Réalisé
par Samuel Fuller
Avec Preston Foster, Barbara Britton, John
Ireland, Reed Hadley
Film
américain
Genre :
western
Durée :
1h25
Année
de production : 1949
Ayant
abattu le célèbre Jesse James alors qu’il lui tournait le dos, l’un de ses
complices et ami décide de changer de vie. Mais son geste le poursuit.
Cette
première réalisation de Samuel Fuller est surtout un film psychologique qui
trait avec force du thème de la culpabilité.
Réalisé
par Samuel Fuller
Avec
Vincent Price, Ellen Drew, Beulah Bondi, Vladimir Sokoloff
Genre :
western
Durée :
1h33
Année
de production : 1950
Dans l'Arizona du XIXème siècle, un petit employé tente, par tous
les moyens, de faire fortune.
Après Jesse James, le réalisateur met en scène un autre personnage
ayant vraiment existé mais qui n’a pas eu autant de notoriété malgré sa
personnalité hors du commun. Samuel Fuller a écrit et réalisé ce drame basé sur
la vie réelle des aventures de James Addison Reavis, l'un des plus ambitieux escrocs
du 19ème siècle. En 1871, Reavis a commencé à élaborer un dangereux canular
pour revendiquer le territoire de l'Arizona comme étant le sien. Ni violence,
bagarres ou chevauchées dans ce western mais beaucoup de dialogues servis par
le talent de conteur et l’efficacité de la narration du cinéaste qui nous
octroie une intrigue parfaitement bien menée et nous fait oublier la faiblesse
du budget (le film est produit par la Poverty Row », le coin des studios
pauvres à Hollywood). La réalisation discrète mais efficace, l’interprétation
de Vincent Price et la photographie du prestigieux James Wong Howe achèvent de
convaincre.
Réalisé
par Samuel Fuller
Avec Robert Hutton, Gene Evans, Steve Brodie,
James Edwards, Richard Loo
Film
américain
Genre :
guerre
Durée :
1h24
Année
de production : 1951
Un
vétéran de l'armée, unique survivant d'une patrouille américaine décimée,
rencontre un jeune sud-Coréen, Short Round, ainsi que d'autres
laissés-pour-compte de la guerre. Il les conduit jusqu'à un temple bouddhiste
inoccupé, qu'ils transforment en camp d'observation. Mais lorsqu'ils découvrent
qu'ils se trouvent à proximité immédiate d'un camp de communistes Nord-Coréens,
la troupe se prépare à l’éventualité d'un combat...
A
l’instar du personnage du Sergent Zack, Samuel Fuller a servi dans l’infanterie
américaine mais pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il en sortira plusieurs
fois décoré. Et lorsqu’un vétéran avec de tels états de service se décide à
réaliser un film de guerre, il n’est pas du tout surprenant que cela donne
quelque chose dans le style de The
Steel Helmet : âpre, direct, sans concession et hyper
réaliste. Samuel Fuller, est avant toute chose intéressé par le facteur humain,
qu’il dépeint ici dans toute sa complexité et ses contradictions. Dans son
film, Fuller ne parle pas de héros invincibles, ni de patriotisme, de drapeaux
claquant au vent ou de célébration de quelconques valeurs guerrières. Ici, on
ne parle que d’hommes et de ce qu’ils font pour s’en sortir avec le minimum de
casse. Pour Samuel Fuller, ce film a surtout valeur d’hommage à l’égard de la
bravoure de ces hommes, entraînés dans une guerre qu’ils n’ont pas voulu. C’est
de ce point de vue humaniste plutôt qu’idéologique que sont nés les malentendus
à propos du film qui fut décrié et accusé de propagande pro-communiste. Pour
une somme dérisoire et une durée de tournage extrêmement courte (une dizaine de
jours), Samuel Fuller réalise un film de guerre bluffant de maîtrise et
éminemment personnel. Il signait là son premier film de guerre, qui en appelait
beaucoup d’autres.
