9 nov. 2012

Samuel Fuller

Réalisateur américain, 1912 - 1997


J’ai tué Jesse James
Réalisé par Samuel Fuller
Avec Preston Foster, Barbara Britton, John Ireland, Reed Hadley
Film américain
Genre : western
Durée : 1h25
Année de production : 1949
Ayant abattu le célèbre Jesse James alors qu’il lui tournait le dos, l’un de ses complices et ami décide de changer de vie. Mais son geste le poursuit.
Cette première réalisation de Samuel Fuller est surtout un film psychologique qui trait avec force du thème de la culpabilité.




Le baron de l’Arizona
Réalisé par Samuel Fuller
Avec Vincent Price, Ellen Drew, Beulah Bondi, Vladimir Sokoloff
Genre : western
Durée : 1h33
Année de production : 1950
Dans l'Arizona du XIXème siècle, un petit employé tente, par tous les moyens, de faire fortune.
Après Jesse James, le réalisateur met en scène un autre personnage ayant vraiment existé mais qui n’a pas eu autant de notoriété malgré sa personnalité hors du commun. Samuel Fuller a écrit et réalisé ce drame basé sur la vie réelle des aventures de James Addison Reavis, l'un des plus ambitieux escrocs du 19ème siècle. En 1871, Reavis a commencé à élaborer un dangereux canular pour revendiquer le territoire de l'Arizona comme étant le sien. Ni violence, bagarres ou chevauchées dans ce western mais beaucoup de dialogues servis par le talent de conteur et l’efficacité de la narration du cinéaste qui nous octroie une intrigue parfaitement bien menée et nous fait oublier la faiblesse du budget (le film est produit par la Poverty Row », le coin des studios pauvres à Hollywood). La réalisation discrète mais efficace, l’interprétation de Vincent Price et la photographie du prestigieux James Wong Howe achèvent de convaincre.

J’ai vécu l’enfer de Corée
Réalisé par Samuel Fuller
Avec Robert Hutton, Gene Evans, Steve Brodie, James Edwards, Richard Loo
Film américain
Genre : guerre
Durée : 1h24
Année de production : 1951
Un vétéran de l'armée, unique survivant d'une patrouille américaine décimée, rencontre un jeune sud-Coréen, Short Round, ainsi que d'autres laissés-pour-compte de la guerre. Il les conduit jusqu'à un temple bouddhiste inoccupé, qu'ils transforment en camp d'observation. Mais lorsqu'ils découvrent qu'ils se trouvent à proximité immédiate d'un camp de communistes Nord-Coréens, la troupe se prépare à l’éventualité d'un combat...
A l’instar du personnage du Sergent Zack, Samuel Fuller a servi dans l’infanterie américaine mais pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il en sortira plusieurs fois décoré. Et lorsqu’un vétéran avec de tels états de service se décide à réaliser un film de guerre, il n’est pas du tout surprenant que cela donne quelque chose dans le style de The Steel Helmet : âpre, direct, sans concession et hyper réaliste. Samuel Fuller, est avant toute chose intéressé par le facteur humain, qu’il dépeint ici dans toute sa complexité et ses contradictions. Dans son film, Fuller ne parle pas de héros invincibles, ni de patriotisme, de drapeaux claquant au vent ou de célébration de quelconques valeurs guerrières. Ici, on ne parle que d’hommes et de ce qu’ils font pour s’en sortir avec le minimum de casse. Pour Samuel Fuller, ce film a surtout valeur d’hommage à l’égard de la bravoure de ces hommes, entraînés dans une guerre qu’ils n’ont pas voulu. C’est de ce point de vue humaniste plutôt qu’idéologique que sont nés les malentendus à propos du film qui fut décrié et accusé de propagande pro-communiste. Pour une somme dérisoire et une durée de tournage extrêmement courte (une dizaine de jours), Samuel Fuller réalise un film de guerre bluffant de maîtrise et éminemment personnel. Il signait là son premier film de guerre, qui en appelait beaucoup d’autres.

