24 avr. 2024

Charles Chaplin

 


Royaume-Uni 1899, 1977






Le Kid
Réalisé par Charles Chaplin
Avec Charles Chaplin, Jackie Coogan, Edna Purviance
Comédie
51 min
1921
Etats-Unis
Lâchée par son amant, une jeune femme abandonne son enfant. Charlot le vagabond le recueille. Mais les services sociaux s’en mêlent...
Marqué par les thèmes de la pauvreté et de la séparation, on considère que Le Kid est influencé par la propre enfance de Chaplin et il est l'un des premiers films à associer la comédie et le drame. C'est aussi le premier long-métrage de Chaplin. Il remporta un triomphe dès sa sortie, en étant le deuxième plus grand succès commercial de l'année 1921 derrière Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse. En 2011, il fut choisi pour entrer au National Film Registry dans la conservation des films aux Etats-Unis par la Bibliothèque du Congrès, comme étant « culturellement, historiquement ou esthétiquement importants ». The Kid est considéré par les critiques comme un des plus grands films de l’ère du muet.

L'Opinion publique
Réalisé par Charles Chaplin
Avec Edna Purviance, Carl Miller, Clarence Gelder
Drame, romance
1h18
1923
Etats-Unis
Marie Saint-Clair et Jean Millet s’aiment contre l’avis de leurs parents. Ils ont décidé de fuir ensemble. Mais le père de Jean est victime d’une attaque, et Marie, croyant que Jean a changé d’avis, part seule…
C'est en tant que producteur indépendant que Chaplin tourne L'opinion Publique. Il veut que ce drame romantique lance la carrière d'Edna Purviance et ne réalise qu'un bref caméo non crédité dans cette production. Souhaitant que le film soit réaliste, il demande à ses acteurs de jouer de manière retenue, expliquant que dans la vie réelle « les hommes et les femmes essayent de dissimuler leurs émotions plutôt que de vouloir les montrer « . La première de L'Opinion publique en septembre 1923 est acclamée par la critique pour son approche subtile, qui est alors une innovation. Le public semble cependant peu intéressé par un film de Chaplin sans Charlot et il sera un échec. Fier de son film, le cinéaste est affecté par ce revers car il a voulu réaliser un film dramatique ; il retire L'Opinion publique des salles aussi vite que possible.

La Ruée vers l'or
Réalisé par Charles Chaplin
Avec Charles Chaplin, Georgia Hale, Mark Swain, Tom Murray
Comédie
1h22
1925
Etats-Unis
1898, Nord-Ouest du Canada. Alors que des milliers d’aventuriers arpentent le Klondike en quête du métal précieux, Charlot est surpris par une tempête de neige. Il trouve refuge dans une cabane isolée et fait la rencontre de Big Jim McKay et du terrible Black Larsen…
Chaplin revient à la comédie pour son prochain projet et il pense alors : « Ce prochain film doit être une épopée ! la plus grande ! « . Inspiré par une photographie de la ruée vers l'or du klondike de 1898 et par le récit de l'expédition Donner de 1846-1847, il réalise ce que le journaliste Geoffrey Macnab qualifie de « comédie épique sur un sujet grave ». Dans La Ruée vers l'Or, Charlot est représenté comme un prospecteur solitaire affrontant l'adversité et à la recherche de l'amour. Avec Georgia Hale comme partenaire, Chaplin commence le tournage dans les montagnes de l'ouest du Névada en février 1924. La production est complexe, avec plus de 600 figurants, des décors extravagants et des effets spéciaux; la dernière scène n'est réalisée qu'en mai 1925, après 15 mois de tournage. Avec un coût de près d'un million de dollars, Chaplin considère que La Ruée vers l'or est le meilleur film qu'il a réalisé jusque-là. Après sa sortie en août 1925, il devient l'un des plus gros succès du cinéma muet, avec cinq millions de dollars de recettes. La comédie comporte certaines des scènes les plus célèbres de Chaplin, comme celle de Charlot mangeant sa chaussure ou celle dite de la « danse des petits pains », et il déclare par la suite qu'il aimerait que les gens se souviennent de lui grâce à ce film.

