19 avr. 2023

M. Night Shyamalan

Etats-Unis, 1970


Réalisé par M. Night Shyamalan
Avec M. Night Shyamalan, Mike Muthu, Richa Ahuja
Drame
1h47
1992
Etats-Unis

Expatrié aux Etats-Unis, une jeune homme revient en Inde et découvre ses racines.
Sorti en 1992, Praying with Anger est le tout premier film de M. Night Shyamalan, alors tout juste sorti de ses études de cinéma. Un laborieux premier film qui contient néanmoins les prémices d'une œuvre passionnante. Une curiosité pour les fans. 

Réalisé par M. Night Shyamalan
Avec Joseph Cross, Rosie O'Donnell, Camryn Manheim
Comédie dramatique
1h28
1998
Etats-Unis

L'histoire est vue à travers les yeux d'un petit enfant de dix ans : Josh, écolier dans une école catholique privée réservée aux garçons. Après la mort de son grand-père et malgré les dires de ses proches, Josh se convainc qu'il doit trouver Dieu.
Ce gentil long métrage ne fait pas recette mais permettra à Shyamalan de se faire remarquer, puisqu'il est nommé aux Young Artist Awards. La même année, il participe aussi à l'écriture du scénario du film d'animation, "Stuart Little".


Sixième Sens
Réalisé par M. Night Shyamalan
Avec Bruce Willis, Haley Joel Osment, Toni Collette
Drame, Thriller, Fantastique
1h47
1999
Etats-Unis

Cole Sear, garconnet de huit ans est hanté par un terrible secret. Son imaginaire est visité par des esprits menaçants. Trop jeune pour comprendre le pourquoi de ces apparitions et traumatisé par ces pouvoirs paranormaux, Cole s'enferme dans une peur maladive et ne veut reveler à personne la cause de son enfermement, à l'exception d'un psychologue pour enfants. La recherche d'une explication rationnelle guidera l'enfant et le thérapeute vers une vérité foudroyante et inexplicable.
Très vite, Shyamalan se construisit une "destinée magique" dont raffolent les médias en avouant avoir eu une prédiction devant le banc de montage de son deuxième film (Wide Awake) lui inspirant l'histoire qui le rendrait célèbre et la star à contacter qui consentirait à se lancer dans une petite production sans grande ampleur. Sitôt Wide Awake sorti (et revenu avec même pas de quoi rembourser la colle des affiches), Shyamalan envoie son scénario à l'acteur perçu lors de sa révélation mystique : Bruce Willis. Ce dernier raconte depuis que Sixième Sens fait partie des trois seuls films dans lesquels il accepta de tourner à tarif très réduit pour cause de scripte en or massif (les deux autres étant Pulp Fiction et L'Armée Des 12 Singes).
Le final du 6ème Sens est probablement le rebondissement final le plus célèbre de ces vingt dernières années au cinéma. Personne ne l'avait vu venir. Pourtant les signes s'accumulaient, comme d'énormes clignotants mais, dans son art consommé de l'illusion, M. Night Shyamalan nous berna comme des bleus. Et cette incroyable fin, de même qu'un fracassant come-back de Bruce Willis dans son premier rôle vraiment intéressant depuis Die Hard, contribua largement à la popularité immense de Sixième Sens.
L'incroyable succès du film est tel qu'il conditionnera non seulement toute l'œuvre à venir du cinéaste mais aussi et surtout la perception de son public sur celle-ci, public qui ne pourra désormais voir ses films sans attendre ce fameux twist bouleversant ou malin, sans le chercher, le deviner, le traquer, des fois même avant la sortie en salles.
L'incroyable succès du film est tel qu'il conditionnera non seulement toute l'œuvre à venir du cinéaste mais aussi et surtout la perception de son public sur celle-ci, public qui ne pourra désormais voir ses films sans attendre ce fameux twist bouleversant ou malin, sans le chercher, le deviner, le traquer, des fois même avant la sortie en salles.
Paranormal, merveilleux, foi, croyance et pouvoir du regard sont les mots clés d’une œuvre influencée ouvertement par Alfred Hitchcock, Brian de Palma, David Lean et  Steven Spielberg.


