Avec
Jean-Paul Belmondo, Jean Seberg, Daniel Boulanger, Roger Hanin
Film
français
Genre :
policier
Durée :
1h30
Année
de production : 1959
Un voyou traqué par la police retrouve, à Paris, une
jeune Américaine dont il est amoureux.
Film
manifeste de la nouvelle vague qui va refonder les règles du cinéma. A bout de
souffle est le point de départ du cinéma moderne des années 60. Filmé
caméra à l’épaule (pour aller plus vite car Godard n’a qu’un budget réduit),
utilisant la technique de la caméra cachée qui filme les acteurs au milieu de
la foule anonyme, pas de travellings sur rail, pas d’éclairages additionnels,
utilisation d’une pellicule ultra-sensible qui était alors utilisée uniquement
par les photographes et les cinéastes documentaires, décors extérieurs et
intérieurs naturels, pas de prise de son directe lors du tournage. Godard fait
de son film un manifeste des pouvoirs du montage en alternant des fragments
fondés sur un montage « ultra court » (avec faux raccord, jump cut, et raccord
à effet) afin de raccourcir le film en enlevant des images et des plans
séquences de plus de 2 minutes. Le film de Godard se veut aussi le reflet de
son époque : Le dialogue godardien enregistre toutes les injures et
expressions populaires en cours et les thèmes de jazz composés par Martial
Solal accentuent la modernité du film. Cette modernité se retrouve également
dans les personnages joués par Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg qui imposent
de nouveaux modèles. Ainsi Michel Poiccard est un mélange du marginal du film
noir américain auquel Godard ajoute un côté provocateur. Patricia Franchini a
les cheveux courts, n’a pas de maquillage, porte des vêtements très simples, ce
qui est encore rare en 1959 pour un personnage de jeune femme au cinéma. Dès son premier long
métrage, Jean-Luc Godard révolutionne donc la grammaire cinématographique et
fait souffler un vent de liberté. Une œuvre marquante qui va servir de modèle à
toute une génération de cinéastes.
Avec
Michel Subor, Anna Karina, Paul Beauvais, Henri-Jacques Huet
Film
français
Genre :
drame
Durée :
1h27
Année
de production : 1960
Genève
en 1958. En pleine guerre d’Algérie, un reporter français, petit tueur à la
solde de l'OAS qui vient de déserter, , hésite tout à coup et sans raison
apparente à honorer un contrat.
Le Petit Soldat a été tourné en 1960 mais ne sortira
qu’en1963 en raison d'une interdiction par la censure parce qu’il lie son sujet
initial à la Guerre qui se déroule en Algérie et à cause de ses thèmes
(désertion du héros, torture). Le film traite des idéologies guerrières ou, plus
spécifiquement, de l'absence d'un idéal motivant le conflit entre la France et
l'Algérie. Il établit déjà en 1960 la tangente politique dominante du cinéma de
Godard soumis
à une valse-hésitation entre la démarche intellectuelle et l'action
révolutionnaire, Le Petit Soldat est un Godard prophète, annonçant à
l'aube des années 60, le Godard marginal des années 70. La caméra de Godard (très
belle photo en noir et blanc de Raoul Coutard, les vues nocturnes de Genève
sont magnifiques) se fait très mouvante, dans la lignée de A Bout De
Souffle.
Avec
Jean-Paul Belmondo, Anna Karina, Jean-Claude Brialy
Film
français
Genre :
comédie dramatique
Durée :
1h25
Année de production : 1961
Une
femme en mal d’enfant menace son fiancé, qui refuse toute paternité, de
s’adresser à un ami.
Un
trois pièces-cuisine est le décor hollywoodien de ce ballet conjugal qui rend
hommage à la comédie américaine. Une Femme est une femme est une œuvre
particulièrement dynamique, tant dans sa géographie que dans la manière dont
elle fut tournée et montée. Godard improvise, marie les enchaînements de couleurs
artificielles et de vérités quotidiennes, de chorégraphies et de répliques. Les
mots deviennent musique, la musique parle pour les personnages. C'est déjà
godardien en diable, mais nimbé de l'innocence émerveillée d'une femme qui est
une sacrée femme : Anna Karina, magnifique dans le rôle d'Angela. Brialy et
Belmondo la suivent avec brio. En 1961, le Festival de cinéma de Berlin le
récompense du prix de la meilleure actrice et du prix spécial.
Réalisé
par Claude Chabrol, Edouard Molinaro, Jean-Luc Godard, Jacques Demy, Roger
Vadim, Philippe de Broca et S. Dhomme.
Avec
Jacques Charrier, Dany Saval, Marina Vlady, Claude Berri, Jean-Claude Brialy,
Jean-Pierre Cassel.
Film
français.
Genre :
comédie à sketches
Durée :
1h 53min.
Année
de production : 1961.
Sept
fables pour illustrer les sept péchés capitaux : l’avarice, l’envie, la
paresse, la luxure, l’orgueil, la gourmandise et la colère.
Film collectif donc forcément
inégal, une suite de fables d’où se détachent la légèreté de Demy,
l’originalité de Godard, et l’humour de Chabrol (qui signe la meilleure
partie).
Avec
Anna Karina, Sady Rebbot
Film
français
Genre :
drame
Durée :
1h20
Année de production : 1962
Nana,
vendeuse dans un magasin de disques, doit trouver de l'argent pour payer son
loyer. Elle décide de se prostituer et rencontre Raoul qui devient son
souteneur. Peu après, il tente de la vendre à son rival mais la jeune femme est
tuée lors d'une bagarre.
Avec
Vivre sa vie, ce film en 12 tableaux sur la chronique de la
vie quotidienne d'une prostituée, Godard a voulu rendre hommage à son maître
Rossellini et notamment aux Onze Fioretti de St François d'Assise.
Même pureté du noir et blanc, même simplicité dans le scénario sans progression
dramatique, même volonté de suivre son personnage dans ses "déambulations,
même étonnant sens de l'ellipse, même ascétisme de la mise en scène sans que
cela ne soit jamais ni aride, ni froid ni ennuyeux. Toujours autant aux prises
avec son temps et avec les mouvements intellectuels contemporains, Godard rompt
avec l’héritage griffithien du montage et réinvente le plan séquence par des
cadres et des mouvements de caméra audacieux. Vivre sa vie
prouvait que Jean-Luc Godard n'avait pas son pareil pour saisir l'instantané
d'une époque ; avec Rohmer, ses films sont les meilleurs documents
sociologiques "en arrière-plan" sur la France des années 60 :
rarement les rues ont paru si vivantes derrière les vitres des cafés, rarement
nous n'avions ressenti un tel naturel dans les gestes quotidiens des figurants
et, ici, Raoul Coutard y est certainement aussi pour beaucoup. Vivre sa
vie est aussi une poignante déclaration d'amour d'un réalisateur à sa
muse et épouse, Anna Karina qui, coiffée à la Louise Brooks, s'avère ici
étonnamment cinégénique, et son personnage sacrément touchant. Prix Spécial du
Jury à Venise en 1962.

Avec
Jean-Marc Bory, Alexandra Stewart
Film
italo-française
Genre :
comédie dramatique
Durée
: 2h10
Année
de production : 1963
Quatre
sketchs réalisés par des grands noms du septième art. Pureté met en scène la relation d'une jeune hôtesse de l'air et
d'un Américain; Le Fromage blanc
voit son action se dérouler sur le tournage d'un film consacré au Christ; Le Nouveau monde s'intéresse à un
individu rédigeant son journal intime sur fond de fin du monde; Le Poulet de grain se penche sur les
travers de la société de consommation.
Le
film à sketches a été une spécialité italienne dans les années 60 et 70. Le
titre de celui-ci, RoGoPaG (d’après les initiales de ses quatre réalisateurs),
reflète bien le flou de l’entreprise en question car les sketchs étant
vaguement reliés par le thème de la fin du monde composent un ensemble
hétéroclite et pour le moins inégal. On reconnaîtra sans hésiter l’inimitable touche
Godard dans Le nouveau monde. Les plans d’un Paris hivernal transformé en ville
de science-fiction tout en restant parfaitement identifiable sont d’une grande
beauté (grâce aussi à la photo de Jean Rabier) mais ce petit film d’à peine
vingt minutes reste un exercice de style un peu court et théorique où le
cinéaste fait ses gammes entre deux chefs d’œuvre.
Avec Marino Mase, Albert Juross, Geneviève
Golea, Catherine Ribeiro
Film
français
Genre :
drame
Durée :
1h18
Année
de production : 1963
Dans
un royaume imaginaire, deux paysans, mobilisés pour partir à la guerre font
preuve d’un zèle apprécié, mais tuent, violent et saccagent sans aucun remord.
Il émane des Carabiniers toute l’horreur,
le mépris et l’abjection que ressent le réalisateur pour la guerre. Paysages, personnages,
actions, dialogues, bande-son, tout est stylisé du premier au dernier plan.
Puisque "la guerre est une chose assez invraisemblable"
(Godard), pourquoi se gêner : cartons écrits à la main en guise d’ellipses,
authentiques images de guerre en guise d’images d’Epinal. Les
limites techniques sont si manifestes (Le public de l’époque ne voit qu’un film
"bâclé, confus, une farce pitoyable !") qu’elles font partie
intégrante d’un dispositif qui pose d’abord une question : peut-on représenter
la guerre de manière objective au cinéma ? Les carabiniers est une œuvre
provocante, satirique et éminemment personnelle.
Avec
Brigitte Bardot, Michel Piccoli, Fritz Lang, Jack Palance, Giorgia Moll
Film
français
Genre :
drame
Durée :
1h43
Année
de production : 1963
Pour
gagner l’estime de son producteur, un scénariste tente de jeter sa femme dans
ses bras.
Adaptation
à la fois respectueuse et très personnelle du roman d’Alberto Moravia,
ce film est, avec A bout de souffle, probablement l’une des plus
grandes réussites de Godard et sans doute la plus magistrale sur le plan
esthétique, grâce aux talents conjugués du réalisateur et de son chef opérateur
Raoul Coutard ; sans oublier bien sûr celui de Georges
Delerue, auteur d’une bande originale mythique à laquelle le film doit
beaucoup. Des scènes sont passées à la postérité comme celle entre Piccoli et
Bardot dans l’appartement où Godard fait glisser sa caméra d’une pièce à
l’autre comme pour amorcer la fracture. On est encore marqué longtemps après
avoir vu le film par les couleurs éclatantes et violentes de Capri où la
tragédie va se jouer entre les deux protagonistes dans une maison rouge qui
domine une mer éblouissante. Superbe hommage au cinéma et grand moment de
cinéma, Le mépris est un classique du cinéma moderne qui constitue toujours,
quarante ans après sa sortie, un film de référence.
