Cinéaste franco-belge, 1928-2019
La
pointe courte
Réalisé
par Agnès Varda
Avec
Silvia Monfort, Philippe Noiret
drame
1h29
1955
France
Un
couple sur le point de se séparer, se questionne dans les lieux que
la femme découvre, là où l'homme a été élevé, un petit village
de pêcheurs près de Sète, La Pointe Courte. Des pêcheurs de
coquillages s'organisent pour défendre leurs droits, les familles
ont des tracas et des histoires de voisinage. Le couple est en crise
: ils dialoguent. Ceux de La Pointe Courte se réunissent pour les
Joutes. C'est une double chronique - un couple et un groupe, dans la
lumière éblouissante de l‘été.
Premier
film d’Agnès Varda, présenté à Cannes et qui obtient le prix de
L' Age d'or en 1955. Née en Belgique en 1928, Agnès Varda arrive en
France, à Sète, avec sa famille en 1940. Elle débute à 20 ans
comme photographe pour les débuts de Jean Vilar à la
création du Festival d’Avignon en 1948, puis de la troupe TNP,
Théâtre National Populaire. En 1954, elle passe à la réalisation
avec ce film. Moderne, beau, audacieux, novateur depuis l’écriture,
la construction, le cadrage, jusqu’à la direction d’acteurs,
professionnels (Philippe Noiret et Silvia Monfort) ou non (les
habitants du quartier), et le montage (signé Alain Resnais), le
film est précurseur de la Nouvelle vague. Une cinéaste est née.
Agnès Varda (Positif, mars 1962) : « J’avais une idée très
précise dans La Pointe Courte : c’était de proposer deux thèmes,
non pas contradictoire mais qui, mis côte à côte, étaient des
problèmes qui s’annulaient mutuellement. C’étaient : un couple
qui faisait le point, et d’autre part un village qui essayait de
résoudre de façon collective certains problèmes d’existence. Le
film était traité par chapitres, il n’y avait jamais mélange des
deux thèmes, mais possibilité pour le spectateur de les opposer ou
de les superposer. »
André
Bazin (Le Parisien libéré, janvier 1956) : « La Pointe
Courte est un film miraculeux. Par son existence et par son style
(…). C’est un film de femme, je veux dire comme il existe des
romans féminins, ce qui est quasiment unique au cinéma. Ensuite,
l’auteur a adopté un parti pris paradoxal de stylisation dans le
réalisme. Tout est simple et naturel et, en même temps, dépouillé
et composé ».
Réalisé par Agnès Varda
Avec Silvia Monfort, Philippe Noiret
drame
1h29
1955
France
Un couple sur le point de se séparer, se questionne dans les lieux que la femme découvre, là où l'homme a été élevé, un petit village de pêcheurs près de Sète, La Pointe Courte. Des pêcheurs de coquillages s'organisent pour défendre leurs droits, les familles ont des tracas et des histoires de voisinage. Le couple est en crise : ils dialoguent. Ceux de La Pointe Courte se réunissent pour les Joutes. C'est une double chronique - un couple et un groupe, dans la lumière éblouissante de l‘été.
Premier film d’Agnès Varda, présenté à Cannes et qui obtient le prix de L' Age d'or en 1955. Née en Belgique en 1928, Agnès Varda arrive en France, à Sète, avec sa famille en 1940. Elle débute à 20 ans comme photographe pour les débuts de Jean Vilar à la création du Festival d’Avignon en 1948, puis de la troupe TNP, Théâtre National Populaire. En 1954, elle passe à la réalisation avec ce film. Moderne, beau, audacieux, novateur depuis l’écriture, la construction, le cadrage, jusqu’à la direction d’acteurs, professionnels (Philippe Noiret et Silvia Monfort) ou non (les habitants du quartier), et le montage (signé Alain Resnais), le film est précurseur de la Nouvelle vague. Une cinéaste est née. Agnès Varda (Positif, mars 1962) : « J’avais une idée très précise dans La Pointe Courte : c’était de proposer deux thèmes, non pas contradictoire mais qui, mis côte à côte, étaient des problèmes qui s’annulaient mutuellement. C’étaient : un couple qui faisait le point, et d’autre part un village qui essayait de résoudre de façon collective certains problèmes d’existence. Le film était traité par chapitres, il n’y avait jamais mélange des deux thèmes, mais possibilité pour le spectateur de les opposer ou de les superposer. »
André Bazin (Le Parisien libéré, janvier 1956) : « La Pointe Courte est un film miraculeux. Par son existence et par son style (…). C’est un film de femme, je veux dire comme il existe des romans féminins, ce qui est quasiment unique au cinéma. Ensuite, l’auteur a adopté un parti pris paradoxal de stylisation dans le réalisme. Tout est simple et naturel et, en même temps, dépouillé et composé ».
Cléo
de 5 à 7
Réalisé
par Agnès Varda
Avec
Corinne Marchand, Antoine
Bourseiller, Dominique
Davray
Drame
1h30
1962
France
Cléo,
belle et chanteuse, attend les résultats d'une analyse médicale. De
la superstition à la peur, de la rue de Rivoli au Café de Dôme, de
la coquetterie à l'angoisse, de chez elle au Parc Montsouris, Cléo
vit quatre-vingt-dix minutes particulières. Son amant, son musicien,
une amie puis un soldat lui ouvrent les yeux sur le monde.
De
Cannes 1962 à Cannes 2012, où il fut montré en version
restaurée, Cléo
de 5 à 7 n'a
pas pris une ride. Petit bijou de rigueur et de liberté, il est l'un
des films les plus aimés de la Nouvelle Vague. Madonna elle-même
voulut en faire un remake… Quand Cléo de 5 à 7 sort
dans les salles, le 11 avril 1962, Agnès Varda a presque trente-cinq
ans. Et un long métrage de fiction à son actif : La
Pointe courte, que les historiens considèrent aujourd'hui comme
le tout premier film de la Nouvelle Vague. Un cinéma de rue, libre,
inventif, affranchi des contraintes du studio, à rebours du
poussiéreux « cinéma de papa ». Mais contrairement aux
« jeunes turcs », Varda fait sa révolution sans monter
sur les barricades, avec une grâce discrète, bien à elle. Après
l'Ecole du Louvre à Paris, son apprentissage s'est fait sur le tas –
elle a travaillé en tant que photographe au TNT de Jean Vilar –
sans passage par la critique ou la théorie. Entre ses 20 et ses 30
ans, cette « innocente de cinéma » jure n'avoir vu
qu'une poignée de films : Blanche-Neige et les sept nains, Quai des
brumes, Les Enfants du paradis et Guernica, un court métrage d'Alain
Resnais. Son rapport au cinéma est viscéral et ludique. « Ma
différence avec les cinéastes de la Nouvelle Vague, c'est que j'ai
toujours été plus intéressée par la structure d'un film que par
son histoire. Pour Cléo, il s'agissait de relever le défi d'une
narration contrainte par le temps et la géographie. » Ou
comment raconter le (vrai) trajet d'un personnage en temps réel. Le
tout en deux parties distinctes de quarante-cinq minutes chacune
: dans la première, Cléo est regardée, dans la seconde, c'est elle
qui regarde. Attaché de presse du film à sa sortie, Bertrand
Tavernier se souvient que « Cléo parlait d'un sujet très
occulté dans le cinéma, peu prisé par les financiers et les
producteurs : la peur de la maladie, du cancer qui en plus ici menace
une jeune femme. Agnès Varda en parlait avec chaleur, émotion, sans
voyeurisme ni sentimentalisme, jouant sur la dramaturgie du temps et
introduisant dans le dernier tiers une histoire d'amour et l'ombre de
la guerre d'Algérie. Il y avait là une approche neuve, directe,
réaliste et ludique. » C'est par l'intermédiaire de
Jacques Demy, avec qui elle vit rue Daguerre, qu'Agnès Varda
rencontre le producteur de Cléo. Il s'appelle Georges de
Beauregard et vient de fonder sa société : Rome-Paris-Films. D'A
bout de souffle, de Godard au premier film de Demy, Lola, Beauregard
a déjà un beau tableau de chasse. Quand Varda le sollicite, il
vient de produire Léon Morin, prêtre, de Melville. A l'époque, la
jeune femme chérit le projet d'un film en couleurs et en costumes
entre Sète et Venise : La Mélangite. Beauregard refuse : trop
cher, trop ambitieux. Second assistant sur Cléo, le tout jeune Marin
Karmitz est présent au rendez-vous. « Georges de Beauregard
nous avait convoqués dans son bureau : « Voilà, je dispose de
800 000 mille francs, vous avez cette somme pour faire le film,
maintenant disparaissez et revenez avec le film, je ne veux plus vous
voir. » Jamais à court, Varda réagit vite, en proposant de
suivre une femme dans Paris, et de tourner en noir et blanc. « J’ai
imaginé un personnage marchant dans la ville. J’ai pensé au
maître de Jacques le Fataliste. Il est devenu une
chanteuse déambulant dans Paris, affolée par la peur du cancer.
Souvent accompagnée par sa gouvernante fataliste, Cléo attend le
résultat d’une analyse médicale. La peur la réveille. »
Entre Varda et Beauregard, le courant passe : « On n'avait rien
à se dire et on se faisait totalement confiance. » Séduit par
la vivacité de la jeune femme, le producteur n'a qu'une exigence :
« Ne prononcez pas le mot cancer, ça porte le malheur. »
Dans
son film, Varda veut des chansons – « dans ma vie idéale, je
suis chanteuse ». Elle demande à Michel Legrand, complice de
Demy depuis Lola, de composer des mélodies. Elle se charge des
paroles. Reste le casting. Là encore, Lola inspire Varda puisque
Corinne Marchand, qu'elle choisit pour incarner Cléo, est l'une des
danseuses de l'El Dorado, le cabaret nantais où chante Anouk Aimée
dans le film. « Mon assistant, Bernard Toublanc-Michel l’avait
repérée au Théâtre Mogador où elle jouait une Américaine en
bermuda auprès de Georges Guétary. » Il suggère à Demy d'en
faire une fille du dancing, Daisy : c'est ainsi que la jeune actrice
se retrouve en body, bibi et bas résille sur le plateau de Lola.
« C'est là que je l'ai repérée à mon tour, se souvient
Varda. Elle était la définition même de la beauté. »
Sculpturale mais sensible, belle et fragile, la blonde Corinne
Marchand restera à jamais associée à Cléo. Le
début du tournage est fixé au 21 mars. Varda y tient « pour
capter dans Paris le passage merveilleux de l'hiver au printemps avec
les jardins passant du dessin à la plume à la peinture
impressionniste ». Faute de pouvoir boucler le financement en
temps voulu, elle est contrainte de repousser la date. Pendant deux
jours, elle pleure « ce rendez-vous manqué avec le premier
jour du printemps », avant de faire mieux que de faire avec…
Le tournage commence donc le 21 juin, jour le plus long de l'année.
On filme dans l'ordre chronologique du scénario, ce qui est rare ;
de nombreuses scènes sont même mises en boîte exactement à
l'heure où elles sont censées se dérouler dans le film. Soucieuse
de réaliser « un documentaire subjectif », Varda
privilégie une lumière réaliste. Celle de Paris l'été. Mais pour
les séquences du parc, où Cléo rencontre Antoine, elle veut une
atmosphère irréelle, un halo de coton. Rendez-vous est pris, à
l'aube. « Pour accentuer l'effet de blancheur, Jean Rabier, le
chef opérateur, a eu l'idée de tourner avec un filtre vert. C'est
grâce à cette astuce technique que les pelouses ont l'air
immaculé. » La reproduction d'une toile de Baldung Grien est
punaisée sur le tournage : une jeune fille nue tenue par les cheveux
par une Mort hideuse. Sort cruel qu'Agnès garde en tête pour mettre
en scène le duel entre son héroïne et sa maladie. Heureusement
pour elle, sa vie du moment tient plutôt de la bulle de bonheur. En
dehors du vaste appartement de Cléo – un hangar désaffecté
déniché par Marin Karmitz à Belleville – tous les lieux de
tournage sont rive gauche : non loin de la rue Daguerre, le nid des
Varda-Demy. Jacques passe de temps en temps embrasser sa femme, et
quand elle tourne au parc Montsouris – « J'adore ce parc, et
je voulais que la nature enveloppe Cléo, qu'elle ait sur elle un
effet apaisant » – il n'est pas rare que la petite équipe
voie débarquer la fille d'Agnès, Rosalie, 3 ans, et sa baby-sitter.