Incassable
Réalisé par M. Night Shyamalan
Avec Bruce Willis, Samuel L. Jackson, Robin Wright
Fantastique, Thriller
1h46
2000
Etats-Unis

David Dunn, agent de sécurité à Philadelphie, a échappé à une catastrophe ferroviaire sans la moindre égratignure. Selon Elijah Price, un mystérieux marchand d'art atteint d'une maladie des os, David est un homme «incassable», un super-héros qui s'ignore. Cette révélation laisse David et sa femme Audrey perplexes. Mais tout semble prouver qu'Elijah a raison. Depuis sa naissance, David est doué d'une force surhumaine.
Un an à peine après son film au succès mondial Sixième Sens, M. Night Shyamalan se lance dans un sujet qui l'a toujours passionné, faisant partie intégrante de la culture populaire américaine : la mythologie super-héroïque. En 2000, le film de super-héros est mort et enterré depuis les méfaits de Joel Schumacher sur la saga Batman et seul Bryan Singer et la Fox y croit encore et commence à tourner leur X-Men. De son côté, Shyamalan tente de redonner ses lettres de noblesse au comics au cinéma, se rapprochant du réalisme d'un Frank Miller.
La grande force de Shyamalan dans ce film, au contraire des sagas Marvel ou DC – jusqu'au Dark Knight de Nolan – a été de destiner un film de super-héros non pas à des enfants mais à des adultes et si l'intérêt ne se porte pas sur le côté puéril et régressif des comics, c'est que Shyamalan s'attarde plus sur les tourments des deux personnages principaux (le divorce, l'handicap, l'obsession), méthode déjà à l'oeuvre dans son précédent film.
Côté réalisation Shyamalan performe avec de nombreux plans séquences magnifiques et une utilisation des couleurs qui ont toutes une signification.
En 2009, le réalisateur Quentin Tarantino disait d'Incassable :
Déjà, il y a la plus grande performance que Bruce Willis ait jamais donnée dans un film, je trouve qu'il est absolument magnifique. Ensuite, c'est une brillante interprétation du mythe de Superman. Bref, je pense que "Incassable" est un des chefs-d'oeuvre de notre temps.On ne voit pas comment le contredire, tant Incassable est un film de super-héros aussi parfait qu'unique en son genre, avec une puissance émotionnelle intacte plus de vingt ans après sa sortie dans les salles.
Incassable ouvrira une trilogie surprenante complétée très tardivement par Split (2017) et Glass (2019).


Signes
Réalisé par M. Night Shyamalan
Avec Mel Gibson, Joaquin Phoenix, Rory Culkin
Fantastique
1h46
2002
Etats-Unis

En Pennsylvanie, une petite famille de fermiers découvre l'apparition dans ses champs de gigantesques signes et cercles étranges. Graham le patriarche et Merrill, son jeune frère, vont s'efforcer de percer le mystère qui entoure ces dessins.
Enchaînés pendant presque deux heures au destin surnaturel de cette famille américaine, entraînés par une mise en scène classieuse et diablement efficace, il serait de mauvais ton de bouder le spectacle car cette oeuvre d'effroi rentré, par son atmosphère nocturne, luminescente, et la force de son sujet (une reconstruction familiale), apporte la certitude que Shyamalan, plus que le brillant magnétiseur annoncé, est aussi un auteur dont les obsessions n'ont sûrement pas fini de nous hanter.


Le village
Réalisé par M. Night Shyamalan
Avec Bryce Dallas Howard, Joaquin Phoenix, Adrien Brody, Sigourney Weaver, William Hurt
Fantastique, Thriller
1h48
2004
Etats-Unis