Réalisé
par Samuel Fuller
Avec Richard Basehart, Gene Evans, Michael
O’Shea
Film américain
Genre :
guerre
Durée :
1h30
Année
de production : 1951
Pendant
la guerre de Corée, une petite compagnie de 48 soldats américains doit protéger
la retraite d’une division de 15 000 hommes.
Comme
pour son frère jumeau « Steel helmet », Samuel Fuller réalise un film brutal
qui captive par sa réflexion sur la guerre et sur ce que cela signifie d’être
soldat. De fait, le film se distingue aisément des œuvres patriotiques alors en
vigueur, faisant figure de petit classique de la série B. La minceur du budget
obligea à tourner en studio dans des décors factices qui contredisent la
volonté de réalisme voulue par le réalisateur mais heureusement, le film bénéficie d’une photographie noir et
blanc très contrastée et de la fluidité des mouvements de caméra. A noter une
apparition de James Dean lors de la bataille finale.
Réalisé
par Samuel Fuller
Avec
Gene Evans, Mary Welch, Bela Kovacs
Film
américain
Genre :
drame
Durée :
1h23
Année
de production : 1952
En
1886, à New York, un jeune journaliste qui veut lancer son propre journal
s'oppose a un magnat de la presse.
Violences
à Park Row est un des films les plus personnels de Fuller
puisque le cinéaste décida de devenir producteur afin de le réaliser comme il
le voulait et en totale indépendance. Le scénario sur la naissance du
journalisme américain lui tenait en effet particulièrement à cœur. (Fuller
avait commencé sa vie active en vendant des journaux à 12 ans, puis en devenant
reporter criminel pour le New York Evening Graphic à 17). Hommage vibrant à la liberté de la presse, le film
est nerveux, documenté et passionnant. Malgré de bonnes critiques, Violences à
Park Row qui restera pourtant comme le « récit préféré » de
Fuller fut largement incompris par le
public au moment de sa sortie.
Réalisé
par Samuel Fuller
Avec
Richard Widmark, Jean Peters, Thelma Ritter
Film
américain
Genre :
policier
Durée :
1h20
Année
de production : 1953
Un
pickpocket, devenu malencontreusement propriétaire d’un microfilm, est
poursuivi par la pègre et la police.
Si
l’on accepte de mettre de côté le propos profondément anti-communiste qui est
quelque peu émoussé quand on visionne le film 50 ans plus tard, le film
apparaît comme un des plus beaux fleurons du film noir. S’il fut éreinté par la
critique américaine, qui lui reprocha de ne présenter que des personnages
immoraux et peu reluisants (un pickpocket, une prostituée, une indicatrice et
des espions), il est aujourd’hui reconnu comme faisant partie des sommets d’un
genre pourtant riche en pures merveilles. Martin Scorsese, pour qui il s’agit
d’une des œuvres de référence et de chevet, dit du film "c’est un des premiers films qui m’ait vraiment secoué. Cette violence, il me
semblait que je ne l’avais encore jamais vue dans un film". Selon le
désir des dirigeants de la Fox française, les agents communistes furent
transformés, dans la version française du film, en trafiquant de drogue, d'où
le titre, alors qu’on n’en entend nullement parler pendant le film.
Réalisé
par Samuel Fuller
Avec Richard Widmark, Victor Francen, Bella
Darvi, Cameron Mitchell, Gene Evans
Film
américain
Genre :
guerre
Durée :
1h43
Année
de production : 1954
Un
savant s'entoure de quelques aventuriers et part dans un sous-marin afin de
découvrir la base secrète installée dans une île arctique par une puissance
ennemie de l'Occident.
Fuller
n’aimait pas ce film de commande anti-communiste et disait qu’il avait des airs
de BD. Effectivement le scénario est peu vraisemblable et l’intrigue est
faible. On se consolera grâce au scope
que Fuller utilise brillamment pour filmer aussi bien les étendues
interminables du Pacifique que le confinement d'un sous-marin.
Réalisé
par Samuel Fuller
Avec Robert Ryan, Robert Stack, Cameron
Mitchell, Shirley Yamaguchi
Film
américain
Genre :
policier
Durée :
1h40
Année
de production : 1955
Avec
l’aide de la police japonaise, un agent américain parvient à infiltrer un gang
lié à un syndicat tout-puissant, afin de le démanteler.
