23 avr. 2023

Jean-François Richet


1966, France

Réalisé par Jean-François Richet
Avec Patrick Dell'Isola, Andrée damant, Marc de Jonge
Comédie dramatique
1h20
1995
France
Etat des lieux d'une banlieue a travers la vie d'un de ses habitants, Pierre Cephas, qui y vit et y travaille.
Un film original, pas forcément d'un abord facile, mais cette peinture sans concession de la banlieue et de son quotidien mérite qu'on s'y arrête. Le film, presque documentaire, marche à l'authenticité et au vécu, ce qui en fait sa force et sa grande qualité.


Réalisé par Jean-François Richet
Avec Arcot Descat C, Malik Zeggou, Mustapha Ziad, Jean-François Richet, Virginie Ledoyen
Drame
1h59
1997
France
Au cours d'une soirée hip-hop, très attendue par les jeunes d'un quartier, une fusillade éclate. La police intervient, un policier tire. Un mort. Les jeunes du quartier, désorientés, se révoltent...
Richet n’a pas fait ce film pour plaire aux âmes sensibles, aux élites culturelles ou aux cinéphiles esthètes, mais avant tout pour donner parole et image à sa cité, ses frères, ses pairs. Ces damnés de la terre contemporains qu’il connaît bien puisqu’il en fait partie : les jeunes des cités de banlieue que le cinéma français a appris à connaître depuis La Haine et qui sont depuis devenus un cliché médiatique. Mais Richet n’est pas Kassovitz : son avantage imparable est l’authenticité. De chaque image de Ma 6.T suintent une vérité, une intensité, une puissance brute et une valeur documentaire qui, effectivement, peuvent parfois faire peur. Le cinéaste suit parallèlement deux groupes d’amis : les uns ont 16-17 ans, les autres 23-24. Les seconds sont au chômage, les premiers sont encore au lycée mais se font peu d’illusions sur leur avenir en côtoyant l’exemple peu reluisant de leurs jeunes aînés. Richet montre bien comment le chômage et l’absence de perspective se transmettent rapidement, comment une donnée économique s’installant dans la durée mine les esprit et tue dans l’oeuf tout espoir. Résultat : tous, jeunes et moins jeunes, ne fichent rien, à part se castagner entre bandes rivales. Richet analyse bien les causes de cette situation : le chômage, la faillite de notre système de marché, la violence aveugle et impitoyable du capitalisme combiné au nouvel ordre mondial. En même temps, il nuance en insérant quelques beaux personnages féminins (malheureusement trop brefs). Pour les solutions, Richet ne fait pas dans la dentelle en préconisant une nouvelle mouture de la dictature du prolétariat : union générale entre les ouvriers et tous les jeunes de toutes les cités ­ union plutôt improbable quand on sait que les cités s’entretuent entre bandes rivales et qu’une partie de la classe ouvrière s’est déplacée politiquement vers le FN. Si le message de Richet est parfois simpliste, Ma 6.T a cependant une forme et elle n’est pas négligeable. Richet a croisé deux pistes esthétiques : le western et le rap. Du premier, il propose une version urbaine et contemporaine, avec importance des lieux rituels, gendarmes et voleurs, bandes opposées, duels multiples et grand final chorégraphié à la Peckinpah avec charge du bataillon de CRS remplaçant ici la légendaire cavalerie. Du rap, le cinéaste tente de proposer un équivalent filmique basé sur les mêmes figures structurelles : scansion des thèmes, importance du verbe, répétitions en boucle, plages de calme et flambées d’énergie, montage épousant les lignes musicales…Même si on peut ne pas partager pas le discours musclé de Richet, on est quand même impressionnés par son envie de cinéma, l’énergie affolante qui se dégage de son film.