« Certains veulent la gloire, l'argent, le bonheur. J'avais le
cinéma et l'amour. What else ? » Varda s'inquiète pourtant.
Cette histoire de chanteuse malade ne risque-t-elle pas d'ennuyer le
spectateur ? Pour le divertir, et figurer le passage d'une Cléo
égotiste, fascinée par les miroirs, à une Cléo tournée vers les
autres, elle imagine un petit court métrage burlesque et muet. Comme
une mini-pause bonbon. Elle réunit sur le pont Mac Donald
Jean-Claude Brialy, Sami Frey, Eddie Constantine, Danielle Delorme,
Yves Robert et surtout Jean-Luc Godard et Anna Karina. « Leurs
amours étaient juvéniles, violentes et inventives. » Amie du
couple, Varda voulait montrer les beaux yeux de Godard, lui faire
enlever ses lunettes noires… « La lumière de ce jour-là et
la bonne humeur générale reste pour moi un souvenir qui symbolise
la Nouvelle Vague telle que nous l'avons vécue, l'imagination au
pouvoir et l'amitié en action. »
Studio Publicis,
Champs-Elysées, 2 avril 1962. Cléo est diffusé en avant-première.
A la sortie de la salle, Varda et son équipe ont préparé des
questionnaires à l'attention des spectateurs. Parmi eux, un certain
Serge Daney, alors étudiant. « Les gens se demandaient si Cléo
allait mourir ou non. Beaucoup comprenaient que le plus important
était surtout de savoir si la peur de mourir lui avait permis de
changer. Ça me rendait heureuse. » Sorti le 11 avril, la même
semaine que La Guerre des boutons, blockbuster comique de l'époque
(plus de 8 millions d'entrées tout de même), Cléo de 5 à 7 est à
l'affiche de trois salles parisiennes seulement : le Studio Publicis,
le Gaumont Rive gauche, rue de Rennes, et le Vendôme, avenue de
l'Opéra. Il reste des mois à l'affiche et réalise plus de 500 000
entrées. Positif exulte, au point de consacrer sa couverture au
film. « Cléo est donc en même temps le plus libre des
films et le plus prisonnier de contraintes, le plus naturel et le
plus formel, le plus réaliste et le plus précieux, le plus émouvant
à voir et le plus beau à regarder. » C'est Roger Tailleur qui
signe la critique, un « texte magnifique, peut-être le plus
beau écrit sur Cléo, et qui fit très plaisir à Agnès »,
se souvient Tavernier. A la traîne, Les Cahiers du cinéma suivent,
avec un texte assez sibyllin sur « le triomphe de la femme »
: « Cent minutes élégantes, subtiles, plaisantes, justes,
inimitables, spirituelles, effrontées, douces, musicales, limpides,
morales, qui prouveront qu'une femme est une femme. » Celle
qu'une édition spéciale des Cahiers (décembre 1962) qualifiera de
« Zola femelle » manquant « parfois un peu
d'instinct féminin » (!!) inspirait une certaine défiance à
la bande des Cahiers. « Quand La Pointe courte est sortie,
Truffaut avait titré : “La Pointe sèche”. Comme Rohmer,
Chabrol, Rivette, il vivait rive droite, connaissait le cinéma
américain sur le bout des doigts. Avec Jacques, on habitait le 14e
et on vivait comme deux sauvages, fréquentant surtout Alain Resnais
(le monteur de La Pointe courte, ndlr) et Chris Marker. On avait le
cœur à gauche. » Quant à Jean-Louis Bory, visionnaire dans
Arts, il compare l'importance Cléo de 5 à 7 dans l'histoire du
cinéma à celle de Mrs Dalloway en littérature. « Virginia
Woolf du cinéma moderne », Agnès Varda ? Réalisatrice
audacieuse en tous cas, qui cultive l'art de s'engager mine de rien.
Cléo de 5 à 7 est un film pacifiste – « Avec moi, vous
auriez toujours peur, dit le jeune soldat à Cléo. Moi, mourir pour
rien me désole. Donner sa vie à la guerre, c’est triste. J’aurais
préféré mourir d’amour » – autant que féministe. Au
bout de quarante-cinq minutes, Cléo met une petite robe noire,
arrache sa perruque, sort de la coquetterie pour aller vers les
autres. « Pour moi, le premier acte féministe c'est de lever
les yeux de son nombril ou de sa cuisine et de se mettre à regarder
autour de soi. » A l'époque, l'écrasante majorité des
cinéastes sont des hommes. « La notion de féminisme n'était
pas très à la mode, rappelle Tavernier, et ne constituait pas un
des chevaux de bataille de la critique. On insista beaucoup sur le
fait que c'était un film écrit et réalisé par une femme et, dans
mon souvenir, ce fut plus important que le propos, la morale du film.
» Mais pour Agnès Varda, qui se souvient des leçons de
Vilar, la difficulté n'est pas d'être une femme réalisatrice mais
de faire un cinéma à la fois radical et populaire. « A l'aube
des années 60, quelques autres femmes étaient comme moi passées
derrière la caméra mais j'ose dire qu'elles n'avaient pas d'autre
ambition que de raconter de bonnes histoires, de bien diriger leurs
acteurs, ou d'adapter des pièces du boulevard. » Sélectionné
au Festival de Cannes 1962, Cléo de 5 à 7 est montré en
compétition officielle. « Avec Corinne, on était comme deux
godiches, on ne connaissait personne ». Le film repart
bredouille mais sa présence sur la Croisette lui sert de formidable
rampe de lancement. Il se vend partout dans le monde. A l'automne, il
est projeté au Festival de Venise, où Varda rencontre pour la
première fois Bertolucci, qui devient un ami. Elle reçoit des
propositions pour tourner des vies de chanteuses, décline notamment
la réalisation d'un biopic sur Edith Piaf…
Dans
les années 80, c'est encore une chanteuse, Madonna herself, qui
manifeste son désir de faire un remake de Cléo. « Il suffit
de la regarder pour comprendre pourquoi elle s'est identifiée à mon
héroïne. Même blondeur, même beauté. Elle a fait faire un
scénario, qui ne convenait pas. Et puis, je crois qu'elle a perdu sa
mère d'un cancer. Alors, forcément, l'histoire de Cléo… »
Télérama
Dans son film, Varda veut des chansons – « dans ma vie idéale, je suis chanteuse ». Elle demande à Michel Legrand, complice de Demy depuis Lola, de composer des mélodies. Elle se charge des paroles. Reste le casting. Là encore, Lola inspire Varda puisque Corinne Marchand, qu'elle choisit pour incarner Cléo, est l'une des danseuses de l'El Dorado, le cabaret nantais où chante Anouk Aimée dans le film. « Mon assistant, Bernard Toublanc-Michel l’avait repérée au Théâtre Mogador où elle jouait une Américaine en bermuda auprès de Georges Guétary. » Il suggère à Demy d'en faire une fille du dancing, Daisy : c'est ainsi que la jeune actrice se retrouve en body, bibi et bas résille sur le plateau de Lola. « C'est là que je l'ai repérée à mon tour, se souvient Varda. Elle était la définition même de la beauté. » Sculpturale mais sensible, belle et fragile, la blonde Corinne Marchand restera à jamais associée à Cléo. Le début du tournage est fixé au 21 mars. Varda y tient « pour capter dans Paris le passage merveilleux de l'hiver au printemps avec les jardins passant du dessin à la plume à la peinture impressionniste ». Faute de pouvoir boucler le financement en temps voulu, elle est contrainte de repousser la date. Pendant deux jours, elle pleure « ce rendez-vous manqué avec le premier jour du printemps », avant de faire mieux que de faire avec… Le tournage commence donc le 21 juin, jour le plus long de l'année. On filme dans l'ordre chronologique du scénario, ce qui est rare ; de nombreuses scènes sont même mises en boîte exactement à l'heure où elles sont censées se dérouler dans le film. Soucieuse de réaliser « un documentaire subjectif », Varda privilégie une lumière réaliste. Celle de Paris l'été. Mais pour les séquences du parc, où Cléo rencontre Antoine, elle veut une atmosphère irréelle, un halo de coton. Rendez-vous est pris, à l'aube. « Pour accentuer l'effet de blancheur, Jean Rabier, le chef opérateur, a eu l'idée de tourner avec un filtre vert. C'est grâce à cette astuce technique que les pelouses ont l'air immaculé. » La reproduction d'une toile de Baldung Grien est punaisée sur le tournage : une jeune fille nue tenue par les cheveux par une Mort hideuse. Sort cruel qu'Agnès garde en tête pour mettre en scène le duel entre son héroïne et sa maladie. Heureusement pour elle, sa vie du moment tient plutôt de la bulle de bonheur. En dehors du vaste appartement de Cléo – un hangar désaffecté déniché par Marin Karmitz à Belleville – tous les lieux de tournage sont rive gauche : non loin de la rue Daguerre, le nid des Varda-Demy. Jacques passe de temps en temps embrasser sa femme, et quand elle tourne au parc Montsouris – « J'adore ce parc, et je voulais que la nature enveloppe Cléo, qu'elle ait sur elle un effet apaisant » – il n'est pas rare que la petite équipe voie débarquer la fille d'Agnès, Rosalie, 3 ans, et sa baby-sitter. « Certains veulent la gloire, l'argent, le bonheur. J'avais le cinéma et l'amour. What else ? » Varda s'inquiète pourtant. Cette histoire de chanteuse malade ne risque-t-elle pas d'ennuyer le spectateur ? Pour le divertir, et figurer le passage d'une Cléo égotiste, fascinée par les miroirs, à une Cléo tournée vers les autres, elle imagine un petit court métrage burlesque et muet. Comme une mini-pause bonbon. Elle réunit sur le pont Mac Donald Jean-Claude Brialy, Sami Frey, Eddie Constantine, Danielle Delorme, Yves Robert et surtout Jean-Luc Godard et Anna Karina. « Leurs amours étaient juvéniles, violentes et inventives. » Amie du couple, Varda voulait montrer les beaux yeux de Godard, lui faire enlever ses lunettes noires… « La lumière de ce jour-là et la bonne humeur générale reste pour moi un souvenir qui symbolise la Nouvelle Vague telle que nous l'avons vécue, l'imagination au pouvoir et l'amitié en action. »
Studio Publicis, Champs-Elysées, 2 avril 1962. Cléo est diffusé en avant-première. A la sortie de la salle, Varda et son équipe ont préparé des questionnaires à l'attention des spectateurs. Parmi eux, un certain Serge Daney, alors étudiant. « Les gens se demandaient si Cléo allait mourir ou non. Beaucoup comprenaient que le plus important était surtout de savoir si la peur de mourir lui avait permis de changer. Ça me rendait heureuse. » Sorti le 11 avril, la même semaine que La Guerre des boutons, blockbuster comique de l'époque (plus de 8 millions d'entrées tout de même), Cléo de 5 à 7 est à l'affiche de trois salles parisiennes seulement : le Studio Publicis, le Gaumont Rive gauche, rue de Rennes, et le Vendôme, avenue de l'Opéra. Il reste des mois à l'affiche et réalise plus de 500 000 entrées. Positif exulte, au point de consacrer sa couverture au film. « Cléo est donc en même temps le plus libre des films et le plus prisonnier de contraintes, le plus naturel et le plus formel, le plus réaliste et le plus précieux, le plus émouvant à voir et le plus beau à regarder. » C'est Roger Tailleur qui signe la critique, un « texte magnifique, peut-être le plus beau écrit sur Cléo, et qui fit très plaisir à Agnès », se souvient Tavernier. A la traîne, Les Cahiers du cinéma suivent, avec un texte assez sibyllin sur « le triomphe de la femme » : « Cent minutes élégantes, subtiles, plaisantes, justes, inimitables, spirituelles, effrontées, douces, musicales, limpides, morales, qui prouveront qu'une femme est une femme. » Celle qu'une édition spéciale des Cahiers (décembre 1962) qualifiera de « Zola femelle » manquant « parfois un peu d'instinct féminin » (!!) inspirait une certaine défiance à la bande des Cahiers. « Quand La Pointe courte est sortie, Truffaut avait titré : “La Pointe sèche”. Comme Rohmer, Chabrol, Rivette, il vivait rive droite, connaissait le cinéma américain sur le bout des doigts. Avec Jacques, on habitait le 14e et on vivait comme deux sauvages, fréquentant surtout Alain Resnais (le monteur de La Pointe courte, ndlr) et Chris Marker. On avait le cœur à gauche. » Quant à Jean-Louis Bory, visionnaire dans Arts, il compare l'importance Cléo de 5 à 7 dans l'histoire du cinéma à celle de Mrs Dalloway en littérature. « Virginia Woolf du cinéma moderne », Agnès Varda ? Réalisatrice audacieuse en tous cas, qui cultive l'art de s'engager mine de rien. Cléo de 5 à 7 est un film pacifiste – « Avec moi, vous auriez toujours peur, dit le jeune soldat à Cléo. Moi, mourir pour rien me désole. Donner sa vie à la guerre, c’est triste. J’aurais préféré mourir d’amour » – autant que féministe. Au bout de quarante-cinq minutes, Cléo met une petite robe noire, arrache sa perruque, sort de la coquetterie pour aller vers les autres. « Pour moi, le premier acte féministe c'est de lever les yeux de son nombril ou de sa cuisine et de se mettre à regarder autour de soi. » A l'époque, l'écrasante majorité des cinéastes sont des hommes. « La notion de féminisme n'était pas très à la mode, rappelle Tavernier, et ne constituait pas un des chevaux de bataille de la critique. On insista beaucoup sur le fait que c'était un film écrit et réalisé par une femme et, dans mon souvenir, ce fut plus important que le propos, la morale du film. » Mais pour Agnès Varda, qui se souvient des leçons de Vilar, la difficulté n'est pas d'être une femme réalisatrice mais de faire un cinéma à la fois radical et populaire. « A l'aube des années 60, quelques autres femmes étaient comme moi passées derrière la caméra mais j'ose dire qu'elles n'avaient pas d'autre ambition que de raconter de bonnes histoires, de bien diriger leurs acteurs, ou d'adapter des pièces du boulevard. » Sélectionné au Festival de Cannes 1962, Cléo de 5 à 7 est montré en compétition officielle. « Avec Corinne, on était comme deux godiches, on ne connaissait personne ». Le film repart bredouille mais sa présence sur la Croisette lui sert de formidable rampe de lancement. Il se vend partout dans le monde. A l'automne, il est projeté au Festival de Venise, où Varda rencontre pour la première fois Bertolucci, qui devient un ami. Elle reçoit des propositions pour tourner des vies de chanteuses, décline notamment la réalisation d'un biopic sur Edith Piaf…
Dans les années 80, c'est encore une chanteuse, Madonna herself, qui manifeste son désir de faire un remake de Cléo. « Il suffit de la regarder pour comprendre pourquoi elle s'est identifiée à mon héroïne. Même blondeur, même beauté. Elle a fait faire un scénario, qui ne convenait pas. Et puis, je crois qu'elle a perdu sa mère d'un cancer. Alors, forcément, l'histoire de Cléo… »
Télérama
Le
bonheur
Réalisé
par Agnès Varda
Avec
Jean-Claude Drouot, Claire
Drouot, Marie-France Boyer
Drame,
Romance
1h19
1965
France
Un
menuisier aime sa femme, ses enfants et la nature. Ensuite il
rencontre une autre femme, une postière, qui ajoute du bonheur à
son bonheur. Toujours très amoureux de sa femme, il ne veut pas se
priver, ni se cacher, ni mentir.