Une petite communauté isolée vit dans la terrifiante certitude qu'une race de créatures mythiques peuple les bois entourant le village. Le jeune Lucius Hunt, un garçon entêté, est cependant bien décidé à aller voir ce qui s'y cache...
En l’espace de seulement trois films (il en avait réalisé deux avant Sixième sens, passés inaperçus), M. Night Shyamalan s’est hissé au rang de nouveau wonderboy  d’Hollywood. Efficacité de la narration, élégance de la mise en scène, récurrence d’une thématique propre, et accessoirement gros succès au box-office bien sûr, le producteur-scénariste-réalisateur d’origine indienne avait jusqu’ici la magic touch.
Ce n’est pas avec Le Village que son déclin va s’amorcer, au contraire. Prolongeant à la fois ses 3 films précédents, tout en marquant une rupture nette, signe évident d’une maturité nouvelle, ainsi que d’une volonté salutaire de ne pas marquer le pas, il pourrait marquer une sorte de climax du style Shyamalan.
Notamment dans la forme, qui impressionne et séduit avant toute autre chose. Tirant au maximum parti des décors hautement picturaux de son histoire (les Etats-Unis à la fin du XIXème siècle), son sens du cadre et de l’image « éternisante », comme figée dans une perfection hypnotisante, le rythme lent, presque hiératique de sa narration, atteignent une forme d’apothéose d’autant plus sublime qu’elle prend sa source dans une apparente simplicité. Avec lui, une main tendue dans la nuit, une chaise en bois sur la devanture d’une maison, le repas champêtre partagé par une communauté deviennent des tableaux vivants à la beauté saisissante. Son style relève d’une sorte de classicisme audacieux, puisqu’inusité aujourd’hui. Il se révèle d’autant plus pertinent, fuyant par là-même les accusations de maniérisme qui ne manquent pas de fuser, qu’il sert à merveille le propos de son film, à savoir le dérèglement de la perfection, la précarité des apparences. Comme il le dit lui-même, c’est lorsque tout est parfait que l’on sait que quelque chose de dramatique va survenir…
Car on sent bien, outre la menace omniprésente, et sur laquelle la vie des habitants semble réglée, des créatures de la forêt voisine (forêt qui, soit dit en passant, n’avait jamais été aussi bien filmée depuis Lynch), que quelque chose ne va pas dans cette communauté trop bien réglée.
Thématiquement, Le Village prolonge ce qui était abordé, de manière sans doute partiellement fortuite, dans Signes : ce dernier, qui montrait une famille (un pays) cloîtrée chez elle (chez lui) afin de suivre les agressions extérieures sur son poste de télévision ne pouvait pas avoir totalement assimilé les évènements du 11 septembre puisque le tournage leur était simultané. Ici en revanche, Shyamalan est on ne peut plus clair : son pays vit du mensonge, de la peur (difficile à ce stade etc etc). Le Village passe alors rapidement d’un film qui fait peur à un film sur la peur. Et devient son oeuvre la plus ouvertement politique et théorique, au détriment diront certains, de la portée émotionnelle qui faisait tout le prix de son prédécesseur : la magnifique histoire d’amour unissant Bryce Dallas Howard et Joaquin Phoenix, tous deux remarquables, passe ainsi un peu au second plan. Et si Shyamalan prouve qu’il croit sans doute plus que jamais en la puissance de la foi, d’où qu’elle provienne, de la force morale individuelle, de l’amour surtout, c’est à une « victoire » au goût bien amer à laquelle il nous convie.
Pour le spectateur en revanche, que du bon : une intrigue scotchante, une forme éblouissante et une réflexion stimulante !


La jeune fille de l'eau
Réalisé par M. Night Shyamalan
Avec Bryce Dallas Howard, Paul Giamatti, Jeffrey Wright
Drame, Fantastique, Thriller
1h50
2006
Etats-Unis