Réalisé par Jean-François Richet
Avec Virginie Ledoyen, Yazid Aït, Mar Sodupe, Stomy Bugsy, Jean-François Stévenin, Bruno Putzulu, Annelise Hesme, Brigitte Roüan
Drame
1h30
2001
France
A vingt ans et encore chez ses parents, Maria, chômeuse en quête d'un boulot stable, ne demande qu'à croquer la vie à pleine dents. Il y a ce stage en usine qui ne l'emballe pas vraiment. Mais le travail ce n'est pas tout. Et à son âge, Maria sait qu'elle a de belles années devant elle, à rêver, à construire, à vivre. Autour d'elle, il y a ses parents vieillissants mais bienveillants, son amie fidèle Linda, Manu le dragueur, et son amoureux secret, Karim, un ouvrier d'origine maghrébine. Malgré la grisaille du quotidien, tous poursuivent leur quête du bonheur. Et puis la vie de Maria bascule. Pour rien, juste un peu de lingerie volée dans un supermarché.
Découvert en 1995 avec Etat des lieux, contre-proposition matérialiste aux assauts pyrotechniques de la Haine triomphante de Kassovitz, confirmé dans son statut d'outsider avec Ma 6-T va crack-er à la rage toute suicidaire, Jean-François Richet revient avec De l'amour, projet longuement mûri, ode à Virginie Ledoyen. Enfin du moins est-ce ainsi qu'on l'avait imaginé, l'idée d'un film écrit, tourné, monté pour célébrer une actrice et rien d'autre, un film consumé par les seuls sentiments et non plus par la sociologie ou les convictions politiques. En fait, le cinéaste semble avoir tendu vers cette dimension purement lyrique mais tout se passe comme si elle ne pouvait trouver forme que par le truchement d'un nouveau récit banlieusard sur l'outrage fait aux pauvres. Féminisme soft. Richet pense à l'amour mais son film gonfle et explose à partir d'une scène d'abjection, un viol commis dans un commissariat par un pauvre flic de base interprété par Jean-François Stévenin. De l'amour est continuellement écartelé entre les étapes d'une fiction édifiante plutôt popote et quelque chose de plus noir et expérimental où passe la hantise de la défiguration. Pour Richet, l'articulation entre ordre et désordre est difficile parce qu'il sait que le premier est moins riche visuellement que le second. Aussi sans doute parce que, comme beaucoup de gens de son âge, la trentaine, il doit avoir l'impression d'avoir été privé de la possibilité même de la révolte. Reste l'amour donc, et il faudrait encore prouver que ça existe! Pour que le film nous semble réussi, il aurait sans doute fallu que le personnage central de Virginie Ledoyen intériorise et incarne cette tension et ces doutes d'époque. L'amour serait né des étincelles et des cendres éparpillées sur son passage. En attendant, il semblerait que la flèche de Cupidon ait bel et bien raté sa cible.

Assaut sur le central 13
Réalisé par Jean-François Richet
Avec Ethan Hawke, Lawrence Fishburne, John Leguizamo
Policier, Action
1h49
2005
Etats-Unis, France
Une nuit de réveillon, l'un des membres les plus dangereux de la mafia, Marion Bishop, est temporairement incarcéré dans un bâtiment gardé par une équipe de police placée sous le commandement du sergent Jake Roenick. Alors que le monde entier fait la fête, flics et malfrats vont devoir s'unir pour avoir une chance de survivre à l'assaut mortel venu du dehors. Face aux moyens démesurés des attaquants, un seul objectif : tenir jusqu'à l'aube...
Dans son film, les personnages ne font pas des choix moraux. Ce sont des choix induits par une nécessité : celle de survivre. Ils se révèlent dans l’action. En aucun cas son film n’est moral. Car le fait d’avoir des flics corrompus est déjà très subversif aux USA, surtout depuis le 11 septembre 2001, car ils sont de véritables icônes depuis. Le fait de remplacer les assaillants par une équipe de police était initialement une idée de John Carpenter lui même. En cela le film est très différent de Nid de guêpe, sorte de remake inavoué, par un autre français, de Assaut de Carpenter. Pour la mise en scène, il a choisi de tourner caméra à l’épaule, ce qui n’est pas une influence de séries télé récentes, mais plutôt de films comme A bout de souffle de Godard, pour le montage cut par exemple. Il a été très difficile de tourner dans un espace clos. Un plan a été réalisé à l’écriture, pour donner une impression d’étouffement progressif. On reste cependant dans le réalisme, par rapport au film de Carpenter, où on utilisait parfois la même porte pour ouvrir sur plusieurs lieux différents, ce qui donnait un aspect un peu surnaturel au lieu. Le réalisateur indique s’être plus attaché à la réaction, voulue crédible, des personnages, qui sont pour lui le principal sujet du film. Sa réflexion s’est faite en terme de réactions de ceux-ci, les plus réelles possibles. Ainsi, le choix des acteurs a été primordial. S’il avait accepté toutes les règles du système, Maria Bello se ferait tuer, Fishburen ne s’en tirerait pas à la fin, les méchants ne seraient pas des flics, et son film ne serait pas interdit aux moins de 17 ans non accompagnés. Il avoue qu’il y a beaucoup d’inconvénients aux USA, à commencer par la taille des équipes de tournage et le poids des unions (syndicats), qui empêche la flexibilité sur le tournage, mais il a beaucoup aimé travailler là bas. Il donne pour exemple le tournage lors d’une vraie tempête de neige, des extérieurs. Il avait demandé une équipe réduite et s’est retrouvé avec 150 personnes. Là bas, tout changement implique un nombre de gens inimaginable, et il est difficile de faire les choses soit même et donc d’expérimenter. Mais on a aussi les meilleurs techniciens du monde. Jean françois Richet indique qu’il n’a pas voulu tourner en France, car il a le sentiment qu’il aurait dû coller à une certaine réalité sociale, et donner peut être une mauvaise image des cités, ce qu’il ne souhaitait pas faire. Même si le film est censé se dérouler à Détroit, ville où de grandes zones industrielles à l’abandon existent bel et bien, le tournage a eu lieu à Toronto, pour des raisons de budget principalement. Il ajoute, pour terminer, qu’il a eu la chance d’avoir le final cut sur ce film, ce qui est rare. Et que, volontairement, il n’a pas filmé de scènes d’explosion ou de feu sur le tournage, ce qui a évité qu’on lui les impose au montage. Son choix était de filmer des êtres humains avant tout.