Avec
Anna Karina, Sami Frey, Claude Brasseur, Louise Colpeyn
Film
français
Genre :
suspense
Durée :
1h37
Année
de production : 1964
Influencée
par les deux loubards qu’elle a rencontrés en cours d’anglais, Odile est
contrainte d’être complice avec eux du vol de l’argent de sa propriétaire.
Avec
Bande à part, Godard adapte une série noire américaine recommandée par
Truffaut, Fool's Gold de Dolores Hichens. Cette histoire banale à mi-chemin
entre la comédie burlesque et le polar de série B prend toute sa dimension,
toute sa profondeur, toute sa grandeur dans sa mise en scène, dans cette petite
touche godardienne qui en fait une sublime histoire de sentiments, de cœurs,
entre jazz et silences urbains et une oeuvre mélancolique sur
l'amour et la mort. Quelques
scènes sont devenues mythiques comme la traversée du Louvre très drôle ou
encore le madison improvisé et
improbable dans un bar. A noter que Quentin Tarantino, inconditionnel du
film, appellera sa société de
production Bande Apart.

Avec
Jean Seberg, Charles Denner, László Szabó
Film
français
Genre :
comédie
Durée :
1h51
Année
de production : 1963
A
Marrakech, un homme fabrique de la fausse monnaie pour venir en aide aux
pauvres. A Tokyo, une habile geisha, soutire de l'argent à ses admirateurs. A
Amsterdam, une voleuse de grande classe tente de s'emparer d'une rivière de
diamants. A Naples, un souteneur fait épouser à ses " protégées "
les vieillards d'un hospice. A Paris, deux escrocs vendent la tour Eiffel à un
touriste allemand.
Film à sketches narrant l'escroquerie vue par cinq cinéastes
internationaux. A partir de faits partiellement véridiques, chaque sketch retrace une
escroquerie sensationnelle. Tourné
à Marrakech en janvier 1964, le sketch
de Godard s’intitule Le Grand Escroc.
Par l’intermédiaire de Patricia/Jean Seberg, à qui il confie une petite caméra
pour son rôle de reporter, Godard reprend comme un manifeste le cinéma-vérité
de Jean Rouch : montrer les choses, les endroits et les gens tels qu’ils
sont.
Avec
Macha Méril, Philippe Leroy, Bernard Noël
Film
français
Genre :
drame
Durée :
1h35
Année
de production : 1964
La
journée d'une femme qui découvre qu'elle est enceinte de son amant.
Critique sociologique de la vie de la femme moderne conditionnée par les modes de la publicité, ce film fut présenté au festival de Venise en 1964 sous le titre La Femme mariée. Pour la sortie française, Godard qui dut faire face une fois encore à la censure, procéda à la coupe de quelques plans et à un succinct changement de titre, le film s’intitulant finalement Une Femme mariée. Godard y apposa un sous-titre, “suite de fragments d’un film tourné en 1964″, pour bien signifier les quelques amputations dont son film à souffert. Godard y procède à une analyse sociologique de la sexualité et de son émancipation à cette époque. Si Godard évoque en sous-titre les “fragments” de son film, cela répond aussi à sa mise en scène qui construit une ribambelle de fragments du corps de Charlotte tout en évitant toute complaisance mal placée afin de décrire une relation d'adultère sans jamais émettre de jugement. Les cadres et images sont sublimes, témoignant d'une grâce et d'une esthétique rarement vue chez Godard, mais également d'une sensualité qui n'apparaît alors que par intermittence dans son cinéma des 60's. Une Femme mariée est aussi un film charnière de son oeuvre, car avec lui, le cinéma de Godard se fait de plus en plus observateur, sociologisant et documentaire.
Critique sociologique de la vie de la femme moderne conditionnée par les modes de la publicité, ce film fut présenté au festival de Venise en 1964 sous le titre La Femme mariée. Pour la sortie française, Godard qui dut faire face une fois encore à la censure, procéda à la coupe de quelques plans et à un succinct changement de titre, le film s’intitulant finalement Une Femme mariée. Godard y apposa un sous-titre, “suite de fragments d’un film tourné en 1964″, pour bien signifier les quelques amputations dont son film à souffert. Godard y procède à une analyse sociologique de la sexualité et de son émancipation à cette époque. Si Godard évoque en sous-titre les “fragments” de son film, cela répond aussi à sa mise en scène qui construit une ribambelle de fragments du corps de Charlotte tout en évitant toute complaisance mal placée afin de décrire une relation d'adultère sans jamais émettre de jugement. Les cadres et images sont sublimes, témoignant d'une grâce et d'une esthétique rarement vue chez Godard, mais également d'une sensualité qui n'apparaît alors que par intermittence dans son cinéma des 60's. Une Femme mariée est aussi un film charnière de son oeuvre, car avec lui, le cinéma de Godard se fait de plus en plus observateur, sociologisant et documentaire.
Avec
Eddie Constantine, Anna Karina, Akim Tamiroff, Howard Vernon, László Szabó
Film
français
Genre :
science-fiction
Durée :
1h38
Année
de production : 1965
Les
aventures d’un agent secret envoyé en mission dans une cité futuriste et
déshumanisée où un puissant ordinateur règne en maître et abolit les
sentiments.
Le
film reprend le personnage populaire de Lemmy Caution. Celui-ci est un agent
secret issu d’une série noire (créée par Peter Cheyney). Ses aventures adaptées
au cinéma en France ont été rendus très populaires grâce à la silhouette virile
de l’acteur à l’accent américain, Eddie Constantine. Avant Alphaville, celui-ci endossera huit
fois entre La Môme vert-de-gris (Bernard Borderie, 1953)
et A toi de faire… mignonne (Bernard Borderie, 1963), le
costume de Lemmy Caution. La neuvième, avec Jean-Luc Godard sera aussi la
dernière. Voir Godard utiliser ce personnage était certes très surprenant mais
il s’agit bien sûr d’un détournement dans lequel il transporte Lemmy Caution
dans un monde de science-fiction. Mais là où l’aventure de Lemmy Caution
commence à devenir réellement « étrange » est que ce monde de
science-fiction n’est ni plus, ni moins rien d’autre que le monde de la révolution
technique et consumériste de la société occidentale des années 1960. Godard met
en scène un monde déshumanisé où le rationnel aurait pris le pas sur l’humain
et où chacun aurait un rôle assigné par un cerveau supérieur – celui-ci
s’incarnant dans un ordinateur géant qui exerce un contrôle totalitaire sur la
population humaine. Mais plus que dans l’idée, l’originalité d’Alphaville réside dans la forme adoptée
par son auteur. Alphaville est réalisé dans un superbe noir et blanc, utilise
des éclairages expressionnistes et se sert de la musique de Misraki pour créer
une atmosphère des plus étranges. Mais il y a bien plus qui tient à l’immense
force poétique du film. Et Godard remobilise la culture élitaire en utilisant
Paul Eluard. Le film est une véritable célébration du langage comme unique clé
de la liberté et Godard de s’interroger et d’ouvrir grand les portes de la
tête. : « Que devient
le langage sans la poésie ? Qu’est-ce que le langage et la poésie sans l’amour
? » Le couloir semble infini.

Avec
Joanna Shimkus, Philippe Hiquily, Serge
Davri
Film
français
Genre :
comédie
Durée :
1h35
Année
de production : 1965
Six
réalisateurs emblématiques de la Nouvelle Vague revisitent Paris à leur
manière, échafaudant des fictions au cœur des quartiers de la capitale. Tandis
que Jean-Daniel Pollet vagabonde Rue Saint-Denis, Jean Rouch s'intéresse à la
Gare du Nord, Jean Douchet à Saint-Germain des Prés et Eric Rohmer à Place de
l'Etoile. Jean-Luc Godard hésite entre Montparnasse et Levallois, alors que
Claude Chabrol préfère La Muette.
Sketch
de Godard, « Montparnasse et Levallois » : Une jeune femme
envoie une lettre à chacun de ses deux amants, l'un sculpteur à Montparnasse,
l'autre carrossier à Levallois-Perret. Mais à qui est destinée la lettre
d'amour et qui doit recevoir la lettre de rupture ?
Paris
est vu par les cinéastes non pas de l'extérieur par ses atours touristiques mais de l'intérieur, dans toutes
ses petites niches intimes et sociales. Au cours du sketch de Godard, nous suivons la mésaventure que narrait
Belmondo dans « Une femme est une femme ». JLG conçoit ce court comme un «
événement tourné » et laisse toute latitude aux acteurs « d’occuper l’action,
l’espace et le dialogue », comme il abandonne à Maysles le choix des mouvements d’acteurs ou de
caméra.
Avec
Jean-Paul Belmondo, Anna Karina, Jean-Pierre Léaud, Dirk Sanders
Film
français
Genre :
comédie dramatique
Durée :
1h45
Année
de production : 1965
L'odyssée à travers la France de Ferdinand dit
Pierrot le Fou et de son amie Marianne, poursuivis par des gangsters à la mine
patibulaire.
Pierrot le fou est un faux thriller. L'intrigue
adaptée d'un roman de la Série Noire (Obsession de Lionel White) est détournée
servant de prétexte à l'élaboration d'un essai cinématographique poétique et
émotionnel aux allures de road movie chaotique et limpide, léger et tragique.
Il allie la beauté convulsive d’A bout de souffle et
le lyrisme contemplatif du Mépris. Pierrot le
Fou est un film avant tout poétique où les références
et citations littéraires sont constantes. La poésie est aussi esthétique grâce
aux couleurs avec lesquelles Godard joue beaucoup mais plus généralement, c’est
un film profondément pictural ou les plans sont composés comme des tableaux. Le
film raconte également avec une certaine acuité et avec un regard parfois très
orienté et radical (anti-impérialisme, anti-consumériste et anti-militariste)
la France du début des années 60. Il sera d’ailleurs interdit à sa sortie aux
moins de 18 ans pour “anarchisme intellectuel et moral ».