Premier film américain tourné au Japon après
Hiroshima et Nagazaki, La Maison de Bambou explore les bas-fonds de Tokyo avec
une saveur documentaire. Samuel Fuller a toujours été attiré par l'Orient.
Pour ce petit juif du Massachusetts, c'est l'une des trois forces qui aimantent
littéralement sa vie, les deux autres étant le journalisme et la guerre. House of bamboo est aussi typique du scope couleur
éclatant de la Fox de ce milieu des années 50, absolument splendide en même
temps qu'emprunt d'un style vraiment rentre-dedans propre à son metteur en
scène. C'est de la série B haut de gamme que l'on a là, du thriller et du film
d'action composé avec un grand sens du rythme, de l'espace et surtout de
l'impact. La Maison de bambou est aussi la
confrontation troublante et osée pour l’époque des personnages incarnés par
Robert Ryan et Robert Stack. Ryan
est sublime en chef de gang dandy et homosexuel et apparaît comme l'un des plus
beaux personnages présents chez Fuller. A noter aussi le
final étourdissant et mémorable réalisé dans la zone de jeux pour
enfants sur le toit d'un immeuble en plein cœur de Tokyo.
Réalisé
par Samuel Fuller
Avec
Rod Steiger, Sara Montiel, Brian Keith, Ralph Meeker
Film
américain
Genre :
western
Durée :
1h30
Année
de production : 1956
Un
ex-soldat sudiste, proche des Sioux, ne sait quel camp choisir quand éclatent
les guerres indiennes.
Un
western historique aux ressorts psychologiques sur l’histoire d’un soldat
écartelé entre deux camps. Le film annonce clairement "Danse avec les
loups", de Costner sans en avoir l'ampleur épique mais est assez brut,
avec une force et une vigueur qui frappe toujours autant. Le sujet du
"Jugement des flèches" est en effet très audacieux pour l'époque tout
comme sa mise en scène dont la cruauté et la violence de certaines scènes
peuvent encore choquer car comme toujours la mise en scène de Samuel Fuller ne
s’embarrasse pas de florilèges et va droit au but avec une efficacité
redoutable. Charles Bronson crève l’écran en chef sioux. Un beau western
courageux sur les affrontements entre les peuples et sur les imbécillités de la
guerre.
Réalisé
par Samuel Fuller
Avec
Gene Barry, Angie Dickinson, Nat ‘King’ Cole, Paul Dubov, Lee Van Cleef, Marcel
Dalio
Film
américain
Genre :
guerre
Durée :
1h37
Année
de production : 1957
Dans
les derniers jours de la guerre d'Indochine, une jeune Eurasienne se porte
volontaire pour aider un groupe de mercenaires à détruire un dépôt d'arme près
de la frontière chinoise.
Second
film produit par sa propre firme, Globe Enterprises Prod., China Gate est un des
rares films, pour ne pas dire le seul, à évoquer le Vietnam dès 1957. Avec
ce film Fuller renoue avec le film de guerre. Jugé trop primaire sur le plan de
l'analyse politique concernant la guerre française d'Indochine, il demeure
inédit en France. Pourtant le metteur en scène ne s'attaque en aucune façon à
l'idéologie communiste mais dresse le portrait de mercenaires qui se retrouvent
dans la légion étrangère pour échapper à des conflits personnels avec
eux-mêmes. De plus, le film pose la question
des racines du racisme sous la forme d’un père qui ne peut pas
reconnaître son fils partiellement asiatique. Sam fuller disait de son
film "Je suis le seul à aimer ce film. Il est basé sur des faits réels.
J'en adore la mise en scène et le message. Mon héros est un hypocrite qui n'a
pas le courage de vivre avec une fille à demi indigène qu'il a mis enceinte.