Baïonnette au canon
Réalisé par Samuel Fuller
Avec Richard Basehart, Gene Evans, Michael O’Shea
Film américain
Genre : guerre
Durée : 1h30
Année de production : 1951
Pendant la guerre de Corée, une petite compagnie de 48 soldats américains doit protéger la retraite d’une division de 15 000 hommes.
Comme pour son frère jumeau « Steel helmet », Samuel Fuller réalise un film brutal qui captive par sa réflexion sur la guerre et sur ce que cela signifie d’être soldat. De fait, le film se distingue aisément des œuvres patriotiques alors en vigueur, faisant figure de petit classique de la série B. La minceur du budget obligea à tourner en studio dans des décors factices qui contredisent la volonté de réalisme voulue par le réalisateur mais heureusement, le film bénéficie d’une photographie noir et blanc très contrastée et de la fluidité des mouvements de caméra. A noter une apparition de James Dean lors de la bataille finale.

Violence à Park Row
Réalisé par Samuel Fuller
Avec Gene Evans, Mary Welch, Bela Kovacs
Film américain
Genre : drame
Durée : 1h23
Année de production : 1952
En 1886, à New York, un jeune journaliste qui veut lancer son propre journal s'oppose a un magnat de la presse.
Violences à Park Row est un des films les plus personnels de Fuller puisque le cinéaste décida de devenir producteur afin de le réaliser comme il le voulait et en totale indépendance. Le scénario sur la naissance du journalisme américain lui tenait en effet particulièrement à cœur. (Fuller avait commencé sa vie active en vendant des journaux à 12 ans, puis en devenant reporter criminel pour le New York Evening Graphic à 17). Hommage vibrant à la liberté de la presse, le film est nerveux, documenté et passionnant. Malgré de bonnes critiques, Violences à Park Row qui restera pourtant comme le « récit préféré » de Fuller  fut largement incompris par le public au moment de sa sortie.

Le port de la drogue
Réalisé par Samuel Fuller
Avec Richard Widmark, Jean Peters, Thelma Ritter
Film américain
Genre : policier
Durée : 1h20
Année de production : 1953
Un pickpocket, devenu malencontreusement propriétaire d’un microfilm, est poursuivi par la pègre et la police.
Si l’on accepte de mettre de côté le propos profondément anti-communiste qui est quelque peu émoussé quand on visionne le film 50 ans plus tard, le film apparaît comme un des plus beaux fleurons du film noir. S’il fut éreinté par la critique américaine, qui lui reprocha de ne présenter que des personnages immoraux et peu reluisants (un pickpocket, une prostituée, une indicatrice et des espions), il est aujourd’hui reconnu comme faisant partie des sommets d’un genre pourtant riche en pures merveilles. Martin Scorsese, pour qui il s’agit d’une des œuvres de référence et de chevet, dit du film "c’est un des premiers films qui m’ait vraiment secoué. Cette violence, il me semblait que je ne l’avais encore jamais vue dans un film". Selon le désir des dirigeants de la Fox française, les agents communistes furent transformés, dans la version française du film, en trafiquant de drogue, d'où le titre, alors qu’on n’en entend nullement parler pendant le film.

Le Démon des eaux troubles
Réalisé par Samuel Fuller
Avec Richard Widmark, Victor Francen, Bella Darvi, Cameron Mitchell, Gene Evans
Film américain
Genre : guerre
Durée : 1h43
Année de production : 1954
Un savant s'entoure de quelques aventuriers et part dans un sous-marin afin de découvrir la base secrète installée dans une île arctique par une puissance ennemie de l'Occident.
Fuller n’aimait pas ce film de commande anti-communiste et disait qu’il avait des airs de BD. Effectivement le scénario est peu vraisemblable et l’intrigue est faible.  On se consolera grâce au scope que Fuller utilise brillamment pour filmer aussi bien les étendues interminables du Pacifique que le confinement d'un sous-marin.