Réalisé par Jean-Luc Godard

Réalisé par Jean-Luc Godard
Avec
Jean-pierre Léaud, Chantal Goya,
Marlène Jobert, Michel Debord
Film
français
Genre :
comédie dramatique
Durée :
1h50
Année
de production : 1966
Les
préoccupations de la France de 1965 -les yéyés, le Vietnam, la mode
"Elle", la sexualité, les rapports entre les garçons et les filles-
vu à travers l'histoire de Paul. Ce jeune homme qui après avoir travaillé en
usine passe par un journal, puis rentre dans un institut de sondages. Paul, qui
milite contre la guerre du Vietnam et insulte volontiers les syndicats "révisionnistes",
est amoureux d'une chanteuse, Madeleine, plus soucieuse de la sortie de son
premier disque que de son ami.
Godard
prend conscience qu’une nouvelle jeunesse est arrivée, qui n’est déjà plus la
sienne et qu’il lui faut filmer cette nouvelle génération, née après la guerre,
pour comprendre le monde tel qu’il va et ne va pas. Avec Masculin
féminin,
Godard dresse le portrait d'une jeunesse un peu perdue en cette veille de Mai
68, ayant du mal à trouver ses repères entre motifs de révolte et déboires sentimentaux,
« les enfants de Marx et du Coca-Cola », saisit les mutations du temps
présent et essaie de comprendre un état
fugitif de la France et des Français, entre deux tours d’une élection
présidentielle. Alain Bergala affirme que Masculin/Féminin
est le film de l'An 01 de Godard. En effet, il
revient au format du muet, le 1.33, et utilise ainsi des cartons qui illustrent
les actions qui précèdent ou qui succèdent. Le noir et blanc utilisé est
esthétique et les prises de vues de Willy Kurant n'ont rien à envier à Raoul
Coutard.
Réalisé par Jean-Luc Godard
Avec Anna Karina, Ernest Menzer, László Szabó
Avec Anna Karina, Ernest Menzer, László Szabó
Film
français
Genre :
drame.
Durée :
1h30
Année
de production : 1966
Richard Politzer, un journaliste, est mort dans des
circonstances étranges. Sa fiancée décide de mener son enquête et pour le
venger, va tuer plusieurs personnes.
Made
in USA n’est pas évident à suivre. L’intrigue policière tirée d’un roman
policier de Richard Starck, The Juggler, sorti en 1965 est la seule évidence ou
presque de ce film. Godard y ajoute le contexte politique de sa décennie : il
évoque l’affaire Ben Barka, le colonialisme, le capitalisme, l’impérialisme,
l’hégémonie américaine, mais aussi l’existentialisme et l’absurde. Un film
absurde, duquel on ne comprend plus bien l’intrigue (qui n’a finalement que peu
d’importance), et pourtant de l’absurde essaie de s’échapper un sens véritable.
Made in USA est une
cacophonie, sonore et visuelle qu’on a beaucoup de mal à suivre et à
comprendre, comme la vie. Pour traduire la vie telle qu’elle est, c’est-à-dire
désorganisée, dépourvue de signification linéaire ou arbitraire, Godard
brouille son film tant qu’il peut. Déjà par le travail sonore, typique de son
cinéma : des sons parasites (avions, automobiles, sonneries de téléphone)
viennent couvrir le sens des mots, le sens de l’histoire; et le sens (sans
doute profond et politique) se transforme en une purée inaudible. Là où Godard
échoue peut-être, c’est que finalement, dans Made in USA, la forme étouffe le fond,
la figure de style étouffe le sens, l’expérimentation étouffe la vérité. Intrigant, passionnant, mais englué dans un
formalisme qui crée et brouille le sens.
Avec Joseph
Gehrard, Marina Vlady, Anny Duperey
Film
français
Genre :
drame
Durée :
1h35
Année
de production : 1966
Portrait
psycho-sociologique d'une jeune femme vivant dans un grand ensemble de
banlieue.
Elle,
n'est autre que la région parisienne, qui en 1966 faisait l'objet de grands
travaux (cités d'habitat, autoroutes, périphérique, etc.), dans le cadre
de son aménagement. L’objectif réel, pour Jean-Luc Godard, est d’observer et de
critiquer cette grande mutation, entre fiction et documentaire. Après avoir lu
une enquête parue dans Le Nouvel Observateur sur la prostitution occasionnelle
des femmes tentées par la société de consommation, Godard décide d’en faire le
sujet de ce film. Il choisit deux échelles différentes : un moment de la
vie d’une femme et un moment de la vie du paysage urbain. C’est par le
traitement du son, entre voix intérieure de la femme, et sons ambiants et
agressifs de la banlieue, que Godard travaille cette cohabitation de la pensée
et du documentaire, qui est aussi sa démarche de création. Un film-essai,
parfois expérimental, et assez difficile d'accès, qui annonce clairement les
prochaines directions esthétiques et philosophiques de Godard. Le gros plan en
plongée totale sur la tasse de café - un plan métaphysique et mystique -demeure
une des images culte de la filmographie de JLG.

Avec Anna Karina, Jacques Charrier, Marcel Dalio,
Jean-Pierre Léaud, Marilù Tolo
Film français
Genre :
Durée : 1h
Année de production : 1966
Six
sketches sur le thème de la prostitution à travers les âges : "L'ère
préhistorique", "Nuits romaines" "Révolution
française", "La Belle époque", "Aujourd'hui" et
"Anticipation".
« Anticipation ou l'amour en l'an
2000 » : Un habitant d’une lointaine galaxie atterrit sur
terre, l’administration lui offre une prostituée. Mais les règles sont
strictes : il doit choisir entre celle qui connaît les gestes de l’amour
mais ne peut parler, et celle qui connaît les mots d’amour mais sans les
gestes.
Godard
choisit le futur et y fait la distinction entre l’amour physique et l’amour
mental, le corps et la parole. Il met en scène un monde où l’État, proxénète,
prend en charge la prostitution et propose une fable futuriste à la fois
satirique et poétique. C’est le dernier film avec Anna Karina après leur
séparation.
Avec
Anne Wiazemsky, Jean-Pierre Léaud, Juliet Berto, Michel Semeniako
Film
français
Genre :
drame
Durée :
1h35
Année
de production : 1967
A la fin des années 1960 dans un appartement, cinq
jeunes gens fondent une cellule marxiste-léniniste.
Les
spécialistes de JLG parlent de ce film comme du film inaugural de la période
des années Mao, pour autant il s’inscrit dans la continuité du travail et des
interrogations du cinéaste au plus près des courants d’idées qui structurent la
société. En 1967, Jean-Luc Godard, 37 ans, a rencontré Anne Wiazemsky,
petite-fille de François Mauriac, qui entame des études de philosophie dans
l’explosive université de Nanterre. Un an avant les événements de Mai 68,
agitation et contestation sont déjà constantes, animées principalement par deux
groupes gauchistes : les anarchistes, dont Daniel Cohn-Bendit est déjà un
des meneurs, et les marxistes-léninistes, maoïstes rejetant le communisme
soviétique. Ce lieu et ce milieu que découvre Godard deviennent rapidement un
objet de fascination. Godard lut aussi Brecht, Mao, et rencontra un jeune
journaliste du Monde, bientôt
viré, Jean-Pierre Gorin, maoïste althussérien. Ils formeront ensemble le Groupe
Dziga Vertov, avec une poignée de complices.« J’avais
l’idée de faire un film sur les étudiants, qui sont les seuls aujourd’hui avec
lesquels je me sente un peu d’affinité. Je suis un vieil étudiant. C’est un
film sur la politisation des étudiants et la dépolitisation de la
population. »
L'éclatement
des films ultérieurs de Godard n'est pas encore égalé. Pourtant, le réalisateur
se détache déjà des contraintes de la narration. Le propos a pris le dessus sur
l'histoire. Des vignettes humoristiques éclatent sans crier gare. Les décors
couverts de phrases et de mots servent d'intertitres et de pistes de
réflexions. Le montage est traversé d'images fixes allant de la photo de
journal coloriée à la main aux affiches de propagande de l'époque. Parfois, les
personnages eux-mêmes se retrouvent dans des décors satiriques à souhait. La
réalité cède le pas à une étrange vision critique de celle-ci. Réalisé
un an avant les évènements de mai 68, La chinoise est souvent considéré comme
un film prémonitoire. Mais quand on le revoit 50 ans après, l’engagement
politique de tout une partie de la jeunesse de l’époque filmé par J-L Godard
fait sourire. Cette fascination, empreinte d’exotisme, pour la révolution
culturelle qui fut on le sait maintenant meurtrière, fait tenir aux personnages
des propos complètement décalés d’avec la réalité. Le cinéaste nous les rend
néanmoins sympathiques car ils sont remplis d’espoir, aiment démesurément, ce sont
des cinéphiles, des lecteurs passionnés qui citent Céline ou Mao, des
adolescents délinquants ou révolutionnaires qui loupent tout, leur vie, leur
histoire d’amour, leur révolution et pourtant ils nous donnent une leçon de vie
car ils nous apparaissent infiniment humains dans leurs tendres maladresses.

Film
français
Genre :
documentaire
Durée :
2h
Année de production :
1967
En
1967, Fidel Castro décrète cette année comme celle du Vietnam. Joris Ivens, William Klein, Claude Lelouch, Chris Marker, Alain Resnais, Agnès
Varda, Jean-Luc Godard, décident de répondre à cet appel et d’affirmer leur
soutien au peuple vietnamien en lutte contre les USA. L’objectif n’était pas de
réaliser un documentaire sur le Vietnam, mais de susciter un questionnement
autour de cette guerre impérialiste. Dans Camera eye, essai politique de 15 minutes Godard ne
manque pas de forcer le spectateur à s’interroger, car le film lui-même
s’interroge sur l’acte de filmer. En effet, Godard, n’ayant pu se rendre sur
place, contraint par l’éloignement, se demande comment filmer et que filmer. En
réalité, cet éloignement convient exactement à sa pratique du montage compris
comme rapprochement de choses qui ne sont pas disposées à être rapprochées.