Le Cirque
Réalisé par Charles Chaplin
Avec Charles Chaplin, Merna Kennedy, Al Ernest Garcia
Comédie
1h10
1928
Etats-Unis
En fuyant la police, un vagabond se retrouve sur la piste d’un cirque. Ses étourderies provoquent l’hilarité du public et incitent le directeur de l’établissement à l’embaucher comme clown…
Le Cirque sort en janvier 1928 et reçoit un accueil positif. On retrouve dans Le Cirque tout ce qui fait le succès et la magie des films de Chaplin : un mélange remarquable de gags, de quiproquos et d'émotion. Lors de la 1ère cérémonie des Oscars, Chaplin reçoit un Oscar d'honneur « pour sa polyvalence et son génie à jouer, écrire, mettre en scène et produire Le Cirque ». Malgré le succès du film, Chaplin l'associe avec le stress de sa production ; il ne le mentionne pas dans son autobiographie et a du mal à travailler dessus quand il le resonorisa en 1967.

Les Lumières de la ville
Réalisé par Charles Chaplin
Avec Charles Chaplin, Virginia Cherrill, Florence Lee, Harry Myers
Comédie
1h27
1931
Etats-Unis
Un vagabond s’éprend d’une belle et jeune vendeuse de fleurs aveugle qui vit avec sa mère, couverte de dettes. Suite à un quiproquo, la fleuriste s’imagine le misérable, qui vient de lui acheter une fleur, en milliardaire...
Le cinéma sonore apparaît à l'époque où sortait Le Cirque. Chaplin est sceptique quant à cette nouvelle technique et estime que les « parlants » ne valent pas les films muets, du point de vue artistique. Il est également réticent à l'idée de changer la formule qui a fait son succès et craint que donner une voix à Charlot ne limite son attrait à l'international. Il rejette donc cette mode hollywoodienne et commence à travailler sur un nouveau film muet ; si le film de Chaplin est un film sonore, intégrant un accompagnement musical et de nombreux bruitages, les répliques des personnages restent représentées par des intertitres. Une pré-projection ne rencontre pas de succès, mais la presse est séduite. Un journaliste écrit : « Personne d'autre que Charlie Chaplin n'aurait pu le faire. Il est le seul à avoir ce quelque chose d'étrange appelé « attrait de l'audience » en quantité suffisante pour défier le penchant populaire pour les films qui parlent ». Lors de sa sortie officielle en janvier 1931, Les Lumières de la ville est un succès populaire et financier qui rapporte plus de trois millions de dollars. Le British Film Institute le cite comme la plus grande réussite de Chaplin et le critique James Agee évoque son final comme « le meilleur jeu d'acteur et le plus grand moment de l'histoire du cinéma ». Les Lumières de la ville est un succès mais Chaplin n'est pas certain de pouvoir réaliser un nouveau film sans dialogues. Il reste convaincu que le son ne marcherait pas dans ses films, mais est également « obsédé par la peur déprimante d'être démodé » .

Les Temps modernes
Réalisé par Charles Chaplin
Avec Charles Chaplin, Paulette Goddard
Comédie
1h27
1936
Etats-Unis
Charlot travaille à la chaîne dans une grande usine. Sa tâche quotidienne consiste à resserrer des boulons. Très vite aliéné par ces conditions de travail et la cadence infernale qu’on lui impose, il sombre dans la folie allant jusqu'à resserrer tout ce qui lui passe sous la main et asperger les gens avec sa burette d’huile. Cet épisode le conduit tout droit à l’hôpital. Dès sa sortie, il est pris par erreur pour un syndicaliste communiste. Charlot se retrouve rapidement en prison, à laquelle il échappe suite à un nouveau quiproquo. Il rencontre ensuite une jeune femme abandonnée avec qui il va essayer d’affronter les pièges de la ville...
Les Temps Modernes est présenté par Chaplin comme « une satire de certaines situations de notre vie industrielle ». Il envisage d'en faire un film parlant, mais change d'avis lors des répétitions. Comme ses prédécesseurs, Les Temps modernes utilise des effets sonores synchronisés, mais presque aucune parole. Dans le film, l'interprétation en « charabia » d'une chanson par Chaplin donne néanmoins pour la première fois une voix à Charlot. Après l'enregistrement de la musique, le résultat est présenté en février 1936. Il s'agit de son premier film depuis Le Kid à intégrer des références politiques et sociales et cet aspect entraîne une forte couverture médiatique, même si Chaplin tente de minimiser le sujet. Le film connaît un succès moindre que ses précédents films et les critiques sont plus mitigées, certaines désapprouvant sa signification politique. Les Temps modernes est néanmoins devenu un classique du répertoire de Chaplin.