Agnès
Varda mise au ban de la société ? Impossible à imaginer, tant la
cinéaste s’est signalée par son ouverture au monde, sa curiosité
généreuse pour toutes les vies croisées sur son chemin. Mais
avec Le Bonheur, elle fit scandale en jouant avec la
représentation dudit bonheur. Celui de François et de Thérèse est
parfait, ils s’aiment autant qu’ils aiment leurs deux enfants. Et
c’est vraiment beau : dans les décors de la banlieue parisienne
des années 1960, Varda trouve un mur bleu, un camion rouge, une
publicité jaune, des éclats pop qui sont comme des sourires. D’une
robe à fleurs, elle fait une image de la joie. Jean-Claude Drouot et
sa femme, qu’elle a choisis pour jouer François et Thérèse, sont
parfaitement assortis à cet univers, l’un et l’autre lumineux,
harmonieux. Mais ce bonheur ressemble déjà au souvenir mélancolique
des jours heureux et un peu de tristesse s’y mêle, qui finira par
éclater sous le soleil : François s’éprend d’une autre femme,
postière. Ce mari infidèle veut croire que ses deux amours
s’additionnent. Varda le laisse faire erreur, sans le juger. C’est
ce qu’on lui reprocha. Ne pas condamner la faute morale. Pourtant,
la noirceur surgit dans le film avec une force punitive. Mais dans ce
mélange de joie et de tristesse, la cinéaste puisait d’abord une
réflexion très personnelle sur les nuances de la vie, et de la vie
de couple surtout. Entre éclats de lumière et zones d’ombre,
émerveillement et peur.
Les
créatures
Réalisé
par Agnès Varda
Avec
Catherine Deneuve, Michel
Piccoli, Eva Dahlbeck
Comédie
dramatique
1h32
1966
France
Ce
film raconte une double histoire : la vie d'un couple et la naissance
d'un roman. Edgar et Milène vivent comme des reclus, ils ne peuvent
pas dialoguer, mais ils s'aiment, et leur amour va donner la vie à
un enfant. Quant au roman d'Edgar, il naît de rien, à première
vue, car Edgar se promène seul dans l'île de Noirmoutier. Au hasard
de ses promenades, il rencontre des personnages quotidiens, qui
deviennent, transformés ou imaginés, les " créatures "
de son roman, les pions d'un jeu de l'échec qu'il invente. Les "
créatures " prennent vie au cours d'une partie serrée dans
laquelle Edgar défend non seulement ses convictions, mais aussi son
amour.
Les
Créatures est un film français écrit et réalisé par Agnès
Varda. Le film paraît tout d’abord abscons et il faut attendre le
dernier tiers pour mieux en comprendre le sens, une partie plus
brillante avec « le jeu des créatures » qui explique le titre.
Agnès Varda aborde plusieurs thèmes : la solitude de l’écrivain,
l’inspiration et la confusion qu’elle crée, l’enchevêtrement
de l’imaginaire dans le réel, le couple qui, même avec amour,
peut n’être qu’une juxtaposition de solitudes, l’amour
salvateur. Le menu est donc copieux mais, hélas, la forme nous coupe
l’appétit. Les effets, qu’ils soient scénaristiques ou de
montage, paraissent souvent maladroits et trop présents, la musique
de Pierre Barbaud (l’inventeur de la musique algorithmique) dérange
plus qu’elle ne crée une atmosphère, l’ensemble apparait pataud
et abscons. Les Créatures est certes original, Agnès
Varda explore des voies, mais il est préférable d’en avoir le
mode d’emploi pour l’apprécier !
Réalisé par Agnès Varda
Avec Jean-Claude Drouot, Claire Drouot, Marie-France Boyer
Drame, Romance
1h19
1965
France
Un menuisier aime sa femme, ses enfants et la nature. Ensuite il rencontre une autre femme, une postière, qui ajoute du bonheur à son bonheur. Toujours très amoureux de sa femme, il ne veut pas se priver, ni se cacher, ni mentir.
Agnès Varda mise au ban de la société ? Impossible à imaginer, tant la cinéaste s’est signalée par son ouverture au monde, sa curiosité généreuse pour toutes les vies croisées sur son chemin. Mais avec Le Bonheur, elle fit scandale en jouant avec la représentation dudit bonheur. Celui de François et de Thérèse est parfait, ils s’aiment autant qu’ils aiment leurs deux enfants. Et c’est vraiment beau : dans les décors de la banlieue parisienne des années 1960, Varda trouve un mur bleu, un camion rouge, une publicité jaune, des éclats pop qui sont comme des sourires. D’une robe à fleurs, elle fait une image de la joie. Jean-Claude Drouot et sa femme, qu’elle a choisis pour jouer François et Thérèse, sont parfaitement assortis à cet univers, l’un et l’autre lumineux, harmonieux. Mais ce bonheur ressemble déjà au souvenir mélancolique des jours heureux et un peu de tristesse s’y mêle, qui finira par éclater sous le soleil : François s’éprend d’une autre femme, postière. Ce mari infidèle veut croire que ses deux amours s’additionnent. Varda le laisse faire erreur, sans le juger. C’est ce qu’on lui reprocha. Ne pas condamner la faute morale. Pourtant, la noirceur surgit dans le film avec une force punitive. Mais dans ce mélange de joie et de tristesse, la cinéaste puisait d’abord une réflexion très personnelle sur les nuances de la vie, et de la vie de couple surtout. Entre éclats de lumière et zones d’ombre, émerveillement et peur.
Loin
du Vietnam
Réalisé par Joris Ivens, Claude Lelouch, Alain Resnais, Agnès Varda, Chris Marker, Jean-Luc Godard et William Klein
Documentaire
2h
1967
France
En 1967, Fidel Castro décrète cette année comme celle du Vietnam. Joris Ivens, William Klein, Claude Lelouch, Chris Marker, Alain Resnais, Agnès Varda, Jean-Luc Godard, décident de répondre à cet appel et d’affirmer leur soutien au peuple vietnamien en lutte contre les USA.
Loin d'être un documentaire sur le Vietnam, le film propose une réflexion sur cette guerre impérialiste. Chaque cinéaste réalise individuellement une partie comme autant de points de vue et de forme pour un exposé collectif sur ce conflit. Chacun des cinéastes ayant participé à cette expérience collective apporta son style (le reportage pour Joris Ivens ou le commentaire distancié pour Godard) donnant sa forme éclatée au film.
Derrière les noms de ces cinéastes se cachent, plus anonymes, celui des cent-cinquante collaborateur·rices qui travaillèrent tou·tes bénévolement et ne souhaitèrent pas signer individuellement les images ou les textes fournis à l'œuvre collective.
Cette méthode de travail, avant-gardiste pour l'époque, influencera de nombreuses productions qui suivirent dans les années 60 et 70.
Réalisé par Joris Ivens, Claude Lelouch, Alain Resnais, Agnès Varda, Chris Marker, Jean-Luc Godard et William Klein
Documentaire
2h
1967
France
En 1967, Fidel Castro décrète cette année comme celle du Vietnam. Joris Ivens, William Klein, Claude Lelouch, Chris Marker, Alain Resnais, Agnès Varda, Jean-Luc Godard, décident de répondre à cet appel et d’affirmer leur soutien au peuple vietnamien en lutte contre les USA.
Loin d'être un documentaire sur le Vietnam, le film propose une réflexion sur cette guerre impérialiste. Chaque cinéaste réalise individuellement une partie comme autant de points de vue et de forme pour un exposé collectif sur ce conflit. Chacun des cinéastes ayant participé à cette expérience collective apporta son style (le reportage pour Joris Ivens ou le commentaire distancié pour Godard) donnant sa forme éclatée au film.
Derrière les noms de ces cinéastes se cachent, plus anonymes, celui des cent-cinquante collaborateur·rices qui travaillèrent tou·tes bénévolement et ne souhaitèrent pas signer individuellement les images ou les textes fournis à l'œuvre collective.
Cette méthode de travail, avant-gardiste pour l'époque, influencera de nombreuses productions qui suivirent dans les années 60 et 70.
Lions
Love (...and Lies)
Réalisé par Agnès Varda
Avec Viva, Shirley Clarke, Eddie Constantine
Comédie dramatique
1h50
1969
États-Unis
Trois acteurs - Viva, Jim, Jerry sur le chemin de la " staricité " et sur celui non moins difficile de la maturité - vivent dans une maison louée sur une colline de Hollywood. Ils ont tous les trois des crinières de lion. Ils vont vivre à leur façon l'assassinat de Robert Kennedy à travers ce que la télévision en montre, alors que leurs amis ont d'autres problèmes. Le poste de télévision est aussi une star du film.
