6 nov. 2012

Sergio Leone

Réalisateur italien, 1929 - 1989












Les derniers jours de Pompéi
Réalisé par Mario Bonnard et Sergio Leone (co-réalisateur, non crédité en tant que réalisateur)
Avec Steve Reeves, Fernando Rey, Anne-Marie Baumann, Christine Kaufmann
Film italo-germano-espagnol
Genre : péplum
Durée : 1h40
Année de production : 1959
An 79 de notre ère. La population de Pompéi est terrorisée par des groupes armés se faisant passer pour des chrétiens. Craignant la colère de Rome, les autorités exigent que ceux-ci soient arrêtés, torturés et jetés aux lions. Le centurion Glaucus, dont le père a été tué par l'une de ces bandes, jure de se venger : il découvrira la conspiration visant à discréditer les croyants...
En 1959, sur le tournage Des Derniers jours de Pompéi, Mario Bonnard tombe malade et est remplacé par l'un de ses trois assistants, également co-scénariste, Sergio Leone, qui s'était par ailleurs distingué la même année en tournant la légendaire scène de course de chars dans le « Ben-Hur » de William Wyler. Même si Leone réalisa pratiquement l'intégralité du film, il n'est pas crédité comme en étant le principal réalisateur mais comme co-réalisateur. Cette adaptation du roman d’Edward Bulwer-Lytton souffre d’une intrigue banale et d’un scénario qui idéalise les chrétiens à outrance, frisant même la propagande. Même l'éruption tant attendue, qui au dernier quart d'heure renversera Pompéi comme une construction de cubes, n'a pas le sursaut apocalyptique espéré, les effets spéciaux étant bien datés. Néanmoins, on pourra trouver un charme suranné à ce péplum kitsch. 

Le colosse de Rhodes
Réalisé par Sergio Leone
Avec Rory Calhoun, Lea Massari, Georges Marchal
Film hispano-italo-français
Genre : péplum
Durée : 2h05
Année de production : 1961
Darios, jeune général athénien, est invité par son oncle à Rhodes. Il va découvrir un complot contre les Grecs dont le centre est le célébré colosse, statue nouvellement inaugurée.
« Le colosse de Rhodes » est le premier film officiellement signé par Sergio Leone qui y délaissait les surhommes décérébrés aux biceps huilés du péplum à l’italienne (Maciste, Hercule et compagnie) en proposant la transposition habile d’un récit d’espionnage dans la Grèce Antique. À la tête d’un énorme budget, Leone s’amuse et subvertit les conventions du genre et parvient déjà à apporter sa touche personnelle (ironie, cruauté, allusions à l’histoire contemporaine) dans un divertissement qui propose le lot réglementaire de figurants, ballets, bagarres et tremblement de terre final. Ce film est devenu "culte" et fut encensé par la critique lors de sa sortie sur les écrans français en 1986.

Pour une poignée de dollars
Réalisé par Sergio Leone
Avec Clint Eastwood, Josef Egger, Marianne Koch, Wolfgang Lukschy
Film italien
Genre : western
Durée : 1h35
Année de production : 1964
Un bandit manipule deux bandes rivales pour rafler un magot.
Sergio Leone décide en 1964 de transposer le film japonais Yojimbo - le garde du corps (1961) de Kurosawa dans l’Ouest américain. Afin de réduire les coûts de production, le réalisateur engage un jeune acteur de télévision américain nommé Clint Eastwood (il s’est fait repéré dans la série télévisée Rawhide) et localise son tournage en Espagne, dans la région d’Almeria. Véritable contrefaçon destinée à envahir le marché européen en se faisant passer pour un produit américain, Pour une poignée de dollars sort à l’époque en dissimulant au maximum au public son origine européenne. Ainsi, le film est signé Bob Robertson (pseudonyme de Sergio Leone), joué par Johnny Wels (en réalité le grand Gian Maria Volonté) et mis en musique par Dan Savio (à savoir Ennio Morricone). Le triomphe du long-métrage sur le marché européen, puis l’exceptionnelle carrière du film aux États-Unis lors de sa sortie en 1967 ont bouleversé la donne et créé un sous-genre à part entière, souvent désigné de manière dédaigneuse par le terme western-spaghetti. Ce genre est caractérisé par la  multiplication des décadrages, les gros plans sur les yeux des protagonistes, l’allongement de la temporalité des scènes, l’amoralité des personnages de l’Ouest décrit comme sauvage et gangrené par l’appât du gain. Malgré un scénario un peu léger, Pour une poignée de dollars bénéficie, de la somptueuse musique d’Ennio Morricone, de la réalisation du maître Leone et de l’interprétation charismatique de Gian Maria Volonté et d’Eastwood dont le personnage a suffisamment marqué les esprits pour susciter un nombre incalculable d’imitateurs. Assurément la marque des grands films.