Le Dictateur
Réalisé par Charles Chaplin
Avec Charles Chaplin, Paulette Goddard, Jake Oakie
Comédie
2h04
1940
Etats-Unis
À son retour de la guerre de 1914-1918, un petit barbier juif a perdu la mémoire. Après des années d’hôpital, il retrouve sa boutique dans le ghetto. Mais il découvre un monde en proie à la folie. Un dictateur hystérique, Adenoïd Hynkel, son parfait sosie, sème la terreur dans le pays. Avec l’aide de sa compagne Hannah, le barbier résiste aux SS qui menacent la petite communauté. Il se retrouve acteur malgré lui de cette tragique mascarade…
Chaplin est profondément perturbé par les tensions politiques et la montée du nationalisme en Europe dans les années 1930 et estime qu'il ne peut en faire abstraction dans ses films. Les observateurs font des rapprochements avec Adolf Hitler : ils sont nés à quatre jours d'écart, ont tous deux accédé à la notoriété mondiale malgré leur origine modeste, et le dictateur allemand porte la même moustache que Charlot. Cette ressemblance physique devient la base du film de Chaplin qui se moque directement d'Hitler et du fascisme.
Chaplin consacre deux années à la rédaction du scénario et commence le tournage en septembre 1939 alors que la Seconde Guerre mondiale vient d'éclater. Chaplin décide de renoncer au film muet, qu'il estime démodé et parce qu'il est plus facile de délivrer un message politique avec la parole. Réaliser une comédie sur Hitler est très délicat, mais l'indépendance financière de Chaplin lui permet de prendre le risque : « J'étais déterminé à le faire, car on doit se moquer d'Hitler ». Dans le film, Chaplin s'éloigne de son personnage de Charlot, tout en conservant son accoutrement, en jouant un « barbier juif » vivant dans une dictature européenne ressemblant considérablement à la dictature hitlérienne. Charlie Chaplin jouera également le dictateur « Adenoïd Hynkel », parodiant Hitler. Le Dictateur passe une année en postproduction et est présenté au public en octobre 1940. Le film est l'objet d'une importante campagne publicitaire et un critique du New York Times le qualifie de film le plus attendu de l'année. Il connaît un succès populaire considérable, même si le dénouement est controversé. Dans ce final où son personnage de barbier juif prend la place du dictateur, Chaplin prononce un discours de six minutes face à la caméra, dans lequel il expose ses opinions politiques personnelles. Selon l'historien du cinéma Charles J. Maland, à une époque où le cinéma évite les thèmes politiques controversés, cette prise de liberté a marqué le début du déclin de la popularité de Chaplin : « Dorénavant, aucun admirateur ne pourra séparer la dimension politique de la star de cinéma ». Le Dictateur est nommé dans cinq catégories lors de la 13ème cérémonie des Oscars dont celles du meilleur film, du meilleur acteur et du meilleur scénario, même s'il ne remporte aucune statuette.


Monsieur Verdoux
Réalisé par Charles Chaplin
Avec Charles Chaplin, Mady Correll, Alison Roddan
Comédie dramatique
2h04
1947
Etats-Unis
Marié et père d’un jeune garçon, Henri Verdoux, qui est employé de banque, se trouve soudain sans travail. Son expérience lui permet de se lancer dans des opérations boursières dont le financement lui est assuré par des femmes mûres qu’il épouse avant de les faire disparaître…
L'idée du film lui est fournie par Orson Welles, qui voulait qu'il joue dans un film sur le tueur en série français Henri Désiré Landru. Chaplin estime que ce concept « ferait une superbe comédie «  et achète le scénario à Welles. Chaplin exprime à nouveau ses idées politiques dans Monsieur Verdoux en critiquant le capitalisme et le film est très controversé à sa sortie, en avril 1947. Il est hué lors de la première et certains demandent son interdiction. Il s'agit du premier film où son personnage n'a aucun rapport avec Charlot ; il est également le premier à être un échec critique et commercial aux États-Unis. Il est mieux accueilli à l'étranger. Chaplin est néanmoins fier de son œuvre et écrit dans son autobiographie : « Monsieur Verdoux est le plus intelligent et le plus brillant des films que j'ai réalisés ». L'accueil négatif de Monsieur Verdoux est largement le résultat de l'évolution de l'image publique de Chaplin car il est publiquement accusé d'être communiste. 

