France, 1966
Un mari radin décide d'être généreux avec sa femme et veut lui offrir une maison de campagne avec travaux mais comme il ne peut s'empêcher de faire des économies, il fait confiance à un agent immobiler véreux et fait appel à des ouvriers foireux...
La maison du bonheur est une adaptation de la pièce de théâtre « La vie de chantier » de Dany Boon. Partant de l’idée du radin qui casse sa tirelire pour son épouse, l’entraînant dans la galère avec ses mensonges répétés pour cacher la surprise, Dany Boon tente de nous livrer une comédie traitant des agents malhonnêtes et des travaux de rénovation qui finissent mal. On reste cependant dans le déjà vu, surtout au niveau des situations. Mais on passe tout de même un agréable moment, grâce à la prestation de Daniel Prévost (l’agent immobilier), ainsi qu'à celles de Laurent Gamelon et Zinedine Soualem (les apprentis bricoleurs). Cependant la comédie ne tient pas sur la longueur, et la maison du bonheur se transforme en maison de la "lourdeur", lassant le spectateur.
Philippe Abrams est directeur de la poste de Salon-de-Provence. Il est marié à Julie, dont le caractère dépressif lui rend la vie impossible. Pour lui faire plaisir, Philippe fraude afin d’obtenir une mutation sur la Côte d’Azur. Mais il est démasqué : il sera muté à Bergues, petite ville du Nord…
Ce deuxième film de Dany Boon, après « La maison du bonheur », est plus personnel car il parle de ses racines, de sa région et surtout de tous les préjugés qui concernent la population Ch’ti. Et le principal argument du film est de casser tous ces préjugés : non il ne fait pas si froid dans le Nord, non les ch’tis ne sont pas rustres, non leur accent à couper au couteau ne cache pas des êtres simplets. Et sans être simplets le moins du monde, les personnages sont simples et attachants. L’une des qualités du film est d’ailleurs que Dany Boon n’efface pas les seconds rôles au profit des deux acteurs principaux. Qu’il s’agisse des employés de la poste, des habitants de Bergues ou d’apparitions connues (Michel Galabru, Line Renaud, Patrick Bosso, Stéphane Freiss), tous ces personnages apportent leur touche personnelle et donnent au film une sincérité bienvenue.
Dany Boon, comme son compère Kad Merad, est avant tout humoriste et ses personnages ch’tis ont d’abord été l’objet de sketchs avant d’être transposés au cinéma. Ainsi, on pouvait craindre que le film ne soit qu’une succession de gags sans lien ou une sorte de one man show filmé. Mais Dany Boon n’est pas tombé dans ce piège. On lui pardonnera quelques répliques téléphonées et des situations parfois un peu trop rocambolesques, notamment dans les premières minutes du film. S’il ne fait pas fausse route, c’est parce que le regard qu’il porte sur les ch’tis - et donc sur lui-même – est d’abord un regard de tendresse.
Réalisé par Dany Boon
Avec Benoît Poelvoorde, Dany Boon, Karin Viard, François Damiens
Comédie
1h48
2011
France, Belgique
Nous sommes en 1993, le passage à l’Europe entraîne la fermeture de la douane fixe des communes de Courquain en France et Koorkin en Belgique. Ruben Vandervoorde, francophobe jusqu’à la moelle, se doit de faire équipe avec le douanier français Mathias Ducatel, qu’il déteste, avec qui il inaugure la douane volante. Mathias, de son côté, ne sait pas comment annoncer à son nouveau collègue qu’il compte épouser sa sœur avec qui il entretient une liaison secrète depuis un an…
Ce nouvel opus reprend habilement les ingrédients qui ont fait la réussite du précédent. On remplace le ch'ti par le belge. On garde l'incompréhension initiale entre les deux patries, prétexte à lancer des leçons d'humanité pour enfants de cinq ans (« tu vois, finalement, cette terre, elle est à tout le monde »). L'histoire d'amour est au rendez-vous, plus mielleuse que jamais, et bien sûr, on assiste à des moments de pure comédie où les comédiens s'en donnent à cœur joie. Tout est là, il n'y a plus qu'à lancer tout ce beau monde sur les rails d'un scénario bien huilé mais sans surprise. Cependant on ne peut que reconnaître l'efficacité des situations et des dialogues, portés par un Benoît Poelvoorde comme on l'aime: en totale roue libre. L'ensemble du casting est d'ailleurs finement choisi. On se délectera de retrouver François Damiens, Bouli Lanners ou encore Karin Viard dans des prestations aussi légères qu'hilarantes.
