque dans son titre le syndrome de contagion émotionnelle. La mise en scène et la lumière s'imbriquent pour construire une nuit envoûtante et mystérieuse, un jour hypnotique et glaçant. Mais la complexité des deux personnages évite au film de tomber dans les clichés du genre. Entre mensonges et vérités, amour et haine, Stockholm ne laissera personne indifférent.

Réalisé par Rodrigo Sorogoyen
Avec Antonio de la Torre, Roberto Álamo, Javier Pereira, Luis Zahera
Policier, thriller
2h06
2016
Espagne
Madrid, été 2011. La ville, plongée en pleine crise économique, est confrontée à l’émergence du mouvement des « indignés » et à la visite imminente du Pape Benoît XVI. C’est dans ce contexte hyper-tendu que l'improbable binôme que forment Alfaro et Velarde se retrouve en charge de l'enquête sur un serial-killer d’un genre bien particulier. Les deux inspecteurs, sous pression, sont de surcroît contraints d’agir dans la plus grande discrétion… Une course contre la montre s’engage alors, qui progressivement les révèle à eux-mêmes ; sont-ils si différents du criminel qu'ils poursuivent ?
Si le film noir espagnol s’est bâti sur le modèle américain, il est clair qu’avec Que Dios nos perdone l’élève dépasse largement le maître et lui donne une leçon qu’il ferait mieux de retenir. Puissant ancrage dans la réalité du pays, omniprésence de la ville, impeccable direction d’acteurs, à chaque minute ce film impressionne. Entre sacré et profane, pureté et corruption, un miroir tendu à la société espagnole pour voir enfin sur quoi elle se fonde. 
Avec ses films, Rodrigo Sorogoyen a renouvelé le genre du Néo-Polar en Espagne et s’est imposé comme une figure emblématique du nouveau cinéma européen. Maître des longues montées en tension, capable de brusques ruptures de rythme et de sursauts violents, le cinéaste fait siennes les règles du thriller classique pour mieux s’en jouer, et nous propose un cinéma Néo-Noir intense et haletant, lucide quant aux enjeux de son époque, et en définitive, sans concessions. À l’aide d’une mise en scène épurée, d’un réalisme implacable, il porte un regard rebelle sur l’ordre social et politique établi, et dresse dans ses films un portrait critique des travers de la société espagnole.

Réalisé par Rodrigo Sorogoyen
Avec Antonio de la Torre, Monica Lopez, Josep María Pou, Luis Zahera
Policier, Drame
2h11
2018
Espagne
Manuel López-Vidal est un homme politique influent dans sa région. Alors qu'il doit entrer à la direction nationale de son parti, il se retrouve impliqué dans une affaire de corruption qui menace un de ses amis les plus proches. Pris au piège, il plonge dans un engrenage infernal...
Une plongée suffocante dans le marigot des politiciens espagnols corrompus, portée par un comédien remarquable que la caméra ne va pas lâcher pendant plus de deux heures. Ce thriller politique ultra tendu est mis en scène avec une virtuosité extraordinaire.

Réalisé par Rodrigo Sorogoyen
Avec Marta Nieto, Jules Poirier, Alex Brendemühl
Drame, thriller
2h09
2019
Espagne
Dix ans se sont écoulés depuis que le fils d’Elena, alors âgé de 6 ans, a disparu. Dix ans depuis ce coup de téléphone où seul et perdu sur une plage des Landes, il lui disait qu’il ne trouvait plus son père. Aujourd’hui, Elena y vit et y travaille dans un restaurant de bord de mer. Dévastée depuis ce tragique épisode, sa vie suit son cours tant bien que mal. Jusqu’à ce jour où elle rencontre un adolescent qui lui rappelle furieusement son fils disparu…
Avant de devenir le 4e film de Rodrigo Sorogoyen, Madre fut un court-métrage, tourné entre Que Dios nos perdone et El Reino avant que son auteur ne ressente le désir d’en poursuivre l’intrigue. C’est ce court-métrage de seize minutes qui constitue, intact, la séquence inaugurale de l’oeuvre qui nous intéresse. Successivement au téléphone avec son ex-mari et leur jeune fils, la Madrilène Elena assiste, impuissante, car à des milliers de kilomètres, au probable enlèvement de son enfant.  C’est terrassé que le spectateur échappe à cet incipit en forme de plan séquence. D’une violence psychologique rare, il accomplit le tour de force de livrer une montée d’adrénaline exponentielle, irrésistible et déchirante, quand bien même il délègue toute l’action au hors-champ, réunissant un même geste maîtrise technique et latitude absolue du spectateur. Une orientation qui porte à un niveau d’incandescence inespéré les déjà grandes qualités de ses deux précédentes créations, et va servir de tremplin à un film qui se plait à totalement rebattre les cartes de son cinéma. 