Jamais diffusé à la télévision, Lions Love est l'un des films les plus rares d'Agnès Varda puisqu'il n'est pas resté longtemps sur les écrans et a eu tendance à passer étrangement inaperçu dans la filmographie de la réalisatrice: "J'ai essayé de comprendre ce que je voyais de l'Amérique. Vu de France, le film a une drôle d'allure. Il est complètement exotique et un peu incompréhensible aux Français qui ont toujours beaucoup critiqué le phénomène hippie sans jamais essayer de le comprendre», explique-t-elle avec du recul.
L'époque est celle de la libération des nouvelles expériences notamment liées à la drogue. Apparemment le tournage correspond bien à l'image qu'on pourrait en avoir aujourd'hui, comme en témoigne la réalisatrice : "Avec Viva, ils fumaient de l'herbe et aussitôt après se déshabillaient complètement, circulant à poil et sans raison parmi les fils électriques. L'équipe aussi fumait pas mal. Tous travaillaient à côté de leurs pompes, dans les vaps. » Le titre original était Lions Love and Lies (Lions, Amours et Mensonges), mais les acteurs l'ont trouvé trop long et trop explicite. C'est parce que le clapman écrivait toujours Lions Love que ce titre est resté. Agnès Varda s'explique sur le choix des mots : "Lions ? Les trois acteurs en ont la crinière et un peu la sauvagerie. Ils se veulent les nouveaux rois de la jungle hollywoodienne. Love ? Pour eux, c'est l'amour à trois. Mais tout est love et in en Californie. Les love-in, les be-in, même les drive-in. Dans les parcs, les salles de concert, les maisons, il y a des fleurs, des sourires, de la marijuana. Lies ? Le mensonge est partout. Les acteurs sont-ils de plus grands menteurs que les politiciens ?", s'interroge-t-elle. Alors que la majorité de ses confrères apprentis-cinéastes est à Paris dans l'effervescence de la "révolution", Agnès Varda est à Los Angeles où elle accompagne Jacques Demy, venu tourner Model Shop pour la Columbia. Installée au sein d'un hôtel de luxe, elle n'entend pourtant pas gâcher son temps à se prélasser et met ainsi en place ce projet sur la culture "flower power" qui souffle sur le monde. Et elle profite de son environnement puisque le tournage s'est effectué sur son lieu même de villégiature !
Hollywood version hippie Ce film se passe en plein milieu de l'époque hippie, cadre de l'histoire d'Agnès Varda. Son projet s'avère cohérent si l'on s'attache aux choix des acteurs tels un certain Jim Morrison ou Jim Rado, à l'origine de la déferlante "Hair", qui se perçoit encore aujourd'hui. En outre, le sujet, un ménage à trois aussi compliqué qu'improbable, est assez significatif du souffle libertaire déferlant sur la jeunesse mondiale. Alors installée à Los Angeles avec son mari Jacques Demy, Agnès Varda tourne Lions Love dans les rues de Californie en 1969. C'est une ville chère à la cinéaste puisqu'elle a également été au coeur du moyen-métrage Uncle Yanco en 1967 et du documentaire Black Panthers en 1968. Elle retournera en Californie dix ans plus tard, pour tourner Murs, Murs et Documenteur. En tout, ce sont donc cinq œuvres de la filmographie d'Agnès Varda qui auront pris pour cadre les Etats-Unis. A l'origine, Agnès Varda voulait que Jim Morrison tienne le premier rôle masculin de Lions Love mais ce dernier aurait décliné la proposition. Néanmoins, de passage sur le tournage pour rencontrer la production, le leader des Doors figure dans la scène d'ouverture du film, mais n'a pas été crédité au générique. Pour sa fiction hippie, Agnès Varda a choisi un trio d'acteurs composé d'icônes emblématiques de la culture américaine des années 70. On y retrouve l'actrice américaine Viva, qui n'était autre que la muse d'Andy Wharol, puis Jim Rado et Gerome Ragni, les auteurs de la comédie musicale à succès "Hair". En entretien, Agnès Varda développait sur le choix du titre complet, Lion Love (… And Lies) : "'Lions' ? Les trois acteurs en ont la crinière et un peu la sauvagerie. Ils se veulent les nouveaux rois de la jungle hollywoodienne. 'Love' ? Pour eux, c'est l'amour à trois. Mais tout est 'love' et 'in' en Californie. Les 'love-in', les 'be-in', même les 'drive-in'. Dans les parcs, les salles de concert, les maisons, il y a des fleurs, des sourires, de la marijuana. 'Lies' ? Le mensonge est partout. Les acteurs sont-ils de plus grands menteurs que les politiciens ? Et faire un film à Hollywood est-ce un documentaire ou une fiction ? Est-ce du cinéma mensonge ? »
Réalisé par Agnès Varda
Avec Viva, Shirley Clarke, Eddie Constantine
Comédie dramatique
1h50
1969
États-Unis
Trois acteurs - Viva, Jim, Jerry sur le chemin de la " staricité " et sur celui non moins difficile de la maturité - vivent dans une maison louée sur une colline de Hollywood. Ils ont tous les trois des crinières de lion. Ils vont vivre à leur façon l'assassinat de Robert Kennedy à travers ce que la télévision en montre, alors que leurs amis ont d'autres problèmes. Le poste de télévision est aussi une star du film.
Jamais diffusé à la télévision, Lions Love est l'un des films les plus rares d'Agnès Varda puisqu'il n'est pas resté longtemps sur les écrans et a eu tendance à passer étrangement inaperçu dans la filmographie de la réalisatrice: "J'ai essayé de comprendre ce que je voyais de l'Amérique. Vu de France, le film a une drôle d'allure. Il est complètement exotique et un peu incompréhensible aux Français qui ont toujours beaucoup critiqué le phénomène hippie sans jamais essayer de le comprendre», explique-t-elle avec du recul.
L'époque est celle de la libération des nouvelles expériences notamment liées à la drogue. Apparemment le tournage correspond bien à l'image qu'on pourrait en avoir aujourd'hui, comme en témoigne la réalisatrice : "Avec Viva, ils fumaient de l'herbe et aussitôt après se déshabillaient complètement, circulant à poil et sans raison parmi les fils électriques. L'équipe aussi fumait pas mal. Tous travaillaient à côté de leurs pompes, dans les vaps. » Le titre original était Lions Love and Lies (Lions, Amours et Mensonges), mais les acteurs l'ont trouvé trop long et trop explicite. C'est parce que le clapman écrivait toujours Lions Love que ce titre est resté. Agnès Varda s'explique sur le choix des mots : "Lions ? Les trois acteurs en ont la crinière et un peu la sauvagerie. Ils se veulent les nouveaux rois de la jungle hollywoodienne. Love ? Pour eux, c'est l'amour à trois. Mais tout est love et in en Californie. Les love-in, les be-in, même les drive-in. Dans les parcs, les salles de concert, les maisons, il y a des fleurs, des sourires, de la marijuana. Lies ? Le mensonge est partout. Les acteurs sont-ils de plus grands menteurs que les politiciens ?", s'interroge-t-elle. Alors que la majorité de ses confrères apprentis-cinéastes est à Paris dans l'effervescence de la "révolution", Agnès Varda est à Los Angeles où elle accompagne Jacques Demy, venu tourner Model Shop pour la Columbia. Installée au sein d'un hôtel de luxe, elle n'entend pourtant pas gâcher son temps à se prélasser et met ainsi en place ce projet sur la culture "flower power" qui souffle sur le monde. Et elle profite de son environnement puisque le tournage s'est effectué sur son lieu même de villégiature !
Hollywood version hippie Ce film se passe en plein milieu de l'époque hippie, cadre de l'histoire d'Agnès Varda. Son projet s'avère cohérent si l'on s'attache aux choix des acteurs tels un certain Jim Morrison ou Jim Rado, à l'origine de la déferlante "Hair", qui se perçoit encore aujourd'hui. En outre, le sujet, un ménage à trois aussi compliqué qu'improbable, est assez significatif du souffle libertaire déferlant sur la jeunesse mondiale. Alors installée à Los Angeles avec son mari Jacques Demy, Agnès Varda tourne Lions Love dans les rues de Californie en 1969. C'est une ville chère à la cinéaste puisqu'elle a également été au coeur du moyen-métrage Uncle Yanco en 1967 et du documentaire Black Panthers en 1968. Elle retournera en Californie dix ans plus tard, pour tourner Murs, Murs et Documenteur. En tout, ce sont donc cinq œuvres de la filmographie d'Agnès Varda qui auront pris pour cadre les Etats-Unis. A l'origine, Agnès Varda voulait que Jim Morrison tienne le premier rôle masculin de Lions Love mais ce dernier aurait décliné la proposition. Néanmoins, de passage sur le tournage pour rencontrer la production, le leader des Doors figure dans la scène d'ouverture du film, mais n'a pas été crédité au générique. Pour sa fiction hippie, Agnès Varda a choisi un trio d'acteurs composé d'icônes emblématiques de la culture américaine des années 70. On y retrouve l'actrice américaine Viva, qui n'était autre que la muse d'Andy Wharol, puis Jim Rado et Gerome Ragni, les auteurs de la comédie musicale à succès "Hair". En entretien, Agnès Varda développait sur le choix du titre complet, Lion Love (… And Lies) : "'Lions' ? Les trois acteurs en ont la crinière et un peu la sauvagerie. Ils se veulent les nouveaux rois de la jungle hollywoodienne. 'Love' ? Pour eux, c'est l'amour à trois. Mais tout est 'love' et 'in' en Californie. Les 'love-in', les 'be-in', même les 'drive-in'. Dans les parcs, les salles de concert, les maisons, il y a des fleurs, des sourires, de la marijuana. 'Lies' ? Le mensonge est partout. Les acteurs sont-ils de plus grands menteurs que les politiciens ? Et faire un film à Hollywood est-ce un documentaire ou une fiction ? Est-ce du cinéma mensonge ? »
L'une
chante, l'autre pas
Réalisé par Agnès Varda
Avec Thérèse Liotard, Valérie Mairesse, Mathieu Demy
Drame
2h
1977
France
Deux jeunes femmes vivent à Paris en 1962. Pauline (17 ans), étudiante, rêve de quitter sa famille pour devenir chanteuse. Suzanne (22 ans) s’occupe de ses deux enfants et fait face au drame du suicide de leur père. La vie les sépare ; chacune vit son combat de femme. Pauline devient chanteuse dans un groupe militant et itinérant après avoir vécu une union difficile en Iran. Suzanne sort peu à peu de sa misère et travaille au Planning familial…
L’UNE CHANTE, L’AUTRE PAS raconte l'histoire d'amitié indéfectible de ces deux femmes sur près de 15 ans. On y rit, on y pleure, on y chante ! Il en fallait, de l’intelligence et de la sensibilité, pour rendre aussi prégnants les enjeux féministes d’une époque bouillonnante – la deuxième moitié des années 1970 – sans se laisser déborder par le didactisme ou la volonté d’asséner des vérités. C’est le prodige qu’accomplissait la grande Agnès Varda avec L’une chante, l’autre pas, chronique de quinze ans d’évolution du droit des femmes. Prodige, car ici le discours politique n’est pas plaqué sur le récit, mais chevillé à l’existence des personnages, soudé à leurs émotions et à leur intimité les plus profondes.