L’éloignement peut être surmonté par le cinéma. Godard invite le spectateur à
lutter là où il est, le renvoyant ainsi à sa responsabilité politique.
Réalisé
par Jean-Luc Godard
Avec
Jean Yanne, Mireille Darc, Jean-Pierre Léaud, Jean-Pierre Kalfon
Film
français italien
Genre :
drame
Durée :
1h45
Année
de production : 1967
Un
couple de bourgeois parisiens, Roland (Jean Yanne) et Céline (Mireille Darc),
part sur les routes du week-end pour rejoindre une belle-mère dont l'héritage
est fortement convoité. Pourtant ce voyage somme toute anodin se transforme
rapidement en une odyssée régressive vers la barbarie et la mort...
Le
vrai film de la rupture. Au niveau formel, Godard se permet avec Week End toutes les libertés
imaginables. Jamais il n'aura été aussi ambitieux et éclaté qu'il l'est avec
cet exposé anticapitaliste et anti-américain dressé à la manière d'une peinture
surréaliste. Toutes les balises du classicisme cinématographique sont
volontairement ignorées au cours de ce film intransigeant duquel le réalisme a
été définitivement évacué. La relation déjà complexe de Godard avec le public
s'effritera rapidement à partir de la sortie de ce projet radical et sans
compromis. Mais ses plus fervents défenseurs s'entendront pour dire qu'avec Week End, Godard a milité en faveur
de sa liberté en tant que créateur. Week End est un chef d’œuvre apocalyptique
et critique aussi facile à détester qu'à adorer. Avec ce film, Godard choisit
lui-même de mettre fin à son cinéma tel qu'il le concevait à l'instar des deux
cartons finaux, "FIN DE CONTE", "FIN DE CINEMA". Fin d'une période, mais non d'une carrière...
Film
français
Genre :
documentaire
Durée :
1h40
Année
de production : 1968
Dans
un terrain vague, devant des immeubles de banlieue, trois étudiants de Nanterre
et deux ouvriers de Renault-Flins discutent, quelques semaines après les
événements, de Mai 1968. Godard propose un montage alterné entre ces jeunes
gens en train de parler et des images de Mai 1968 - occupation de la Sorbonne,
batailles dans les rues et barricades.
Dès
juillet 68, Godard, avec ses propres moyens, entreprend Un film comme les
autres. Il va rencontrer quelques-uns uns des acteurs de mai 68, des ouvriers
et des étudiants et les filme sur une pelouse à côté de l'usine Renault Flint.
Certains sont recherchés par la police et Godard, par précaution, ne filme pas
leur visage. Il va en faire une figure stylistique puisqu'on ne verra jamais le
visage de celui qui parle, justement pour privilégier cette parole de ceux qui
ne l'avaient jamais eu et la prennent en 68. Une forme très radicale donc, un dispositif minimaliste,
presque éphémère, et peut-être le seul film honnête, à chaud, sur mai 1968.

Film
français
Genre :
documentaire
Durée :
1h30
Année
de production : 1968
Une
série de 41 documentaires très courts, dirigés par plusieurs réalisateurs
français de renom. Chacun de ces films de banc-titre est un "tract"
qui épouse la cause gauchiste, prend partie pour la lutte des travailleurs ou
suit de près les événements de Mai 68 à Paris.
Les
cinéastes se livrent à des découpages de photos de presse, qu'ils associent à
des mots (slogans, poèmes, pensées théoriques sur la lutte des classes) pour en
faire une sorte d'équivalent aux tracts et graffitis de l'époque. Réussissant
le pari de constituer un vrai collectif (aucun film n'est signé), la série ne
cesse de se citer d'un épisode à l'autre, reprenant inlassablement les mêmes
photos, les mêmes mots d'ordre, en en changeant simplement les rythmes ou les
sens pour tenter de dire quelque chose du monde en train de changer. Si on
s'attache plus particulièrement aux films de Godard (les opus 7, 8, 9, 10, 12,
13, 14, 15, 16, 23 et 40 et le mythique n°1968 intitulé "Le Rouge"),
on note une vraie personnalité de ceux-ci. Ses films, beaucoup plus intellectuels
que ceux de ses compères, sont pour la plupart bâtis sur le même modèle : on
choisit une formule, une pensée, une revendication écrite, et on en égrène
chaque mot, patiemment, plan par plan, jusqu'à ce qu'elles apparaissent en
entier. Entre chaque carton de texte, une image-choc : lutte entre étudiants et
CRS, figures de la révolution, graffitis des murs de Paris, et portraits
caustiques des ennemis désignés, au premier rang desquels De Gaulle et Malraux,
que JLG verrait bien pendus avec les tripes des curés visiblement. On reconnaît
de toute façon la patte indéniable du Jean-Luc de ces années-là, qui ne recule
devant aucune image choc pour faire sens. Mais Godard et ses amis
ne cessent jamais, de toute façon, de manier un lyrisme poétique d'un bel
effet, envoyant des formules comme : "Une étincelle peut mettre le feu à
toute la plaine", "les forces de l'ordre ont toujours des liens de
sang avec le désordre sexuel", "Regardez les choses en face toute
votre vie si vous ne voulez pas être enculés par la culture bourgeoise" ou
"Laissez-moi vous dire, au risque de paraître ridicule, que le
révolutionnaire véritable est guidé par des grands sentiments d'amour". Le
matériau est précieux, et ces ciné-tracts fonctionnent avant tout, aujourd'hui,
comme témoins de l'époque. Et puis il y a ce dernier film, donc, "Le
Rouge", seul film en couleurs de la série, qui ne fonctionne pas du tout
sur le même principe : Godard filme une oeuvre du peintre Gérard Fromanger,
consistant en un drapeau français dont le rouge dégouline peu à peu sur les
autres couleurs. C'est peut-être le film le plus "compréhensible" du
JLG révolutionnaire, et celui qui le fait toucher de plus près à son objectif :
prouver que le cinéma est l'affaire de tous, que "la culture est
l'inversion de la vie", amener le film à l'intérieur des usines,
disparaître derrière le message. Belle et rare découverte au final, qui
témoigne de façon unique, poétique et violente de ce que fut cette année 1968
maintenant oubliée.
Réalisé
par Jean-Luc Godard
Avec
Les Rolling Stones, Anne Wiazemsky, Iain Quarrier, Frankie Dymon, Sean Lynch
Film
britannique
Genre :
documentaire, musical
Durée :
1h40
Année
de production : 1968
Jean-Luc Godard filme des scènes de contestations politiques avec
des membres des Black Panthers, montées en parallèle avec des séances
d'enregistrement des Rolling Stones. Il suit en particulier la création de la
chanson « Sympathy for the Devil », coupées par des scènes de révolution à
l’extérieur du studio.
En
dépassant les limites du genre par un montage original, Godard restitue les
réalités de la composition de la musique rock et permet ainsi d’approcher la
musique au travail, en pleine création. La veine militante est aussi un des
fils conducteurs de ce film-puzzle, montrant les liens entre création
artistique et utopie sociale. S’il est parfois pesant, ce film reste un essai
intéressant sur la création : Les Rolling Stones créent une chanson, les
Black Panthers créent des idées, le vieux monde crée de la violence. Un peu
plus tôt, un peu plus tard, chacune de ses créations explosera. Mais en
attendant que l’addition un plus un trouve son résultat, JLG crée un film qui
se termine sur des images d’un film qui se termine. Aussi Godard prendra-t-il
très mal le remontage final du film qui, entre autres changements, remplace la
musique enregistrée en répétition par le titre de l'album. L'affaire se finira
par une droite du cinéaste dans la figure du producteur et par la scission du
film en Sympathy for the devil
(version tripatouillée) et en One + one
(version godardienne).
La contestation

Réalisé
par Bernardo Bertolucci, Carlo Lizzani, Jean-luc Godard (segment
« l’amour »), Marco Bellochio,
Pier Paolo Pasolini
Avec Nino Castelnuovo, Catherine Jourdan, Christine
Guého, Paolo Pozzesi
Film
italien
Genre :
drame social
Durée :
1h42
Année
de production : 1969
Les
cinq histoires de ce long métrage, récits choisis et filmés par cinq cinéastes
engagés politiquement, expriment dans des registres différents l'air vindicatif
de la fin des années soixante.
L'Amour (de Jean-Luc Godard) : Un homme et une femme
observent à distance un couple et commentent leur histoire interdite qui se
défait. Ils questionnent l'amour, la révolution et les pouvoirs mensongers du
cinéma...
Les
films, inégaux et cruels, sans concession, engagés, nous entraînent sur le
terrain de problématiques toujours en prise directe avec notre société
contemporaine.
Avec
Juliet Berto, Jean-Pierre Léaud, Jean-Luc Godard
Film
français, ouest-allemand
Genre :
comédie dramatique
Durée :
1h35
Année
de production : 1969
Godard
discute avec un vieillard et un enfant dans un studio de télévision puis il
filme deux révolutionnaires, Emile Rousseau et Patricia, "fille de la
Révolution culturelle". Les deux personnages, filmés sur fond noir, sans
décor, s'interrogent sur les images et les sons et se demandent comment
parvenir à "une pratique révolutionnaire du cinéma".
«
Le Gai Savoir » est une œuvre didactique, clairement nourrie de la pensée
marxiste-léniniste du « Petit livre rouge » de Mao. Jean-Pierre Léaud et Juliet
Berto se donnent rendez-vous la nuit, dans le néant obscur d’un studio de
télévision. Ensemble, en trois années, ils apprennent à déconstruire les images
et les sons (le cinéma) pour mieux les reconstruire, émancipés, sous une forme
moins bourgeoise, moins capitaliste, plus encline à satisfaire les rêves de
masse propre à la classe prolétaire.
Avec
Michael Lonsdale
Film
britannique
Genre :
documentaire
Durée :
52 min
Année de production : 1969
Une
usine de voitures avec des travailleurs a la chaîne. Une femme nue, symbole de
l'exploitation de la femme par l'homme. Un présentateur TV, symbole du
capitalisme, à l'esprit fasciste. des étudiants gauchistes chantent un pamphlet
à partir d'une chanson des Beatles, la grève. Un drapeau GB ensanglanté...