Réalisé par Rodrigo Sorogoyen
Avec Denis Ménochet, Marina Foïs, Luis Zahera, Diego Anido, Marie Colomb
Drame, thriller
2h17
2022
Espagne, France
Antoine et Olga sont installés depuis quelques années dans un village déshérité de Galice. En ces lieux austères, ils tentent depuis plusieurs années de faire vivre une petite exploitation agricole écoresponsable. Malgré un travail de la terre obstiné et un compte en banque en berne, ils ne souhaitent pas abandonner ces contrées où ils ont décidé de réinventer leur existence. Leur opposition à un projet d'installation d'éoliennes dans la région n'a pas contribué à l'intégration des Français dans la communauté villageoise où l'on considère avec méfiance ces « étrangers ». La méfiance se transforme bientôt en agressivité, puis en violences et en actes délictueux, comme l'empoisonnement d'un puits dans la propriété du couple qui ruine plusieurs mois de travail. Les responsables de ces méfaits ? Les frères Anta, Xan et Lorenzo, les voisins d'Antoine et Olga, des brutes ne jurant que par la consommation d'alcool à haute dose et par une haine viscérale de l'autre. Les Anta, enivrés par leur pouvoir de nuisance, multiplient les menaces et les intimidations. En attendant pire peut-être… Antoine tente d'avertir les autorités mais la police locale ne semble pas pressée de régler ce qu'elle considère comme un banal conflit de voisinage.
En quelques films et une série (Antidisturbios), Rodrigo Sorogoyen s’est tout bonnement affirmé comme l’un des plus brillants cinéastes en activité. Sa caméra grand-angle malickienne, son sens aiguisé du découpage et sa direction d’acteurs virtuose en font déjà un maître du suspense, qui modernise avec brio une certaine grammaire originelle du septième art. Avec As Bestas, le bonhomme ne fait pas que se renouveler. Il impose une nouvelle marque, dès le départ, à travers une scène d’une puissance symbolique folle, où des aloitadores attrapent et tentent de dompter avec leurs seules mains un cheval sauvage. Non seulement l’image connaît une répercussion plus tard dans le film qui fait l’effet d’un coup de boule en pleine tête, mais le réalisateur y convoque une allégorie à la Eisenstein, réveillant les montages parallèles traumatisants de La Grève et ses bœufs égorgés.
« As Bestas » est un thriller rural tendu à l'extrême, où, avec ses plans séquences virtuoses, le cinéaste excelle à retranscrire la peur et la paranoïa qui, peu à peu, contaminent l'existence de ces deux héros français victimes d'un engrenage destructeur. En toile de fond, la description de deux mondes qui ne partagent rien - ni la langue maternelle, ni les valeurs, ni les modes de vie - et qui sont incapables de communiquer. Pour interpréter les protagonistes de ces mondes irréconciliables, le cinéaste ne s'est pas trompé dans ses choix d'acteurs. Marina Foïs et Denis Ménochet campent avec une crédibilité de chaque scène les Français aux abois. Face à eux, Luis Zahera (Xan), un comédien espagnol chevronné, et Diego Anido (Lorenzo), un sidérant débutant, incarnent les frères d'« As Bestas » avec une conviction exceptionnelle. Deux duos impressionnants pour un film résolument marquant ayant récolté dix-sept nominations aux Goyas, les Césars espagnols.
A la fin du film, deux mots s’affichent sur le grand écran : « A Margo ». Le film est en effet inspiré d'une histoire vraie : l’histoire du supplice souffert par un couple d’étrangers venu s’installer dans un hameau perdu dans le nord-ouest de l’Espagne, et confrontés à l’intolérance poussée à l’extrême d’une famille d’éleveurs locaux. A Santoalla do Monte, hameau isolé situé sur les hauteurs de la commune de Petin, en Galice, où Martin Verfondern a été tué par son voisin en 2010, sa veuve, Margo Pool vit encore dans leur maison. Entourée de ses brebis, cette femme de 69 ans aux yeux bleus est devenue la dernière habitante du lieu-dit, où elle poursuit, seule, le rêve qu’ils avaient eu ensemble d’un retour à la terre. A la presse nationale ou locale, elle explique que sa place est ici, là où repose son mari. Et que, si elle partait, ceux qui ont tout fait pour leur rendre la vie impossible et les chasser d’ici auraient gagné…