Peut-être que je n'ai pas su m'expliquer. Je ne voulais pas glorifier la
guerre, ni l'expliquer. La guerre ne s'explique pas plus que le cancer. Je
voulais montrer que tout était absurde, puisque des anciens ennemis pouvaient
devenir des alliés. Je ne prêche pas la guerre, même contre le communisme. La
première scène résume le film : un enfant affamé court dans des ruines.
Voilà la véritable image de la guerre." A
noter qu’ Angie Dickinson qui avait prêté sa voix à Sarita Montiel pour Le Jugement Des Flèches
tient là son premier grand rôle au cinéma.
Réalisé
par Samuel Fuller
Avec Barbara Stanwyck, Barry Sullivan, Dean
Jagger, John Ericson, Gene Barry
Film
américain
Genre :
western
Durée :
1h15
Année
de production : 1957
En
Arizona, un shérif intègre affronte une bande de malfrats dirigée par une
femme.
Dernier
des quatre westerns tournés par Fuller, Forty Guns ne ressemble pourtant à
aucun autre, le réalisateur créant en plein cœur de l'ouest américain une
tragédie grecque baroque, intense et très moderne par son côté percutant, et
par une tension sexuelle plus ou moins cryptée, qui apparaît dans presque
chaque scène. Une des grandes qualités du film est la force de sa narration et
l’économie avec laquelle Fuller filme une histoire si riche, si dense, en
seulement une heure dix. Le réalisateur nous sert un trésor de mise en scène,
bourré d'inventivité (comme l'anthologique séquence de poursuite qui tient lieu
d'ouverture) ou encore un montage ahurissant de virtuosité. Quarante Tueurs nous donne
constamment la sensation de nous trouver en terrain connu et pourtant chaque
scène ou situation convenue du genre apporte son lot de trouvailles et se
termine toujours de façon inattendue. D’une modernité frappante, presque
cinquante ans après sa sortie, cette œuvre se pose comme une espèce de passage
de flambeau entre âge d’or Hollywoodien et "Nouvelle Vague" et
témoigne du génie de Fuller qui peut revendiquer une influence sur des
cinéastes aussi différents que Jean-Luc Godard, Sam Peckinpah, Sergio Leone ou
Clint Eastwood.
Réalisé
par Samuel Fuller
Avec James Best, Susan Cummings, Tom Pittman, Paul Duboy, Joe Turkel
Film
américain
Genre :
drame
Durée :
1h33
Année
de production : 1958
Un
soldat américain se marie en Allemagne une fois la guerre finie et doit
affronter les commandos des Verwolf, groupuscule nazi qui multiplient les actes
de terrorisme.
Stupidement
traduit en français en Ordres
secrets aux espions nazis, Verboten !
traite de cette interdiction des soldats américains de coucher avec des
allemandes durant l’occupation de l’armée yankee dans une Allemagne ruinée et
dévastée. La dénazification est un thème peu traité par Hollywood. Alors que
Billy Wilder l’aborde avec beaucoup d’humour, d’amour et d’humanité dans La Scandaleuse de Berlin
(1948), Fuller, sans manquer de finesse, la traite d’une manière bien plus
journalistique. Le principal intérêt du film c'est sans conteste son scénario
qui a le grand mérite de mettre en exergue une période peu connue de
l'Histoire. Pour donner plus de
véracité à son film, Fuller insère des images d’archives. Images violentes et
abominables de corps décharnés sortant des camps que l’on a rarement l’occasion
de voir dans du cinéma hollywoodien. Les scènes de combat au début du film,
accompagnées par la musique de Beethoven et les walkyries de Wagner, bien avant Apocalypse Now, sont
saisissantes. L'histoire
fictive, quant à elle, est assez intéressante surtout que Tom Pittman est très
convaincant dans le rôle d'un farouche nazi. Mais la démonstration finale sur
les horreurs nazies fait oublier quelque peu l'histoire intime sur laquelle le
film semblait s'être engagé.
Réalisé
par Samuel Fuller
Avec
Victoria Shaw, Glenn Corbett, Paul Dubov, James Shigeta
Film
américain
Genre :
thriller
Durée :
1h22
Année
de production : 1959
Dans
le quartier de Little Tokyo a Los Angeles, deux inspecteurs, un Americain et un
Japonais, enquetent sur la mort d'une strip-teaseuse.