C’est
le premier film à être signé par le groupe Dziga-Vertov. Godard le créera en 68 avec un
groupe de militants maoïstes. Il sera
composé d'un jeune militant marseillais, Jean-Henri Roger, avec qui Godard
tournera "British Sounds" et "Pravda". Il tournera
également "Vent d'Est", "Luttes en Italie", "Jusqu'à
la Victoire", "Vladimir et Rosa", "Tout va Bien" et
"Letter to Jane" avec Jean-Pierre Gorin, ancien journaliste et
militant. Ce groupe a existé de 1968 à
1972, et a tourné tout ses films en 16mm (à part "Tout va Bien") ; il
voulait sortir de la distribution commerciale du cinéma. British
Sounds est un film d'une heure réalisé pour South London Weekend Television.
Celle-ci refusera le film, trop impertinent, et n'en diffusera que des
extraits. Dans
ce film, le cinéma de Jean-Luc Godard se radicalise sur tous les fronts. C'est
d'abord la "bande-image" qui s'appauvrit volontairement (image
documentaire, découpage minimal) au profit de la "bande-son" de plus
en plus complexe (Godard confirme qu'il est un des plus grands "metteurs
en sons" de l'histoire du cinéma). Ensuite, le discours du film prend ici
une tournure "propagande gauchiste"... sans aucune distanciation,
pourtant présente dans d'autres films.
Film
français, Allemagne de l’Ouest
Genre :
documentaire
Durée :
58 min
Année
de production : 1969
Le
terme Pravda signifie en russe vérité et c'est aussi bien sûr le titre du
journal officiel de l'URSS. Le groupe Dziga Vertov part de ce double sens et, à
partir d'images tournées en Tchécoslovaquie (speakerine de la télévision
tchèque, paysannes et ouvrières tchèques, scènes de la vie quotidienne),
s'interroge sur le mensonge des images et du son et montre que le capitalisme
est toujours très présent dans les pays de l'Est.
Certains
réalisateurs tchèques de l'époque auraient été prêt à tuer Godard après la
vision de ce documentaire, car comme l'explique un critique tchèque : "Godard
mélange tout : il est plus ou moins d'accord avec l'invasion des armées du
Pacte de Varsovie, et ne comprend rien à la situation de la Tchécoslovaquie de
l'époque; il est à côté de la plaque en fait... ». Godard, lui-même, qualifiera
par la suite ce documentaire de «déchet marxiste-léniniste».
Avec Gian Maria Volontè, Anne Wiazemsky, Paolo
Pozzesi, Daniel Cohn-Bendit
Film
français italien allemand
Genre :
comédie dramatique
Durée :
1h40
Année
de production : 1970
Dans
un décor de western, un couple de prisonniers gît a terre, un soldat monte la
garde, puis tire un indien attaché à une corde, alors que les comédiens se
maquillent... Une grève.
Les
structures, les clichés et les stéréotypes du western traditionnel servent de
support à une réflexion sur la lutte des classes, la théorie et la pratique
révolutionnaire, la démystification du cinéma bourgeois.
Pour
Godard, l'"auteur" ne doit plus exister: toute l'équipe du film
participe donc au processus créatif lors d'assemblées générales houleuses
(certaines apparaissent dans le film). Entre un Cohn-Bendit anarchiste qui veut
faire un "Spaghetti Western de gauche", un Godard en pleine crise
anti-cinéma bourgeois et des techniciens italiens qui n'y comprennent rien,
"Vent d'est" est un objet filmique difficile d'accès et politiquement
lourdingue. En tout cas, cette expérience professionnelle et personnelle fut
pénible car, de retour du tournage italien, JLG tente de se suicider. Les
producteurs ne distribueront jamais le film.
Luttes
en Italie
Réalisé
par le groupe Dziga Vertov (Jean-Luc
Godard, Jean-Pierre Gorin)
Avec Jérôme Hinstin, Paolo Pozzesi, Cristiana
Tullio-Altan et Anne Wiazemsky
Film
français italien
Genre :
essai
Durée :
1h16
Année
de production : 1970
Une
jeune révolutionnaire italienne se questionne sur la valeur de son combat pour
l'égalité des classes.
Luttes
en Italie est l'adaptation d'un texte théorique, "Idéologie et appareils
idéologiques d'état" de Louis Althusser, philosophe très influent au sein
du milieu maoïste français. Gorin et Godard situent leur tâche dans le cinéma
militant comme un travail très ciblé pour un petit nombre de personnes. Il est
destiné à élever le niveau de formation théorique des militants. Pour filmer ce
texte théorique, Godard et Godin se veulent le plus clair possible et cherchent
la forme la plus simple pour concentrer en un plan allégorique, une notion, un
concept même s'il est rappelé en voix off. La
commande est suscitée auprès de la Rai et basée sur la popularité de Godard. La
Rai refusera de diffuser le film. Godard et Gorin qui avaient la volonté de
s'approprier l'outil audiovisuel n'arriveront ainsi jamais à diffuser, à
atteindre les gens chez eux.
Avec Jean-Luc Godard, Jean-Pierre Gorin, Anne
Wiazemsky, Juliet Berto, Yves Afonso, Ernest Menzer, Claude Nedjar
Film français
Genre :
documentaire
Durée :
1h43
Année
de production : 1971
En
1971, huit militants américains furent accusés de "conspiration en vue de
provoquer une émeute" et jugés lors du procès dit des "huit de
Chicago". Jean-Luc Godard et Jean-Pierre Gorin proposent de rejouer ce
procès mais sur le mode burlesque.
Avec
Vladimir et Rosa, il s'agissait de financer le film militant pour les
combattants palestiniens qui devait s'appeler Jusqu'à la victoire et qui
nécessitait des voyages en Palestine. Le film, qui ne répond aussi à aucune
nécessité autre que celle de gagner de l'argent, sera réalisé dans un esprit
ludique et donne lieu à un surprenant mélange de cinéma politique et de dérision
qui caricature la justice bourgeoise. C'est le dernier film réalisé par Godard
dans le cadre groupe Dziga Vertov. Après, les films seront seulement signés du
double nom Godard et Gorin. On a le droit également aux premières
images en vidéo dans un film de JLG. Il se voulait pionnier en la matière et est le
premier européen a avoir acheté la caméra Sony mise sur le marché en 1968.
Avec Marty Balin,
Amiri Baraka, Carol Bellamy, Eldridge Cleaver, Jean-Luc Godard, Tom Hayden,
Mary Lampson, Richard Leacock, Tom Luddy, Paula Madder, Grace Slick
Film
américain
Genre :
documentaire
Durée :
1h30
Année
de production : 1972
Jean-Luc
Godard vient aux Etats-Unis tourner un film sur la révolution qu'il pense en
marche. En compagnie du célèbre documentariste américain D.A. Pennebaker, il
filme aussi bien les révolutionnaires, comme les marxistes ou les Black
Panthers, que les policiers et les militaires qui les combattent...
En
1968, les
pionniers du cinéma direct Richard Leacock et Don A. Pennebaker proposent à
Godard de tourner un « état des lieux de l'Amérique » et d'être, sous sa
direction, les cameramen. L'attelage se disloque au bout de deux semaines :
Godard reproche à ses opérateurs leur « amateurisme » et leur « zoomite aiguë », et abandonne le projet.
Leacock et Pennebaker décident malgré tout de monter les images déjà tournées à
New York et en Californie : une interview de l'activiste étudiant Tom Hayden (à
l'époque compagnon de Jane Fonda), une rencontre tendue, et moyennant finances,
avec les Black Panthers, un show en pleine rue du jazzman très free LeRoi Jones
devant un Godard plutôt perplexe, etc.
Avec Yves Montand, Jane Fonda, Vittorio Caprioli
Film
français
Genre :
comédie dramatique
Durée :
1h35
Année
de production : 1972
1972.
Les ouvriers d’une usine française se mettent en grève et séquestrent leur
patron dans son propre bureau. Les grévistes acceptent sur les lieux la
présence d’un couple composé d’une journaliste (Jane Fonda) et d’un réalisateur
de publicités (Yves Montand), afin qu’ils écoutent leurs revendications. Après
les échecs répétés du groupe Dziga Vertov pour faire diffuser par les
télévisions les films que celles-ci leur ont commandés et payés, Godard et
Gorin décident de revenir au film cinéma. Ce sera Tout va bien. Ils comptent
sur des stars pour obtenir des financements. Jane Fonda et Yves Montand sont
choisis pour leurs positions politiques. Jane Fonda s'était engagée contre la
guerre américaine au Vietnam. Tout va
bien est donc la conclusion à gros budget de cette phase
controversée de la carrière de Godard de même qu'un retour par la marge à la
forme narrative qu'il avait délaissé depuis Week-end. Film militant avant tout, plaçant la situation
politique française au centre de son propos, Tout Va bien selon Godard cherche
à confronter deux réalités a priori totalement éloignées l'une de l'autre : la
cellule du couple et l'activisme social. Godard filme l'instabilité : celle du
couple interprété par Yves Montand et Jane Fonda et celle de l'ouvrier, qui se
retrouve pour la première fois en train de dominer son patron. Et après, que
faire ? Laisser tomber et accepter, se révolter ? Sur le plan de l'esthétique, Tout va bien s'avère l'un des films
les plus ambitieux et accomplis de l’œuvre de Godard. La mise en scène se
déploie comme une série de morceaux de bravoure - la pièce de résistance étant
évidemment ce formidable plan-séquence au cours duquel la caméra parcourt de
long en large les allées d'un supermarché Carrefour pris d'assaut par des
manifestants. L'autre image célèbre du film, cette coupe transversale de
l'usine occupée, demeure quant à elle parmi les plus frappantes qu'ait
orchestrées le cinéaste.
Réalisé
par Jean-Luc Godard, Jean-Pierre Gorin
Film
français
Genre :
documentaire
Durée :
52 min
Année
de production : 1972
Jean-Luc
Godard et le coréalisateur Jean-Pierre Gorin analysent une photographie de Jane
Fonda au Vietnam, parue en 1972 dans le journal « L'Express ». La
caméra cadre certains détails, les associe à d'autres images.
Godard
se livre ici à une brillante réflexion sur l'interrogation d'une image (la
photo) par une autre image (l'image filmée par la caméra). Le film réalisé en
langue anglaise est destiné à Jane Fonda qui pourra s'en servir pour
accompagner la sortie aux USA de « Tout va bien », leur précédent
film. Le film est tourné en une seule journée de septembre 72 avec 400 dollars.