La maison de bambou
Réalisé par Samuel Fuller
Avec Robert Ryan, Robert Stack, Cameron Mitchell, Shirley Yamaguchi
Film américain
Genre : policier
Durée : 1h40
Année de production : 1955
Avec l’aide de la police japonaise, un agent américain parvient à infiltrer un gang lié à un syndicat tout-puissant, afin de le démanteler.
Premier film américain tourné au Japon après Hiroshima et Nagazaki, La Maison de Bambou explore les bas-fonds de Tokyo avec une saveur documentaire. Samuel Fuller a toujours été attiré par l'Orient. Pour ce petit juif du Massachusetts, c'est l'une des trois forces qui aimantent littéralement sa vie, les deux autres étant le journalisme et la guerre. House of bamboo est aussi typique du scope couleur éclatant de la Fox de ce milieu des années 50, absolument splendide en même temps qu'emprunt d'un style vraiment rentre-dedans propre à son metteur en scène. C'est de la série B haut de gamme que l'on a là, du thriller et du film d'action composé avec un grand sens du rythme, de l'espace et surtout de l'impact. La Maison de bambou est aussi la confrontation troublante et osée pour l’époque des personnages incarnés par Robert Ryan et Robert Stack. Ryan est sublime en chef de gang dandy et homosexuel et apparaît comme l'un des plus beaux personnages présents chez Fuller. A noter aussi le final étourdissant et mémorable réalisé dans la zone de jeux pour enfants sur le toit d'un immeuble en plein cœur de Tokyo.

Le jugement des flèches
Réalisé par Samuel Fuller
Avec Rod Steiger, Sara Montiel, Brian Keith, Ralph Meeker
Film américain
Genre : western
Durée : 1h30
Année de production : 1956
Un ex-soldat sudiste, proche des Sioux, ne sait quel camp choisir quand éclatent les guerres indiennes.
Un western historique aux ressorts psychologiques sur l’histoire d’un soldat écartelé entre deux camps. Le film annonce clairement "Danse avec les loups", de Costner sans en avoir l'ampleur épique mais est assez brut, avec une force et une vigueur qui frappe toujours autant. Le sujet du "Jugement des flèches" est en effet très audacieux pour l'époque tout comme sa mise en scène dont la cruauté et la violence de certaines scènes peuvent encore choquer car comme toujours la mise en scène de Samuel Fuller ne s’embarrasse pas de florilèges et va droit au but avec une efficacité redoutable. Charles Bronson crève l’écran en chef sioux. Un beau western courageux sur les affrontements entre les peuples et sur les imbécillités de la guerre.

Porte de Chine
Réalisé par Samuel Fuller
Avec Gene Barry, Angie Dickinson, Nat ‘King’ Cole, Paul Dubov, Lee Van Cleef, Marcel Dalio
Film américain
Genre : guerre
Durée : 1h37
Année de production : 1957
Dans les derniers jours de la guerre d'Indochine, une jeune Eurasienne se porte volontaire pour aider un groupe de mercenaires à détruire un dépôt d'arme près de la frontière chinoise.
Second film produit par sa propre firme, Globe Enterprises Prod., China Gate est un des rares films, pour ne pas dire le seul, à évoquer le Vietnam dès 1957. Avec ce film Fuller renoue avec le film de guerre. Jugé trop primaire sur le plan de l'analyse politique concernant la guerre française d'Indochine, il demeure inédit en France. Pourtant le metteur en scène ne s'attaque en aucune façon à l'idéologie communiste mais dresse le portrait de mercenaires qui se retrouvent dans la légion étrangère pour échapper à des conflits personnels avec eux-mêmes. De plus, le film pose la question  des racines du racisme sous la forme d’un père qui ne peut pas reconnaître son fils partiellement asiatique. Sam fuller disait de son film "Je suis le seul à aimer ce film. Il est basé sur des faits réels. J'en adore la mise en scène et le message. Mon héros est un hypocrite qui n'a pas le courage de vivre avec une fille à demi indigène qu'il a mis enceinte. Peut-être que je n'ai pas su m'expliquer. Je ne voulais pas glorifier la guerre, ni l'expliquer. La guerre ne s'explique pas plus que le cancer. Je voulais montrer que tout était absurde, puisque des anciens ennemis pouvaient devenir des alliés. Je ne prêche pas la guerre, même contre le communisme. La première scène résume le film : un enfant affamé court dans des ruines. Voilà la véritable image de la guerre." A noter qu’ Angie Dickinson qui avait prêté sa voix à Sarita Montiel pour Le Jugement Des Flèches tient là son premier grand rôle au cinéma.