Deux
ans après « Le Jugement Des Flèches », Samuel Fuller maître d’œuvre
omniprésent (producteur, auteur,
réalisateur), explore à nouveau un de ses grands thèmes : les
racines et paradoxes du racisme, la difficulté des panachages culturels, la
force des préjugés, avec « The Crimson Kimono », un film noir situé dans
le « Little Tokyo » de Los Angeles. Le film démarre comme un "
buddy movie " très classique pour se muer en un rapport concurrentiel
entre le flic américain épais, et le flic japonais plus réfléchi, poétique et
sensible. L'intrigue
policière de THE CRIMSON KIMONO n'est qu'un prétexte. Samuel Fuller dévie très
vite sur l'opposition amoureuse de deux flics aimant la même femme. Cette
opposition est relevée de soupçons de racisme du Japonais vis à vis de son pote
américain. Fuller disait en parlant de son film : "Ça m'excitait de
montrer que les Blancs ne sont pas seuls à être racistes. Ce Japonais est
raciste. »
Réalisé
par Samuel Fuller
Avec
Cliff Robertson, Dolores Dorn, Beatrice Kay, Paul Dubov
Film
américain
Genre :
policier
Durée :
1h40
Année
de production : 1961
Pour
venger son père, un gangster intègre la bande des meurtriers tout en gardant
des relations avec la police fédérale.
Alors
qu’il a déjà donné au genre du film noir une petite pépite intitulée Le port de
la drogue en 1953, Samuel Fuller fait de ce polar de série une fresque lyrique
sur les bas-fonds grâce à son style outrancier et baroque. Ce génie expressif
est au service d’une peinture de l’enfer urbain parmi les plus saisissantes
jamais vues. Un système totalement gangrené par la corruption. Avec une audace
incroyable pour l’époque, Fuller parle ouvertement de la drogue, mais aussi de
la prostitution, ainsi que de l’implantation de la pègre dans de nombreux
organismes de charité. Mais le
réalisateur (qui est aussi le scénariste du film), met aussi au centre de son
histoire le cheminement moral et social de son personnage principal. Comme dans
Le port de la drogue, l’anti-héros farouchement individualiste tombe
amoureux d’une paumée et c’est le couple qui les sauvera de la pourriture
ambiante. Le film est un petit bijou de film noir, à la réalisation nerveuse et
incisive. Le montage est percutant avec des raccords heurtés, une photo
hyper-contrastée, une caméra fiévreuse, une musique assourdissante, une
violence délibérément exagérée et des scènes d’amour très suggestives. Underworld
USA arrive à trouver un
équilibre parfait entre une intrigue solide et une mise en scène efficace et
est certainement un des trois ou quatre meilleurs films réalisés par Samuel
Fuller.
Réalisé
par Samuel Fuller
Avec Jeff Chandler, Ty Hardin, Peter Brown,
Will Hutchins
Film
américain
Genre :
guerre
Durée :
1h35
Année
de production : 1962
Début
1944, en Birmanie, durant la Seconde guerre mondiale. Les soldats américains du
Général Frank D. Merill, "Les Maraudeurs", partent en pleine jungle
afin de piéger les soldats japonais.
Samuel
Fuller demeurera pour longtemps encore le maître incontesté des films de
guerre. Écriture nerveuse, montage exemplaire, simplicité de l'histoire,
linéarité et exigence de la mise en scène... "Les Maraudeurs
attaquent" est un exemple du génie de Fuller dont l’ambition était de
montrer la guerre telle qu'elle est, avec son lot de bravoure, de médiocrité et
de lâcheté, sans rien enjoliver et de comprendre les motivations de chacun afin
de ne jamais les juger, mais surtout montrer à quel point certains choix en
temps de guerre sont parfois douloureux et difficiles. Avec sa vision crue,
acerbe, juste et non cérémonieuse de la guerre, Merril's Marauders apparaît ainsi comme une répétition
avant l’heure du dernier chef-d’œuvre guerrier de son auteur, à savoir le
remarquable Big Red One.