Réalisé par Jean-François Richet
Avec Vincent Cassel, Cécile de France, Gérard Depardieu, Roy Dupuis
Thriller, Biographie
1h53
2008
France, Canada, Italie
Des années 60 à Paris au début des années 70 au Canada, le parcours criminel hors norme d'un petit voyou de Clichy nommé Jacques Mesrine.
Celui qui fut déclaré ennemi public numéro 1 de son vivant et qui était régulièrement classé dans le top ten des personnalités revient donc en tête d‘affiche. Le premier volet de ce « diptyque biopic cinématographique », réalisé avec talent par Jean-François Richet, s’ouvre comme un film de gangsters français, dans la veine d’un bon Verneuil, avec des mouvements de caméra nerveux. Les tout premiers plans montés en split screen marquent le rythme : un homme et une femme grimés et perruqués sortent d’un immeuble très lentement, en regardant tout autour d’eux. Le film commence par là où il finira dans la dernière image du second film, soit quelques minutes avant la mort du truand, porte de Clignancourt. Il n’était pas nécessaire d’entretenir le suspense d’une fin mythique connue de tout le monde, mais ce premier volet est un long flash-back qui retrace le parcours de Jacques Mesrine, de l’appelé de la guerre d’Algérie au premier braquage, jusqu’à son incroyable évasion d’un pénitencier canadien. Ou comment un petit voyou rebelle et anar qui séduit les femmes autant qu’il les maltraite va devenir un animal. La puissance de Vincent Cassel, la force de son interprétation donnent corps à la face très sombre de cet homme devenu une légende.

Réalisé par Jean-François Richet
Avec Vincent Cassel, Mathieu Amalric, Ludivine Sagnier, Gérard Lanvin, Samuel Le Bihan
Thriller, Biographie
2h12
2008
France, Canada, Italie
Des années 60 à Paris au début des années 70 au Canada, le parcours criminel hors norme d'un petit voyou de Clichy nommé Jacques Mesrine.
Dans cette seconde partie, nous suivons Jacques Mesrine dans son parcours après son retour en France et jusqu’à sa mort, ces années où il fut déclaré « ennemi public n°1 ». Alors que le premier volet portait un regard assez froid et distant sur le personnage, le second prend beaucoup plus parti, présentant Mesrine tel qu’il l’aurait lui-même sans doute désiré, c’est-à-dire comme un grand rebelle (doté d’un sacré sens de l’humour de surcroît) en guerre contre la société, même s’il peine parfois un peu à trouver une grande justification à ses actes motivés avant tout par l’appât du gain. Que l’on soit d’accord ou pas avec cette vision un peu complaisante est une chose mais force est de constater, qu’en prenant ainsi parti, le propos du réalisateur se fait beaucoup plus profond et percutant. Le personnage n’est plus effleuré comme il le fut dans la première partie. Le rythme est rendu assez soutenu par les différents méfaits commis qui maintiennent une certaine tension. Avec L’ennemi public n°1, Jean-François Richet offre un film bien maîtrisé.

