Mexique, 1961
Uniquement
avec ton partenaire
Réalisé par Alfonso Cuarón
Avec Daniel Giménez Cacho, Claudia Ramírez, Luis de Icaza, Ricardo Dalmacci
Comédie romantique
1h34
1991
Mexique
Coureur de jupons, Tomas est piégé par Silvia, une infirmière qui s'est retrouvée trompée par ce beau parleur et qui lui fait croire qu'il est atteint du SIDA. Alors qu'il cherche une mort rapide (en mettant sa tête dans un four à micro-ondes) Tomas rencontre Clarisa, une hôtesse de l'air qui veut aussi se suicider parce qu'elle soupçonne son amant d'avoir une liaison avec une hôtesse blonde de la Continental Airlines.
Uniquement avec ton partenaire est une comédie empruntant aux teen movies. Ce premier film d’Alfonso Cuarón n'est certainement pas celui de la maturité tant sur le fond que sur la forme.
Ainsi, le réalisateur appuie les aspects humoristiques de son film sur des gags étirés à l'extrême et/ou répétitifs. L'autre pilier sur lequel repose Uniquement avec ton partenaire est celui d’un comique né de situations incongrues plutôt que sur des dialogues qui restent banals, voire indigents.
Réalisé par Alfonso Cuarón
Avec Daniel Giménez Cacho, Claudia Ramírez, Luis de Icaza, Ricardo Dalmacci
Comédie romantique
1h34
1991
Mexique
Coureur de jupons, Tomas est piégé par Silvia, une infirmière qui s'est retrouvée trompée par ce beau parleur et qui lui fait croire qu'il est atteint du SIDA. Alors qu'il cherche une mort rapide (en mettant sa tête dans un four à micro-ondes) Tomas rencontre Clarisa, une hôtesse de l'air qui veut aussi se suicider parce qu'elle soupçonne son amant d'avoir une liaison avec une hôtesse blonde de la Continental Airlines.
Uniquement avec ton partenaire est une comédie empruntant aux teen movies. Ce premier film d’Alfonso Cuarón n'est certainement pas celui de la maturité tant sur le fond que sur la forme.
Ainsi, le réalisateur appuie les aspects humoristiques de son film sur des gags étirés à l'extrême et/ou répétitifs. L'autre pilier sur lequel repose Uniquement avec ton partenaire est celui d’un comique né de situations incongrues plutôt que sur des dialogues qui restent banals, voire indigents.
La
petite princesse
Réalisé par Alfonso Cuarón
Avec Liesel Matthews, Eleanor Bron, Liam Cunningham
Drame Fantastique
1h37
1995
Etats-Unis
Tandis que son père s'engage dans l'armée britannique pour lutter contre les allemands durant la Première guerre mondiale, Sara est envoyée dans un internat à New York. Sur place, elle entretient des relations très tumultueuses avec la sévère directrice qui voit d'un mauvais oeil les rêves de princesses de la jeune fille.
Il ne faisait pas bon réaliser des longs métrages destinés au jeune public chez Warner dans les années 90. On connait le sort catastrophique réservé à l’immense Le Géant de fer, il en va de même pour La Petite princesse. Quasiment privé de toute promotion, le premier film américain d’Alfonso Cuarón, réalisé quatre ans après son tout premier long métrage Sólo con tu pareja, s’est vautré au box office malgré des critiques élogieuses et deux nominations aux oscars (pour sa photographie et sa direction artistique). Le film d’Alfonso Cuarón est une adaptation du roman éponyme de Frances Hodgson Burnett. Un grand classique de la littérature anglaise destinée à la jeunesse et qui s’est vu adapté des dizaines de fois au cinéma ou à la télévision. Parmi les adaptations les plus célèbres ou marquantes, citons Petite princesse de Walter Lang, sorti en 1939 avec Shirley Temple dans le rôle principal, ou encore la série animée japonaise Princesse Sarah diffusée dans les années 80. Pour Alfonso Cuarón, l’influence principale se situe dans la version de 1939. Le scénario de cette nouvelle adaptation est confié à Elizabeth Chandler (son premier scénario pour le cinéma) et Richard LaGravenese (scénariste de Sur la route de Madison et L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, mais surtout du Fisher King de Terry Gilliam dans lequel il était déjà question de magie et de fantaisie dans un réel moribond). Les auteurs vont retravailler considérablement le récit, modifier notamment son final pour un happy end plus fort en émotion, et accentuer la présence de la culture indienne jusqu’à en faire un des moteurs principaux de la narration. Alfonso Cuarón signait là son film le plus féérique, sublimant les incroyables décors de Bo Welch (Batman le défi, Edward aux mains d’argent, Men in Black) avec l’apport non négligeable d’un certain Emmanuel Lubezki à la photographie. Ce dernier compose des lumières qui traduisent littéralement par l’image la sensation du conte de fées. Et bien que le film s’adresse en premier lieu à un jeune public, Alfonso Cuarón lui montre tout le respect nécessaire à travers sa mise en scène et son découpage, d’une précision et d’une inventivité déjà phénoménales. Voilà un film qui n’a pas eu le destin qu’il méritait.
Réalisé par Alfonso Cuarón
Avec Liesel Matthews, Eleanor Bron, Liam Cunningham
Drame Fantastique
1h37
1995
Etats-Unis
Tandis que son père s'engage dans l'armée britannique pour lutter contre les allemands durant la Première guerre mondiale, Sara est envoyée dans un internat à New York. Sur place, elle entretient des relations très tumultueuses avec la sévère directrice qui voit d'un mauvais oeil les rêves de princesses de la jeune fille.