Ce film singulier, composé uniquement d'images fixes et d'un
texte très didactique de Gorin & Godard, est une excellente leçon d'analyse
d'images... encore très pertinente aujourd'hui.
Le
groupe "Dziga Vertov" implose fin 1972. Séparé d'Anne Wiazemsky,
Godard n'a plus sa place dans Paris. Et il est aussi très intéressé par un
nouveau support, léger, accessible: la vidéo. Après les années Mao, est-il
possible de devenir encore plus marginal ?
Film
français
Avec Alexandre Rignault, Sandrine Battistella,
Pierre Oudry
Genre :
documentaire
Durée :
1h30
Année
de production : 1975
La
vie d'un jeune couple au travers d'un reportage vidéo. Les images se succèdent,
présentées sous formes de tableaux présentant les membres de la famille et
leurs activités...
"J'ai
quitté Paris fin 73, et ce fut le fin de 68" dira Jean-Luc Godard. JLG se
retrouve presque seul à Grenoble, avec sa nouvelle compagne Anne-Marie
Miéville, et le premier projet est celui d'un remake d'À bout de souffle. De
cette idée initiale, il ne reste plus grand chose: c'est plutôt un portrait
autobiographique ainsi qu'une "enquête ethnologique". Le film est
tourné en 35mm et vidéo.
Réalisé
par Jean-Luc Godard et Anne-Marie
Miéville
Film
français
Genre :
documentaire
Durée :
1h
Année de production : 1976
Ici
: une famille française qui regarde la télévision. Ailleurs : des images de la
révolution palestinienne. Apprendre à voir ici pour entendre ailleurs.
Apprendre à s'entendre parler pour voir ce que font les autres.
En
duo avec A-M Miéville, JLG reprend le projet initial "Jusqu'à la
victoire", tourné en 1970 avec Jean-Pierre Gorin, et réalise une relecture
critique des rushes tournés à l'époque. C'est surtout une remise en question du
cinéma des "années Mao". Certains passages lorgnent clairement vers
une esthétique Video art en plein essor. Le film fera parler de lui pour une
prise de position ouvertement pro-palestienne et pour certains antisémite.
Réalisé par Jean-Luc Godard et Anne-Marie Miéville
Film
français
Avec Michel Marot, Anne-Marie Miéville
Genre : documentaire
Durée :
1h18
Année de production : 1978
Dans
l'imprimerie d'un journal communiste, un syndicaliste de la presse participe à
un reportage vidéo. C'est l'occasion d'une réflexion sur les procédés de
fabrication de l'information, traitée et maltraitée par le journaliste qui use
de son pouvoir de la transformer.
Le
film traverse le labyrinthe de la censure et révèle, entre autres, son
fonctionnement et sa mise en place. Godard et Miéville démontent le processus
de manipulation de l’image : ici, de deux photographies (l’une de la
Révolution portugaise et l’autre, de la grève du Joint
français)
détournées de leur vérité historique. Les deux cinéastes posent des
questions vitales quant à l’information dans les sociétés occidentales. Peut-il
y avoir une information engagée, « juste » et révolutionnaire ?
Ce trop-plein d’information ne débouche-t-il pas, paradoxalement, sur une
sous-information dirigée et mensongère ? Quels contrôles les consommateurs
peuvent-ils exercer ?
Avec
Jacques Dutronc, Isabelle Huppert, Nathalie Baye, Cécile Tanner, Roland Amstutz
Film
franco-suisse
Genre :
comédie dramatique
Durée :
1h28
Année de production : 1979
Denise
Rimbaud abandonne son mari, son travail et la ville pour aller vivre à la
campagne. Paul Godard, producteur d'émissions de télévision, a peur de quitter
la ville, peur de la solitude depuis le départ de Denise. Isabelle a quitté sa
campagne pour venir se prostituer en ville. L'imaginaire, la peur et le
commerce sont, à travers le trajet de ces personnages, les trois mouvements du
film qui se terminera par celui de la musique.
Sauve
qui peut (la vie) décrit les angoisses existentielles d’hommes et de femmes
face à une société qui les broie. Pourquoi Jean-Luc Godard revient-il à un mode
(ancien, pour lui) de production cinématographique quand on sait que ça fait
des années qu’il s’est constitué, hier à Grenoble, aujourd’hui en Suisse, sa
petite usine vidéo ? Comme la plupart des cinéastes talentueux Godard a la
volonté, même s’il n’y arrive qu’imparfaitement, de s’adresser à un maximum de
spectateurs et, pour satisfaire cette ambition, il a besoin d’un budget
relativement conséquent pour tourner ses films. Jean-Luc Godard marque son
retour au cinéma, après douze ans d’absence, par un film dont la toile de fond
est de nouveau la prostitution. Une prostitution de luxe, dans les milieux
d’affaires, dépouillée d’emblée de tout vernis glamour. Entre dégoût et
fascination, le cinéaste nous donne à voir une société réduite à des rapports
marchands. Grain de sable peut-être, la résistance des femmes offre un son
discordant à cette machine à broyer libérale.Les mécanismes du système
prostitutionnel sont ainsi mis à nu, une analyse presque sociologique en est donnée:le
recrutement, les risques, la solitude, les fantasmes des clients, les rapports
sexuels, l’argent, les intermédiaires et les lieux sont montrés avec justesse
et précision.
Film
français
Avec Isabelle Huppert, Michel Piccoli, Hanna
Schygulla, Jerzy Radziwilowicz, Jean-François Stévenin, Laszló Szábó, Myriem
Roussel, Dominique Blanc
Genre :
drame
Durée :
1h25
Année de production : 1982
Durant
le tournage d'un film, un réalisateur se détourne de son entreprise en
découvrant la lutte d'une jeune ouvrière licenciée par un patron qui
n'appréciait guère ses activités syndicales.
Un
tournage "dans la souffrance" dixit Isabelle Huppert pour un film visuellement
gracieux (des mouvements de caméra à la grue !) et complexe. Chacun peut voir ce film où
se mêlent folie, absurde, critique sociale, amour de l'art, érotisme, culture
populaire et élitiste... comme il le veut, tellement il est déconstruit et
abstrait. Sur des reconstitutions de tableaux de Goya et Delacroix, Godard fait
sans cesse appel à notre petit cerveau pour tenter de suivre le déroulement des
événements. Tâche impossible, et on ne peut que rester fasciné devant une
oeuvre unique en essayant de décrypter ces discours alternés d'où sortent des
bribes d'intrigues futiles et des centaines de messages et de réflexions. A noter le retour de
Raoul Coutard à la photographie et la rencontre avec une jeune Myriem Roussel,
future muse (et un peu plus) du cinéaste.
Avec
Marushka Detmers, Jacques Bonnaffé, Myriem Roussel, Christophe Odent, Jean-Luc
Godard
Film
franco-suisse
Genre :
drame
Durée :
1h25
Année de production : 1983
Une
Carmen moderne, braqueuse de banque et fugitive, sème le trouble sur son
passage.
Cette transposition moderne et très personnelle du Carmen de Bizet (où Godard évite astucieusement de mettre en bande-son
l'opéra du compositeur en remplaçant le tout par des compositions de Beethoven
façon musique de chambre) poursuit la réflexion de Godard sur le monde,
l'homme, la femme et la création. Isabelle
Adjani quittera le tournage du film au bout de 5 jours ("il me rend
moche" expliquera-t-elle); soulagé, Godard la remplace par la sulfureuse
Maruschka Detmers. Le film, plus facile d'accès
que d’autres film de J.L.G. et doté d'une rare sensualité, est un succès public et critique puisque
Prénom Carmen obtient le Lion d'Or à Venise.
Avec
Myriem Roussel, Thierry Rode, Juliette Binoche, Philippe Lacoste
Film
franco-suisse
Genre :
drame
Durée :
1h10
Année
de production : 1985
Marie,
fille d'un garagiste, attend un enfant mais est toujours vierge. Sa sincérité
finit par vaincre la jalousie de Joseph qui devra se contenter de quelques
regards sur la nudité de la jeune femme. Après une révolte verbale contre Dieu,
Marie accepte d'assumer la nativité céleste et met au monde Jésus, un petit
garçon plutôt turbulent.
Dans
ce film hermétique et peu accessible, Godard tente de mettre en parallèle le mystère que
constitue son propre travail (le film en gestation) et une certaine idée du
sacré. Il est question ici de tout ce qui hante Godard : la question du regard,
de ce qui est montrable, représentable ou non au cinéma. Il choisit l'histoire
de la Vierge pour exprimer cet échec du cinéma à enregistrer ce qui fait
l'amour, l'âme humaine, et l'identité féminine. Le cinéaste livre une métaphore
sur le cinéma à travers la relecture moderne du mythe de la Vierge. C’est aussi
une oeuvre poétique sur la dualité amour divin, amour charnel. A sa sortie, le
film a fait scandale. Retiré des salles à Versailles à l’avant-première et à
proximité du Vatican, il a provoqué des condamnations de militants catholiques intégristes à travers le monde. Jean-Luc Godard retira son
film des écrans italiens suite à l'intervention du Pape.
Avec
Nathalie Baye, Johnny Halliday, Laurent Terzieff, Aurelle Doazan, Jean-Pierre
Léaud, Claude Brasseur, Stéphane Ferrara
Film
français
Genre :
policier
Durée :
1h35
Année
de production : 1985
Deux
détectives enquêtent sur la mort d’un mystérieux prince, survenue deux ans plus
tôt dans un grand hôtel parisien du quartier Saint-Lazare.
Godard prend ses quelques stars (et aussi
Jean-Pierre Léaud je l'oubliais), les place dans un hôtel et nous parle d'une
incertaine enquête sur un meurtre et une histoire de gangsters, un match de
boxe truqué, de l'argent volé... Le tout est un prétexte pour un exercice de
style, de travail sur l'image, le son, la musique, le langage, les symboles (et
les corps humains.
Réalisé
par Jean-Luc Godard et Anne-Marie Miéville
Film
suisse
Avec Jean-Luc Godard, Anne-Marie Miéville
Genre :
documentaire
Durée :
52 min
Année de production : 1986
Conversation
intime entre Godard et Mieville où se raconte l'histoire, leur histoire, un
monde d'images en perte de sujet.