Avec Peter Breck, Gene Evans, Constance Towers,
James Best
Film
américain
Genre :
drame
Durée :
1h40
Année
de production : 1963
Un
journaliste se fait interner dans un asile psychiatrique pour démasquer un
meurtrier avant la police.
Comme
pour ses films de guerre, Samuel Fuller se sert ici de sa propre expérience de
jeune journaliste chargé des affaires criminelles et donne au film une
puissance remarquable. Comme souvent chez lui, l'intrigue ne l'intéresse pas et
n’est qu’un prétexte pour développer les thèmes « fullerien »
du changement d'identité et de l'influence du milieu sur les individus déjà
rencontrés dans House of Bamboo et Run of the Arrow. Prétexte aussi pour
une analyse poussée de la société
américaine et de ses dérives. Fuller fait de son asile une métaphore des
Etats-Unis, pays des libertés, mais aussi des discriminations raciales. Cette
richesse thématique est renforcée par un travail audacieux sur la forme : multipliant
les télescopages d’images, le mélange de couleurs et de noir et blanc, les
agressions sonores ainsi que les visions surréalistes, le cinéaste nous plonge
au cœur de la folie progressive de son personnage principal. Shock Corridor est
un hallucinant voyage aux frontières de la folie et annonce, des années avant,
« Vol au-dessus d'un nid de
coucou », « L'échelle de Jacob » et « Shutter Island », trois
films éprouvants sur l'aliénation, les traitements inhumains, les méthodes
douteuses et la violence comme réponse à la folie.
Réalisé
par Samuel Fuller
Avec
Constance Towers, Anthony Eisley, Michael Dante
Film
américain
Genre :
drame
Durée :
1h30
Année
de production : 1964
Une
ex-prostituée, chassée de la ville où elle travaille, tente de se racheter en
se consacrant à des enfants handicapés. Pourtant, un flic véreux connaît son
passé...
The
naked kiss, abusivement appelé Police spéciale en français, est un faux film policier, mais
une vraie bombe lancée à la figure de la bonne conscience américaine. Derrière
l’hypocrisie générale, l’auteur révèle les pulsions enfouies en chacun de nous.
Grâce à la très belle photographie noir et blanc de Stanley Cortez, The naked
kiss (1964) est aussi un bel objet formel soutenu par un montage nerveux et
efficace comme toujours chez Fuller et par l’interprétation de Constance Towers
qui porte sur ses épaules un rôle pourtant difficile. Un petit bijou.
Réalisé
par Samuel Fuller
Avec Burt Reynolds, Arthur Kennedy,
Manuel Alvarado, Carlos Barry, Carlos
Beriochoa
Film
américano-mexicain
Genre :
horreur
Durée :
1h32
Année
de production : 1969
Un
groupe d’aventuriers est chargé de retrouver des lingots d’or engloutis au fond
d’une épave dans les profondeurs de la mer rouge. Parvenus à l’emplacement du
trésor, les plongeurs sont attaqués par de gigantesques requins mangeurs
d’hommes.
Shark
arriva dans la carrière de Fuller à un moment où on ne lui offrait pas beaucoup
de propositions. C’est un petit film sans rythme avec des scènes sous-marines manquant cruellement
d'intensité. Le film fut désavoué par le metteur en scène. En effet, les producteurs effectuèrent un montage
différent de celui de Fuller qui demanda à ce que son nom soit retiré du générique.
Lors du tournage, un cascadeur trouva la mort, déchiqueté par des requins. Le
magazine LIFE MAGAZINE publia les photos du drame et en fit un reportage sur
trois pages. Fuller en voulut aux producteurs qui désiraient des scènes
sous-marines avec des vrais requins et qui insérèrent dans leur montage au tout
début du film la scène où le cascadeur trouva la mort et axèrent la publicité
sur les affiches en faisant référence à l'article de LIFE. Fuller a tourné suffisamment de grands films
pour qu’on oublie celui-là.