Il ne faisait pas bon réaliser des longs métrages destinés au jeune public chez Warner dans les années 90. On connait le sort catastrophique réservé à l’immense Le Géant de fer, il en va de même pour La Petite princesse. Quasiment privé de toute promotion, le premier film américain d’Alfonso Cuarón, réalisé quatre ans après son tout premier long métrage Sólo con tu pareja, s’est vautré au box office malgré des critiques élogieuses et deux nominations aux oscars (pour sa photographie et sa direction artistique). Le film d’Alfonso Cuarón est une adaptation du roman éponyme de Frances Hodgson Burnett. Un grand classique de la littérature anglaise destinée à la jeunesse et qui s’est vu adapté des dizaines de fois au cinéma ou à la télévision. Parmi les adaptations les plus célèbres ou marquantes, citons Petite princesse de Walter Lang, sorti en 1939 avec Shirley Temple dans le rôle principal, ou encore la série animée japonaise Princesse Sarah diffusée dans les années 80. Pour Alfonso Cuarón, l’influence principale se situe dans la version de 1939. Le scénario de cette nouvelle adaptation est confié à Elizabeth Chandler (son premier scénario pour le cinéma) et Richard LaGravenese (scénariste de Sur la route de Madison et L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, mais surtout du Fisher King de Terry Gilliam dans lequel il était déjà question de magie et de fantaisie dans un réel moribond). Les auteurs vont retravailler considérablement le récit, modifier notamment son final pour un happy end plus fort en émotion, et accentuer la présence de la culture indienne jusqu’à en faire un des moteurs principaux de la narration. Alfonso Cuarón signait là son film le plus féérique, sublimant les incroyables décors de Bo Welch (Batman le défi, Edward aux mains d’argent, Men in Black) avec l’apport non négligeable d’un certain Emmanuel Lubezki à la photographie. Ce dernier compose des lumières qui traduisent littéralement par l’image la sensation du conte de fées. Et bien que le film s’adresse en premier lieu à un jeune public, Alfonso Cuarón lui montre tout le respect nécessaire à travers sa mise en scène et son découpage, d’une précision et d’une inventivité déjà phénoménales. Voilà un film qui n’a pas eu le destin qu’il méritait.
De
grandes espérances
Réalisé par Alfonso Cuarón
Avec Ethan Hawke, Gwyneth Paltrow, Anne Bancroft, Robert De Niro
Comédie dramatique
1h51
1998
Etats-Unis
Adaptation moderne du célèbre roman de Charles Dickens transposée à notre époque, ayant pour cadre la Floride ou le Pip de Dickens est devenu Finn et son oncle forgeron un patron pêcheur. Comme dans le roman l'enfant va sauver un forcat évade, geste qui changera sa destinée. Quand la fortune viendra il pensera qu'il la doit à une vieille dame excentrique dont il égayait l'existence quand il était enfant.
Avant de devenir un immense cinéaste, couronné deux fois par l’Oscar du meilleur réalisateur (en 2014 pour Gravity et en 2019 pour Roma), Alfonso Cuarón a fait ses premiers armes à Hollywood où la Twentieth Century Fox lui avait confié le soin de réaliser une nouvelle adaptation de De grandes espérances. Projet plein de promesse que cette adaptation du classique de la littérature britannique de Dickens. En effet avec Alfonso Cuaron aux commandes, Ethan Hawke, Gwyneth Paltrow (excellente dans le registre de l'allumeuse), Anne Bancroft et Robert De Niro, la photographie d'Emmanuel Lubezki et évidemment la transposition en Floride et à New York de la fin du XXème siècle de l'histoire de Dickens. La transposition du roman de Charles Dickens ne manque pas d´élégance. Le film est bâti en deux parties. C´est dans la première, celle de l´enfance, que le metteur en scène mexicain Alfonso Cuaron confirme une sensibilité qu´il avait déjà laissé percevoir dans « la Petite Princesse ». Il y a du charme dans cette ambiance romantique, une sensualité dans les images entre les deux personnages principaux, des idées de mise en scène mais malheureusement la seconde partie est plus conventionnelle et s´achève en polar ordinaire.
Réalisé par Alfonso Cuarón
Avec Ethan Hawke, Gwyneth Paltrow, Anne Bancroft, Robert De Niro
Comédie dramatique
1h51
1998
Etats-Unis
Adaptation moderne du célèbre roman de Charles Dickens transposée à notre époque, ayant pour cadre la Floride ou le Pip de Dickens est devenu Finn et son oncle forgeron un patron pêcheur. Comme dans le roman l'enfant va sauver un forcat évade, geste qui changera sa destinée. Quand la fortune viendra il pensera qu'il la doit à une vieille dame excentrique dont il égayait l'existence quand il était enfant.
Avant de devenir un immense cinéaste, couronné deux fois par l’Oscar du meilleur réalisateur (en 2014 pour Gravity et en 2019 pour Roma), Alfonso Cuarón a fait ses premiers armes à Hollywood où la Twentieth Century Fox lui avait confié le soin de réaliser une nouvelle adaptation de De grandes espérances. Projet plein de promesse que cette adaptation du classique de la littérature britannique de Dickens. En effet avec Alfonso Cuaron aux commandes, Ethan Hawke, Gwyneth Paltrow (excellente dans le registre de l'allumeuse), Anne Bancroft et Robert De Niro, la photographie d'Emmanuel Lubezki et évidemment la transposition en Floride et à New York de la fin du XXème siècle de l'histoire de Dickens. La transposition du roman de Charles Dickens ne manque pas d´élégance. Le film est bâti en deux parties. C´est dans la première, celle de l´enfance, que le metteur en scène mexicain Alfonso Cuaron confirme une sensibilité qu´il avait déjà laissé percevoir dans « la Petite Princesse ». Il y a du charme dans cette ambiance romantique, une sensualité dans les images entre les deux personnages principaux, des idées de mise en scène mais malheureusement la seconde partie est plus conventionnelle et s´achève en polar ordinaire.