Réalisé par Jean-François Richet
Avec Vincent Cassel, François Cluzet, Lola Le Lann, Alice Isaaz
Comédie dramatique
1h45
2015
France
Antoine et Laurent, amis de longue date, passent leurs vacances en Corse avec leurs filles respectives : Louna, 17 ans, et Marie, 18 ans. Un soir sur la plage, Louna séduit Laurent. Louna est amoureuse, mais pour Laurent ce n’est qu’un moment d’égarement. Sans dévoiler le nom de son amant, Louna se confie à son père qui cherche par tous les moyens à découvrir de qui il s’agit. Combien de temps le secret pourra-t-il être gardé ?
Il ne sert désormais plus à rien de râler sur la curieuse destinée de Jean-François Richet, passé depuis longtemps du statut de cinéaste militant – portant son engagement marxiste à bout de bras et de caméra – à celui de réalisateur adaptable que d’aucuns n’ont pas manqué de croire embourgeoisé. On avait beau réussir à choper des bribes de sa rage originelle dans son brillant remake d’Assaut ou dans son diptyque césarisé sur Jacques Mesrine, on sentait bien que quelque chose avait disparu. Aujourd’hui, la semi-stupeur créée par Un moment d’égarement n’a aucune autre utilité que de brasser de l’air dans une époque où les écarts se creusent, à commencer par le décalage entre la génération d’avant et celle d’après. Reconnaissons d’abord un vrai bénéfice dans l’existence de ce remake d’un film plus ou moins culte que Claude Berri réalisa en 1977. D’abord parce que l’original, conçu avant tout comme une comédie de mœurs, semble à ce point ancré dans son époque qu’il semble aujourd’hui anachronique. Ensuite parce que son idée du patriarche incapable de compenser avec les femmes en général s’accompagnait d’un machisme décomplexé qui faisait du féminin un moustique piquant et de la beaufitude un spray protecteur vite épuisé. Enfin parce que là où Berri optait pour une résolution sèche de sa situation de base (l’amitié menacée entre deux pères lorsque l’un succombe au charme de la fille de l’autre), Richet bannit tout jugement moral au profit d’un trouble naissant du comportementalisme le plus objectif. S’en tenir au constat et à observer ceux qu’il filme sans jamais les juger : c’est bien là le seul échantillon du système Richet que l’on sera capable de relever ici. Richet a beau avoir éteint la flamme anarchiste qui en faisait l’un des cinéastes les plus percutants – à défaut d’être l’un des plus subtils – à l’époque de Ma 6-T va crack-er, il reste un solide réalisateur, capable de s’épanouir dans une pure commande comme de faire jaillir les étincelles dans des projets plus enragés.

Réalisé par Jean-François Richet
Avec Mel Gibson
Action
1h28
2016
France
John Link n’a rien d’un tendre : ex-motard, ex-alcoolique, ex-taulard, il a pourtant laissé tomber ses mauvaises habitudes et vit reclus dans sa caravane, loin de toute tentation.
C’est l’appel inattendu de sa fille Lydia, 17 ans, qui va lui faire revoir ses plans de se tenir tranquille… Celle-ci débarque chez lui après des années d’absence, poursuivie par des narcotrafiquants suite à un braquage qui a mal tourné. Lorsque les membres du cartel viennent frapper à la porte de John, ils sont loin de se douter à qui ils ont affaire…
Coproduction franco-américaine, Blood Father n’a visiblement été pensé que pour capitaliser sur les prestiges, actuels ou passés, des deux noms sur son affiche. Le premier, c’est Mel Gibson, très à son aise dans le registre familier du marginal rugueux mais sympathique et roulant volontiers des mécaniques face à l’ennemi. Le seul problème de Gibson, ici, survient quand le film se perd dans quelques clins d’œil à sa filmographie, tâchant de le laisser étaler la palette de son jeu, parfois jusqu’à la contradiction : ainsi le passage d’une scène d’action avec commentaires comiques façon L’Arme fatale  à la brutalité sans second degré ne convainc pas vraiment. L’autre nom de l’affiche, c’est Jean-François Richet, encore bien vendu en France et aux États-Unis. Ici comme dans son Assaut sur le Central 13 ou son diptyque Mesrine, il filme avec énergie, mais reste fidèlement à la remorque du programme minimal et vaguement opportuniste de la production, programme dans lequel son savoir-faire évident se garde bien de trancher par un point de vue tant soit peu personnel. Le fait est qu’en dehors de voir deux noms connus faire acte de présence et se rendre à eux-mêmes quelques hommages cinéphiles (jusqu’à un clin d’œil à Assaut sur le Central 13), Blood Father semble décidé à ne jamais, au grand jamais dépasser un statut de série B générique, remplissant sans faire la moindre vague un contrat aux termes prévisibles de bout en bout. Le film reste chevillé à son script interchangeable de course-poursuite émaillée de fusillades, d’intermèdes comiques, de considérations gentiment paternalistes sur le temps perdu à rattraper et les erreurs à affronter. Et quand on écrit « chevillé », c’est qu’on ne trouve rien qui vienne perturber l’illustration compétente mais soumise de ce qui est attendu : pas un plan, pas un instant, pas un sursaut de comédien qui instillerait quelque trouble, qui suggérerait que se joue autre chose que ce qui nous est donné à prévoir. Comme si le film était voué dès le début à ne rien accrocher dans les mémoires, à ne faire que passer en rappelant le nom de Gibson. Tout au plus, au détour d’une conversation sur la récupération des mouvements culturels contestataires dans la culture de masse, croit-on entendre Richet tâcher de glisser dans nos oreilles un indice sur sa conscience de sa propre condition – lui qui a commencé dans le « film de banlieue » sous influence marxiste (pour mémoire : État des lieux et Ma 6-T va crack-er), et qui depuis poursuit une solide carrière de mercenaire.