Cleveland Heep a tenté discrètement de se perdre à jamais dans les abysses de son vieil immeuble. Mais, cette nuit-là, il découvre dans le sous-sol de la piscine une jeune nymphe sortie d'un conte fantastique. La mystérieuse "narf" Story est poursuivie par des créatures maléfiques qui veulent l'empêcher de rejoindre son monde. Ses dons de voyance lui ont révélé l'avenir de chacun des occupants de l'immeuble, dont le sort et le salut sont étroitement liés aux siens. Pour regagner son univers, Story va devoir décrypter une série de codes avec l'aide de Cleveland... pour peu que celui-ci arrive à semer les démons qui le hantent. Le temps presse : d'ici la fin de la nuit, leur destin à tous sera scellé...
Son premier échec post-Sixième sens, Shyamalan le connaît en 2006, avec son film le plus intime, La jeune fille de l’eau. Avec The Visit, cela sera l’un de ses deux films à rater en France le million d’entrées en 20 ans (442 068), mais The Visit sera in fine un petit succès au vu de son budget microscopique.
Ce film apparaît désormais comme le moment charnière dans la carrière d’un auteur et le réalisateur célébré de Sixième Sens et d’Incassable aura pris tout le monde à contre-pied avec celui-ci. Revoir ce film mal-aimé permet surtout de cibler à quel point Shyamalan aurait gagné à ne pas être considéré aussi vite comme le nouveau wonder boy du box-office US,
Film-bascule par excellence, La Jeune Fille de l’eau est une porte ouverte sur l’âme de son créateur, sur ce qui le travaille,
A la base de La Jeune Fille de l’eau, il y a donc un conte fantastique imaginé par Shyamalan lui-même, et que ce dernier passait des nuits entières à raconter en boucle à ses filles, ajoutant en permanence de nouveaux éléments au gré des méandres de son imagination. Alors que le studio Disney avait jusqu’ici produit tous ses films via diverses filiales (dont Touchstone Pictures), une histoire aussi ouvertement construite sous l’angle de la rupture théorique et créative (c’est-à-dire sans twist, sans suspense et sans high-concept de premier choix) fut accueillie par un refus froid et direct. On imagine la Warner trop heureuse de récupérer la poule aux œufs d’or.
Point de coup de folie chez Shyamalan, tant La Jeune Fille de l’eau s’impose très clairement comme l’un de ses films les plus réfléchis parce qu’il renoue en priorité avec une idée matricielle qui traversait déjà ses films antérieurs – la nécessité pour chacun de croire en son destin. Parce que son scénario se pense moins comme un récit linéaire et cousu de fil blanc que comme un gigantesque jeu de rôle fédérateur, où chaque personnage cherche lui-même le rôle qu’il doit jouer dans l’intrigue, donc la place particulière qui doit être la sienne dans le monde. Jamais le cinéaste ne s’était mis autant en danger qu’en démontant un à un ses propres artifices, en tuant toute énigme au profit de la clarté immédiate, en disséquant son travail d’écriture, et surtout en interpellant son public sans jamais le caresser dans le sens du poil.
Le cinéaste, après avoir autant malmené les composantes habituelles de son style pour les questionner et les redéfinir, aura mis un point final à cette démarche-là avec ce film – on suppose que son échec cuisant au box-office mondial en est la cause. Mais aussi parce qu’en traçant ensuite sa route avec une poignée de pitchs moisis (After Earth et Le Dernier Maître de l’air se partagent le bonnet d’âne) ou par la mutation opportuniste de sa filmo en univers étendu (Split et Glass l’ont bien démontré), il aura fini par user de ce cynisme qu’il aura lui-même cherché à contrer. Comme si après avoir fouillé les profondeurs insoupçonnées de l’imaginaire, il lui fallait désormais se contenter de ramer à sa surface, soit l’exact opposé du trajet intime de tous ceux, alors en symbiose constante avec les forces telluriques et aquatiques, qui habitaient La Jeune Fille de l’eau. Au fond, oui, cette petite dédicace à la toute fin du générique éclairait tout : pour le meilleur comme pour le pire, après avoir stimulé son imagination et celle de la génération d’après, l’heure était venue de tourner la page. Il n’y avait plus d’histoire à raconter, juste un futur à rêver. 


Phénomènes
Réalisé par M. Night Shyamalan
Avec Marc Wahlberg, Zooey Deschanel, John Leguizamo, Ashlyn Sanchez
Fantastique, Drame
1h31
2008
Etats-Unis

Au cours d’une journée banale à Central Park, des badauds se suicident soudainement. Ces morts inexplicables s’étendent ensuite dans tout New York, puis sur le long de la côte Est des États-Unis. Tandis que la panique se répand dans tout le pays et que les médias évoquent une possible attaque terroriste, les habitants des zones touchées prennent la fuite en masse devant la vitesse de propagation des phénomènes, qui s’apparentent à un violent avertissement de la nature.
S’il est loin d’atteindre les succès de Sixième Sens et Signes, Phénomènes récolte des recettes mondiales lui permettant de rembourser laregement son budget. Le long-métrage se heurte cependant à un accueil critique glacial, Le controversé M. Night Shyamalan propose sa version intimiste de Body Snatchers sur le mode antispectaculaire de Signes. Dans une ambiance apocalyptique, traitée à travers le prisme intimiste d’une famille, Shyamalan sonde la revanche de la nature sur l’homme selon le schéma des Oiseaux de Hitchcock sur un ton malickien (le bruit du vent est à l’origine de l’effroi). Comme toujours chez lui, l’intérêt réside dans la forme stylisée : l’atmosphère anxiogène, la manière dont il organise les cadres, joue sur les regards inquiets et place ses personnages dans un environnement délétère. Par intermittence, Shyamalan réussit à créer une vraie tension horrifique (surtout dans la première partie) et à décrire une mort collective où chaque événement est un symptôme et chaque séquence, un nouvel accomplissement. Dommage que le final essaye de jouer la carte du twist sans en être un. Une formule dont l’auteur semble prisonnier depuis Sixième Sens et qu’il avait pourtant joliment esquivée dans La jeune fille de l’eau. Le résultat, bien moins maîtrisé que d’habitude, avec une direction d’acteurs approximative, ressemble plus à un aveu de faiblesse qu’à un coup de maître.