Réalisé
par Alfonso Cuarón
Avec Maribel Verdú, Gael García Bernal, Diego Luna, Diana Bracho, Andrés Almeida
Drame, Road Movie
1h45
2001
Mexique
Tenoch et Julio sont deux amis, en fin d'adolescence, insouciants, fêtards et dragueurs. Ils rencontrent Luisa, une cousine espagnole de Tenoch, à un mariage familial somptueux. Luisa, jeune trentenaire, est bouleversée quelques jours plus tard par des problèmes de couple. Sur une proposition de Tenoch et Julio, elle décide de les accompagner pendant quelques jours sur la côte du Pacifique. Durant ce road trip, le trio se forme, se cherche et d'une certaine manière se trouve. Mais Luisa semble cacher un malheur plus profond…
Ce film a battu tous les records d'entrées de l'histoire du cinéma mexicain et son succès n'est pas difficile à comprendre. Toutes les générations se reconnaissent dans ce portrait d'une jeunesse à vivre, ou déjà vécue, dépeinte avec une fraîcheur de regard et un délicieux culot. Tandis qu'en filigrane apparaît le Mexique tel qu'en lui-même, par la grâce de ce voyage abandonné au rythme des régions traversées. On y découvre la pauvreté, la bourgeoisie, les manifestations de rue et les préludes expropriateurs d'un développement touristique massif. Le film est ancré dans la réalité par un découpage en tableaux auxquels une voix off apporte des précisions documentaires.
Avec Maribel Verdú, Gael García Bernal, Diego Luna, Diana Bracho, Andrés Almeida
Drame, Road Movie
1h45
2001
Mexique
Tenoch et Julio sont deux amis, en fin d'adolescence, insouciants, fêtards et dragueurs. Ils rencontrent Luisa, une cousine espagnole de Tenoch, à un mariage familial somptueux. Luisa, jeune trentenaire, est bouleversée quelques jours plus tard par des problèmes de couple. Sur une proposition de Tenoch et Julio, elle décide de les accompagner pendant quelques jours sur la côte du Pacifique. Durant ce road trip, le trio se forme, se cherche et d'une certaine manière se trouve. Mais Luisa semble cacher un malheur plus profond…
Ce film a battu tous les records d'entrées de l'histoire du cinéma mexicain et son succès n'est pas difficile à comprendre. Toutes les générations se reconnaissent dans ce portrait d'une jeunesse à vivre, ou déjà vécue, dépeinte avec une fraîcheur de regard et un délicieux culot. Tandis qu'en filigrane apparaît le Mexique tel qu'en lui-même, par la grâce de ce voyage abandonné au rythme des régions traversées. On y découvre la pauvreté, la bourgeoisie, les manifestations de rue et les préludes expropriateurs d'un développement touristique massif. Le film est ancré dans la réalité par un découpage en tableaux auxquels une voix off apporte des précisions documentaires.
Harry
Potter et le prisonnier d'Azkaban
Réalisé par Alfonso Cuarón
Avec Daniel Radcliffe, Rupert Grint, Emma Watson, Gary Oldman, David Thewlis
Fantasy
2h22
2004
Royaume-Uni, Etats-Unis
Sirius Black, un dangereux sorcier criminel, s'échappe de la sombre prison d'Azkaban avec un seul et unique but : retrouver Harry Potter, en troisième année à l'école de Poudlard. Selon la légende, Black aurait jadis livré les parents du jeune sorcier à leur assassin, Lord Voldemort, et serait maintenant déterminé à tuer Harry...
Comme toute belle histoire qui se respecte, celle entre Cuarón et Harry Potter a pourtant bien failli ne jamais avoir lieu. Lancée en décembre 2001, soit un peu plus de quatre ans après la sortie du premier livre, la saga cinématographique Harry Potter est déjà en wheeling sur des rails pavés d'or. Harry Potter à l'École des Sorciers et La Chambre des Secrets ont permis à une poignée de producteurs au nez fin – et à l'autrice J.R. Rowling en passant – de remplir plusieurs coffres à Gringotts. Pour leur assurer un cachet gentiment familial, Warner Bros. (société de production de l'ensemble de la franchise) était allé chercher le gentil tâcheron Chris Colombus, parfait Yes Man qui s'était caché derrière les caméras des deux premiers Maman, j'ai raté l'avion ou encore de l'inoffensif Homme bicentenaire. Sauf qu'au moment où démarre la production du Prisonnier d'Azkaban, Colombus choisit de se mettre sur la touche, reculant en tant que simple producteur.
