
Réalisé par Mario Bonnard et Sergio Leone (co-réalisateur, non crédité en tant que réalisateur)
Avec
Steve Reeves, Fernando Rey, Anne-Marie Baumann, Christine Kaufmann
Film
italo-germano-espagnol
Genre :
péplum
Durée :
1h40
Année
de production : 1959
An
79 de notre ère. La population de Pompéi est terrorisée par des groupes armés
se faisant passer pour des chrétiens. Craignant la colère de Rome, les
autorités exigent que ceux-ci soient arrêtés, torturés et jetés aux lions. Le
centurion Glaucus, dont le père a été tué par l'une de ces bandes, jure de se
venger : il découvrira la conspiration visant à discréditer les croyants...
En
1959, sur le tournage Des Derniers jours de Pompéi, Mario Bonnard tombe malade et
est remplacé par l'un de ses trois assistants, également co-scénariste, Sergio
Leone, qui s'était par ailleurs distingué la même année en tournant la
légendaire scène de course de chars dans le « Ben-Hur » de William Wyler. Même si Leone réalisa
pratiquement l'intégralité du film, il n'est pas crédité comme en étant le
principal réalisateur mais comme co-réalisateur. Cette adaptation du roman
d’Edward Bulwer-Lytton souffre d’une intrigue banale et d’un scénario qui
idéalise les chrétiens à outrance, frisant même la propagande. Même l'éruption
tant attendue, qui au dernier quart d'heure renversera Pompéi comme une
construction de cubes, n'a pas le sursaut apocalyptique espéré, les effets
spéciaux étant bien datés. Néanmoins, on pourra trouver un charme suranné à ce
péplum kitsch.
Avec Rory Calhoun, Lea Massari, Georges Marchal
Film
hispano-italo-français
Genre :
péplum
Durée :
2h05
Année
de production : 1961
Darios,
jeune général athénien, est invité par son oncle à Rhodes. Il va découvrir un
complot contre les Grecs dont le centre est le célébré colosse, statue
nouvellement inaugurée.
« Le colosse de Rhodes » est le premier film officiellement
signé par Sergio Leone qui y délaissait les surhommes décérébrés aux
biceps huilés du péplum à l’italienne (Maciste, Hercule et compagnie) en
proposant la transposition habile d’un récit d’espionnage dans la Grèce
Antique. À la tête d’un énorme budget, Leone s’amuse et subvertit les
conventions du genre et parvient déjà à apporter sa touche personnelle (ironie,
cruauté, allusions à l’histoire contemporaine) dans un divertissement qui
propose le lot réglementaire de figurants, ballets, bagarres et tremblement de terre final. Ce film est devenu "culte" et
fut encensé par la critique lors de sa sortie sur les écrans français en 1986.
Avec
Clint Eastwood, Josef Egger, Marianne Koch, Wolfgang Lukschy
Film italien
Genre : western
Durée :
1h35
Année
de production : 1964
Un
bandit manipule deux bandes rivales pour rafler un magot.
Sergio
Leone décide en 1964 de transposer le film japonais Yojimbo - le garde du corps
(1961) de Kurosawa dans l’Ouest américain. Afin de réduire les coûts de
production, le réalisateur engage un jeune acteur de télévision américain nommé
Clint Eastwood (il s’est fait repéré dans la série télévisée Rawhide) et
localise son tournage en Espagne, dans la région d’Almeria. Véritable
contrefaçon destinée à envahir le marché européen en se faisant passer pour un
produit américain, Pour une poignée de dollars sort à l’époque en dissimulant
au maximum au public son origine européenne. Ainsi, le film est signé Bob
Robertson (pseudonyme de Sergio Leone), joué par Johnny Wels (en réalité le
grand Gian Maria Volonté) et mis en musique par Dan Savio (à savoir Ennio
Morricone). Le triomphe du long-métrage sur le marché européen, puis
l’exceptionnelle carrière du film aux États-Unis lors de sa sortie en 1967 ont
bouleversé la donne et créé un sous-genre à part entière, souvent désigné de
manière dédaigneuse par le terme western-spaghetti. Ce genre est caractérisé
par la multiplication des décadrages,
les gros plans sur les yeux des protagonistes, l’allongement de la temporalité
des scènes, l’amoralité des personnages de l’Ouest décrit comme sauvage et
gangrené par l’appât du gain. Malgré un scénario un peu léger, Pour une poignée
de dollars bénéficie, de la somptueuse musique d’Ennio Morricone, de la
réalisation du maître Leone et de l’interprétation charismatique de Gian Maria
Volonté et d’Eastwood dont le personnage a suffisamment marqué les esprits pour
susciter un nombre incalculable d’imitateurs. Assurément la marque des grands
films.
Avec
Clint Eastwood, Lee Van Cleef, Gian Maria Volonté, Josef Egger
Film
italo hispano allemand
Genre :
western
Durée :
2h10
Année
de production : 1965
Le
colonel Douglas Mortimer collabore avec un chasseur de primes surnommé
L’"Etranger". Tous les deux souhaitent capturer Indio, un tueur fou,
qui sème la terreur autour de lui. Ce dernier et ses hommes sont sur le point
de piller la banque d’El Paso.