Et pour quelques dollars de plus...
Réalisé par Sergio Leone
Avec Clint Eastwood, Lee Van Cleef, Gian Maria Volonté, Josef Egger
Film italo hispano allemand
Genre : western
Durée : 2h10
Année de production : 1965
Le colonel Douglas Mortimer collabore avec un chasseur de primes surnommé L’"Etranger". Tous les deux souhaitent capturer Indio, un tueur fou, qui sème la terreur autour de lui. Ce dernier et ses hommes sont sur le point de piller la banque d’El Paso.
Illustrant une histoire ultra-classique et brassant des thèmes et des situations déjà cent fois exploités avant lui, Sergio Leone fait reposer son western non pas sur son histoire, mais sur son style incroyable. Tout est une question d’ambiance, tout réside dans l’art de faire durer les silences, de charger chaque minute d’une épaisseur hors du commun, grâce au poids de la musique, au choix des gros plans, à l’étirement des scènes. Tout est une question d’audace également : la mise en scène de Leone semble tout se permettre, les mouvements de caméra aériens, les ruptures de ton les plus osées, l’alternance entre les plans larges filmant les grands espaces et les gros plans sur le visage de ses personnages, une goutte de sueur descendant sur leur front. Le résultat de cette alchimie est payant, à l’image de ce superbe duel final dans un village paysan, où les douces notes d’une comptine sont mêlées aux accents grandioses de l’orchestre de Morricone, conférant à la scène un relief et un suspense hors du commun. Le western possède ainsi une dimension baroque, énorme, où le plus infime des instants semble durer une éternité, où les (anti)héros léoniens acquièrent une stature légendaire grâce à un simple regard. Chaque scène, même la plus triviale de toutes, est tournée avec soin, comme si c’était la dernière : on y sent un constant amour de cinéma, qui en devient émouvant et fait toute la grandeur de l’entreprise.

Le bon, la brute et le truand
Réalisé par Sergio Leone
Avec Clint Eastwood, Eli Wallach, Lee Van Cleef, Aldo Giuffre, Mario Brega, Luigi Pistilli
Film italo-espagnol
Genre : western
Durée : 2h45
Année de production : 1966
En pleine guerre de Sécession, trois crapules se combattent pour s’approprier un fabuleux magot.
« Le bon, la brute et le truand » marque la fin du cycle de « La trilogie des dollars » et en reprend les ingrédients habituels : musique lancinante de Morricone, étirement de la durée, immenses silences, utilisation du grand angle, zooms arrière et travellings à profusion, acteurs charismatiques jouant des anti-héros crasseux et cyniques, clins d’œil et scènes devenues mythiques comme le dénouement final, fantastique duel à trois dans un cimetière. Cette scène marquera la fin de la collaboration entre Clint Eastwood et Sergio Leone. Le comédien craignait en effet de se laisser enfermer dans un archétype mais plus tard, devenu réalisateur, il rendra hommage au western spaghetti en incarnant à nouveau « L’homme sans nom » dans L’homme des hautes plaines.

Il était une fois dans l'Ouest
Réalisé par Sergio Leone
Avec Henry Fonda, Claudia Cardinale, Charles Bronson, Jason Robards
Film italo américain
Genre : western
Durée : 2h35
Année de production : 1969
Un hors-la-loi et un énigmatique joueur d’harmonica font cause commune pour éliminer un tueur.
Avec ce film, point culminant du western spaghetti, Leone accentuait tous les codes narratifs, dramaturgiques et stylistiques du western pour les porter à l’incandescence et les tester jusqu’à leur point de rupture. Il écrivait ainsi le chant du cygne d’un genre pourtant déjà mort depuis quelques années. La mort pèse d'ailleurs d’un poids non négligeable sur l’ensemble du film qui peut être vu comme une sorte de  danse macabre. De ce sang versé, naît une nation. Effectivement. Alors que les deux hommes s'affrontent, le train arrive aux portes d'une ville en pleine construction. Le territoire des héros de l'Ouest est remplacé par une société naissante. La modernité est aussi incarnée par le personnage de Jill McBain, première femme forte dans l’univers de Leone. Comme toujours chez Leone tout est techniquement parfait. Avec une alternance de plans larges et de gros plans si spécifiques sur les regards, le réalisateur livre une démonstration de mise en scène. De plus, au scénario on trouve Dario Argento et Bernardo Bertolucci qui signent leur plus beau script et c’est toujours le grand Ennio Morricone qui se charge de la bande son. Le casting est également parfait : Claudia Cardinale est hypnotisante de beauté, Jason Robards nonchalant et naturel, Henry Fonda incarne la figure du mal absolu et Charles Bronson est tout bonnement magnétique.

Il était une fois la Révolution
Réalisé par Sergio Leone
Avec Rod Steiger, James Coburn, Romolo Valli, Maria Monti
Film italien
Genre : western
Durée : 2h36
Année de production : 1970
Un aventurier irlandais spécialiste des explosifs, devient un héros de la révolution mexicaine.
Il était une fois la révolution commence comme un western mais s’en détourne rapidement pour évoluer vers une fresque historique et lyrique. Leone traite une nouvelle fois de la fin d’un monde, celle du temps des cow-boys balayés par la marche de l’Histoire et dépassés par de nouveaux enjeux : les banques ne sont plus remplies d’or, mais de prisonniers politiques prêts à reprendre les armes mais le metteur en scène démonte l’idéal de la révolution, en montrant qu’il n’entraîne que la mort et l’échec. Ce film est sans doute le plus sombre et le plus violent de Sergio Leone. Une puissance visuelle inouïe au service d’une vision désenchantée de la politique.

Il était une fois en Amérique
Réalisé par Sergio Leone
Avec Robert De Niro, James Woods, Elizabeth Mc Govern, Treat Williams
Film américain
Genre : drame
Durée : 3h40
Année de production : 1984
Des années après un terrible drame, un trafiquant se souvient de ses débuts dans le milieu.
Après la conquête de l’ouest, Sergio Leone change radicalement de genre et d’époque. Il était une fois en Amérique est en effet un film de gangsters qui se déploie sur une bonne moitié du XXème siècle, du début des années 1920 à la fin des années 1960. Le metteur en scène réussit une fresque flamboyante, superbement réalisée et interprétée. Près de trente ans après, le film garde son pouvoir de fascination et aura entre-temps inspiré plusieurs cinéastes, à commencer par Scorsese qui reprendra les mêmes Joe Pesci et Robert De Niro dans Les affranchis et Casino. Le chef-d’œuvre ultime de Sergio Leone.