Après avoir essuyé plusieurs refus, la production dresse alors une short list de trois noms : Callie Khouri (scénariste de Thelma & Louise), Kenneth Branagh (qui vient d'incarner Gilderoy Lockhart dans l'opus précédent) et enfin Alfonso Cuarón. En 2003, à pourtant 40 ans passés, Alfonso Cuarón n'est encore qu'un espoir du cinéma mexicain, retourné au pays pour enfin connaître un premier succès d'estime international avec Y tu mamá también, qui s'est offert une jolie tournée des festivals. Autant dire que, lorsqu'arrive sur son bureau une proposition d'un grand studio pour réaliser la suite de la nouvelle franchise de films pour ados du moment, l'ami Alfonso ne saute pas franchement au plafond. Lui qui n'a jamais lu le moindre livre de la série (Harry Potter et la Coupe de feu vient alors tout juste de sortir), ni vu aucun des deux premiers films, prend ainsi l'invitation par dessus la jambe, avec dédain, mais choisit quand même d'en parler au détour d'une conversation avec son compatriote, confrère et ami de longue date Guillermo Del Toro. Il s'est énervé contre moi et m'a lancé : 'Enfoiré de 'flaco' (maigrichon en Français), tu n'es qu'un put*** de bâtard arrogant ! Tu vas filer tout de suite dans une put*** de librairie, acheter les bouquins, les lire et tu vas me recontacter tout de suite après !' Quand Guillermo vous parle comme ça, je peux vous dire que vous avez plutôt intérêt à aller à la librairie…" Le résultat ne se fait pas attendre : après deux livres et demi, Cuarón le réticent est finalement conquis. "En tant que réalisateur, c'est une vraie leçon d'humilité, de me demander comment faire mien le matériau d'origine tout en respectant ce qui a tant plu dans les deux premiers volets." Vous l'avez compris : il va faire bien mieux que cela.
Les deux premiers volets étaient des films pour enfants, globalement légers, clairs et lumineux. Celui-ci sera plus mature, mais surtout bien plus noir. Un travail sur l'image qui se trouve aussi magnifié par de nombreuses scènes tournées en environnements naturels, principalement situés dans la superbe région écossaise de Glen Coe. Là où les extérieurs des deux premiers opus étaient quasi systématiquement reproduits en images de synthèse et ont aujourd'hui pris un sacré coup de vieux, le domaine de Poudlard semble pour la première fois exister de façon tangible. Ce changement de ton dans Le Prisonnier d'Azkaban vient également en bonne partie du livre d'origine, qui enrichit considérablement l'univers. Si La Chambre des Secrets ne sert guère qu'à introduire le personnage de Tom Jedusor (et dans une moindre mesure Dobby) et ce que l'on apprendra bien plus tard être le premier Horcruxe, ce numéro 3 ajoute la prison qui lui donne son titre et ses gardiens, les Détraqueurs, capables d'extraire toute pensée joyeuse de leur victime et in fine, leur âme. Cuarón a bien compris tout le potentiel de ces nouveaux ennemis et choisit de dramatiser au maximum chacune de leur apparition, des vitres qui se glacent petit à petit dans le Poudlard Express au plan large les montrant tournoyant par centaines autour de Harry tels des vautours dans la dernière partie. Ils sont "la peur incarnée" comme le dit si bien Remus Lupin, autre nouveau personnage avec qui Harry (et le spectateur en même temps) se lie très vite d'amitié. Sage, prudent, tout en retenue, il est l'exact opposé de son binôme Sirius Black, chien fou impétueux et impulsif qui ne pouvait être mieux incarné que par Gary Oldman. Lui aussi aura le droit à une superbe scène de présentation au Chaudron Baveur : lorsqu'Arthur Weasley raconte à Harry le sombre passé de son parrain, la caméra les suit, alors qu'ils glissent du centre de la pièce, en pleine lumière, à une alcôve bas de plafond, l'avis de recherche de Black venant remplir le cadre sur la gauche. Un mini plan-séquence tout en mouvement, comme les affectionne tant Cuarón, au service de la narration. Mais le plus beau reste sans nul doute celui qui suit Harry et Hermione alors qu'ils viennent d'utiliser le Retourneur de temps, la caméra se faufilant à l'intérieur du mécanisme de l'horloge pour, elle aussi, remonter le temps. C'est par ces petites touches que Cuarón remplit l'objectif qu'il s'était initialement fixé : Le Prisonnier d'Azkaban est sien et à nul autre. Il porte la marque de fabrique du Mexicain, qui s'est investi dans le projet, l'a doté d'une véritable identité, l'a pensé comme un tout cohérent, avec l'envie d'en faire un objet cinématographique unique plutôt qu'un simple épisode appelé à s'effacer derrière l'ensemble de la franchise dans laquelle il s'inscrit. Un tour de force exemplaire face à une telle machine que la Warner, qui s'est pourtant fait dans la concorde. Parfait pour établir un précédent et convaincre les studios de laisser carte blanche à leurs réalisateurs et leurs permettre d'assouvir toutes leurs envies artistiques.
Réalisé par Alfonso Cuarón
Avec Daniel Radcliffe, Rupert Grint, Emma Watson, Gary Oldman, David Thewlis
Fantasy
2h22
2004
Royaume-Uni, Etats-Unis
Sirius Black, un dangereux sorcier criminel, s'échappe de la sombre prison d'Azkaban avec un seul et unique but : retrouver Harry Potter, en troisième année à l'école de Poudlard. Selon la légende, Black aurait jadis livré les parents du jeune sorcier à leur assassin, Lord Voldemort, et serait maintenant déterminé à tuer Harry...