Afin de témoigner de ces évolutions, le récit s’inscrit dans une perspective de temps étendue. Il retrace, entre 1962 et 1976, les parcours croisés de deux jeunes femmes, de l’adolescence à la maturité. « L’une », c’est Pomme (Valérie Mairesse), une lycéenne qui rêve de quitter le domicile familial pour devenir chanteuse. Elle prête main-forte à « l’autre », Suzanne (Thérèse Liotard), concubine d’un photographe et mère de deux enfants, pour avorter clandestinement d’un troisième non désiré. Ce geste fonde leur amitié, mais le suicide du photographe les éloignera durablement l’une de l’autre. Suzanne retournera se morfondre chez ses parents paysans, avant de trouver un emploi au planning familial. Pomme sillonnera les villages au sein d’un groupe folk militant, Orchidées, dont les chansons rythment le film à la façon d’une comédie musicale « beatnik ». Bien que les cheminements de Pomme et Suzanne divergent, ils ne s’en recoupent pas moins à l’endroit d’expériences communes, en ce qui concerne la famille, la conjugalité, la maternité, l’amour – toutes choses qu’elles sont chacune amenées à redéfinir. Mais l’une et l’autre figurent aussi deux façons de traverser un même récit – l’entrée des femmes dans la société française, en amont et en aval de Mai 68 – sur des registres opposés : comique et lyrique pour Pomme, qui exerce sa liberté d’esprit dans la joie, tragique et élégiaque pour Suzanne, qui peine à s’affranchir d’une longue atonie. Registres opposés mais complémentaires, car le montage, alternant les épreuves de l’une avec les pérégrinations de l’autre (ou vice versa), prend la forme d’un grand apprentissage en commun – ce à quoi participe la correspondance qu’elles entretiennent au fil des ans, avec leurs belles lettres lues en voix off. Pomme et Suzanne apprennent, parfois douloureusement, à disposer d’elles-mêmes comme elles l’entendent, dans la France du « procès de Bobigny » (l’avocate Gisèle Halimi apparaît un instant à l’écran). Elles apprennent surtout à résister au chantage intrinsèque à l’amour, qui consiste la plupart du temps à prendre les femmes au piège de la domesticité. Agnès Varda déploie un récit elliptique, toujours en mouvement, et sculpte ses plans, discrètement ornementés, dans un mélange de fixité du cadre et de mouvement des corps, où l’on reconnaît aussi sa patte de photographe. La beauté du film tient à la constance de son regard, sachant dépasser l’exposé politique pour décrire le cours accidenté de la vie, des années qui passent, et ainsi l’y prolonger. Ses dernières images sont consacrées aux enfants, à ces filles qui devront un jour reprendre la lutte au point où leurs mères l’ont menée. Idée d’une continuité bouleversante, où réside peut-être le véritable sujet du film.
Réalisé par Agnès Varda
Avec Thérèse Liotard, Valérie Mairesse, Mathieu Demy
Drame
2h
1977
France
Deux jeunes femmes vivent à Paris en 1962. Pauline (17 ans), étudiante, rêve de quitter sa famille pour devenir chanteuse. Suzanne (22 ans) s’occupe de ses deux enfants et fait face au drame du suicide de leur père. La vie les sépare ; chacune vit son combat de femme. Pauline devient chanteuse dans un groupe militant et itinérant après avoir vécu une union difficile en Iran. Suzanne sort peu à peu de sa misère et travaille au Planning familial…
L’UNE CHANTE, L’AUTRE PAS raconte l'histoire d'amitié indéfectible de ces deux femmes sur près de 15 ans. On y rit, on y pleure, on y chante ! Il en fallait, de l’intelligence et de la sensibilité, pour rendre aussi prégnants les enjeux féministes d’une époque bouillonnante – la deuxième moitié des années 1970 – sans se laisser déborder par le didactisme ou la volonté d’asséner des vérités. C’est le prodige qu’accomplissait la grande Agnès Varda avec L’une chante, l’autre pas, chronique de quinze ans d’évolution du droit des femmes. Prodige, car ici le discours politique n’est pas plaqué sur le récit, mais chevillé à l’existence des personnages, soudé à leurs émotions et à leur intimité les plus profondes.
Afin de témoigner de ces évolutions, le récit s’inscrit dans une perspective de temps étendue. Il retrace, entre 1962 et 1976, les parcours croisés de deux jeunes femmes, de l’adolescence à la maturité. « L’une », c’est Pomme (Valérie Mairesse), une lycéenne qui rêve de quitter le domicile familial pour devenir chanteuse. Elle prête main-forte à « l’autre », Suzanne (Thérèse Liotard), concubine d’un photographe et mère de deux enfants, pour avorter clandestinement d’un troisième non désiré. Ce geste fonde leur amitié, mais le suicide du photographe les éloignera durablement l’une de l’autre. Suzanne retournera se morfondre chez ses parents paysans, avant de trouver un emploi au planning familial. Pomme sillonnera les villages au sein d’un groupe folk militant, Orchidées, dont les chansons rythment le film à la façon d’une comédie musicale « beatnik ». Bien que les cheminements de Pomme et Suzanne divergent, ils ne s’en recoupent pas moins à l’endroit d’expériences communes, en ce qui concerne la famille, la conjugalité, la maternité, l’amour – toutes choses qu’elles sont chacune amenées à redéfinir. Mais l’une et l’autre figurent aussi deux façons de traverser un même récit – l’entrée des femmes dans la société française, en amont et en aval de Mai 68 – sur des registres opposés : comique et lyrique pour Pomme, qui exerce sa liberté d’esprit dans la joie, tragique et élégiaque pour Suzanne, qui peine à s’affranchir d’une longue atonie. Registres opposés mais complémentaires, car le montage, alternant les épreuves de l’une avec les pérégrinations de l’autre (ou vice versa), prend la forme d’un grand apprentissage en commun – ce à quoi participe la correspondance qu’elles entretiennent au fil des ans, avec leurs belles lettres lues en voix off. Pomme et Suzanne apprennent, parfois douloureusement, à disposer d’elles-mêmes comme elles l’entendent, dans la France du « procès de Bobigny » (l’avocate Gisèle Halimi apparaît un instant à l’écran). Elles apprennent surtout à résister au chantage intrinsèque à l’amour, qui consiste la plupart du temps à prendre les femmes au piège de la domesticité. Agnès Varda déploie un récit elliptique, toujours en mouvement, et sculpte ses plans, discrètement ornementés, dans un mélange de fixité du cadre et de mouvement des corps, où l’on reconnaît aussi sa patte de photographe. La beauté du film tient à la constance de son regard, sachant dépasser l’exposé politique pour décrire le cours accidenté de la vie, des années qui passent, et ainsi l’y prolonger. Ses dernières images sont consacrées aux enfants, à ces filles qui devront un jour reprendre la lutte au point où leurs mères l’ont menée. Idée d’une continuité bouleversante, où réside peut-être le véritable sujet du film.
Murs,
murs
Réalisé
par Agnès Varda
Avec
Agnès Varda, Juliet
Berto, Mathieu Demy
Documentaire
1h22
1981
France,
États-Unis
Documentaire
sur les "murals" de Los Angeles, c'est-à-dire les
peintures sur des murs de la ville. Qui les peint. Qui les paye. Qui
les regarde. Comment cette ville, qui est la capitale du cinéma, se
révèle sans trucage - avec ses habitants par ses murs murmurants.
Les murs californiens parlent à une Française qui les découvre.
La
réalisatrice s’est baladée caméra au poing et a sillonné la
ville de long, en large et en travers. Première constatation, vous
ne verrez pas de “murals” dans les quartiers riches tels que
Beverly Hills, Bel Air, Pacific Palisades ou encore Brentwood. La
plupart des “murals”, elle les a déniché dans les quartiers
populaires, ne pas dire pauvres, dans les ghettos. Ce sont dans ces
quartiers qu’on les retrouve, que les gens s’expriment le plus et
laissent libre court à leurs imaginations, tel un exutoire, ils
peignent sur les façades leurs protestations. Les fresques sont
toutes aussi diverses et variées, elles représentent les habitants
de Los Angeles, les membres des gangs abattus en pleine rue, les
oubliés de l'Histoire (les noirs, les asiatiques et les chicanos),
des symboles religieux, … Parfois, elles mettent en scène la vie
de tous les jours, la drogue, la violence de la rue, le racisme, la
guerre et même le cinéma (normal, on est à Hollywood !). On y
croise même des fresques mouvantes (peintes sur des vans ou des
voitures). Mur murs est une invitation au voyage et à la rencontre
de ses minorités trop souvent dénigrés (afro-américains,
portoricains, mexicains et asiatiques). Agnès Varda a eu la
brillante idée de mettre en parallèle les œuvres et leurs
créateurs, afin que ces derniers puissent expliquer dans quel
contexte ils les ont réalisés. C’est une toute autre façon
d’appréhender L.A. et le voyage vaut assurément le coup d’œil.
Documenteur
Réalisé par Agnès Varda
Avec Sabine Mamou, Mathieu Demy, Lisa Blok
Drame
1h03
1981
France, États-Unis
A Los Angeles, une Française, Emilie, séparée de l'homme qu'elle aime, cherche un logement pour elle et son fils de 8 ans, Martin. Elle en trouve un, y installe des meubles récupérés dans les déchets jetés à la rue. Son désarroi est plus exprimé par les autres qu'elle observe que par elle-même, vivant silencieusement un exil démultiplié. Elle tape à la machine face à l'océan. Quelques flashes de sa passion passée la troublent et elle consacre à son fils toute son affection.
Documenteur est très certainement le film le plus triste d'Agnès Varda, et détonne quelque peu dans une filmographie autrement moins déprimée. Comme l'explique la cinéaste, son désir ici était de tourner un film d'ombre à Los Angeles, juste après avoir réalisé Murs, murs (1980), un documentaire coloré et ensoleillé sur les nombreuses peintures murales qui décorent la ville. On retrouve d'ailleurs de nombreuses traces de ce précédent travail dans Documenteur, ne serait-ce que par l'utilisation des belles images de murals qu'Agnès Varda sait si bien filmer. Mais, comme son titre l'indique, ce long-métrage est trompeur : son aspect purement documentaire aurait presque tendance à nous faire oublier qu'il s'agit avant tout d'une œuvre de fiction, basée sur la propre vie de la réalisatrice qui habitait alors à Venice. Le récit fictionnel de Documenteur met donc en scène deux personnages attachants mais surtout très attachés l'un à l'autre, une mère française et son enfant. La première est interprétée par Sabine Mamou qui n'est autre que la monteuse du film possédant une beauté triste, tandis que le jeune garçon est interprété par le fils de la réalisatrice, Mathieu Demy. C'est le désarroi de ce duo en exil qu'Agnès Varda parvient magnifiquement à capter, tout en filmant également le quotidien des êtres paumés qui peuplent la ville. Ici, la Cité des Anges n'est pas dépeinte comme un paysage paradisiaque, mais plutôt comme un lieu morose où les gens ont le visage marqué par la misère et fouillent dans les poubelles. La cinéaste parvient à insuffler à Documenteur une impression d'authenticité, de vérité que l'on ne trouve habituellement pas autre part que dans le cinéma documentaire. Le style de Varda se reflète parfaitement dans ce film où chaque plan témoigne de ses talents de photographe et de sa capacité à montrer le réel. Les yeux du personnage d'Emilie sont la caméra qui observe ces visages d'anonymes, s'oubliant un peu sauf lors de cette belle scène dans laquelle elle se contemple nue dans un miroir. Une poésie du verbe se superpose à la poésie de l'image, dans ce film où une grande importance est accordée à la voix-off récitant des textes et des petits bouts de phrases, s'apparentant aux pensées qui traversent Emilie. Ces phrases, qui sont débitées comme s'il s'agissait d'un flot de réflexions ininterrompu et improvisé, sont l'occasion de jeux sur les mots et leur sens, comme cet amusant « dodo, cucul, maman, vas-tu te taire? ». Finalement, de ce mélange de fiction et de documentaire, cette mosaïque de visages et de mots, se dégage un style très personnel dont poésie et sincérité sont les maitre-mots.
Sans
toit ni loi
Réalisé
par Agnès Varda
Avec
Sandrine Bonnaire, Macha
Méril, Stéphane
Freiss
Drame
1h45
1985
France
Une
jeune fille errante est trouvée morte de froid : c'est un fait
d'hiver. Etait-ce une mort naturelle ? C'est une question de gendarme
ou de sociologue. Que pouvait-on savoir d'elle et comment ont réagi
ceux qui ont croisé sa route ? C'est le sujet du film. La caméra
s'attache à Mona, racontant les deux derniers mois de son errance.
Elle traîne. Installe sa tente près d'un garage ou d'un cimetière.
Elle marche, surtout jusqu'au bout de ses forces.