Le dernier maître de l'air
Réalisé par M. Night Shyamalan
Avec Noah Ringer, Dev Patel, Nicola Peltz, Jackson Rathbone
Action, Fantasy, Aventures
1h43
2010
Etats-Unis

Air, Eau, Terre, Feu : quatre nations destinées à disparaître, englouties par une guerre sauvage engagée, depuis un siècle déjà, par la Nation du Feu contre les trois autres nations. Mettant au défi son courage et son aptitude au combat, Aang découvre qu’il est le dernier d’une lignée d’Avatars capables de manipuler les quatre éléments. Il s’allie à Katara, un Maître de l’Eau, et à son frère Sokka, afin de rétablir l’équilibre d’un monde ravagé par la guerre.
Adapté d'une série animée bien-aimée des kids, Le Dernier maître de l'air n’est rien d’autre qu’un blockbuster estival paresseux, ni meilleur ni pire que certains films d’action bêtas et autres aventures formatées pour public familial. Et si l’oeuvre n’avait été signée par M. Night Shyamalan, personne n’en aurait parlé.
C’est de là que vient la déception éprouvée à la vision du film car on s’attendait à mieux de la part de Shyamalan.


Réalisé par M. Night Shyamalan
Avec Jaden Smith, Will Smith, Sophie Okonedo
Action, Science-Fiction
1h40
2013
Etats-Unis

Après un atterrissage forcé, Kitai Raige et son père, Cypher, se retrouvent sur Terre, mille ans après que l’humanité a été obligée d’évacuer la planète, chassée par des événements cataclysmiques.
Décors honteux et laids qui évoquent l’imagerie de cultes illuminés, montage totalement à côté de la plaque qui élude l’essentiel d’une tragédie terrestre par un résumé introductif qui sent bon le re-editing de dernière minute), mise en scène totalement massacrée qui aime se vautrer dans le ridicule (le final plein de bons sentiments au ralenti), et surtout une histoire inepte qui s’apparente à une course-poursuite de jeu vidéo, façon Temple Run, où le jeune coureur a pour adjuvent un aigle géant, et se prend pour Forrest « jump », l’air perpétuellement apeuré. After Earth se veut le récit d’initiation d’un adolescent à l’âge adulte, et pour cela, il épouse le discours scientologue sur le contrôle de la peur et le salut spirituel de l’humain. L’analogie a été maintes fois décrite dans la presse américaine et apparaît comme une évidence à l’écran, qu’elle soit consciente ou non.
Cette superproduction de science-fiction poursuit donc la litanie d‘échecs de l’ancien scénariste malin de Hollywood, condamné aux outrages cinématographiques successifs.


Réalisé par M. Night Shyamalan
Avec Olivia DeJonge, Ed Oxenbould, Deanna Dunagan
Epouvante, Horreur, Thriller
1h34
2015
Etats-Unis

Deux enfants sont envoyés passer une semaine en Pennsylvanie, dans la ferme de leurs grands-parents. Mais lorsque l'un d'eux découvre qu'ils sont impliqués dans quelque chose de profondément dérangeant, leurs chances de retour s'amenuisent de jour en jour. Night Shyamalan signe un petit film d’horreur efficace et sans prétention, malin et retors, qui renoue avec l’esprit manipulateur de ses débuts. N’ayant coûté que 5 millions de dollars, pour Universal, ses 65 000 000$ de recettes relèvent du bénéfice à l’état pur !


Réalisé par M. Night Shyamalan
Avec James McAvoy, Anya Taylor Joy
Thriller, Epouvante, Horreur
1h57
2017
Etats-Unis

Kevin a déjà révélé 23 personnalités, avec des attributs physiques différents pour chacune, à sa psychiatre dévouée, la docteure Fletcher, mais l’une d’elles reste enfouie au plus profond de lui. Elle va bientôt se manifester et prendre le pas sur toutes les autres. Poussé à kidnapper trois adolescentes, dont la jeune Casey, aussi déterminée que perspicace, Kevin devient dans son âme et sa chair, le foyer d’une guerre que se livrent ses multiples personnalités, alors que les divisions qui régnaient jusqu’alors dans son subconscient volent en éclats.
On retrouve dans cette histoire de jeune fille captive d’un ravisseur aux multiples facettes, le talent du réalisateur pour traiter des récits fantastiques à la manière de thrillers psychologiques.
La grande satisfaction procurée par Split, c’est l'indéniable retour en forme de Shyamalan.
Split est truffé de scènes découpées à la perfection (l’enlèvement des héroïnes, véritable traité de placement de la caméra), et parvient souvent à redynamiser des pans entiers de son récit, menacés par la paresse parfois navrante du scénario, par la simple grâce de son montage ou de la dynamique interne de ses images (vous vous souviendrez longtemps de la choré d’Hedwig).