Comme toute belle histoire qui se respecte, celle entre Cuarón et Harry Potter a pourtant bien failli ne jamais avoir lieu. Lancée en décembre 2001, soit un peu plus de quatre ans après la sortie du premier livre, la saga cinématographique Harry Potter est déjà en wheeling sur des rails pavés d'or. Harry Potter à l'École des Sorciers et La Chambre des Secrets ont permis à une poignée de producteurs au nez fin – et à l'autrice J.R. Rowling en passant – de remplir plusieurs coffres à Gringotts. Pour leur assurer un cachet gentiment familial, Warner Bros. (société de production de l'ensemble de la franchise) était allé chercher le gentil tâcheron Chris Colombus, parfait Yes Man qui s'était caché derrière les caméras des deux premiers Maman, j'ai raté l'avion ou encore de l'inoffensif Homme bicentenaire. Sauf qu'au moment où démarre la production du Prisonnier d'Azkaban, Colombus choisit de se mettre sur la touche, reculant en tant que simple producteur.
Après avoir essuyé plusieurs refus, la production dresse alors une short list de trois noms : Callie Khouri (scénariste de Thelma & Louise), Kenneth Branagh (qui vient d'incarner Gilderoy Lockhart dans l'opus précédent) et enfin Alfonso Cuarón. En 2003, à pourtant 40 ans passés, Alfonso Cuarón n'est encore qu'un espoir du cinéma mexicain, retourné au pays pour enfin connaître un premier succès d'estime international avec Y tu mamá también, qui s'est offert une jolie tournée des festivals. Autant dire que, lorsqu'arrive sur son bureau une proposition d'un grand studio pour réaliser la suite de la nouvelle franchise de films pour ados du moment, l'ami Alfonso ne saute pas franchement au plafond. Lui qui n'a jamais lu le moindre livre de la série (Harry Potter et la Coupe de feu vient alors tout juste de sortir), ni vu aucun des deux premiers films, prend ainsi l'invitation par dessus la jambe, avec dédain, mais choisit quand même d'en parler au détour d'une conversation avec son compatriote, confrère et ami de longue date Guillermo Del Toro. Il s'est énervé contre moi et m'a lancé : 'Enfoiré de 'flaco' (maigrichon en Français), tu n'es qu'un put*** de bâtard arrogant ! Tu vas filer tout de suite dans une put*** de librairie, acheter les bouquins, les lire et tu vas me recontacter tout de suite après !' Quand Guillermo vous parle comme ça, je peux vous dire que vous avez plutôt intérêt à aller à la librairie…" Le résultat ne se fait pas attendre : après deux livres et demi, Cuarón le réticent est finalement conquis. "En tant que réalisateur, c'est une vraie leçon d'humilité, de me demander comment faire mien le matériau d'origine tout en respectant ce qui a tant plu dans les deux premiers volets." Vous l'avez compris : il va faire bien mieux que cela.
Les deux premiers volets étaient des films pour enfants, globalement légers, clairs et lumineux. Celui-ci sera plus mature, mais surtout bien plus noir. Un travail sur l'image qui se trouve aussi magnifié par de nombreuses scènes tournées en environnements naturels, principalement situés dans la superbe région écossaise de Glen Coe. Là où les extérieurs des deux premiers opus étaient quasi systématiquement reproduits en images de synthèse et ont aujourd'hui pris un sacré coup de vieux, le domaine de Poudlard semble pour la première fois exister de façon tangible. Ce changement de ton dans Le Prisonnier d'Azkaban vient également en bonne partie du livre d'origine, qui enrichit considérablement l'univers. Si La Chambre des Secrets ne sert guère qu'à introduire le personnage de Tom Jedusor (et dans une moindre mesure Dobby) et ce que l'on apprendra bien plus tard être le premier Horcruxe, ce numéro 3 ajoute la prison qui lui donne son titre et ses gardiens, les Détraqueurs, capables d'extraire toute pensée joyeuse de leur victime et in fine, leur âme. Cuarón a bien compris tout le potentiel de ces nouveaux ennemis et choisit de dramatiser au maximum chacune de leur apparition, des vitres qui se glacent petit à petit dans le Poudlard Express au plan large les montrant tournoyant par centaines autour de Harry tels des vautours dans la dernière partie. Ils sont "la peur incarnée" comme le dit si bien Remus Lupin, autre nouveau personnage avec qui Harry (et le spectateur en même temps) se lie très vite d'amitié. Sage, prudent, tout en retenue, il est l'exact opposé de son binôme Sirius Black, chien fou impétueux et impulsif qui ne pouvait être mieux incarné que par Gary Oldman. Lui aussi aura le droit à une superbe scène de présentation au Chaudron Baveur : lorsqu'Arthur Weasley raconte à Harry le sombre passé de son parrain, la caméra les suit, alors qu'ils glissent du centre de la pièce, en pleine lumière, à une alcôve bas de plafond, l'avis de recherche de Black venant remplir le cadre sur la gauche. Un mini plan-séquence tout en mouvement, comme les affectionne tant Cuarón, au service de la narration. Mais le plus beau reste sans nul doute celui qui suit Harry et Hermione alors qu'ils viennent d'utiliser le Retourneur de temps, la caméra se faufilant à l'intérieur du mécanisme de l'horloge pour, elle aussi, remonter le temps. C'est par ces petites touches que Cuarón remplit l'objectif qu'il s'était initialement fixé : Le Prisonnier d'Azkaban est sien et à nul autre. Il porte la marque de fabrique du Mexicain, qui s'est investi dans le projet, l'a doté d'une véritable identité, l'a pensé comme un tout cohérent, avec l'envie d'en faire un objet cinématographique unique plutôt qu'un simple épisode appelé à s'effacer derrière l'ensemble de la franchise dans laquelle il s'inscrit. Un tour de force exemplaire face à une telle machine que la Warner, qui s'est pourtant fait dans la concorde. Parfait pour établir un précédent et convaincre les studios de laisser carte blanche à leurs réalisateurs et leurs permettre d'assouvir toutes leurs envies artistiques.