40 tueurs
Réalisé par Samuel Fuller
Avec Barbara Stanwyck, Barry Sullivan, Dean Jagger, John Ericson, Gene Barry
Film américain
Genre : western
Durée : 1h15
Année de production : 1957
En Arizona, un shérif intègre affronte une bande de malfrats dirigée par une femme.
Dernier des quatre westerns tournés par Fuller, Forty Guns ne ressemble pourtant à aucun autre, le réalisateur créant en plein cœur de l'ouest américain une tragédie grecque baroque, intense et très moderne par son côté percutant, et par une tension sexuelle plus ou moins cryptée, qui apparaît dans presque chaque scène. Une des grandes qualités du film est la force de sa narration et l’économie avec laquelle Fuller filme une histoire si riche, si dense, en seulement une heure dix. Le réalisateur nous sert un trésor de mise en scène, bourré d'inventivité (comme l'anthologique séquence de poursuite qui tient lieu d'ouverture) ou encore un montage ahurissant de virtuosité. Quarante Tueurs nous donne constamment la sensation de nous trouver en terrain connu et pourtant chaque scène ou situation convenue du genre apporte son lot de trouvailles et se termine toujours de façon inattendue. D’une modernité frappante, presque cinquante ans après sa sortie, cette œuvre se pose comme une espèce de passage de flambeau entre âge d’or Hollywoodien et "Nouvelle Vague" et témoigne du génie de Fuller qui peut revendiquer une influence sur des cinéastes aussi différents que Jean-Luc Godard, Sam Peckinpah, Sergio Leone ou Clint Eastwood.

Ordres secrets aux espions nazis
Réalisé par Samuel Fuller
Avec James Best, Susan Cummings,  Tom Pittman, Paul Duboy, Joe Turkel
Film américain
Genre : drame
Durée : 1h33
Année de production : 1958
Un soldat américain se marie en Allemagne une fois la guerre finie et doit affronter les commandos des Verwolf, groupuscule nazi qui multiplient les actes de terrorisme.
Stupidement traduit en français en Ordres secrets aux espions nazis, Verboten ! traite de cette interdiction des soldats américains de coucher avec des allemandes durant l’occupation de l’armée yankee dans une Allemagne ruinée et dévastée. La dénazification est un thème peu traité par Hollywood. Alors que Billy Wilder l’aborde avec beaucoup d’humour, d’amour et d’humanité dans La Scandaleuse de Berlin (1948), Fuller, sans manquer de finesse, la traite d’une manière bien plus journalistique. Le principal intérêt du film c'est sans conteste son scénario qui a le grand mérite de mettre en exergue une période peu connue de l'Histoire.  Pour donner plus de véracité à son film, Fuller insère des images d’archives. Images violentes et abominables de corps décharnés sortant des camps que l’on a rarement l’occasion de voir dans du cinéma hollywoodien. Les scènes de combat au début du film, accompagnées par la musique de Beethoven et les walkyries de Wagner, bien avant Apocalypse Now, sont saisissantes. L'histoire fictive, quant à elle, est assez intéressante surtout que Tom Pittman est très convaincant dans le rôle d'un farouche nazi. Mais la démonstration finale sur les horreurs nazies fait oublier quelque peu l'histoire intime sur laquelle le film semblait s'être engagé.