Discussion,
souvent entrecoupée de séquences animalières ou de paysages lyriques, entre
Jean-Luc Godard et Anne-Marie Miéville sur comment exercer une activité
professionnelle qui ne se distinguerait pas de la vie du couple, abolissant par
là l'organisation d'une société qui a séparé travail et loisir.
Film
français, Etats-Unis
Avec Woody Allen, Leos Carax, Julie Delpy, Jean-Luc
Godard, Burgess Meredith, Norman Mailer, Molly Ringwald, Peter Sellars
Genre :
drame, science-fiction
Durée :
1h40
Année de production : 1987
L'écrivain
Norman Mailer doit écrire une nouvelle version du Roi Lear de William
Shakespeare. Le récit se déroule après le drame de Tchernobyl. Le monde est
redevenu normal, mais l'art a complètement disparu.
Avec King Lear, on comprend complètement ce que Godard veut dire :
il faut se méfier des images car on peut les tordre pour leur faire dire ce que
l'on veut et ce n'est pas forcément la vérité. Il convient toujours de les
interroger plus avant. Parallèlement, Godard semble se justifier de son
éloignement de la narration dans sa recherche de la vérité. Il semble dénoncer
l'obligation de dire les choses pour les percevoir . Il s'agit d'un essai quasi
métaphysique sur l'image et la vérité. D’une certaine manière, King Lear, avec ses
défauts, son côté brouillon, inaugure la nouvelle " façon "
de Godard qui s’affinera dans les films suivants ; il y a le lieu, le
Léman, que Godard filme comme l’Atlantique ; il y a ces plans
contemplatifs, ces cadrages faisant surgir le réel ; il y a ce fantastique
de la lumière, né des ombres et des couleurs ; il y a ce sentiment
d’appartenir à la communauté de l’art et des hommes ; il y a ces références,
ces phrases, qui traversent désormais tous ses films, tirées en vrac de
Malraux, Wittgenstein, Merleau-Ponty, Diderot, etc ; il y a cet alliage
émotionnel, atmosphérique, de la musique, du son et des images. Ce
long métrage est le fruit d'une alliance contre-nature entre Jean-Luc Godard et
Cannon Films, la maison de production de Menahem Golan et Yoram Globus, dont la
réputation s'est bâtie sur les épaules de Jean-Luc Van Damme, Chuck Norris ou
Sylvester Stallone. Ces trois hommes se rencontrent à Cannes en 1986, et
signent, selon la légende, un accord sur un coin de nappe : moteur de ce
contrat, la volonté de Menahem Golan et Yoram Globus de donner une touche Art
& Essai à Cannon Films. Les deux hommes et Godard signent pour une
adaptation du Roi Lear de William Shakespeare, avec pour unique condition que
le film soit terminé pour l'édition 1987 du Festival de Cannes. Bien que reprenant la trame
principale ainsi que les thèmes de la pièce du dramaturge anglais, Godard n’en
garde que la substance afin d’en extraire la modernité, et de la fusionner avec
l’actualité. La projection du film à Cannes est suivie d'une conférence de presse
mémorable, où les critiques descendent le film en flèche. Quant aux
producteurs, ils sont horrifiés par cette adaptation pour le moins très libre
de la pièce de Shakespeare et décident de porter plainte contre le cinéaste
mais Cannon films fait faillite quelques mois plus tard. Le film de Jean-Luc
Godard se retrouve alors emprisonné au cœur d'un labyrinthe juridique. Ce n'est
que quinze ans plus tard qu'il refait surface, et Bodega Films en rachète tous
les droits à la première occasion.
Réalisé
par Robert Altman, Bruce Beresford, Jean-Luc Godard (segment
« Armide », Nicolas Roeg, Charles Sturridge, Julien Temple, Franc
Roddam, Ken Russell, Derek Jarman, Bill Bryden
Avec
Valérie Allain, Marion Petterson
Film britannique
Genre :
musical
Durée :
1h30
Année
de production : 1987
Segment
« Armide » de Jean-Luc Godard : Illustration
personnelle de "Armide" de Lully dans une salle de culturisme.
Ce film collectif de dix courts-métrages est une
commande du festival de Cannes 1987 autour du couple cinéma-opéra. Chaque
court-métrage accompagne visuellement des arias ou scènes d'opéras, avec peu ou
pas de dialogues.
Avec
Jacques Villeret, les Rita Mitsouko, François Périer, Jane Birkin, Michel Galabru,
Jean-Luc Godard
Film
français
Genre :
comédie
Durée :
1h21
Année
de production : 1987
L'
"Idiot" dit aussi le "Prince" est un cinéaste réduit à
faire des travaux alimentaires. Ainsi, il doit réaliser dans la journée, un
film pour un commanditaire qui ne sait trop ce qu'il veut. Pour se tirer
d'affaire, le "Prince" teste diverses fictions et nous en livre les
ébauches, les ratures.
Il
s'agit d'une fantaisie en 17 ou 18 tableaux pour acteurs, caméra et
magnétophone. Le titre exact serait quelque chose comme: "Une place sur la
terre". En effet, chacun des trois
groupes impliqués ici cherche sa vraie place sur la terre. Une
groupe de musiciens cherche à créer le bon accord. Un individu cherche à se
lier avec divers autres, mais pense s'être trompé de planète. Des
voyageurs cherchent à parvenir à destination, comme Ulysse autrefois. Chacun
son Projet, et c'est finalement l'histoire même de la Projection comme
définition de l'aventure humaine dont il est question ici. Le titre
fait référence à Soigne ton gauche de Jacques Tati (le film a aussi failli
s'appeler "Soir de fête" !)
Avec
Alain Delon, Domiziana Giordano, Roland Amstutz, Laurence Cote
Film
suisse
Genre :
comédie dramatique
Durée :
1h30
Année
de production : 1990
Sur
une route, près du Lac Leman, côté Suisse, une puissante voiture conduite par
une femme, renverse un homme. Elle le soigne, l'héberge et en fait son amant.
Au cours d'une promenade en bateau, il tombe à l'eau et se noie. Peu après, un
autre homme arrive, ressemblant étrangement au défunt...
Evénement
médiatique du festival de Cannes 1990,
c’est un film sur "la deuxième chance", sur le pardon, sur le
retour du refoulé, du même et du passé, et sur l’image qui se cache sous
l’image, la star. Delon brille de tous ses feux. Avec une sorte de hiératisme
et de nonchalance, Godard déploie peu à peu, à l’aide de longs travellings, les
voiles fatales de son récit, dans une Suisse de bord de lac ensoleillée où
glissent les domestiques, les limousines et les mots.
Film français
Avec Eddie
Constantine, Hanns Zischler, Nathalie Kadem, Robert Wittmers, Andre S. Labarthe
Genre :
comédie dramatique
Durée :
1h02
Année de production : 1991
Après
la chute du mur de Berlin, le vieil agent Lemmy Caution décide de retourner a
l'Ouest. Il va croiser en route l'héroïne de Werther, Don Quichotte, le chien
qui allait a l'enterrement de Mozart, un marin russe qui fait la même chose que
lui mais en direction contraire.
Vingt-cinq
ans après "Alphaville", Eddie Constantine reprend, dans ce qui
restera son dernier film, la défroque de Lemmy Caution et choisit le thème de
la solitude d'un Etat qui sert de cadre à une errance désenchantée. Avec la fin
de l'opposition Est-Ouest, l'espion n'a plus sa place nulle part. Ce qui
inspire au cinéaste une ambitieuse méditation sur le devenir d'une Allemagne
réunifiée encore hantée par le spectre du nazisme. L'errance du héros est jalonnée par une suite de saynètes où se
télescopent jeux de mots et références culturelles.

Réalisé par 33 réalisateurs dont Jean-Luc Godard (segment "Pour Thomas Wainggai, Indonésie" réalisé avec Anne-Marie Mioéville)
Film
français
Avec André Rousselet
Genre :
drame
Durée :
1h30
Année de production : 1991
Une
œuvre collective compilant plusieurs courts métrages ayant pour thème commun
les prisonniers politiques.
Ce
film, réalisé à la demande d'Amnesty International à l'occasion de son
trentième anniversaire, regroupe trente courts-métrages de trois minutes
réalisés par trente réalisateurs à partir de trente cas d'appel d'Amnesty.
Film
français, suisse
Avec László Szabó, Jean-Luc Godard, Bernard
Eisenschitz et André S. Labarthe
Genre :
drame/documentaire
Durée :
1h
Année de production : 1993
Engagé
par une major américaine pour un documentaire sur l'après-guerre froide en
Russie, Godard réalisateur dans le rôle du Prince Mychkine, l'idiot-cinéaste,
s'entête à vouloir faire un film impossible.
Le
film, jamais distribué, est le survivant d’une production américaine d’un film
à sketches auquel devait participer, entre autres, Federico Fellini. En filmant
la mort de la Russie telle qu'il la conçoit, c'est-à-dire celle des grands
cinéastes, des grands écrivains, Godard voudrait filmer deux autres morts :
celle de la fiction, donc, et celle du communisme ; autrement dit, celle d'une
certaine forme de cinéma, et celle de son propre cinéma.
Réalisé
par Jean-Luc Godard
Film
français suisse
Avec Gérard Depardieu, Bernard Verley, Laurence Masliah, Roland Blanche
Genre :
comédie dramatique
Durée :
1h24
Année de production : 1993
Abraham
Klimt, un détective, enquête sur la disparition de Simon Donnadieu, l'époux de
Rachel. Une nuit (qui pourrait être le plein jour), celle-ci reçoit pourtant la
visite de Simon - ou, du moins de son apparence, car le dieu a pris le corps de
son époux pour mieux la séduire. Rachel entend rester fidèle. Le dieu repart,
laissant le véritable Simon à sa place. Abraham Klimt s'en retourne, n'ayant
rien compris.
Ce
film s'inspire de la légende d'Alcmène et d'Amphitryon, théâtralisée par
Plaute, Molière, Kleist et Giraudoux, et s'attache à montrer le désir d'un dieu
d'éprouver in corpore la vérité du désir humain, souffrance et plaisir
confondus. À savoir par où commence l'amour, là où il se passe et comment
finalement naît la création.