Les
fils de l'homme
Réalisé par Alfonso Cuarón
Avec Clive Owen, Clare-Hope Ashitey, Julianne Moore, Michael Caine
Science-fiction
1h49
2006
Royaume-Uni, Etats-Unis
Dans une société futuriste où les êtres humains ne parviennent plus à se reproduire, l'annonce de la mort de la plus jeune personne, âgée de 18 ans, met la population en émoi. Au même moment, une femme tombe enceinte - un fait qui ne s'est pas produit depuis une vingtaine d'années - et devient par la même occasion la personne la plus enviée et la plus recherchée de la Terre. Un homme est chargé de sa protection...
Alfonso Cuarón a un parcours pour le moins étonnant, parsemé de films aussi différents que De grandes espérances, Y tu mama tambien et Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban. Le voilà maintenant sur le terrain périlleux de la science-fiction avec Les fils de l’homme, adaptation du roman de la célèbre P.D. James, et la réussite est flagrante.
La première bonne idée est d’avoir représenté un futur connecté à notre réalité contemporaine. Pas de gadgets à gogo, d’objets délirants ni d’armes estampillées "futur de cinéma". Le film s’inscrit au contraire dans une sorte de science-fiction sociale épurée, brute de décoffrage, sans gras ni sucre ajouté, illustrant la prolongation d’une idéologie et d’un comportement humain hautement néfastes dont notre société actuelle porte les prémices. Gaspillage des ressources naturelles, exclusions raciales et sociales, violence, désespoir, tentation de l’extrémisme, etc. Rien de bien réjouissant mais on adhère à cette mise en garde sombre et pessimiste tout simplement parce que le film pioche dans notre inconscient historique collectif en reprenant l’imaginaire des camps de concentration et des ghettos. Bref il est impossible de ne pas se sentir concerné par le propos. Mais le tour de force du film, ce qui en fait une œuvre absolument remarquable, c’est la mise en scène magistrale de Cuarón. Caméra à l’épaule, avec un réalisme de reportage de guerre, il nous embarque dans une succession de plans-séquences époustouflants, hallucinants de maîtrise, en particulier la scène dite "de la voiture" et celle de la rébellion finale. Cette esthétique du plan-séquence nous maintient dans une tension haletante et permanente rarement atteinte.
La qualité de l’interprétation est également à souligner. Clive Owen campe avec grande classe le personnage de Theo. Ce dernier réveille petit à petit le militant qui est en lui, sans grand discours lénifiant, simplement par ses actes. Il glisse dans ce décor cauchemardesque et accomplit sa rédemption sans fioritures. L’antihéros par excellence. Michael Caine, quant à lui, est génial en néo-baba cool amateur de ganja. Cerise sur le gâteau : la musique. Le choix est en effet d’une grande intelligence puisqu’il met en relief des artistes ayant souvent questionné, de près ou de loin, la notion et l’esthétique totalitaire au sein même de leurs œuvres (King Crimson, Radiohead, Aphex Twin, sans oublier le clin d’œil amusant à la pochette d’Animals de Pink Floyd). Brillant.
Réalisé par Alfonso Cuarón
Avec Clive Owen, Clare-Hope Ashitey, Julianne Moore, Michael Caine
Science-fiction
1h49
2006
Royaume-Uni, Etats-Unis
Dans une société futuriste où les êtres humains ne parviennent plus à se reproduire, l'annonce de la mort de la plus jeune personne, âgée de 18 ans, met la population en émoi. Au même moment, une femme tombe enceinte - un fait qui ne s'est pas produit depuis une vingtaine d'années - et devient par la même occasion la personne la plus enviée et la plus recherchée de la Terre. Un homme est chargé de sa protection...
Alfonso Cuarón a un parcours pour le moins étonnant, parsemé de films aussi différents que De grandes espérances, Y tu mama tambien et Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban. Le voilà maintenant sur le terrain périlleux de la science-fiction avec Les fils de l’homme, adaptation du roman de la célèbre P.D. James, et la réussite est flagrante.
La première bonne idée est d’avoir représenté un futur connecté à notre réalité contemporaine. Pas de gadgets à gogo, d’objets délirants ni d’armes estampillées "futur de cinéma". Le film s’inscrit au contraire dans une sorte de science-fiction sociale épurée, brute de décoffrage, sans gras ni sucre ajouté, illustrant la prolongation d’une idéologie et d’un comportement humain hautement néfastes dont notre société actuelle porte les prémices. Gaspillage des ressources naturelles, exclusions raciales et sociales, violence, désespoir, tentation de l’extrémisme, etc. Rien de bien réjouissant mais on adhère à cette mise en garde sombre et pessimiste tout simplement parce que le film pioche dans notre inconscient historique collectif en reprenant l’imaginaire des camps de concentration et des ghettos. Bref il est impossible de ne pas se sentir concerné par le propos. Mais le tour de force du film, ce qui en fait une œuvre absolument remarquable, c’est la mise en scène magistrale de Cuarón. Caméra à l’épaule, avec un réalisme de reportage de guerre, il nous embarque dans une succession de plans-séquences époustouflants, hallucinants de maîtrise, en particulier la scène dite "de la voiture" et celle de la rébellion finale. Cette esthétique du plan-séquence nous maintient dans une tension haletante et permanente rarement atteinte.