Le kimono rouge
Réalisé par Samuel Fuller
Avec Victoria Shaw, Glenn Corbett, Paul Dubov, James Shigeta
Film américain
Genre : thriller
Durée : 1h22
Année de production : 1959
Dans le quartier de Little Tokyo a Los Angeles, deux inspecteurs, un Americain et un Japonais, enquetent sur la mort d'une strip-teaseuse.
Deux ans après « Le Jugement Des Flèches », Samuel Fuller maître d’œuvre omniprésent (producteur, auteur, réalisateur), explore à nouveau un de ses grands thèmes : les racines et paradoxes du racisme, la difficulté des panachages culturels, la force des préjugés, avec « The Crimson Kimono », un film noir situé dans le « Little Tokyo » de Los Angeles. Le film démarre comme un " buddy movie " très classique pour se muer en un rapport concurrentiel entre le flic américain épais, et le flic japonais plus réfléchi, poétique et sensible. L'intrigue policière de THE CRIMSON KIMONO n'est qu'un prétexte. Samuel Fuller dévie très vite sur l'opposition amoureuse de deux flics aimant la même femme. Cette opposition est relevée de soupçons de racisme du Japonais vis à vis de son pote américain. Fuller disait en parlant de son film : "Ça m'excitait de montrer que les Blancs ne sont pas seuls à être racistes. Ce Japonais est raciste. »

Les bas-fonds new-yorkais
Réalisé par Samuel Fuller
Avec Cliff Robertson, Dolores Dorn, Beatrice Kay, Paul Dubov
Film américain
Genre : policier
Durée : 1h40
Année de production : 1961
Pour venger son père, un gangster intègre la bande des meurtriers tout en gardant des relations avec la police fédérale.
Alors qu’il a déjà donné au genre du film noir une petite pépite intitulée Le port de la drogue en 1953, Samuel Fuller fait de ce polar de série une fresque lyrique sur les bas-fonds grâce à son style outrancier et baroque. Ce génie expressif est au service d’une peinture de l’enfer urbain parmi les plus saisissantes jamais vues. Un système totalement gangrené par la corruption. Avec une audace incroyable pour l’époque, Fuller parle ouvertement de la drogue, mais aussi de la prostitution, ainsi que de l’implantation de la pègre dans de nombreux organismes de charité. Mais le réalisateur (qui est aussi le scénariste du film), met aussi au centre de son histoire le cheminement moral et social de son personnage principal. Comme dans Le port de la drogue, l’anti-héros farouchement individualiste tombe amoureux d’une paumée et c’est le couple qui les sauvera de la pourriture ambiante. Le film est un petit bijou de film noir, à la réalisation nerveuse et incisive. Le montage est percutant avec des raccords heurtés, une photo hyper-contrastée, une caméra fiévreuse, une musique assourdissante, une violence délibérément exagérée et des scènes d’amour très suggestives. Underworld USA arrive à trouver un équilibre parfait entre une intrigue solide et une mise en scène efficace et est certainement un des trois ou quatre meilleurs films réalisés par Samuel Fuller.

Les Maraudeurs attaquent
Réalisé par Samuel Fuller
Avec Jeff Chandler, Ty Hardin, Peter Brown, Will Hutchins
Film américain
Genre : guerre
Durée : 1h35
Année de production : 1962
Début 1944, en Birmanie, durant la Seconde guerre mondiale. Les soldats américains du Général Frank D. Merill, "Les Maraudeurs", partent en pleine jungle afin de piéger les soldats japonais.
Samuel Fuller demeurera pour longtemps encore le maître incontesté des films de guerre. Écriture nerveuse, montage exemplaire, simplicité de l'histoire, linéarité et exigence de la mise en scène... "Les Maraudeurs attaquent" est un exemple du génie de Fuller dont l’ambition était de montrer la guerre telle qu'elle est, avec son lot de bravoure, de médiocrité et de lâcheté, sans rien enjoliver et de comprendre les motivations de chacun afin de ne jamais les juger, mais surtout montrer à quel point certains choix en temps de guerre sont parfois douloureux et difficiles. Avec sa vision crue, acerbe, juste et non cérémonieuse de la guerre, Merril's Marauders apparaît ainsi comme une répétition avant l’heure du dernier chef-d’œuvre guerrier de son auteur, à savoir le remarquable Big Red One.