Réalisé par Jean-François Richet
Avec Vincent Cassel, Patrick Chesnais, August Diehl, Olga Kurylenko, Denis Ménochet, Freya Mavor, Denis Lavant
Policier, Historique
2h
2018
France
Sous le règne de Napoléon, François Vidocq, le seul homme à s'être échappé des plus grands bagnes du pays, est une légende des bas-fonds parisiens. Laissé pour mort après sa dernière évasion spectaculaire, l'ex-bagnard essaye de se faire oublier sous les traits d'un simple commerçant. Son passé le rattrape pourtant, et, après avoir été accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis, il propose un marché au chef de la sûreté : il rejoint la police pour combattre la pègre, en échange de sa liberté. Malgré des résultats exceptionnels, il provoque l'hostilité de ses confrères policiers et la fureur de la pègre qui a mis sa tête à prix...
Il existe des héros qui sont tellement présents dans l’imaginaire collectif (et surtout populaire) que leur propre vie finit par leur échapper. Figure littéraire comme James Bond, de tradition orale tel que Robin des Bois, ou ayant réellement existé comme Eugène-François Vidocq, ils ont en commun ce quelque chose qui permet au public de s’identifier et finalement de s’approprier des exploits qui leur parlent. Ainsi qu’une existence dangereuse en totale contradiction avec un petit train-train qui rend forcément fascinante la figure intemporelle d’un héros parisien comme on n’en voit plus.
Après l’interprétation unanimement saluée de Claude Brasseur et la version plus que médiocre avec Gérard Depardieu, c’est donc au tour de Vincent Cassel de prêter sa force brute à Vidocq, resté célèbre pour s’être plusieurs fois échappé du bagne, avant de devenir un indicateur et de rejoindre la police. S’il est vrai qu’Eugène-François Vidocq a connu plusieurs vies, le réalisateur Jean-François Richet a choisi de se concentrer sur un court épisode de son existence, suivant ce héros ultra populaire dans les bas-fonds, faisant de lui le témoin de son époque et de ses tribulations.
Bien au-delà d’un simple biopic, L’Empereur de Paris est avant tout un film historique qui témoigne du décalage entre la boue de la rue et les murs étincelants des institutions, pointant du doigt une classe politique qui se méfie terriblement du peuple ; et encore plus de ses héros. Rappelant sans cesse que la nation française, après la Révolution, ne voulait plus de roi, et encore moins d’empereur, cette production française pointe du doigt un Napoléon Bonaparte invisible pour le peuple, qui doit tout de même subir ses directives. Alors que les ennemis de la veille deviennent les amis du lendemain, chacun tente de tirer parti des autres dans un jeu de pouvoir à plusieurs échelles. Alors que la mise en scène s’est construite de manière pyramidale, montrant tour à tour l’État, la police et les figures d’autorité puis la populace, Vidocq reste une figure centrale qui interagit avec chacun en ne mettant d’accord personne. Dans sa quête de pouvoir et de domination, et alors que prendre l’ascendant sur les autres semble être la seule manière d’exister, l’Empereur du peuple cherche sa place, permettant au film de plonger dans un portrait plus intime, suivant le héros au gré de ses doutes et parvenant à le rendre attachant. Il n’en fallait pas moins pour rendre un film lent attractif ; il ne manque certes pas d’action mais ce blockbuster français se révèle trop soucieux de bien faire et de restituer les faits point par point. Au risque d’être ennuyeux, ce qui arrive souvent quand on cherche trop à orienter la pensée d’un public qui ne pourra que déplorer une intrigue cousue de fil blanc. Campant un Eugène-François Vidocq dans l’introspection, qui se demande si envoyer des hommes dans ce bagne maudit, dont il a tout fait pour s’échapper, fait de lui la marionnette du pouvoir, Vincent Cassel est laissé en roue libre