La qualité de l’interprétation est également à souligner. Clive Owen campe avec grande classe le personnage de Theo. Ce dernier réveille petit à petit le militant qui est en lui, sans grand discours lénifiant, simplement par ses actes. Il glisse dans ce décor cauchemardesque et accomplit sa rédemption sans fioritures. L’antihéros par excellence. Michael Caine, quant à lui, est génial en néo-baba cool amateur de ganja. Cerise sur le gâteau : la musique. Le choix est en effet d’une grande intelligence puisqu’il met en relief des artistes ayant souvent questionné, de près ou de loin, la notion et l’esthétique totalitaire au sein même de leurs œuvres (King Crimson, Radiohead, Aphex Twin, sans oublier le clin d’œil amusant à la pochette d’Animals de Pink Floyd). Brillant.
Réalisé
par Alfonso Cuarón, Frédéric Auburtin, Gurinder Chadha, Joel et
Ethan Coen, Isabel Coixet, Richard LaGravenèse, Vincenzo Natali,
Alexander Payne, Walter Salles, Tom Tykwer, Bruno Podalydès, Sylvain
Chomet, Nobyhiro Suwa, Wes Craven, Olivier Schmitz, Daniela Thomas,
Christopher Doyle, Gus Van Sant, Gabrielle Keng Peralta, Rain Kathy
Li, Gérard Depardieu
Avec Natalie Portman, Fanny Ardant, Juliette Binoche, Steve Buscemi, Willem Dafoe, Gérard Depardieu, Ben Gazzara, Maggie Gyllenhaal, Nick Nolte, Miranda Richardson, Gaspard Ulliel, Ethan Wood, Ludivine Sagnier, Jeanne Moreau
Film français
Genre : comédie dramatique
Durée : 1h55
Année de production : 2006
A Paris, les couples se font et se défont à travers les arrondissements.
Cette œuvre collective est une jolie ode à Paris et à l’amour, avec de très jolis moments.
Si certains de ces courts-métrages sont plus emballants que d’autres, cette œuvre collective reste tout de même une jolie ode à Paris et à l’amour, avec de très jolis moments.
Avec Natalie Portman, Fanny Ardant, Juliette Binoche, Steve Buscemi, Willem Dafoe, Gérard Depardieu, Ben Gazzara, Maggie Gyllenhaal, Nick Nolte, Miranda Richardson, Gaspard Ulliel, Ethan Wood, Ludivine Sagnier, Jeanne Moreau
Film français
Genre : comédie dramatique
Durée : 1h55
Année de production : 2006
A Paris, les couples se font et se défont à travers les arrondissements.
Cette œuvre collective est une jolie ode à Paris et à l’amour, avec de très jolis moments.
Si certains de ces courts-métrages sont plus emballants que d’autres, cette œuvre collective reste tout de même une jolie ode à Paris et à l’amour, avec de très jolis moments.
Réalisé
par Alfonso Cuarón
Avec Sandra Bullock, George Clooney, Ed Harris
Action Drame Science-Fiction Catastrophe Thriller
1h31
2013
Etats-Unis, Royaume-Uni
Pour sa première expédition à bord d'une navette spatiale, le docteur Ryan Stone, brillante experte en ingénierie médicale, accompagne l'astronaute chevronné Matt Kowalsky. Mais alors qu'il s'agit apparemment d'une banale sortie dans l'espace, une catastrophe se produit. Lorsque la navette est pulvérisée, Stone et Kowalsky se retrouvent totalement seuls, livrés à eux-mêmes dans l'univers. Le silence assourdissant autour d'eux leur indique qu'ils ont perdu tout contact avec la Terre - et la moindre chance d'être sauvés. Peu à peu, ils cèdent à la panique, d'autant plus qu'à chaque respiration, ils consomment un peu plus les quelques réserves d'oxygène qu'il leur reste. Mais c'est peut-être en s'enfonçant plus loin encore dans l'immensité terrifiante de l'espace qu'ils trouveront le moyen de rentrer sur Terre...
Avec Sandra Bullock, George Clooney, Ed Harris
Action Drame Science-Fiction Catastrophe Thriller
1h31
2013
Etats-Unis, Royaume-Uni
Pour sa première expédition à bord d'une navette spatiale, le docteur Ryan Stone, brillante experte en ingénierie médicale, accompagne l'astronaute chevronné Matt Kowalsky. Mais alors qu'il s'agit apparemment d'une banale sortie dans l'espace, une catastrophe se produit. Lorsque la navette est pulvérisée, Stone et Kowalsky se retrouvent totalement seuls, livrés à eux-mêmes dans l'univers. Le silence assourdissant autour d'eux leur indique qu'ils ont perdu tout contact avec la Terre - et la moindre chance d'être sauvés. Peu à peu, ils cèdent à la panique, d'autant plus qu'à chaque respiration, ils consomment un peu plus les quelques réserves d'oxygène qu'il leur reste. Mais c'est peut-être en s'enfonçant plus loin encore dans l'immensité terrifiante de l'espace qu'ils trouveront le moyen de rentrer sur Terre...