Photographe pour dictionnaire médical en ligne, Romain Faubert a 40 ans. Son problème : une hypocondrie maladive qui pourrit aussi bien sa vie que celle de son entourage, en particulier son médecin traitant, le docteur Dimitri Zvenska. Ce dernier pense avoir trouvé le remède pour se débarrasser de cet encombrant patient : lui faire rencontrer l’amour de sa vie. Plus facile à dire qu’à faire…
Tout comme le docteur joué par Kad Merad, on ne prendra pas de gants ni de subtilité en considérant les trente premières minutes comme calamiteuses. Comme toujours, ce pauvre Dany Boon récite sa leçon du « petit Bourvil illustré » en enchaînant les mimiques pas drôles, en nous ressortant son éternelle allure de benêt bègue à la ramasse et, surtout, en surjouant chaque rire ou chaque gueulante. L’absence de rythme dans la mise en scène, l’affligeante pauvreté des dialogues et des situations comiques éculées ont vite fait de cristalliser sous nos yeux la purge à 30 millions que l’on sentait venir à l’horizon. Sauf que… Sauf que, dès que le film fait intervenir sans crier gare le personnage incarné par Jean-Yves Berteloot (dont la forte ressemblance avec Dany Boon est ici fort bien exploitée), le récit quitte sa routine de comédie morne et formatée pour partir en roue libre dans une sorte de portnawak maîtrisé. L’occasion pour Boon de faire évoluer son jeu candide vers une variation de ses meilleurs spectacles sur scène dans lesquels son délire facial et vocal frisait parfois le morphing (et là-dessus, il est vraiment très bon). Mais surtout, l’acteur-réalisateur reste fidèle à son concept de départ, d’ailleurs plutôt amusant pour une comédie : suivre la folie d’un homme atteint d’une hypocondrie de plus en plus maladive, et voir jusqu’où son délire peut l’emmener. Certes, on n’échappera pas à l’inévitable love story (ici avec la très jolie Alice Pol), mais en tenant son concept jusqu’au bout sans trop faillir sur l’humour, Dany Boon s’en sort finalement bien, en tout cas assez bien pour que l’on quitte la projection avec l’inverse d’une mauvaise grimace sur la bouche.
Réalisé par Dany Boon
Avec Alice Pol, Dany Boon, Michel Blanc, Yvan Attal
Comédie
1h45
2017
France, Belgique
Être fille de ministre, ça aide. Johanna a beau être très maladroite, elle va réussir à intégrer le Raid. Sauf qu’elle va tomber sur un agent formateur particulièrement misogyne. Et c’est à ce duo totalement improbable que l’on va demander de stopper un gang de braqueurs…
L’ambitieux pari de la comédie d’action n’est malheureusement ici pas gagné. Si le Ch’ti fait preuve de sobriété, abandonnant cette surenchère burlesque devenue agaçante, son métrage souffre considérablement d’un scénario insuffisamment travaillé. Enchaînant les gags et les séquences de promotion pour la police française, "Raid Dingue" ne parvient jamais à trouver le ton juste, l’équilibre entre comique de situation et intrigue cohérente. Alice Pol, mélange de Pierre Richard et Valérie Lemercier, fait pourtant tout ce qu’elle peut, à l’image des autres comédiens (on apprécie Dany Boon dans un rôle autre que celui d’un grand dadet, tout comme Yvan Attal en méchant), mais la monotonie et la prévisibilité des rebondissements empêchent le film de devenir véritablement risible. Malgré quelques sourires, le résultat s’avère décevant.
Valentin D et Constance Brandt sont un couple d’architectes tendance sur Paris. Lors d’une exposition de leurs conceptions, les secrets de Valentin vont surgir : il s’était créé un passé afin de s’affilier au monde du luxe. Sa famille d’origine modeste du Nord (les Hauts-de-France) débarque pour l’anniversaire de sa mère. Valentin avait effacé son accent ch’ti durant vingt années mais ce dernier refait surface lors d’un accident qui le replonge dans son adolescence. Un contre-la-montre commence pour que Valentin recouvre sa mémoire…
Le comédien-réalisateur Dany Boon poursuit l'univers de "Bienvenue chez les Ch’tis" en traitant cette fois la culture des origines familiales. Il tente de toucher le public et joue sur le contraste avec l’accent chti et celui de Paris. Il entraîne la confrontation des classes sociales et se moque des bobos parisiens. Le spectateur jubile quand la femme de Valentin est obligée d'apprendre le parler chti pour qu'il retrouve son passé tel un amnésique. Pour ce film, il s'est entouré d'une troupe énergique de complices comiques avec notamment Guy Lecluyse, Valérie Bonneton et surtout Line Renaud en guest star. Mais l’humour cocasse manque de constance car il verse souvent dans la facilité. Dany Boon joue sur les répliques caustiques appuyées par une certaine lourdeur. La philosophie boonienne est contenue dans ce sixième opus, troisième ch’timi : pour aimer ce que l’on devient, il faut comprendre qui l’on était. Ce postulat un peu démago s’étale dans un film sous forme de long sketch. Parfois drôle, hélas trop peu subtil.