La
construction du film relève de l'enquête et du puzzle. Agnès Varda
décrit l'errance de son héroïne sans jamais s'apitoyer sur elle et
en lui conservant une réelle opacité. Le film débute par un
constat de gendarmerie et la découverte du corps de la jeune femme,
apparemment morte de froid. Une voix off, celle de la cinéaste,
énonce : « Personne ne réclamant le corps, il passa du
fossé à la fosse commune. Cette morte de mort naturelle ne laissait
pas de traces ; je me demande qui pensait encore à elle parmi
ceux qui l'avaient connue petite ; mais les gens qu'elles
avaient rencontrés se souvenaient d'elle. Ces témoins m'ont permis
de raconter les dernières semaines de son dernier hiver, elle les
avait impressionnés, ils parlaient d'elle sans savoir qu'elle était
morte... »
Varda
montre au départ Mona sortant de l'eau, où elle vient de se laver
dans la mer. Le personnage est filmé en plan général, de très
loin, comme une silhouette au fond du champ. Elle vient de nulle
part. Le film refuse toute explication de type biographique ou
psychologique. Un jour, Mona a décidé de faire seule la route et de
ne jamais s'arrêter sous un toit. Le développement narratif va
représenter, par une douzaine de travellings latéraux ponctuant
tout le film, les longues marches de la routarde à travers les
paysages d'hiver du Languedoc, aride et peu hospitalier, à
contre-courant des images touristiques. La tenue de routarde de Mona
va se dégrader au fil de ses déambulations, comme ses godillots qui
rendent l'âme et ses cheveux qui se graissent. La cinéaste va
s'efforcer de représenter visuellement la crasse et l'odeur
nauséabonde. Elle insiste sur la détresse de son héroïne, mais
aussi sur sa dureté, son intransigeance. Mona est celle qui dit non,
reste farouche et ne doit pas être sympathique, même si elle est
victime d'une violente discrimination sociale. Elle a choisi le
silence et parle le moins possible, garde un visage dur, buté,
fermé. C'est une résistante. Agnès Varda mêle avec brio un
scénario fictionnel et de nombreux éléments documentaires issus de
ses conditions de tournage sur place. Elle utilise des acteurs
professionnels, Sandrine Bonnaire, magistrale de vérité, et
Macha Méril, mais les confronte à des amateurs et des figurants qui
jouent leur propre rôle (les bergers, l'ouvrier marocain). Elle
offre avec Sans toit ni loi une représentation radicale
des mécanismes d'exclusion à l'œuvre dans la société sédentaire
et normative. Elle prolonge cette analyse avec son enquête sur la
récupération de la consommation effrénée avec Les Glaneurs
et la glaneuse (2000). La routarde et la glaneuse sont les deux
faces de l'exclusion.
La construction du film relève de l'enquête et du puzzle. Agnès Varda décrit l'errance de son héroïne sans jamais s'apitoyer sur elle et en lui conservant une réelle opacité. Le film débute par un constat de gendarmerie et la découverte du corps de la jeune femme, apparemment morte de froid. Une voix off, celle de la cinéaste, énonce : « Personne ne réclamant le corps, il passa du fossé à la fosse commune. Cette morte de mort naturelle ne laissait pas de traces ; je me demande qui pensait encore à elle parmi ceux qui l'avaient connue petite ; mais les gens qu'elles avaient rencontrés se souvenaient d'elle. Ces témoins m'ont permis de raconter les dernières semaines de son dernier hiver, elle les avait impressionnés, ils parlaient d'elle sans savoir qu'elle était morte... »
Varda montre au départ Mona sortant de l'eau, où elle vient de se laver dans la mer. Le personnage est filmé en plan général, de très loin, comme une silhouette au fond du champ. Elle vient de nulle part. Le film refuse toute explication de type biographique ou psychologique. Un jour, Mona a décidé de faire seule la route et de ne jamais s'arrêter sous un toit. Le développement narratif va représenter, par une douzaine de travellings latéraux ponctuant tout le film, les longues marches de la routarde à travers les paysages d'hiver du Languedoc, aride et peu hospitalier, à contre-courant des images touristiques. La tenue de routarde de Mona va se dégrader au fil de ses déambulations, comme ses godillots qui rendent l'âme et ses cheveux qui se graissent. La cinéaste va s'efforcer de représenter visuellement la crasse et l'odeur nauséabonde. Elle insiste sur la détresse de son héroïne, mais aussi sur sa dureté, son intransigeance. Mona est celle qui dit non, reste farouche et ne doit pas être sympathique, même si elle est victime d'une violente discrimination sociale. Elle a choisi le silence et parle le moins possible, garde un visage dur, buté, fermé. C'est une résistante. Agnès Varda mêle avec brio un scénario fictionnel et de nombreux éléments documentaires issus de ses conditions de tournage sur place. Elle utilise des acteurs professionnels, Sandrine Bonnaire, magistrale de vérité, et Macha Méril, mais les confronte à des amateurs et des figurants qui jouent leur propre rôle (les bergers, l'ouvrier marocain). Elle offre avec Sans toit ni loi une représentation radicale des mécanismes d'exclusion à l'œuvre dans la société sédentaire et normative. Elle prolonge cette analyse avec son enquête sur la récupération de la consommation effrénée avec Les Glaneurs et la glaneuse (2000). La routarde et la glaneuse sont les deux faces de l'exclusion.
Kung-fu
Master
Réalisé par Agnès Varda
Avec Jane Birkin, Mathieu Demy, Charlotte Gainsbourg
Comédie dramatique
1h20
1988
France
Au cours d'un printemps pluvieux, une femme de presque 40 ans, Mary-Jane, tombe amoureuse ou plutôt glisse amoureuse d'un garçon de presque 15 ans, Julien, camarade de classe de sa fille Lucy. Lui, il essaie de faire partager à Mary-Jane sa passion pour les jeux vidéo, surtout pour " Kung-Fu Master ", un jeu où un karatéka sautillant doit supprimer tous ses adversaires pour délivrer " Sylvia ". Au retour d'une escapade dans une île, tout sera remis en ordre par les familles et les proviseurs. Mary-Jane ne reverra plus Julien. Elle souffre de son silence. L'a-t-il aimée ? S'est-il moqué d'elle ?
Un parfum âcre, voire sulfureux, plane au dessus de ce drame romantique, à proximité immédiate du sujet tabou et en tout cas provocateur d’un malaise indéniable de la pédophilie. Il réussit néanmoins de le traiter sur le ton d’une innocence jamais dupe des implications d’une telle affaire de cœur tortueuse. Il y aurait facilement matière à polémique dans ce film, qui traite avec une délicatesse jamais prise en défaut d’un thème encore plus brûlant de nos jours qu’il y a quarante ans. Car la différence d’âge de près d’un quart de siècle entre les personnages interprétés à fleur de peau par Jane Birkin et Mathieu Demy suffit largement pour soulever toute une série d’interrogations morales et sociales. La première arme redoutable employée par la narration afin de désamorcer tout soupçon d’intentions salaces est la pudeur. L’intensité de l’attirance affective et charnelle entre Mary-Jane et Julien ne tarde pas à se manifester. Et pourtant, la mise en scène guide avec une main aussi ferme que compréhensive ce couple mal assorti à travers les stades tempétueux de leur relation. Un temps important est en fait alloué aux moments d’hésitation, de doute, parfois même de dégoût, dans ce jeu habile de sentiments trop forts pour ne pas buter en fin de compte sur leurs contradictions intrinsèques. L’approche nuancée de la réalisatrice ne nous réserve donc ni un brûlot filmique en faveur d’un amour sans entraves, ni une tragédie tortueuse à l’âme aigrie. Elle séduit au contraire par sa subtilité, doublée de lucidité et de pragmatisme.
Réalisé par Agnès Varda
Avec Jane Birkin, Mathieu Demy, Charlotte Gainsbourg
Comédie dramatique
1h20
1988
France
Au cours d'un printemps pluvieux, une femme de presque 40 ans, Mary-Jane, tombe amoureuse ou plutôt glisse amoureuse d'un garçon de presque 15 ans, Julien, camarade de classe de sa fille Lucy. Lui, il essaie de faire partager à Mary-Jane sa passion pour les jeux vidéo, surtout pour " Kung-Fu Master ", un jeu où un karatéka sautillant doit supprimer tous ses adversaires pour délivrer " Sylvia ". Au retour d'une escapade dans une île, tout sera remis en ordre par les familles et les proviseurs. Mary-Jane ne reverra plus Julien. Elle souffre de son silence. L'a-t-il aimée ? S'est-il moqué d'elle ?
Un parfum âcre, voire sulfureux, plane au dessus de ce drame romantique, à proximité immédiate du sujet tabou et en tout cas provocateur d’un malaise indéniable de la pédophilie. Il réussit néanmoins de le traiter sur le ton d’une innocence jamais dupe des implications d’une telle affaire de cœur tortueuse. Il y aurait facilement matière à polémique dans ce film, qui traite avec une délicatesse jamais prise en défaut d’un thème encore plus brûlant de nos jours qu’il y a quarante ans. Car la différence d’âge de près d’un quart de siècle entre les personnages interprétés à fleur de peau par Jane Birkin et Mathieu Demy suffit largement pour soulever toute une série d’interrogations morales et sociales. La première arme redoutable employée par la narration afin de désamorcer tout soupçon d’intentions salaces est la pudeur. L’intensité de l’attirance affective et charnelle entre Mary-Jane et Julien ne tarde pas à se manifester. Et pourtant, la mise en scène guide avec une main aussi ferme que compréhensive ce couple mal assorti à travers les stades tempétueux de leur relation. Un temps important est en fait alloué aux moments d’hésitation, de doute, parfois même de dégoût, dans ce jeu habile de sentiments trop forts pour ne pas buter en fin de compte sur leurs contradictions intrinsèques. L’approche nuancée de la réalisatrice ne nous réserve donc ni un brûlot filmique en faveur d’un amour sans entraves, ni une tragédie tortueuse à l’âme aigrie. Elle séduit au contraire par sa subtilité, doublée de lucidité et de pragmatisme.
Jane
B. par Agnès V.
Réalisé par Agnès Varda
Avec Jane Birkin, Jean-Pierre Léaud, Philippe Léotard
Documentaire
1h45
1991
France
Le film est un portrait-en-cinéma où l'on découvre Jane Birkin sous toutes ses formes, dans tous ses états et en plusieurs saisons, elle-même en sa diversité et aussi d'autres Jane... d'Arc, Calamity Jane, et la Jane de Tarzan et la Jane de Gainsbourg. C'est la feme-au-miroir-mouvant. Elle change de tête et de rôle pour s'amuser avec Agnès qui tourne autour d'elle, la déguisant, lui proposant des fictions ou des hommages comme celui à Marilyn... Celui de Laurel maladroit de " Laurel et Hardy ". Le film est un portrait semé de mini-fictions, le film est une fiction semée de mini-confidences de Jane B., au mieux de sa forme dans un libre dialogue avec celle qui la filme, Agnès V.
Ce portrait documentaire est un cadeau de fête offert par Agnès Varda à Jane Birkin pour les 40 ans de l’actrice. Elle appréhendait l’idée de vieillir, peut-être de perdre quelque chose au passage relatif au corps ou à l’esprit. Agnès, qui avait alors 20 années de plus au moment du tournage, la prend par la main et lui montre avec joliesse qu’elle n’a rien à craindre. Jane. B. Un prénom qui, en 1988, est déjà devenu une marque. Mais malgré sa notoriété, les premières images du film qui se déroulent dans une simple terrasse de café révèlent une artiste timide. Agnès Varda, avec le tact qu’on lui connaît, lui fait très vite remarquer qu'elle ne regarde jamais la caméra dans ses apparitions à la télévision. Elle répond avec un sourire « c’est embarrassant, c’est trop personnel ». Le coup de foudre amical est tel qu'Agnès s’installera deux ans dans le domicile de la star au point que la production deviendra une collaboration artistique pleine et entière entre la réalisatrice et son sujet. Le résultat est une forme hybride à cheval entre le documentaire et la fiction. Jane Birkin s'épanouit dans l'univers d'Agnès Varda, qui s'épanouit à son contact. Le film est un portrait rêvé, « un portrait-en-cinéma » comme le définissait Varda où les interviews sont nourries par des saynètes fantastiques parfois délirantes où les personnalités de Jane sont étirées à l'infini. Elle se retrouve au bras d’Alain Souchon mettant en scène un poème de Verlaine ou de Jean-Pierre Léaud qui joue un amoureux colérique. Agnès Varda la pousse dans ses retranchements en la transformant en danseuse espagnole. C'est ridicule mais ces extravagances rappellent ce que Jane ne sera jamais. Là où elle demeure le plus à l’aise, c’est pieds nus dans son jardin avec un café fumant, son éternelle chemise d’homme qui déborde de son jean créant ainsi un style à lisière de la nonchalance et de l’élégance. « J’aimerais qu’on me filme comme si j’étais transparente », avoue-t-elle. Même si la blancheur de son teint peut être à la limite du translucide, impossible pour autant de dire que Jane est transparente. Sa maison, quelque part dans Paris, apparaît comme une oasis de tranquillité - le seul peut-être. Elle délaisse le petit salon car elle n’aime pas le répondeur, toujours plein à craquer, au profit de sa cuisine qui déborde de son fouillis signature. Elle aime préparer « deux/ trois plats » qu’elle aime bien, « enfin, surtout les enfants ». Elle passe la plupart de son temps à s'occuper de ses trois filles : Kate Bary, Charlotte Gainsbourg et Lou Douillon qu’on voit déjà faire des gribouillages aux pastels. Jane va infuser son goût pour l’art à tous ses enfants, Kate deviendra photographe, Lou Doillon chanteuse et dessinatrice et Charlotte Gainsbourg chanteuse, actrice et même réalisatrice pour « filmer des petits bouts » de sa mère et espérer retrouver une complicité perdue.