Réalisé
par Samuel Fuller
Avec
Lee Marvin, Mark Hamill, Robert Carradine, Bobby di Cicco, Kelly Ward, Stéphane
Audran
Film
américain
Genre :
guerre
Durée :
2h05
Année
de production : 1978
De
l’Afrique du Nord à la Tchécoslovaquie, en passant par la Belgique et la
Normandie, la première division d’infanterie américaine traverse les zones de
combats de la seconde guerre mondiale.
S’appuyant
sur ses souvenirs, Samuel Fuller réalise un film de guerre très personnel
alternant les scènes de combat réalistes avec les moments consacrés à la survie
et au quotidien des soldats. Le chef d’œuvre ultime de Samuel Fuller.
Avec Kristy McNichol, Jameson Parker, Paul
Winfield, Burl Ives
Film
américain
Genre :
drame
Durée :
1h30
Année
de production : 1982
Titre original : WHITE DOG
Une
femme découvre que le chien-loup qu’elle a recueilli a été dressé pour attaquer
les Noirs et a déjà fait de nombreuses victimes.
Adapté
du roman de Romain Gary, ce film terrifiant de Samuel Fuller sur le racisme
confirme qu’il est bien le cinéaste de la violence, filmée sans fioriture ni
fascination mais dans son horreur brute. La torpeur californienne, la
simplicité de l’intrigue, la rigueur époustouflante de la mise en scène,
l’ingénuité des protagonistes rendent d’autant plus terrifiante cette fable
dont le chien blanc, tantôt ange, tantôt démon, est l’anti-héros. Le racisme
sert de métaphore pour pointer les limites d’une société qui préfère tuer,
innocents comme coupables, plutôt que d’apprendre, qui se soumet aux règles de
la violence, légale comme illicite, plutôt qu’à celles de la raison. Plus
de trente ans après, ce film sobre et
implacable demeure furieusement actuel. Ayant connu de graves problèmes à sa
sortie, Dressé pour tuer fut - assez inexplicablement - taxé de racisme par
certains lobbies antiracistes, au point que le distributeur Paramount, par
crainte du scandale, bloqua le film aux Etats-Unis. Le métrage n'aura droit à
une distribution en salles qu'en Europe même si une version remontée passa plus
tard sur les chaînes américaines. Écœuré par la polémique autour de White Dog, Fuller s’exilera en France,
dans l’espoir d’y trouver plus de respect et de compréhension. Hélas, les cinq
pauvres films et téléfilms qu’il parviendra à tourner en Europe sont de pâles
ersatz de ses films américains.
Avec
Véronique Jannot, Bobby Di Cicco, Stéphane Audran, Victor Lanoux, Camille de
Casablanca, Micheline Presle
Film
franco-américain
Genre :
policier
Durée :
1h40
Année
de production : 1983
François
et Isabelle sont chômeurs. Ils se rencontrent à L'ANPE et c'est de suite
l'amour. Afin de se procurer quelques revenus, ils mettent au point un système
de cambriolage nocturne qui les amuse beaucoup. Cependant, un jour, le jeu
tourne au drame.
Fuller
a voulu réaliser un Bonnie and Clyde à la française avec ce petit film oublié à
juste titre.
Réalisé
par Samuel Fuller
Avec Keith Carradine, Valentina Vargas, Bill
Duke, Andrea Ferreol, Bernard Fresson
Film
américano-franco-portugais
Genre :
policier
Durée :
1h30
Année
de production : 1989
Un
chanteur adulé sombre dans l’alcool à la suite d’une agression qui lui a fait
perdre l’usage de sa voix.
Avec
cette adaptation d’un roman post-apocalyptique de David Goodis, Samuel Fuller
signe son dernier film. Le metteur en scène réussit souvent à restituer le
monde glauque de l'écrivain et comme toujours chez lui, la violence est
filmée d’une façon percutante mais le rythme inégal et la mise en scène parfois
approximative ne permettent pas au film de nous captiver une heure et
demie durant. Cependant, sans être le chant du cygne espéré pour un réalisateur
de cette trempe, « Sans espoir de retour » n'en est pas moins une
conclusion honorable.