Avec Jean-Luc Godard, Geneviève
Pasquier, Elisabeth Kaza, Brigitte Bastien, Denis Jadot, André Labarthe
Film franco-suisse
Genre :
comédie dramatique
Durée :
1h20
Année
de production : 1994
Autoportrait
d’un serviteur de l’art et de l’esprit.
Attention,
JLG JLG n'est pas une autobiographie, mais un autoportrait. Pas un voyage dans
le temps et dans l'espace, au gré des aléas d'une vie, mais l'état d'un homme
comme on dit l'état des lieux ici et maintenant. Ici, c'est la Suisse, au
bord du lac Léman, où Jean-Luc Godard est né et où il est revenu vivre.
Maintenant, c'est le temps du tournage : quelques mois entre le début de
l'automne et la fin de l'hiver. Un portrait, donc, comme les conçoit Godard, à
partir de collages et de surimpressions sonores.
Avec
Jean-Luc Godard, Michel Piccoli
Film franco-britannico-suisse
Genre :
documentaire
Durée :
50 min
Année
de production : 1995
Comme
son titre l'indique, ce documentaire tente de relater ou plutôt d'évoquer le
premier siècle du cinéma français.
Dans
une première partie, dans un palace un peu froid et désuet, Godard se met en
scène lui-même, lors d'une conversation à bâton rompu, avec le président d'une
association (Michel Piccoli) chargée d'organiser la commémoration autour du
premier siècle du cinématographe. Ou de la commercialisation du cinématographe. Dans
une deuxième partie, le président de l'association, rencontre différents
personnages du palace et tente, en vain, de les interroger sur l'histoire du
cinéma. Il constate, amèrement, que l'histoire du cinéma s'est perdu et que
grooms et domestiques n'ont aucune référence culturelle... Dans
une troisième et dernière partie, les auteurs présentent différents ouvrages
essentiels de la théorie cinématographique, à travers un montage, très proche
des histoire(s) du cinéma. Quelques photographies auctoriales se mêlent
harmonieusement avec des intertitres présentant des citations d'auteurs et de
cinéastes.
Film
français suisse
Avec Madeleine Assas, Ghalia
Lacroix, Bérangère Allaux, Vicky Messica
Genre :
comédie dramatique
Durée :
1h24
Année de production : 1996
Film
à la philosophie minimaliste sur les malheurs du monde et la crise du cinéma,
de l'écriture, de l'art où l'auteur se compare à un Mozart incompris.
For
Ever Mozart est fait de cinq morceaux (un prologue mixé, quatre parties
distinctes) , "Quatre
films qui n’en font pas forcément un, tels les murs seuls d’une maison", précise le cinéaste. A
l’inverse de son film précédent (JLG/JLG) et de ses déclarations
mélancoliques sur son état, celui du monde et celui du cinéma, Godard quitte
son cocon du Léman pour un périple en quatre parties : la famille (noyau
originel), l’action (une guérilla bosno-serbe), la représentation (un tournage
réduit à quelques signes), la consommation (un concert de Mozart). JLG revient
au monde et cherche à se faire entendre.
Film franco-américain
Genre :
documentaire
Durée :
47 min
Année
de production : 1998
Essai
sur le rôle des arts à la fin du XXe siècle commandé par le
Museum of Modern Art
Utilisant
à la fois la vidéo et des photographies célèbres, les réalisateurs expriment
leur propre philosophie et citent des textes de Simone de Beauvoir, Thomas
Mann, Henri Bergson, Jorge Luis Borges...
Réalisé
par Jean-Luc Godard.
Avec
Bruno Putzulu, Cécile Camp, Juliette Binoche, Jean Davy, Audrey Keblaner,
Philippe Lyrette, Françoise Verny
Film
franco-suisse
Genre :
comédie dramatique
Durée :
1h37
Année
de production : 2000
Un cinéaste entreprend de filmer les grandes étapes
de l’amour entre deux êtres. Il entreprend aussi une réflexion plus globale sur
l’histoire, la pensée et la marche du monde.
La
suite musicale des images et des sons, le subtil art du rapprochement entre
deux choses, marques du génie de l'artiste, s'exercent dans ce film
très poétique, sur lequel il faut se laisser porter, comme en surfant sur une
vague et ça se révèle être au final très émouvant même s’il faut admettre, tout
de même, que l'on aimerait parfois être un peu plus guidé.

Film
américain
Genre :
comédie dramatique
Année de production : 2002
Ten Minutes Older est un film collectif en deux parties, The Trumpet et The Cello, composées chacune de
plusieurs segments réalisés par quinze réalisateurs différents. Chaque
réalisateur, dans une totale liberté, exprime en une dizaine de minutes son
interprétation sur le thème du temps. Tourné dans des sites variés, ce deuxième
volet du diptyque Ten minutes older
relate toutes les expériences de l'aventure humaine : la naissance, la mort,
l'amour, la sexualité, les drames de l'actualité, l'histoire et les mythes
anciens.
JLG, sur quelques notes de piano poignantes et
entêtantes, se conforme au cahier des charges de ce projet en mettant en images
la fin de tout, c'est-à-dire la mort de chaque élément qui constitue la vie qui
n’est en fait que l’aventure de la conscience.
Réalisé
par Jean-Luc Godard
Film
français
Genre :
documentaire
Durée :
1h21
Année de production : 2004
Histoire(s)
du cinéma
est constitué de 4 chapitres, chacun divisé en deux parties, composant ainsi 8
épisodes. Les deux premiers épisodes, Toutes les histoires (1988) et Une
histoire seule (1989) durent respectivement 51 et 42 minutes; les 6
épisodes suivants, réalisés en 1997 - 1998, durent chacun moins de 40 minutes.
Après les Histoire(s) du cinéma, Jean-Luc Godard réalise en 35 mm un film d'une
durée standard, sorte de synthèse, de mise en perspective, de conclusion des
Histoire(s). Mais ce film n'est pas seulement un nouveau montage des images
existantes dans les Histoire(s), c'est un film "plein de vie" selon
l'expression du cinéaste. Ce que dévoile Godard dans ces Moments choisis, c'est
la valeur introspective de sa réflexion, en acte, sur l'image. Ne pas faire de
l'histoire du cinéma un monument chronologique figé, mais un songe
philosophique immémorial sur le commerce collectif des regards et sur la
gestion privée des traces et des lacunes de cette histoire.
Réalisé
par Jean-Luc Godard
Avec
Sarah Adler, Nade Dieu, George Aguilar, Jean-Christopho Bouvet, Simon Eine,
Rony Kramer
Film
français
Genre :
drame
Durée :
1h20
Année
de production : 2004
Une vision de l’enfer, du purgatoire et du paradis
par un cinéaste qui lie l’au-delà chrétien à la situation du monde d’hier et
d’aujourd’hui.

Réalisé par Jean-Luc Godard
Film français suisse
Avec Jean-Marc Stehlé, Agatha Couture, Mathias Domahidy, Catherine Tanvier, Christian Sinniger
Genre : drame
Durée : 1h42
Année de production : 2010
Une symphonie en trois mouvements :
Des choses comme ça
En Méditerranée, la croisière du paquebot. Multiples conversations, multiples langues entre des passagers presque tous en vacances ...
Notre Europe
Le temps d’une nuit, une grande sœur et son petit frère ont convoqué leurs parents devant le tribunal de leur enfance. Ils demandent des explications sérieuses sur les thèmes de liberté, égalité, fraternité.
Nos humanités
Visite de six lieux de vraies/fausses légendes, Egypte, Palestine, Odessa, Hellas, Naples et Barcelone.
Un patchwork de saynètes brèves, elliptiques, relevant de l'essai poétique, du traité historique, de l'oraison mélancolique, de la réflexion philosophique.
Réalisé par Jean-Luc Godard, Peter Greenaway, Edgar
Pêra
Film portugais
Avec Carolina Amaral, Keith Davis, Leonor Keil, Angela
Marques, Nuno Melo, Jorge Prendas,
Miguel Monteiro
Genre : comédie dramatique
Durée : 1h02
Année de production : 2013
Dans la ville millénaire de Guimarães, trois réalisateurs de
renommée, Peter Greenaway, Edgar Pêra, Jean-Luc Godard, explorent la
3D et son influence sur notre perception du cinéma. Surimpression et
superposition des images pour Peter Greenaway dans Just in Time,
interrogation ludique sur le nouveau spectateur de cinéma pour Edgar Pêra
avec Cinesapiens, esquisse d'une histoire du cinéma en 3D pour Jean-Luc
Godard dans The Three Disasters.
Une œuvre étrange, boursouflée, oscillant entre un didactisme un peu
benêt et d’inaccessibles considérations.
Film français
Avec Heloïse Godet, Kamel Abdeli, Richard Chevallier,
Zoé Bruneau, Christian Gregori
Genre : drame
Durée : 1h10
Année de production : 2014
Une femme mariée et un homme libre se
rencontrent. Ils s' aiment , se disputent, les coups pleuvent.
Un chien erre entre ville et campagne . Les saisons passent.
L'homme et la femme se retrouvent. Le chien se trouve entre eux. L' autre est
dans l'un. L'un est dans l'autre. Et ce sont les trois personnes . L'ancien mari
fait tout exploser. Un deuxième film commence . Le même que
le premier. Et pourtant pas. De l' espèce humaine on passe à
la métaphore . Ca finira par des aboiements. Et des cris de bébé.
"Adieu au langage", qui se passe au bord du
Léman, invite le spectateur à se débrouiller avec un gloubiboulga dont on ne
doute pas qu'il soit de haute volée mais qui laissera 99 spectateurs sur 100
échoués sur la rive.
Le Parisien
Les
ponts de Sarajevo
Réalisé
par Jean-Luc Godard et 12 autres réalisateurs
Film
européen
Genre :
drame, documentaire
Durée :
1h54
Année
de production : 2014
Treize
courts métrages traitent de la place de Sarajevo dans
l'histoire européenne.
Treize
réalisateurs européens livrent leurs visions, dont certaines
formidables, de Sarajevo, berceau du premier conflit mondial, encore
meurtrie par l'éclatement de l'ex-Yougoslavie.
Les
Fiches du Cinéma