Réalisé par Agnès Varda
Avec Jane Birkin, Jean-Pierre Léaud, Philippe Léotard
Documentaire
1h45
1991
France
Le film est un portrait-en-cinéma où l'on découvre Jane Birkin sous toutes ses formes, dans tous ses états et en plusieurs saisons, elle-même en sa diversité et aussi d'autres Jane... d'Arc, Calamity Jane, et la Jane de Tarzan et la Jane de Gainsbourg. C'est la feme-au-miroir-mouvant. Elle change de tête et de rôle pour s'amuser avec Agnès qui tourne autour d'elle, la déguisant, lui proposant des fictions ou des hommages comme celui à Marilyn... Celui de Laurel maladroit de " Laurel et Hardy ". Le film est un portrait semé de mini-fictions, le film est une fiction semée de mini-confidences de Jane B., au mieux de sa forme dans un libre dialogue avec celle qui la filme, Agnès V.
Ce portrait documentaire est un cadeau de fête offert par Agnès Varda à Jane Birkin pour les 40 ans de l’actrice. Elle appréhendait l’idée de vieillir, peut-être de perdre quelque chose au passage relatif au corps ou à l’esprit. Agnès, qui avait alors 20 années de plus au moment du tournage, la prend par la main et lui montre avec joliesse qu’elle n’a rien à craindre. Jane. B. Un prénom qui, en 1988, est déjà devenu une marque. Mais malgré sa notoriété, les premières images du film qui se déroulent dans une simple terrasse de café révèlent une artiste timide. Agnès Varda, avec le tact qu’on lui connaît, lui fait très vite remarquer qu'elle ne regarde jamais la caméra dans ses apparitions à la télévision. Elle répond avec un sourire « c’est embarrassant, c’est trop personnel ». Le coup de foudre amical est tel qu'Agnès s’installera deux ans dans le domicile de la star au point que la production deviendra une collaboration artistique pleine et entière entre la réalisatrice et son sujet. Le résultat est une forme hybride à cheval entre le documentaire et la fiction. Jane Birkin s'épanouit dans l'univers d'Agnès Varda, qui s'épanouit à son contact. Le film est un portrait rêvé, « un portrait-en-cinéma » comme le définissait Varda où les interviews sont nourries par des saynètes fantastiques parfois délirantes où les personnalités de Jane sont étirées à l'infini. Elle se retrouve au bras d’Alain Souchon mettant en scène un poème de Verlaine ou de Jean-Pierre Léaud qui joue un amoureux colérique. Agnès Varda la pousse dans ses retranchements en la transformant en danseuse espagnole. C'est ridicule mais ces extravagances rappellent ce que Jane ne sera jamais. Là où elle demeure le plus à l’aise, c’est pieds nus dans son jardin avec un café fumant, son éternelle chemise d’homme qui déborde de son jean créant ainsi un style à lisière de la nonchalance et de l’élégance. « J’aimerais qu’on me filme comme si j’étais transparente », avoue-t-elle. Même si la blancheur de son teint peut être à la limite du translucide, impossible pour autant de dire que Jane est transparente. Sa maison, quelque part dans Paris, apparaît comme une oasis de tranquillité - le seul peut-être. Elle délaisse le petit salon car elle n’aime pas le répondeur, toujours plein à craquer, au profit de sa cuisine qui déborde de son fouillis signature. Elle aime préparer « deux/ trois plats » qu’elle aime bien, « enfin, surtout les enfants ». Elle passe la plupart de son temps à s'occuper de ses trois filles : Kate Bary, Charlotte Gainsbourg et Lou Douillon qu’on voit déjà faire des gribouillages aux pastels. Jane va infuser son goût pour l’art à tous ses enfants, Kate deviendra photographe, Lou Doillon chanteuse et dessinatrice et Charlotte Gainsbourg chanteuse, actrice et même réalisatrice pour « filmer des petits bouts » de sa mère et espérer retrouver une complicité perdue.
Réalisé
par Agnès Varda
Avec
Philippe Maron, Edouard
Joubeaud, Laurent
Mounier
Comédie
dramatique
1h58
1991
France
Il
était une fois un garçon, élevé dans un garage où tout le monde
aimait chanter. C'était en 1939, il avait 8 ans, il aimait les
marionnettes et les opérettes. Puis il a voulu faire du cinéma mais
son père lui a fait étudier la mécanique. C'est de Jacques DEMY
qu'il s' agit et de ses souvenirs. C'est une enfance heureuse qui
nous est contée, malgré les événements de la guerre et de
l'après-guerre.
Personne
d’autre qu’Agnès Varda elle-même ne peut parler avec autant de
force de son film Jacquot de Nantes, évocation par la femme de
la vie du cinéaste Jacques Demy à partir de ses souvenirs d’enfance
: Tout a commencé parce que Jacques était malade. Il restait
beaucoup à la maison, dans un atelier. Il peignait la plupart du
temps et il écrivait. Il m’a dit : « tu sais,
c’est ça que j’ai le plus envie de faire, de raconter mon
enfance ». Il écrivait ses mémoires. Et puis un jour, j’ai
dit presque comme ça : « C’est vraiment une
enfance intéressante, ça ferait un très beau film. » Et
il a dit : « Fais-le ! » Ainsi Agnès
Varda l’a fait. Un film poignant, drôle et poétique sur l’enfance
de l’homme avec qui elle avait partagé sa vie et qui allait
mourir. Il y a plusieurs films dans Jacquot de Nantes : un
film en noir et blanc en hommage aux films des années 39 et 40,
époque où Jacques Demy découvre le cinéma, qui raconte l’histoire
du petit Jacquot de 9 ans à 19 ans, tourné le plus simplement
possible (où tous les moments qui évoquent le monde du spectacle
sont tournés en couleur). Il y a ensuite les scènes (en noir et
blanc ou en couleur) des films de Jacques Demy directement inspirés
des événements de son enfance. Et enfin il y a le film sur Jacques
Demy en 1990 vivant les derniers mois de sa vie, dans la difficulté
où il était de parcourir ce dernier chemin. « Je n’avais
pas d’autres solutions, comme cinéaste, que de filmer de très
près sa peau, son œil, ses cheveux comme un paysage, ses mains, ses
tâches… » Et c’est ce qui est bouleversant : « Le
film est avec Jacques malade, Jacques en train de mourir. Mais le
film est en train de se faire, le film est un organisme vivant. »
Le film est enfin un hommage vibrant à la ville de Nantes et aux
paysages des bords de Loire.
Les
demoiselles ont eu 25 ans
Réalisé par Agnès Varda
Avec Gene Kelly, Catherine Deneuve, Jacques Perrin
Documentaire
1h04
1993
France
A Rochefort, en 1966, Jacques Demy a tourné "Les Demoiselles de Rochefort", avec les soeurs Deneuve-Dorléac. En 1992, la Ville a fait une grande fête pour célébrer les 25 ans des Demoiselles.
Réalisé par Agnès Varda
Avec Gene Kelly, Catherine Deneuve, Jacques Perrin
Documentaire
1h04
1993
France
A Rochefort, en 1966, Jacques Demy a tourné "Les Demoiselles de Rochefort", avec les soeurs Deneuve-Dorléac. En 1992, la Ville a fait une grande fête pour célébrer les 25 ans des Demoiselles.
En mêlant les images de deux étés, d'une fête de cinéma à une
fête en l'honneur du cinéma. Agnès Varda a tourné un documentaire
à sa façon - coloré, souriant et un peu mélancolique – où l'on
rencontre des Rochefortais pittoresques, des amis du film, Catherine
Deneuve, Jacques Perrin et d'anciens figurants qui ont grandi, comme
les tilleuls de la Place Colbert. On y revoit comment se fait un film
heureux !
Les
cent et une nuits de Simon Cinéma
Réalisé par Agnès Varda
Avec Michel Piccoli, Julie Gayet, Marcello Mastroianni
Comédie Romance
1h41
1995
France
Monsieur Cinéma est presque centenaire. Ex-acteur, producteur et réalisateur, il croit être le cinéma à lui tout seul et vit dans un château-musée avec son majordome, Firmin. Il perd la boule et embrouille tout. Il engage alors une jeune cinéphile pour faire faire de l'aérobic à sa mémoire qui flanche. De nombreux visiteurs, des stars et un groupe de jeunes animent sa vieillesse confuse et heureuse.Les jeunes voudraient sa fortune pour " faire du cinéma ".
Pour fêter le 7e art, on ne demandait pas à Agnès Varda un vaudeville. Des « youpi ! » à foison. Des confettis et des cotillons. Mais elle qui avait si bien, si tendrement, si élégamment su filmer la vie et la mort d'un artiste (Jacques Demy, son mari, dans Jacquot de Nantes) aurait peut-être pu, aurait peut-être dû rendre un rien plus vif l'hommage à un art qui, n'en déplaise aux Cassandre, reste comme le célèbre canard du sketch de Robert Lamoureux : toujours vivant. Hélas, en dépit de ses efforts brillants, mais factices, pour rendre son film enjoué, Varda ressemble à la Danielle Darrieux des Demoiselles de Rochefort, engluée dans ses « souvenirs amers et désolés ». Seulement, les Demoiselles de Rochefort était un film joyeux. A la fin, Danielle Darrieux retrouvait Michel Piccoli, eh oui, notre Simon Cinéma ! A la fin des Cent et Une Nuits, Camille trompe son Mica. Quel malheur ! Ah non, décidément, tout cela est trop triste -
Réalisé par Agnès Varda
Avec Michel Piccoli, Julie Gayet, Marcello Mastroianni
Comédie Romance
1h41
1995
France
Monsieur Cinéma est presque centenaire. Ex-acteur, producteur et réalisateur, il croit être le cinéma à lui tout seul et vit dans un château-musée avec son majordome, Firmin. Il perd la boule et embrouille tout. Il engage alors une jeune cinéphile pour faire faire de l'aérobic à sa mémoire qui flanche. De nombreux visiteurs, des stars et un groupe de jeunes animent sa vieillesse confuse et heureuse.Les jeunes voudraient sa fortune pour " faire du cinéma ".
Pour fêter le 7e art, on ne demandait pas à Agnès Varda un vaudeville. Des « youpi ! » à foison. Des confettis et des cotillons. Mais elle qui avait si bien, si tendrement, si élégamment su filmer la vie et la mort d'un artiste (Jacques Demy, son mari, dans Jacquot de Nantes) aurait peut-être pu, aurait peut-être dû rendre un rien plus vif l'hommage à un art qui, n'en déplaise aux Cassandre, reste comme le célèbre canard du sketch de Robert Lamoureux : toujours vivant. Hélas, en dépit de ses efforts brillants, mais factices, pour rendre son film enjoué, Varda ressemble à la Danielle Darrieux des Demoiselles de Rochefort, engluée dans ses « souvenirs amers et désolés ». Seulement, les Demoiselles de Rochefort était un film joyeux. A la fin, Danielle Darrieux retrouvait Michel Piccoli, eh oui, notre Simon Cinéma ! A la fin des Cent et Une Nuits, Camille trompe son Mica. Quel malheur ! Ah non, décidément, tout cela est trop triste -
L'Univers
de Jacques Demy
Réalisé par Agnès Varda
Avec Anouk Aimée, Claude Berri, Richard Berry
Documentaire
1h30
1995
France
À la rencontre de Jacques Demy… pour donner envie de voir ou revoir ses films. Entretiens avec Jacques Demy, Jean Marais, Catherine Deneuve, Jacques Perrin et documents de tournage, photos, extraits d’émissions d’époque, etc.