Réalisé par Samuel Fuller
Avec Peter Breck, Gene Evans, Constance Towers, James Best
Film américain
Genre : drame
Durée : 1h40
Année de production : 1963
Un journaliste se fait interner dans un asile psychiatrique pour démasquer un meurtrier avant la police.
Comme pour ses films de guerre, Samuel Fuller se sert ici de sa propre expérience de jeune journaliste chargé des affaires criminelles et donne au film une puissance remarquable. Comme souvent chez lui, l'intrigue ne l'intéresse pas et n’est qu’un prétexte pour développer les thèmes  « fullerien » du changement d'identité et de l'influence du milieu sur les individus déjà rencontrés dans House of Bamboo et Run of the Arrow. Prétexte aussi pour une  analyse poussée de la société américaine et de ses dérives. Fuller fait de son asile une métaphore des Etats-Unis, pays des libertés, mais aussi des discriminations raciales. Cette richesse thématique est renforcée par un travail audacieux sur la forme : multipliant les télescopages d’images, le mélange de couleurs et de noir et blanc, les agressions sonores ainsi que les visions surréalistes, le cinéaste nous plonge au cœur de la folie progressive de son personnage principal. Shock Corridor est un hallucinant voyage aux frontières de la folie et annonce, des années avant, « Vol au-dessus d'un nid de coucou », « L'échelle de Jacob » et « Shutter Island », trois films éprouvants sur l'aliénation, les traitements inhumains, les méthodes douteuses et la violence comme réponse à la folie.

Police spéciale
Réalisé par Samuel Fuller
Avec Constance Towers, Anthony Eisley, Michael Dante
Film américain
Genre : drame
Durée : 1h30
Année de production : 1964
Une ex-prostituée, chassée de la ville où elle travaille, tente de se racheter en se consacrant à des enfants handicapés. Pourtant, un flic véreux connaît son passé...
The naked kiss, abusivement appelé Police spéciale en français, est un faux film policier, mais une vraie bombe lancée à la figure de la bonne conscience américaine. Derrière l’hypocrisie générale, l’auteur révèle les pulsions enfouies en chacun de nous. Grâce à la très belle photographie noir et blanc de Stanley Cortez, The naked kiss (1964) est aussi un bel objet formel soutenu par un montage nerveux et efficace comme toujours chez Fuller et par l’interprétation de Constance Towers qui porte sur ses épaules un rôle pourtant difficile. Un petit bijou.

Caine / Shark : le mangeur d’hommes
Réalisé par Samuel Fuller
Avec Burt Reynolds, Arthur Kennedy, Manuel Alvarado, Carlos Barry, Carlos Beriochoa
Film américano-mexicain
Genre : horreur
Durée : 1h32
Année de production : 1969
Un groupe d’aventuriers est chargé de retrouver des lingots d’or engloutis au fond d’une épave dans les profondeurs de la mer rouge. Parvenus à l’emplacement du trésor, les plongeurs sont attaqués par de gigantesques requins mangeurs d’hommes.
Shark arriva dans la carrière de Fuller à un moment où on ne lui offrait pas beaucoup de propositions. C’est un petit film sans rythme avec des  scènes sous-marines manquant cruellement d'intensité. Le film fut désavoué par le metteur en scène. En effet,  les producteurs effectuèrent un montage différent de celui de Fuller qui demanda à ce que son nom soit retiré du générique. Lors du tournage, un cascadeur trouva la mort, déchiqueté par des requins. Le magazine LIFE MAGAZINE publia les photos du drame et en fit un reportage sur trois pages. Fuller en voulut aux producteurs qui désiraient des scènes sous-marines avec des vrais requins et qui insérèrent dans leur montage au tout début du film la scène où le cascadeur trouva la mort et axèrent la publicité sur les affiches en faisant référence à l'article de LIFE.  Fuller a tourné suffisamment de grands films pour qu’on oublie celui-là.