Les Feux de la rampe
Réalisé par Charles Chaplin
Avec Charles Chaplin, Claire Bloom, Nigel Bruce, Buster Keaton, Sydney Chaplin, Norman Lloyd
Drame
2h17
1952
Etats-Unis
Londres, 1914. Autrefois clown adulé, Calvero est désormais vieux et alcoolique. Un jour, en rentrant chez lui, il sauve de la mort sa voisine, Terry, une jeune ballerine qui a tenté de se suicider…
Même si Chaplin reste politiquement actif dans les années qui suivent l'échec de Monsieur Verdoux, Les Feux de la Rampe est dépourvu de toute signification politique. C'est un film largement autobiographique et fait référence à l'enfance de Chaplin, à la vie de ses parents et à sa perte de popularité aux États-Unis. Il adopte un ton bien plus sérieux que dans ses précédents films et parle régulièrement de « mélancolie ». Le film est également notable pour la présence de Buster Keaton dont c'est l'unique collaboration avec Chaplin. Chaplin décide d'organiser la première mondiale des Feux de la rampe à Londres, où se déroule l'action du film. Quittant Los Angeles, il indique qu'il s'attend à ne jamais pouvoir revenir, chassé par l'Amérique maccarthyste. Si Chaplin et son film sont bien accueillis en Europe, Les Feux de la rampe sont largement boycottés aux États-Unis malgré des critiques positives. Maland écrit que la chute de Chaplin d'un niveau de popularité inégalé « est peut-être la plus spectaculaire de toute l'histoire de la célébrité aux États-Unis ».

Un Roi à New York
Réalisé par Charles Chaplin
Avec Charles Chaplin, Dawn Addams, Michael Chaplin
Comédie
1h47
1957
Royaume-Uni
Souverain d’Estrovia renversé par une révolution puis ruiné par son Premier ministre, Shahdov s’exile à New York, où il découvre à son corps défendant la toute-puissance de l’image médiatique…
Chaplin commence à développer son premier film européen, Un roi à New York en 1954. Jouant le rôle d'un roi exilé cherchant asile aux États-Unis, Chaplin exploite ses problèmes récents pour écrire le scénario. Son fils, Michael, est présenté comme un garçon dont les parents sont visés par le FBI, tandis que le personnage de Chaplin est accusé d'être un communiste. Cette satire politique parodie les actions de l'HUAC ainsi que le consumérisme de la société américaine des années 1950. Dans sa critique, le dramaturge John Osborne le qualifie comme film le « plus acide… et de plus ouvertement personnel » de Chaplin. Celui-ci fonde une nouvelle société de production appelée Attica et tourne dans les studios de Shepperton dans la banlieue de Londres. Ce tournage est difficile car il est habitué à son studio et à ses équipes hollywoodiennes, et ne dispose plus d'une durée de production illimitée. Cela a un impact sur la qualité du film, qui reçoit des critiques mitigées à sa sortie en septembre 1957. Chaplin empêche les journalistes américains d'assister à la première à Paris et décide de ne pas diffuser le film aux États-Unis. Cela nuit fortement à son succès commercial, même si le film obtient un succès d'estime en Europe. Un roi à New York ne sera présenté aux États-Unis qu'en 1973.

La Comtesse de Hong Kong
Réalisé par Charles Chaplin
Avec Marlon Brando, Sophia Loren
Comédie romantique
1h56
1967
Royaume-Uni
Au cours d'une croisière, un milliardaire américain fait escale à Hong-Kong. Il y fait la connaissance d'une taxi-girl avec laquelle il passe une agréable soirée, ignorant que la jeune femme est, en réalité, une comtesse russe. Il retrouve la belle dans sa cabine : elle souhaite rallier New York...
La Comtesse de Hong Kong est une comédie romantique basée sur un scénario que Chaplin a écrit dans les années 1930 pour Paulette Goddard. Située sur un paquebot, l'action met en scène Marlon Brando jouant un ambassadeur américain et Sophia Loren dans le rôle d'une passagère clandestine. Le film diffère des précédentes productions de Chaplin sur plusieurs points : il est le premier à employer le technicolor et le format écran large tandis que Chaplin se concentre sur la réalisation et n’apparaît à l'écran que dans le rôle mineur d'un steward malade. Il signe également un contrat avec le studio Universal Pictures pour le distribuer. La Comtesse de Hong-Kong reçoit des critiques négatives à sa sortie en janvier 1967 et c'est un échec commercial. Chaplin est profondément affecté par ce revers et ce film sera le dernier.