et son interprétation ne détonne en rien dans sa filmographie, si l’on compare ce rôle à celui campé dans Le pacte des loups voire même dans Mesrine. Tout le problème est là : il ne se glisse jamais vraiment dans la peau du personnage, laissant les rôles masculins les plus forts du film au reste de la distribution. August Diehl est parfait dans le rôle du double maléfique de Vidocq, personnage sans scrupule bien décidé à devenir lui aussi l’Empereur du peuple. Face à eux, incarnation puissante de l’autorité et des forces de l’ordre, Denis Ménochet campe un inspecteur de la Sûreté qui ne peut que rappeler le Javert des Misérables, personnage qui paraît tout aussi cruel et hermétique mais qui finit par révéler un sens aigu de la justice.
Les rôles féminins luttent tout autant que les hommes dans le film, mais pour acquérir une indépendance que la société leur refuse. Victimes de la violence et de la quête de pouvoir des hommes, elles vivent dans l’ombres de ces messieurs et ne servent ici qu’à les glorifier davantage. Des faire-valoir, ni plus ni moins.
Si l’on retiendra surtout la beauté des costumes, la finesse des décors du Paris du XIXe siècle, ainsi qu’une bande originale d’une grande délicatesse utilisée à bon escient, force est de reconnaître qu’on n’oubliera très rapidement cette énième version de l’histoire de Vidocq, divertissement loin des vertiges du film puissant et dramatique que l’on attendait tous. 
Les rôles féminins luttent tout autant que les hommes dans le film, mais pour acquérir une indépendance que la société leur refuse. Victimes de la violence et de la quête de pouvoir des hommes, elles vivent dans l’ombres de ces messieurs et ne servent ici qu’à les glorifier davantage. Des faire-valoir, ni plus ni moins.
Si l’on retiendra surtout la beauté des costumes, la finesse des décors du Paris du XIXe siècle, ainsi qu’une bande originale d’une grande délicatesse utilisée à bon escient, force est de reconnaître qu’on n’oubliera très rapidement cette énième version de l’histoire de Vidocq, divertissement loin des vertiges du film puissant et dramatique que l’on attendait tous. Les rôles féminins luttent tout autant que les hommes dans le film, mais pour acquérir une indépendance que la société leur refuse. Victimes de la violence et de la quête de pouvoir des hommes, elles vivent dans l’ombres de ces messieurs et ne servent ici qu’à les glorifier davantage. Des faire-valoir, ni plus ni moins.
Si l’on retiendra surtout la beauté des costumes, la finesse des décors du Paris du XIXe siècle, ainsi qu’une bande originale d’une grande délicatesse utilisée à bon escient, force est de reconnaître qu’on n’oubliera très rapidement cette énième version de l’histoire de Vidocq, divertissement loin des vertiges du film puissant et dramatique que l’on attendait tous.

Mayday
Réalisé par Jean-François Richet
Avec Gerard Butler, Mike Colter
Action
1h47
2023
Etats-Unis, Royaume-Uni
Un pilote commercial, Brodie Torrance, a réussi l'exploit de faire atterrir son avion endommagé par une tempête sur la terre ferme. Il va découvrir qu'il s'est déposé sur une zone de guerre. Lui et les passagers se retrouvent pris en otage...
A première vue une honnête série B qui s’emploie à ressortir les vieilles recettes du film de genre, Mayday s’avère en fait être un spectacle primaire de toute beauté ! Vos capacités intellectuelles y seront certes sollicitées au minimum. En échange, vous aurez toutefois droit à une formidable course contre la montre, sans temps morts, ni esbrouffe ironique. Il ne nous paraît nullement exagéré d’affirmer que grâce à la réalisation très assurée de Jean-François Richet, Gerard Butler y trouve un rôle taillé sur mesure. Le rôle d’un homme qui fonce tête baissée quand il le faut, mais qui n’est pas non plus trop fier pour demander de l’aide quand les circonstances le dépassent.