Au-delà de la gloire
Réalisé par Samuel Fuller
Avec Lee Marvin, Mark Hamill, Robert Carradine, Bobby di Cicco, Kelly Ward, Stéphane Audran
Film américain
Genre : guerre
Durée : 2h05
Année de production : 1978
De l’Afrique du Nord à la Tchécoslovaquie, en passant par la Belgique et la Normandie, la première division d’infanterie américaine traverse les zones de combats de la seconde guerre mondiale.
S’appuyant sur ses souvenirs, Samuel Fuller réalise un film de guerre très personnel alternant les scènes de combat réalistes avec les moments consacrés à la survie et au quotidien des soldats. Le chef d’œuvre ultime de Samuel Fuller.


Réalisé par Samuel Fuller
Avec Kristy McNichol, Jameson Parker, Paul Winfield, Burl Ives
Film américain
Genre : drame
Durée : 1h30
Année de production : 1982
Titre original : WHITE DOG
Une femme découvre que le chien-loup qu’elle a recueilli a été dressé pour attaquer les Noirs et a déjà fait de nombreuses victimes.
Adapté du roman de Romain Gary, ce film terrifiant de Samuel Fuller sur le racisme confirme qu’il est bien le cinéaste de la violence, filmée sans fioriture ni fascination mais dans son horreur brute. La torpeur californienne, la simplicité de l’intrigue, la rigueur époustouflante de la mise en scène, l’ingénuité des protagonistes rendent d’autant plus terrifiante cette fable dont le chien blanc, tantôt ange, tantôt démon, est l’anti-héros. Le racisme sert de métaphore pour pointer les limites d’une société qui préfère tuer, innocents comme coupables, plutôt que d’apprendre, qui se soumet aux règles de la violence, légale comme illicite, plutôt qu’à celles de la raison. Plus de  trente ans après, ce film sobre et implacable demeure furieusement actuel. Ayant connu de graves problèmes à sa sortie, Dressé pour tuer fut - assez inexplicablement - taxé de racisme par certains lobbies antiracistes, au point que le distributeur Paramount, par crainte du scandale, bloqua le film aux Etats-Unis. Le métrage n'aura droit à une distribution en salles qu'en Europe même si une version remontée passa plus tard sur les chaînes américaines. Écœuré par la polémique autour de White Dog, Fuller s’exilera en France, dans l’espoir d’y trouver plus de respect et de compréhension. Hélas, les cinq pauvres films et téléfilms qu’il parviendra à tourner en Europe sont de pâles ersatz de ses films américains.

Réalisé par Samuel Fuller
Avec Véronique Jannot, Bobby Di Cicco, Stéphane Audran, Victor Lanoux, Camille de Casablanca, Micheline Presle
Film franco-américain
Genre : policier
Durée : 1h40
Année de production : 1983
François et Isabelle sont chômeurs. Ils se rencontrent à L'ANPE et c'est de suite l'amour. Afin de se procurer quelques revenus, ils mettent au point un système de cambriolage nocturne qui les amuse beaucoup. Cependant, un jour, le jeu tourne au drame.
Fuller a voulu réaliser un Bonnie and Clyde à la française avec ce petit film oublié à juste titre.



Sans espoir de retour
Réalisé par Samuel Fuller
Avec Keith Carradine, Valentina Vargas, Bill Duke, Andrea Ferreol, Bernard Fresson
Film américano-franco-portugais
Genre : policier
Durée : 1h30
Année de production : 1989
Un chanteur adulé sombre dans l’alcool à la suite d’une agression qui lui a fait perdre l’usage de sa voix.
Avec cette adaptation d’un roman post-apocalyptique de David Goodis, Samuel Fuller signe son dernier film. Le metteur en scène réussit souvent à restituer le monde glauque de l'écrivain et comme toujours chez lui, la violence est filmée d’une façon percutante mais le rythme inégal et la mise en scène parfois approximative ne permettent pas au film de nous captiver  une heure et demie durant. Cependant, sans être le chant du cygne espéré pour un réalisateur de cette trempe, « Sans espoir de retour » n'en est pas moins une conclusion honorable.