Alfonso
Cuarón n'avait
pas droit à l'erreur. Devenu grâce aux Fils de l'Homme un
metteur en scène de premier plan, il lui incombait de transformer ce
brillant essai pour conquérir durablement le cœur des cinéphiles
et autres fans de science-fiction. Pourtant, Gravity éait
le projet de tous les problèmes, car le film a failli plus d'une
fois disparaître dans les limbes d'Hollywood, en raison des
innombrables innovations technologiques indispensables à son
accomplissement et de l'aridité de son concept. Les mots manquent
pour décrire la puissance de l'expérience. Les pièges étaient
pourtant légion en orbite de ce projet fou, à savoir le récit
intimiste et spectaculaire d'une dérive, celle de deux humains
littéralement perdus dans l'espace. Rétrospectivement, il semble
bien que Alfonso Cuarón était le seul capable de mener à
bien semblable aventure. La virtuosité de son précédent ride de
science-fiction semble anecdotique, tant il convoque ici de génie
technique et de pure maîtrise cinématographique. Aux
commandes d'une caméra incroyablement libre, mais au placement d'une
impeccable rigueur esthétique, l'artiste donne littéralement vie au
vide sidéral. C'est là la plus impressionnante réussite de
l'entreprise : où nombre de métrages se cassent les dents à
vouloir « rentabiliser » la troisième
dimension, Gravity ne cherche jamais à surcharger l'écran
(à l'exception de brefs et intenses moments de bravoure), mais
s'échine à construire avec une intelligence sidérante un
sentiment d'immensité inédit.
Réalisé
par Alfonso Cuarón
Avec Yalitza Aparicio, Marina de Tavira, Nancy García
Drame
2h15
2018
Mexique Etats-Unis
Ce film fait la chronique d'une année tumultueuse dans la vie d'une famille de la classe moyenne à Mexico au début des années 1970.
Cinq années séparent le choc Gravity du splendide Roma et tout laisse à penser qu'Alfonso Cuarón a radicalement changé d'échelle, de sujet et de pays : il s'agit de son premier film au Mexique depuis Y Tu Mama también, et d'une chronique familiale d'inspiration autobiographique, après la romanesque odyssée solitaire dans l'espace de l'astronaute en perdition. C'est aussi un film distribué par Netflix et donc a priori pensé pour une vision domestique après la superproduction distribuée en 3D et Atmos, technologies destinées à rameuter le public dans les salles les mieux équipées. Pourtant, les deux films se révèlent étroitement liés et complémentaires. Dans Gravity, le cinéaste capturait la tristesse intériorisée d'un kammerspiel dans le chaos desaxé d'une station orbitale dysfonctionelle. Ici, il s'appuie sur l'activité routinière d'une sans-grade, bienveillant fantôme domestique au cœur d'une villa de Roma - quartier middle class de Mexico - trottinant du même pas empressé entre les seaux d'eaux savonneuses et les glissements de terrain de l'histoire. De l'un à l'autre de ces beaux portraits de femme, Cuarón fait preuve d'une même magistrale aptitude à imaginer la volumétrie de l'expérience qui toujours se mesure et s'éprouve à la fine frontière entre l'anodin et l'énorme, le presque rien évanescent des plaisirs et la tragédie féroce de l'abandon, la tambouille du quotidien et le magma sans contour de l'existence. Ce film autobiographique impressionniste atteint des sommets sur le plan narratif et porte l'empreinte d'un homme plus mûr, en pleine maîtrise de tous les aspects de son art. Recevant le lion d'or au festival de Venise, le cinéaste a dédié la récompense (comme l'est le film, d'ailleurs) à «Liba», la domestique qui sert de modèle à la Cleo de la fiction.
Avec Yalitza Aparicio, Marina de Tavira, Nancy García
Drame
2h15
2018
Mexique Etats-Unis
Ce film fait la chronique d'une année tumultueuse dans la vie d'une famille de la classe moyenne à Mexico au début des années 1970.
Cinq années séparent le choc Gravity du splendide Roma et tout laisse à penser qu'Alfonso Cuarón a radicalement changé d'échelle, de sujet et de pays : il s'agit de son premier film au Mexique depuis Y Tu Mama también, et d'une chronique familiale d'inspiration autobiographique, après la romanesque odyssée solitaire dans l'espace de l'astronaute en perdition. C'est aussi un film distribué par Netflix et donc a priori pensé pour une vision domestique après la superproduction distribuée en 3D et Atmos, technologies destinées à rameuter le public dans les salles les mieux équipées. Pourtant, les deux films se révèlent étroitement liés et complémentaires. Dans Gravity, le cinéaste capturait la tristesse intériorisée d'un kammerspiel dans le chaos desaxé d'une station orbitale dysfonctionelle. Ici, il s'appuie sur l'activité routinière d'une sans-grade, bienveillant fantôme domestique au cœur d'une villa de Roma - quartier middle class de Mexico - trottinant du même pas empressé entre les seaux d'eaux savonneuses et les glissements de terrain de l'histoire. De l'un à l'autre de ces beaux portraits de femme, Cuarón fait preuve d'une même magistrale aptitude à imaginer la volumétrie de l'expérience qui toujours se mesure et s'éprouve à la fine frontière entre l'anodin et l'énorme, le presque rien évanescent des plaisirs et la tragédie féroce de l'abandon, la tambouille du quotidien et le magma sans contour de l'existence. Ce film autobiographique impressionniste atteint des sommets sur le plan narratif et porte l'empreinte d'un homme plus mûr, en pleine maîtrise de tous les aspects de son art. Recevant le lion d'or au festival de Venise, le cinéaste a dédié la récompense (comme l'est le film, d'ailleurs) à «Liba», la domestique qui sert de modèle à la Cleo de la fiction.