"Après avoir fait un film de fiction sur l'enfance de Jacques (JACQUOT DE NANTES), mon intention a été de faire un documentaire – relativement objectif – sur Jacques Demy, adulte et cinéaste. J'ai recueilli des témoignages et suscité des réactions. J'ai moi-même apporté des souvenirs et des documents sur lui mais j'ai souvent passé le relais à ses amis, à ses proches, aux acteurs et actrices qui ont travaillé avec lui, à des " fans " et à trois demoiselles qui ne l'ont pas connu mais qui circulent naturellement dans son univers." Agnès Varda
Réalisé par Agnès Varda
Avec Anouk Aimée, Claude Berri, Richard Berry
Documentaire
1h30
1995
France
À la rencontre de Jacques Demy… pour donner envie de voir ou revoir ses films. Entretiens avec Jacques Demy, Jean Marais, Catherine Deneuve, Jacques Perrin et documents de tournage, photos, extraits d’émissions d’époque, etc.
"Après avoir fait un film de fiction sur l'enfance de Jacques (JACQUOT DE NANTES), mon intention a été de faire un documentaire – relativement objectif – sur Jacques Demy, adulte et cinéaste. J'ai recueilli des témoignages et suscité des réactions. J'ai moi-même apporté des souvenirs et des documents sur lui mais j'ai souvent passé le relais à ses amis, à ses proches, aux acteurs et actrices qui ont travaillé avec lui, à des " fans " et à trois demoiselles qui ne l'ont pas connu mais qui circulent naturellement dans son univers." Agnès Varda
Les
Glaneurs et la Glaneuse
Réalisé par Agnès Varda
Avec Agnès Varda, Bodan Litnanski, François Wertheimer
Documentaire
1h22
2000
France
Un peu partout en France, Agnès a rencontré des glaneurs et glaneuses, récupereurs, ramasseurs et trouvailleurs. Par nécessite, hasard ou choix, ils sont en contact avec les restes des autres. Leur univers est surprenant. On est loin des glaneuses d'autrefois qui ramassaient les épis de blé après la moisson. Patates, pommes et autres nourritures jetées, objets sans maître et pendule sans aiguilles, c'est la glanure de notre temps. Mais Agnès est aussi la glaneuse du titre et son documentaire est subjectif.
Sillonnant la France à la recherche d'objets délaissés, Agnès Varda signe un film libre comme l'air et fort comme la mort. es glaneurs et la glaneuse entérinent superbement l'itinéraire d'une cinéaste aussi radicale que libertaire. Une femme aussi portée vers l'exigence que vers la joie de vivre.
Réalisé par Agnès Varda
Avec Agnès Varda, Bodan Litnanski, François Wertheimer
Documentaire
1h22
2000
France
Un peu partout en France, Agnès a rencontré des glaneurs et glaneuses, récupereurs, ramasseurs et trouvailleurs. Par nécessite, hasard ou choix, ils sont en contact avec les restes des autres. Leur univers est surprenant. On est loin des glaneuses d'autrefois qui ramassaient les épis de blé après la moisson. Patates, pommes et autres nourritures jetées, objets sans maître et pendule sans aiguilles, c'est la glanure de notre temps. Mais Agnès est aussi la glaneuse du titre et son documentaire est subjectif.
Sillonnant la France à la recherche d'objets délaissés, Agnès Varda signe un film libre comme l'air et fort comme la mort. es glaneurs et la glaneuse entérinent superbement l'itinéraire d'une cinéaste aussi radicale que libertaire. Une femme aussi portée vers l'exigence que vers la joie de vivre.
Deux
ans après
Réalisé par Agnès Varda
Documentaire
1h04
2002
France
Deux ans après, c'est ce qui est arrivé après la sortie du film Les Glaneurs et la glaneuse : ce que sont devenus ceux rencontrés et filmés en 2000 ; les effets du film ; les courriers reçus par Agnès Varda et comment elle a réagi ; les nouvelles rencontres dont les glaneurs originaux.
Mise en scène serrée, partis pris insolents, abruptes et toujours chaleureux, Agnes Varda signe un sublime hymne à la vie dominé par le coeur et la liberté.
Réalisé par Agnès Varda
Documentaire
1h04
2002
France
Deux ans après, c'est ce qui est arrivé après la sortie du film Les Glaneurs et la glaneuse : ce que sont devenus ceux rencontrés et filmés en 2000 ; les effets du film ; les courriers reçus par Agnès Varda et comment elle a réagi ; les nouvelles rencontres dont les glaneurs originaux.
Mise en scène serrée, partis pris insolents, abruptes et toujours chaleureux, Agnes Varda signe un sublime hymne à la vie dominé par le coeur et la liberté.
Réalisé
par Agnès Varda
Documentaire
1h09
2006
France
Quelques veuves de Noirmoutier est un documentaire réalisé dans le prolongement de l'exposition L'île et elle, conçue par la cinéaste à la Fondation Cartier à Paris. L'installation Les veuves de Noirmoutier présentait diverses femmes filmées par Agnès Varda, jeunes ou vieilles, ayant en commun leur veuvage et leur résidence dans l'île de Noirmoutier. Le film, au titre nuancé par l'adjonction de l'adjectif Quelques, est un montage de ces rencontres à la fois simples et mélancoliques, qui s'achève sur un plan muet de Varda elle-même sur la plage, veuve parmi les veuves. « À part leur état social qui inspire le respect, on n'a pas souvent étudié comment les femmes vivent leur veuvage », explique Agnès Varda. « Elles sont souvent - je dirais presque toujours - définies par leur rapport au mort qui était leur mari. Mon projet était de m'approcher de quelques veuves de l'île, de les écouter, de les filmer au cours de rencontres et que chacune témoigne de ses émotions, de ses sentiments ou de ses souvenirs. Pourquoi dans cette île ? Parce que Jacques Demy et moi nous y allions depuis 1962. Nous y avons notre maison de famille, face à la mer. J'y connais beaucoup de gens et maintenant j'y suis veuve depuis quatorze ans... »
Documentaire
1h09
2006
France
Quelques veuves de Noirmoutier est un documentaire réalisé dans le prolongement de l'exposition L'île et elle, conçue par la cinéaste à la Fondation Cartier à Paris. L'installation Les veuves de Noirmoutier présentait diverses femmes filmées par Agnès Varda, jeunes ou vieilles, ayant en commun leur veuvage et leur résidence dans l'île de Noirmoutier. Le film, au titre nuancé par l'adjonction de l'adjectif Quelques, est un montage de ces rencontres à la fois simples et mélancoliques, qui s'achève sur un plan muet de Varda elle-même sur la plage, veuve parmi les veuves. « À part leur état social qui inspire le respect, on n'a pas souvent étudié comment les femmes vivent leur veuvage », explique Agnès Varda. « Elles sont souvent - je dirais presque toujours - définies par leur rapport au mort qui était leur mari. Mon projet était de m'approcher de quelques veuves de l'île, de les écouter, de les filmer au cours de rencontres et que chacune témoigne de ses émotions, de ses sentiments ou de ses souvenirs. Pourquoi dans cette île ? Parce que Jacques Demy et moi nous y allions depuis 1962. Nous y avons notre maison de famille, face à la mer. J'y connais beaucoup de gens et maintenant j'y suis veuve depuis quatorze ans... »
Les
Plages d'Agnès
Réalisé
par Agnès Varda
Avec
Agnès Varda, Yolande
Moreau, Mathieu Demy
Documentaire
1h50
2008
France
En
revenant sur les plages qui ont marqué sa vie, Varda invente une
forme d'autodocumentaire. Agnès se met en scène au milieu
d'extraits de ses films, d'images et de reportages.
Les
Plages d'Agnès est constitué d'un patchwork d'émotions et de
sensations à la fois touchantes, profondes, légères et sincères.
On en ressort transi, (re)découvrant une artiste talentueuse qui
dévoile sa vie avec simplicité et humanisme.
Réalisé par Agnès Varda et JR
Avec JR, Agnès Varda, Jean-Luc Godard
Documentaire
1h34
2017
France
Agnès Varda et JR ont des points communs : passion et questionnement sur les images en général et plus précisément sur les lieux et les dispositifs pour les montrer, les partager, les exposer. Agnès a choisi le cinéma. JR a choisi de créer des galeries de photographies en plein air. Quand Agnès et JR se sont rencontrés en 2015, ils ont aussitôt eu envie de travailler ensemble, tourner un film en France, loin des villes, en voyage avec le camion photographique (et magique) de JR. Hasard des rencontres ou projets préparés, ils sont allés vers les autres, les ont écoutés, photographiés et parfois affichés. Le film raconte aussi l’histoire de leur amitié qui a grandi au cours du tournage, entre surprises et taquineries, en se riant des différences.
Comme dans un jeu de piste, un coq-à-l’âne, un Marabout-bout d’ficelle, une idée en entraîne une autre, saugrenue, rigolote, poétique. Ils imaginent des moments ludiques et singuliers qu’ils partagent avec les gens. Et avec nous spectateurs, ravis devant tant d’inventivité joyeuse, de complicité artistique. Visages, villages (coréalisé avec JR) est sélectionné au Festival de Cannes 2017 (hors compétition) et est nommé pour le César du meilleur film documentaire et l'Oscar du meilleur film documentaire en 2018.
Avec JR, Agnès Varda, Jean-Luc Godard
Documentaire
1h34
2017
France
Agnès Varda et JR ont des points communs : passion et questionnement sur les images en général et plus précisément sur les lieux et les dispositifs pour les montrer, les partager, les exposer. Agnès a choisi le cinéma. JR a choisi de créer des galeries de photographies en plein air. Quand Agnès et JR se sont rencontrés en 2015, ils ont aussitôt eu envie de travailler ensemble, tourner un film en France, loin des villes, en voyage avec le camion photographique (et magique) de JR. Hasard des rencontres ou projets préparés, ils sont allés vers les autres, les ont écoutés, photographiés et parfois affichés. Le film raconte aussi l’histoire de leur amitié qui a grandi au cours du tournage, entre surprises et taquineries, en se riant des différences.
Comme dans un jeu de piste, un coq-à-l’âne, un Marabout-bout d’ficelle, une idée en entraîne une autre, saugrenue, rigolote, poétique. Ils imaginent des moments ludiques et singuliers qu’ils partagent avec les gens. Et avec nous spectateurs, ravis devant tant d’inventivité joyeuse, de complicité artistique. Visages, villages (coréalisé avec JR) est sélectionné au Festival de Cannes 2017 (hors compétition) et est nommé pour le César du meilleur film documentaire et l'Oscar du meilleur film documentaire en 2018.
Varda
par Agnès (coréalisé avec Didier
Rouget)
Réalisé par Agnès Varda, Didier Rouget
Avec Agnès Varda
Documentaire
2h
2019
France
Ouvrant en conteuse aguerrie les portes de son univers, Agnès Varda livre ici un émouvant autoportrait. Dans la 1ère causerie, elle analyse nombre de séquences de ses films et revisite, avec son inventivité coutumière, ses inspirations et sa filmographie. Dans la 2ème causerie, après un préambule sur ses débuts de photographe, Agnès Varda raconte comment, à l'aube du XXIe siècle, elle a réinventé son travail et découvert sa vocation d'artiste visuelle. Un touchant autoportrait qu’elle avait conçu comme un au revoir.
Réalisé par Agnès Varda, Didier Rouget
Avec Agnès Varda
Documentaire
2h
2019
France
Ouvrant en conteuse aguerrie les portes de son univers, Agnès Varda livre ici un émouvant autoportrait. Dans la 1ère causerie, elle analyse nombre de séquences de ses films et revisite, avec son inventivité coutumière, ses inspirations et sa filmographie. Dans la 2ème causerie, après un préambule sur ses débuts de photographe, Agnès Varda raconte comment, à l'aube du XXIe siècle, elle a réinventé son travail et découvert sa vocation d'artiste visuelle. Un touchant autoportrait qu’elle avait conçu comme un au revoir.