Réalisé par M. Night Shyamalan
Avec Bruce Willis, Samuel L. Jackson, James McAvoy, Anya Taylor Joy
Thriller
2h09
2019
Etats-Unis

Peu de temps après les événements relatés dans Split, David Dunn - l’homme incassable - poursuit sa traque de La Bête, surnom donné à Kevin Crumb depuis qu’on le sait capable d’endosser 23 personnalités différentes. De son côté, le mystérieux homme souffrant du syndrome des os de verre Elijah Price suscite à nouveau l’intérêt des forces de l’ordre en affirmant détenir des informations capitales sur les deux hommes…
Marqué par l’exubérance glauque et l’image numérique de Split, Glass n’a pas la beauté lugubre d’Incassable, l’éclat ocre du Village, l’humour torve de La Jeune Fille de l’eau ni la ferveur chaotique de Signes. Mais, enjambant et racontant à sa manière l’effondrement d’Hollywood, dont le disque s’est rayé précisément entre Incassable et Glass, Shyamalan prouve qu’il est bien vivant.


Réalisé par M. Night Shyamalan
Avec Gael García Bernal, Vicky Krieps, Rufus Sewell
Horreur, Thriller
1h48
2021
Etats-Unis

En vacances dans les tropiques, une famille s’arrête pour quelques heures sur un atoll isolé où ils découvrent avec effroi que leur vieillissement y est drastiquement accéléré et que leur vie entière va se retrouver réduite à cette ultime journée.
S’il n’atteint jamais les sommets de ses ambitions, Old n’a rien d’un film d’horreur artisanal, low-fi et indé, mais il n’est pas non plus un blockbuster dénué d’intérêt. Il s’agit plutôt d’un film qui prend le temps – littéralement – d’installer une ambiance, ses monstres et ses pions, via une belle histoire, une mise en scène assez gracieuse par moments et une photographie splendide.


Réalisé par M. Night Shyamalan
Avec Jonathan Groff (II), Ben Aldridge, Dave Bautista
Horreur
1h40
2023

Tandis qu’ils passent leurs vacances dans un chalet en pleine nature, une jeune fille et ses parents sont pris en otage par quatre étrangers armés qui leur imposent de faire un choix impossible. S’ils refusent, l’apocalypse est inéluctable.
Le cinéma de Shyamalan raconte presque toujours la même chose : des personnages qui luttent pour ne pas croire, que ce soit en un récit qui les dépasse (une menace, une invasion, une fin du monde) ou un rôle qu'ils refusent d'assumer (être un sauveur, être un leader, être mort). Le réalisateur et scénariste n'a donc qu'un objectif : que le public y croit aussi, et le suive jusqu'au bout du monde et des twists, quitte à user jusqu'à la dernière corde le concept de suspension d'incrédulité. C'est pour ça que Shyamalan a été si vite piégé dans son cinéma : c'est facile d'avoir envie d'y croire, et encore plus d'avoir envie d'en rire. Toujours debout malgré une carrière qui a connu autant de hauts que de bas , Shyamalan revient à la source du mal avec son 15e film. Knock at the Cabin ressemble à un nouveau testament de son cinéma, et une note d'intention ultime. C'est le film qui résume tous ses films, et l'histoire qui raconte toutes les autres.
Le principe est simple : quatre personnes entrent de force dans la maison d'une famille, et les implorent de croire en leur histoire. Pourquoi ? Parce que l'avenir du monde en dépend. Dans le rôle de Shyamalan (avec quelques dizaines de kilos de muscles en plus), Dave Bautista est le maître narrateur, celui qui a eu une vision et veut la partager. Dans le rôle du public, la famille (assise et attachée à des chaises, soit une version un peu brutale du cinéma) est sommée d'ouvrir les yeux et les oreilles, et se laisser embarquer par le récit. Le dispositif est si simple qu'il pourrait être comique, mais Shyamalan y croit tellement que Knock at the Cabin se transforme vite en vertigineux et palpitant thriller. Un cauchemar malicieux et une réflexion sur son propre cinéma. C'est son meilleur film depuis bien longtemps, et un passionnant miroir à un de ses chefs-d'oeuvre : Signes.