Illustrant
une histoire ultra-classique et brassant des thèmes et des situations déjà cent
fois exploités avant lui, Sergio Leone fait reposer son western non pas sur son
histoire, mais sur son style incroyable. Tout est une question d’ambiance, tout
réside dans l’art de faire durer les silences, de charger chaque minute d’une
épaisseur hors du commun, grâce au poids de la musique, au choix des gros
plans, à l’étirement des scènes. Tout est une question d’audace également :
la mise en scène de Leone semble tout se permettre, les mouvements de caméra
aériens, les ruptures de ton les plus osées, l’alternance entre les plans
larges filmant les grands espaces et les gros plans sur le visage de ses
personnages, une goutte de sueur descendant sur leur front. Le résultat de
cette alchimie est payant, à l’image de ce superbe duel final dans un village
paysan, où les douces notes d’une comptine sont mêlées aux accents grandioses
de l’orchestre de Morricone, conférant à la scène un relief et un suspense hors
du commun. Le western possède ainsi une dimension baroque, énorme, où le plus
infime des instants semble durer une éternité, où les (anti)héros léoniens
acquièrent une stature légendaire grâce à un simple regard. Chaque scène, même
la plus triviale de toutes, est tournée avec soin, comme si c’était la
dernière : on y sent un constant amour de cinéma, qui en devient émouvant
et fait toute la grandeur de l’entreprise.
Avec Clint Eastwood, Eli Wallach, Lee Van
Cleef, Aldo Giuffre, Mario Brega, Luigi Pistilli
Film
italo-espagnol
Genre :
western
Durée :
2h45
Année
de production : 1966
En
pleine guerre de Sécession, trois crapules se combattent pour s’approprier un
fabuleux magot.
« Le bon,
la brute et le truand » marque la fin du cycle de « La trilogie des
dollars » et en reprend les ingrédients habituels : musique
lancinante de Morricone, étirement de la durée, immenses silences, utilisation du
grand angle, zooms arrière et travellings à profusion, acteurs charismatiques
jouant des anti-héros crasseux et cyniques, clins d’œil et scènes devenues
mythiques comme le dénouement final, fantastique duel à trois dans un
cimetière. Cette scène marquera la fin de la collaboration entre Clint Eastwood
et Sergio Leone. Le comédien craignait en effet de se laisser enfermer dans un
archétype mais plus tard, devenu réalisateur, il rendra hommage au western
spaghetti en incarnant à nouveau « L’homme sans nom » dans L’homme
des hautes plaines.
Avec
Henry Fonda, Claudia Cardinale, Charles Bronson, Jason Robards
Film
italo américain
Genre :
western
Durée :
2h35
Année
de production : 1969
Un hors-la-loi
et un énigmatique joueur d’harmonica font cause commune pour éliminer un tueur.
Avec
ce film, point culminant du western spaghetti, Leone accentuait tous les codes
narratifs, dramaturgiques et stylistiques du western pour les porter à
l’incandescence et les tester jusqu’à leur point de rupture. Il écrivait ainsi le chant du cygne d’un
genre pourtant déjà mort depuis quelques années. La mort pèse d'ailleurs d’un poids non
négligeable sur l’ensemble du film qui peut être vu comme une sorte de danse macabre. De ce sang versé, naît une
nation. Effectivement. Alors que les deux hommes s'affrontent, le train arrive
aux portes d'une ville en pleine construction. Le territoire des héros de
l'Ouest est remplacé par une société naissante. La modernité est aussi incarnée
par le personnage de Jill McBain, première femme forte dans l’univers de Leone. Comme toujours chez Leone tout est
techniquement parfait. Avec une alternance de plans larges et de gros plans si
spécifiques sur les regards, le réalisateur livre une démonstration de mise en scène. De plus, au scénario on trouve Dario Argento et Bernardo Bertolucci qui signent leur plus
beau script et c’est toujours le grand Ennio
Morricone qui se charge de la
bande son. Le casting est également parfait : Claudia Cardinale est hypnotisante de
beauté, Jason Robards
nonchalant et naturel, Henry Fonda incarne la figure du mal absolu et Charles
Bronson est tout bonnement magnétique.
Avec
Rod Steiger, James Coburn, Romolo Valli, Maria Monti
Film italien
Genre : western
Durée :
2h36
Année
de production : 1970
Un
aventurier irlandais spécialiste des explosifs, devient un héros de la
révolution mexicaine.
Il
était une fois la révolution commence comme un western mais s’en détourne
rapidement pour évoluer vers une
fresque historique et lyrique. Leone traite une nouvelle fois de la fin d’un
monde, celle du temps des cow-boys balayés par la marche de l’Histoire et
dépassés par de nouveaux enjeux : les banques ne sont plus remplies d’or,
mais de prisonniers politiques prêts à reprendre les armes mais le metteur en
scène démonte l’idéal de la révolution, en
montrant qu’il n’entraîne que la mort et l’échec. Ce film est sans doute
le plus sombre et le plus violent de Sergio Leone. Une puissance
visuelle inouïe au service d’une vision désenchantée de la politique.
Avec Robert De Niro, James Woods, Elizabeth Mc
Govern, Treat Williams
Film
américain
Genre :
drame
Durée :
3h40
Année
de production : 1984
Des
années après un terrible drame, un trafiquant se souvient de ses débuts dans le
milieu.
Après la conquête de l’ouest,
Sergio Leone change radicalement de genre et d’époque. Il était une fois en
Amérique est en effet un film de gangsters qui se déploie sur une bonne moitié
du XXème siècle, du début des années 1920 à la fin des années 1960. Le metteur en scène réussit une fresque flamboyante, superbement
réalisée et interprétée. Près de trente ans après,
le film garde son pouvoir de fascination et aura entre-temps inspiré plusieurs
cinéastes, à commencer par Scorsese qui reprendra les mêmes Joe Pesci et Robert
De Niro dans Les affranchis et Casino. Le chef-d’œuvre ultime de Sergio Leone.