Pendant le premier confinement dû à la pandémie de Covid-19, les habitants d’un immeuble parisien tentent de composer avec cette situation inédite…
Visiblement frustré par l’expérience du confinement, Dany Boon tente d’en tirer quelque chose artistiquement et humoristiquement, avec un quasi huis clos (quelques scènes sous attestation…) et un récit choral brossant à peu près toute la variété des expériences individuelles et collectives que l’on a connues durant cette période. Cela va donc de l’hypochondriaque parano (Dany Boon lui-même, en sur-régime) à l’égoïste sceptique et quasi complotiste (François Damiens, plutôt fidèle à lui-même), en passant par les jeunes plus ou moins superficiels qui tentent d’exister sur les réseaux sociaux (Alison Wheeler et Tom Leeb), le savant fou vaguement raoultien (Yvan Attal, étonnant dans ce registre mais lourdingue sur la longueur), l’avocate essayant de ménager la chèvre et le chou (Laurence Arné, aussi coscénariste avec Boon), la patronne de bar désabusée mais au grand cœur (Liliane Rovère, très juste) ou encore la docteure dévouée à la limite du burn out (Nawell Madani). Au milieu de tout ça, des enfants conservent leur capacité à rêver (Milo Machado Graner et Rose de Kervenoaël) et apportent son lot de tendresse au récit. L’ensemble est plutôt gentillet et se montre relativement fluide malgré un scénario sans subtilité (merci sans doute au monteur, Hervé de Luze, qui n’est pas le premier venu !). Mais cette suite de sketchs regorgent de gags et de répliques de qualités très inégales, et c’est la plupart du temps médiocre ou lourdaud.
Outre les bons sentiments, on pourra sauver quelques éléments éparpillés. On retiendra par exemple le couple formé par Alison Wheeler et Tom Lee ou la scène durant laquelle apparaît Élie Semoun, avec un François Damiens faisant des allers-retours en 4x4 dans la cour de l’immeuble. Mais pour l’essentiel, on oubliera.
Tridan
Lagache a passé sa vie au Club Med, à changer d’amis tous les 8
jours. À 50 ans, il démissionne du club de vacances mexicain où il
est né, bien décidé à retrouver, 42 ans plus tard, son grand
amour d’enfance, Violette. Il débarque à Paris, naïf et perdu
mais heureux d’être hébergé chez Louis, un demi-frère dont il
ignorait l’existence. Pour se débarrasser d’un Tridan
encombrant, Louis supplie une de ses conquêtes, Roxane, de se faire
passer pour Violette que Tridan croit reconnaître au premier regard.
On
peut appréhender La vie pour de vrai, huitième
film écrit, réalisé et interprété par Dany Boon, de deux
manières. L’une, cynique et radicale, comme une comédie aux
ressorts prévisibles, aux facilités sentimentales, aux embardées
inutiles (une scène de tôles froissées, précisément). L’autre,
plus mesurée et réconfortante, comme une nouvelle variation
autobiographique autour de son auteur : après le Ch’ti, après
l’hypocondriaque, celui qui veut être aimé et réparer ses
contemporains. Trident
qui débarque à Paris, guitare sèche et sac à dos en bandoulière,
c’est Daniel Hamidou déposé par son père kabyle dans la
capitale. Le futur Dany Boon en découvrira tout aussi vite la
dureté. Le
quinqua naïf jusqu’à l’excès, qui a vécu retiré du monde et
ne sait pas conduire, a des échos du Mister
Chance d’Hal Ashby avec
Peter Sellers, “choc émotionnel” du
réalisateur quand il était gamin. Les
multiples allusions au repli émotionnel des Parisiens appuient le
credo de tous les films du natif d’Armentières : la fraternité,
le souci des autres (titre d’un livre de chevet du réalisateur).
Le message semble tellement inaudible dans la France de 2023 qu’il
force le respect. Trident qui invite les passagers d’une rame de
métro à applaudir les entrants, c’est l’humoriste qui veut
“faire rire pour faire du bien, car les premiers rires du
public [l]’ont réparé”. Le
happening de la scène fait rêver. L’écrin
du Club Med qui a fait de Trident un spécimen révolu d’homo
sympaticus est une métaphore de la bulle de nostalgie où
Boon aime emmener le spectateur, celle des comédies candides
d’antan. Quand il saisit sa guitare pour une chanson d’amour en
vers simples comme une salade de fruits (jolie, jolie), on pense à
Bourvil. Son duo avec Charlotte Gainsbourg éveille la mémoire de
celui de Jane Birkin avec Pierre Richard, autre figure tutélaire (La
moutarde me monte au nez) . Le
choix est avisé tant l’actrice emporte le film dès qu’elle y
entre. Son nom est le premier à apparaître au générique de fin.
Puisqu’on a laissé le cynisme au vestiaire, on y lit autre chose
qu’une obligation contractuelle : l'élégance de la
reconnaissance.